img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH79/binetduhamel-60640.png?1764782256' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='79' alt="" /
div class='rss_chapo'pMardi 2 décembre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet est l'invitée de 8h20 sur France Inter, pour la première fois depuis la rentrée. L'occasion d'entendre les revendications des travailleurs ? Ou, pour les deux intervieweurs, de se faire les porte-voix du grand patronat./p/div
div class='rss_texte'pUne fois n'est pas coutume, commençons par la fin de l'entretien. La journaliste Florence Paracuellos, remplaçante temporaire de Nicolas Demorand, lance Sophie Binet sur sa mise en examen pour « injure publique », à la suite d'une plainte déposée par un syndicat patronal :/p
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pstrongFlorence Paracuellos :/strong Un mot sur les grands groupes, et un grand groupe en particulier, Sophie Binet, c'est LVMH, puisque vous voulez revenir ce matin sur votre mise en examen à la suite de propos que vous avez tenus sur Bernard Arnault et d'autres grands patrons. En janvier dernier, ils ont protesté, ces patrons, contre une surtaxe de l'impôt sur les sociétés qui « pousse à la délocalisation », c'est justement ce que disait Bernard Arnault, et vous avez réagi en disant la chose suivante : « les rats quittent le navire » [Elle insiste sur le mot « rat », NDLR]. C'est cette phrase qui vous vaut d'être poursuivie en justice aujourd'hui par le mouvement patronal ETHIC./p
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pFlorence Paracuellos avait à ce stade plusieurs possibilités devant elle : rappeler aux auditeurs que la mise en examen est automatique dans ce type de procédure ; resituer le a href="https://www.humanite.fr/social-et-economie/sophie-de-menthon/ethic-cest-la-pratique-amorale-et-decomplexee-du-liberalisme" class="spip_out" rel="external"lobby patronal en question/a, dirigé par l'ex-Grande gueule a href="https://rapportsdeforce.fr/pas-de-cote/qui-est-sophie-de-menthon-a-lorigine-de-la-plainte-contre-sophie-binet-120226260" class="spip_out" rel="external"Sophie de Menthon/a, « ientremetteuse entre l'extrême droite […] et les milieux d'affaires/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="D'après Laurent Mauduit, dans L'Humanité (9/09/25)." id="nh1"1/a]/span ; ou encore s'étonner que l'on puisse être poursuivie pour avoir employé une expression aussi banale de la langue française. Voire – mais il était peut-être optimiste de l'espérer – dénoncer ce qui s'apparente assez manifestement à une procédure-bâillon. La matinalière ne va choisir aucune de ces options : « iEst-ce que vous la regrettez, cette phrase ?/i »/p
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h3 class='article_intertitres'Du prêt-à-penser patronal…/h3
p/brS'en suit un échange mémorable avec Benjamin Duhamel, formé au moule BFM-TV et qui en reproduit a href="https://www.acrimed.org/Quand-BFM-TV-exige-l-eloge-du-mecene-Bernard"les pires pratiques sur le service public/a :/p
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pstrongBenjamin Duhamel :/strong [Cette] expression « les rats quittent le navire » […] donnait l'impression que Bernard Arnault, LVMH, était sur le point de quitter la France. […] LVMH paie un peu plus de 2,3 milliards d'euros d'impôts en France, fait travailler directement et indirectement 200 000 salariés. Est-ce que tout cela justifie de faire de Bernard Arnault l'ennemi de l'économie française ? C'est une entreprise qui paye des impôts, c'est une entreprise qui crée de l'emploi. Là, il n'y a pas de rat qui quitte le navire…/p
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pCe n'était là que la première d'une longue série de sommations, adressées à la récalcitrante par l'attaché de presse de LVMH : « iMais vous reconnaissez l'apport de LVMH à l'économie française, ou pas ?/i » ; « iMais c'est un point fort de l'économie française LVMH, ou pas ?/i » « iC'est difficile à dire que c'est un point fort de l'économie française…/i » ; « iDonc un fleuron du luxe comme LVMH, c'est un handicap pour l'économie française ?/i » ; « iDonc LVMH, handicap pour l'économie française ?/i »/p
pBref, pas moins de cinq relances pour tenter d'arracher à la secrétaire de la CGT des louanges à propos du premier groupe capitaliste français. Sophie Binet aura bien l'occasion de dire, dans sa dernière réponse, qu'il s'agit selon elle d'une procédure-bâillon (« iJe trouve que c'est grave qu'on ne puisse plus tenir ces propos dans les médias sans être attaqué et avoir une procédure en justice, il est là le souci !/i »). Mais ça ne sera jamais un angle pour Benjamin Duhamel, qui ose en revanche se vanter : « iVous avez eu l'occasion ce matin, Sophie Binet, de vous expliquer sur cette mise en examen pour injure…/i »/p
pSi cette séquence finale a constitué l'apothéose de l'entretien, les vingt premières minutes n'étaient pas bien meilleures… Un simple florilège des questions posées par les deux intervieweurs suffit à donner le ton et l'orientation de celles-ci :/p
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pstrong- Florence Paracuellos :/strong Vous appelez aujourd'hui à une journée de grève, sans les autres grandes centrales syndicales […]. Elle sert à quoi, Sophie Binet, cette journée ? Vous ne vous sentez pas un peu seule ce matin ?/p
p- La mobilisation s'annonce assez faible […] comment faire croire que cette mobilisation va marcher aujourd'hui ?/p
pstrong- Benjamin Duhamel :/strong Mais justement Sophie Binet […], en fait, est-ce que vous ne criez pas avant d'avoir mal ? […] En fait, vous vous mobilisez contre quoi ?/p
p- Quand le Parti socialiste et les responsables du Parti socialiste sortent hier de Matignon en disant « il y a la possibilité d'un compromis », […] est-ce que c'est bon pour l'économie ? Et est-ce que si c'est bon pour l'économie, la patronne de la CGT s'en félicite ?/p
p- Et donc la suspension de la réforme des retraites, des augmentations d'impôts comme vous les demandiez… Ça ne suffit pas à donner un début de quitus à ce budget ?/p
pstrong- Florence Paracuellos :/strong Mais Sophie Binet, l'optimisme des socialistes, ça vous rassure pas, ça ?/p
pstrong- Benjamin Duhamel :/strong Si une entreprise a le choix entre un pays qui propose une augmentation d'impôts et un pays comme l'Italie, pourquoi une entreprise choisirait d'investir en France plutôt qu'en Italie ?/p
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pN'en jetez plus !/p
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h3 class='article_intertitres'… aux « évidences » militaires/h3
p/brCette longue série de questions sans concessions intervient après un épisode dans a href="https://www.acrimed.org/Guerre-et-service-militaire-les-medias-sonnent-le"l'air (militariste) du temps/a, au cours duquel Benjamin Duhamel s'offusqua du manque d'entrain patriotique de Sophie Binet :/p
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pstrongBenjamin Duhamel :/strong Dans la foulée de l'annonce d'Emmanuel Macron d'un service militaire volontaire, vous avez dit : « La seule perspective que nous ouvre ce gouvernement – sur ce budget donc –, c'est la guerre. » Et vous rajoutiez : « On ferme des lits d'hôpitaux pour fabriquer des obus ». Euh… si on vous suit, ça veut dire que le réarmement, les 6 milliards supplémentaires sur le budget de la défense, c'est inutile ?/p
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pL'invitée ayant de surcroît l'outrecuidance de dénoncer un « iparallélisme […] troublant/i » entre le fait « iqu'on augmente le budget de la défense de 6 milliards et qu'on baisse le budget des hôpitaux de 6 milliards/i », Duhamel ne se tient plus : « iOn ne baisse pas le budget des hôpitaux de 6 milliards./i » Refusant de se laisser conter les éléments de langage gouvernementaux par son hôte, Sophie Binet est alors obligée de prendre une minute de son temps de parole pour expliquer au jeune Duhamel les mécanismes basiques de l'inflation : « iPour ne pas baisser, le budget des hôpitaux […] doit augmenter de 4%. S'il augmente de moins de 4%, ça veut dire qu'il baisse./i » Un camouflet pour l'intervieweur, qui ne perturbe pas sa consœur. Loin de faire amende honorable, Florence Paracuellos trouve au contraire dans ce développement matière à une nouvelle réplique à charge : « iMais c'est pas un peu simpliste ou démagogique d'opposer les dépenses de la défense aux dépenses de la santé, Sophie Binet, dans le moment qu'on traverse ?/i »/p
pInsistons-y : loin de relever de la « contradiction » journalistique, ce type de réactions vise à disqualifier l'invitée. Ce matin-là, les deux intervieweurs auront encore mis beaucoup de cœur à l'ouvrage !/p
p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div
hr /
div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanD'après Laurent Mauduit, a href="https://www.humanite.fr/politique/extreme-droite/laurent-mauduit-lextreme-droite-nest-jamais-arrivee-au-pouvoir-sans-lappui-des-milieux-daffaires" class="spip_out" rel="external"dans iL'Humanité/i/a (9/09/25)./p
/div/div
Les personnes racisées et leurs combats sont trop souvent écartés de l'écologie française majoritaire. Voici 9 outils pour comprendre cette « centralité blanche », et en sortir.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/reporterre"Reporterre/a/b/div
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH80/20h_salame-f2747.png?1764595879' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='80' alt="" /
div class='rss_chapo'pL'arrivée de Léa Salamé au 20h de France 2 a été annoncée en grande pompe. Publicité, a href="https://www.acrimed.org/Starification-des-journalistes-le-cas-Lea-Salame"portraits à sa gloire/a : impossible de passer à côté. Plusieurs mois après son arrivée, quel bilan tirer de ce changement au sein de ce qui est parfois présenté comme le « vaisseau amiral » de la chaîne publique ? Au-delà des « bourdes » et autres « moments gênants » largement commentés par ailleursspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Voir notamment ça, ça ou encore ça." id="nh1"1/a]/span, que nous raconte le 20h de Léa Salamé ? Et comment ?/p/div
div class='rss_texte'pNous avons regardé les 20h présentés par Léa Salamé entre le 1er septembre et le 31 octobre 2025, soit 31 JTspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Autrement dit les 20h du lundi, mardi, mercredi et jeudi. Les 20h présentés (…)" id="nh2"2/a]/span. L'analyse porte sur les reportages, les interventions de journalistes en plateau, les duplex, les interviews et les brèvesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Les titres du journal ne sont pas inclus dans les décomptes, tout comme les (…)" id="nh3"3/a]/span. Cela équivaut à 482 sujets (auxquels il faut ajouter les brèves) soit environ 23h30 d'informationspan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Nous avons utilisé 3 sources pour les décomptes : (1) nos propres minutages, (…)" id="nh4"4/a]/span./p
pPrès de 50% des sujets (brèves exclues) durent moins de 2 minutes. Très courts, ceux-ci sont principalement diffusés dans la première moitié du 20h, qui dure au total environ 50 minutes. La deuxième moitié du JT est souvent consacrée à un « grand format », qui consiste soit en une série de petits sujets sur la même thématique, soit en un ou deux reportages plus longs. Ainsi, 54 sujets (soit environ 11% des 482 contenus) font plus de 5 minutes et seulement 11 (environ 2%) dépassent les 8 minutes. Le 16 septembre par exemple, un reportage de 10'31 est consacré au trafic de cocaïne. Mais la majorité de ces très grands formats (6 sur 11) sont en fait… des interviews de personnalités politiques./p
pLe 20h a ainsi consacré une part non négligeable de son temps à des interviews. En durée cumulée, il s'agit même de la première catégorie de sujets : environ 4h30, réparties sur 26 JT (soit environ 19% de la durée totale des contenus). Au total, ce sont 36 personnes qui ont été interviewées : des politiques (12), des artistes (6), des patrons (2), des économistes (3). Notons aussi la présence d'une syndicaliste (CFDT), d'une scientifique de l'institut Pasteur et de a href="https://www.acrimed.org/Jerome-Fourquet-faux-sociologue-mais-vrai"l'omniprésent Jérôme Fourquet/aspan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Les interviewés restants sont, par ordre de passage : Anne-Charlène Bezzina, (…)" id="nh5"5/a]/span. Les durées d'interviews varient énormément : de 3'44 (entretien avec Gabriel Zucman le 10/09) à 27'30 pour l'interview avec Sébastien Lecornu le 08/10./p
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h3 class='article_intertitres'L'« actualité » selon France 2 : un grand zapping/h3
p/brUn premier constat s'impose : « l'actualité » consiste en une suite décousue de reportages sans qu'aucune logique de hiérarchisation de l'information ne se dégage. Ce constat est particulièrement vrai pour la première partie du JT, où les formats très courts s'enchaînent. Cette impression de zapping est accentuée par le choix régulier de la rédaction de saucissonner certaines thématiques : le 16 octobre, la problématique de l'IA est abordée en première partie du journal… puis à nouveau à la fin du JT. De même le 7 octobre : le journal commence avec l'actualité politique française, enchaîne avec Israël, quelques sujets « magazine » (dont la sortie l'album de Taylor Swift)… avant d'entamer une nouvelle boucle : actualité politique française d'abord, Israël ensuite./p
pAu-delà de cette discontinuité, un autre aspect du 20h interpelle : l'appétence pour les sujets « magazine » et les « actus insolites ». Assurément, le 20h de Léa Salamé en contient (presque) chaque soir : « Chute libre : un couple à 280 km/h » (1/09) ; « Vol Paris‑Ajaccio : le contrôleur s'endort, l'avion tourne en rond » (17/09) ; « Pêche : le chant des coques » (20/09) ; « Piment : le gout de l'extrême » (30/09) ; etc. Ces sujets, qui représentent un peu moins de 8% de la durée totale des contenus, sont caractéristiques d'un traitement par le prisme du « fait divers » : décontextualisation et déconnexion des aspects sociaux, économiques et historiques, dépolitisation et sensationnalisme. Ils n'en répondent pas moins à la consigne qu'avait fixée la PDG de France Télévisions Delphine Ernotte à Léa Salamé : un 20h « i"plus accessible", "moins anxiogène" et [qui] perce sur les réseaux sociaux/i », selon des propos rapportés par iTélérama/i (1/09)./p
pLe procès Jubillar est un exemple parfait de ce mode de traitement de l'actualité. Si les sujets qui lui sont consacrés sont tous de courte duréespan class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="9 reportages durant entre 1'16 et 2'09 ; un reportage de 2'55 et un autre de (…)" id="nh6"6/a]/span, le procès est l'un des rares « événements » déconnectés de l'actualité politique et internationale à bénéficier d'un traitement régulier : entre le 22 septembre et le 16 novembre, il a été abordé dans 9 des 16 JT observés, pour une durée totale d'environ 24 minutes. L'approche « fait-diversière » domine partout : loin de couvrir cette actualité sous l'angle des féminicides, du travail de la police criminelle ou de celui des juges par exemple, le JT a opté pour un mode de traitement de l'information façon « chaîne en continu » : au menu, détails morbides et « péripéties ». Le 6 octobre, par exemple, le JT relate les « rebondissements » liés au bornage du téléphone de l'amant de Delphine Jubillar. Et le 1er octobre, Léa Salamé s'enorgueillit de diffuser « ien exclusivité/i » un enregistrement de Cédric Jubillar : « iVous n'aviez pas entendu sa voix. Dans un enregistrement audio que nous vous diffusons en exclusivité, Cédric Jubillar se confie quelques heures seulement après la disparition de sa femme, et, fait troublant, il parle déjà d'elle à l'imparfait./i » De fait, le 20h de Léa Salamé a presque systématiquement privilégié les angles sensationnalistes pour rendre compte de ce procès./p
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h3 class='article_intertitres'Insécurité, trafic de drogue et violences : France 2 a peur/h3
p/br36 reportages ont été consacrés aux questions d'insécurité au sens large : agressions, drogue et délinquance routière. Répartis sur 20 JT – soit presque 2 soirs sur 3 ! –, ces sujets sont très souvent construits de la même manière : un « rappel des faits » accompagné d'images « choc », le témoignage des victimes, de proches et/ou des riverains, Léa Salamé accentuant souvent le caractère impressionnant ou « exceptionnel » des faits – « iCes images saisissantes cet après-midi à Marseille/i » (2/09). Le journalisme de préfecture n'est évidemment jamais très loin : la proximité avec les sources policières est criante… et se révèle d'ailleurs au grand jour dans le cadre de reportages « embedded » – le 17 septembre par exemple, à l'occasion d'un sujet titré « Violences familiales : des policiers en première ligne »./p
pLa combinaison quasi systématique de trois biais – absence de contextualisation, mise en scène spectaculaire et dépendance aux sources policières et/ou judicaires – contribue à imposer un cadrage largement sécuritaire de ce type d'« actualités », lequel prédomine également dans la couverture des mobilisations sociales. Sur les 26 sujets consacrés aux manifestations de septembre-octobre, 14 (soit un peu plus de la moitié) commencent par là : « Mouvement bloquons tout : un dispositif policier XXL » (9/09) ; « "Bloquons tout" : Rennes sous tension » (10/09) ; « 80 0000 policiers mobilisés : le risque des casseurs » (17/09) ; etc. Si les témoignages de manifestants ne sont pas absents (12 reportages), ils prennent la forme de l'inévitable micro-trottoir : comme ailleurs, la dépolitisation fait loi. Quant à la question des violences policières, elle est inexistante, ou tout comme, dans les 20h de Léa Salamé. Ainsi, suite aux manifestations du 18 septembre, elle annonce qu'un correspondant de France TV à Lyon a été blessé mais préfère renvoyer manifestants et policiers dos à dos plutôt que de pointer la responsabilité des policiers : « iUne pensée ce soir pour notre collègue correspondant à Lyon qui a été blessé au dos lors de heurts entre les forces de l'ordre et un groupe de jeunes en marge des manifestations. Il a été pris en charge et transporté à l'hôpital. Nous pensons à lui ce soir./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="De manière plus générale, la question des violences policières est largement (…)" id="nh7"7/a]/span/p
pLes enjeux politiques et économiques, en revanche, y occupent une place prépondérante : combinés, ils représentent 134 reportages (soit environ 28% du nombre total de sujets et un peu moins de 23% de la durée totale des contenus étudiés)./p
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h3 class='article_intertitres'La politique entre course de petits chevaux et suivisme gouvernemental/h3
p/brCes deux mois ont d'ailleurs confirmé une tendance qui préexistait évidemment à l'arrivée de Léa Salamé : l'amour du 20h pour la politique politicienne. « Le pouvoir dans l'impasse : une journée sous tension » (7/10) ; « Crise politique : la journée de la dernière chance » (8/10) ; etc. Les sujets relatant les dernières péripéties de l'exécutif, à coups de citations de députés, de conseillers de l'Élysée ou de Matignon, de « proches » de personnalités politiques, souvent anonymes, ne manquent pas. « iLes pronostics vont bon train et les noms qui circulent… on va vous les donner maintenant. Les coulisses, aussi, d'une journée de tractations dans les partis. C'est le feuilleton politique du jour !/i », annonce par exemple Léa Salamé le 10 octobre : une belle synthèse du mode de traitement de l'actualité politique dans les médias dominants ! En réduisant ainsi les événements aux calculs politiciens de couloir, en reprenant – souvent sans le moindre recul – la communication du personnel politique, le 20h participe activement à la dépolitisation de la politique./p
pLe suivisme à l'égard du pouvoir continue lui aussi d'aller bon train. Concernant les débats autour du budget par exemple, seule la vision de l'exécutif a eu droit de cité. Le projet politique porté par le gouvernement Lecornu a ainsi bénéficié de plusieurs reportages : « Pouvoir d'achat : serez-vous les gagnants du prochain budget ? » (13/10) ; « Impôts, retraites : que prévoit le budget 2026 » (14/10) ; « Médicaments, arrêts maladies : coup de rabot sur la santé » (15/10) ; « Pouvoir d'achat : les mauvaises surprises du budget » (16/10). Si des critiques voient le jour ici ou là, le cadrage de l'exécutif n'est pas remis en question : « il-faut-baisser-les-dépenses ». Dans le même temps, les contre-projets des oppositions, mais aussi ceux des syndicats ou des ONG, sont maintenus totalement hors-champ dans le 20h, qui se contente de médiatiser certaines propositions débattues à l'Assemblée nationale et/ou très discutées dans le débat public (la taxe Zucman par exemple)./p
pBref, le message est simple : « il n'y a pas d'alternative ». Et si cet agenda à sens unique n'avait pas clarifié les choses, les interviews sont là pour enfoncer le clou. On y observe en effet un quasi-monopole pour le gouvernement et ses alliés : Gérard Larcher (2/09), François Bayrou (4/09), Bruno Retailleau (8/09 et 7/10), Yaël Braun-Pivet (2/10), Sébastien Lecornu (8/10), Jean-Pierre Farandou (14/10). Ajoutons à cela deux figures du PS, alors en négociation avec le gouvernement : Olivier Faure (7/10) et François Hollande (13/10). Restent quatre interviews, distribuées entre Jean-Luc Mélenchon (8/09), Dominique de Villepin (22/09), Henri Guaino (25/09) et Jordan Bardella (13/10)./p
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h3 class='article_intertitres'Économie, social : le triomphe de l'orthodoxie/h3
p/brS'agissant des enjeux économiques non plus, le pluralisme n'est pas au rendez-vous. Les thèmes sont, certes, variés : coût de la vie (« Voitures d'occasion : le temps des bonnes affaires », 23/09) ; actualité des entreprises (« Petit bateau : la marque bientôt sous pavillon américain », 04/09) ; emploi (« Mécaniciens, carrossiers : les embauches accélèrent », 4/09) ; impôt (« Impôt : le ras le bol des contribuables ? », 9/09) ; ou encore santé (« Arrêt maladie : vos congés pourront être reportés », 11/09) ; etc. Mais la quasi-totalité d'entre eux s'inscrit dans une même perspective « micro-économique », au détriment de tout un pan de la macro-économie et des enjeux sociaux. Comme nous le décrivions dans a href="https://www.acrimed.org/Journalisme-economique-40-ans-de-catechisme"un épisode de « 4e pouvoir »/a, « l'objet est moins d'informer des citoyens sur le système économique capitaliste dans lequel ils vivent que de donner à des individus les recettes pour évoluer au mieux à l'intérieur de ce système. »/p
pLa question du coût de la vie, typiquement, est presque uniquement abordée sous cet angle : « Fournitures scolaires : comment payer moins cher » (1/09) – 9'23 de reportage ! – ; « Pommes de terre : bientôt moins chères ? » (2/09) ; « Pouvoir d'achat : leur fin de mois arrive le 15 » (16/09) ; etc. Si certains reportages se veulent davantage « analytiques » (« Hausse des frais bancaires : pourquoi payez-vous si cher ? », 7/10), un grand nombre se contente de « donner la parole aux Français », sous couvert de « proximité » avec le public. Le 1er septembre par exemple, on suit plusieurs familles qui font leurs courses dans un supermarché et le 16 septembre, d'autres qui ont du mal à finir leur fin de mois. Si ce type de reportage visibilise des catégories socioprofessionnelles traditionnellement sous-médiatisées, les conditions de prise de parole restent particulièrement médiocres. Ces reportages privilégiant en outre un point de vue très individuel sur les difficultés vécues par ces familles, ils permettent surtout de décontextualiser et de dépolitiser les enjeux économiques et sociaux. C'est d'ailleurs une constante au 20h de Léa Salamé. Si la pauvreté est évoquée ici ou là (de manière superficielle), elle est surtout « naturalisée » : les sujets en question ne portent jamais sur les causes de ces problèmes et s'accompagnent encore moins d'une remise en question des acteurs et des politiques qui en sont responsables./p
pÀ cet égard, le monde économique – très souvent réduit au témoignage de quelques chefs d'entreprise, parfois accompagné de celui de quelques salariés – apparaît la plupart du temps comme un spectateur passif, quand il n'est pas décrit en victime de l'instabilité politique : « Instabilité politique : ces patrons qui gèlent leur embauche » (11/09) ; « Le pays dans l'impasse : inquiétude dans les entreprises » (8/10) ; « Crise politique : le coût de l'instabilité » (8/10) ; etc. Un récit dominant à front renversé, là encore : a href="https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/050925/la-source-de-l-impasse-politique-la-crise-economique" class="spip_out" rel="external"de l'impact du patronat et des forces économiques sur le champ politique/a, il ne sera jamais question. Cette vision unilatérale des interactions entre instabilité politique et crise économique est représentative d'un JT qui, comme nous le disions précédemment, n'aborde que peu les questions macroéconomiques, bien souvent focalisées sur la croissance, elle-même traitée de manière prédictive – « les prévisions de croissance », qui n'ont fait l'objet que d'une brève le 11/09. Ajoutons qu'au 20h de Salamé, la question du chômage est, à peu de chose près, un non-sujet./p
pCes biais se couplent à une vision unilatérale de la question de la dette et de la réduction des déficits publics. Le nombre de reportages consacrés à la dette et au budget est assez limité : 7 reportages pour une durée d'environ 18 minutes. Le sujet est néanmoins évoqué à travers les interviews d'hommes et femmes politiques, d'« experts » et de patrons ainsi que dans certains sujets internationaux (concernant l'Italie, par exemple). Reprenant le leitmotiv médiatico-politique d'une dette insoutenable qu'il faut à tout prix baisser, le 20h ne questionne jamais cette vision du monde. Certains reportages ont beau souligner les difficultés auxquelles sont confrontés certains acteurs – économiques, généralement… – face à la réduction des budgets, les journalistes n'en tirent aucune conclusion. La dette apparaît ainsi comme le principal (si ce n'est le seul) indicateur utilisé pour évaluer les politiques publiques. Le reportage consacré à la réforme des retraites en Italie – « Italie : travailler plus pour réduire la dette » (29/09) – fournit un bon exemple de ce cadrage général passablement orienté, résumé par la journaliste de France 2 en fin de sujet : « iUne loi difficile pour les travailleurs, mais indispensable pour les finances publiques italiennes./i »/p
pLes conditions de travail de ces travailleurs ne sont pas, quant à elles, considérées comme un indicateur pertinent pour évaluer une politique publique. Aucun responsable politique n'est d'ailleurs questionné sur cet enjeu dans le 20h de Salamé. À l'exception d'un reportage consacré à des travailleurs saisonniers au Maroc (1/10), cette question est reléguée aux marges et le temps de parole des travailleurs excède rarement la dizaine de secondes. Le 8 octobre par exemple, les conditions de travail d'un conducteur de travaux sont très rapidement évoquées dans un sujet consacré à ladite « suspension » de la réforme des retraites – « Qu'en pensent les futurs retraités ? » L'exception qui confirme la règle. Laquelle consiste, pour le 20h, à davantage traiter les débats sur la réforme des retraites au prisme du financement du régime par répartition plutôt qu'en informant sur les impacts concrets de cette réforme (et des modifications attenantes) sur les conditions de vie en bonne santé ou sur les accidents du travail, par exemple./p
pQuel que soit l'angle par lequel on observe le traitement des questions économiques et sociales, un seul constat s'impose : sans grande surprise, le prêt-à-penser néolibéral triomphe dans la grand'messe du 20h, qui n'hésite pas à recourir aux pires clichés de l'idéologie dominante. Le « grand format » du 20 octobre en a donné un exemple caricatural. Sobrement intitulé « Bienvenue en Absurdistan »span class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="Le grand format est aussi à plusieurs reprises appelé « Grand travaux : le (…)" id="nh8"8/a]/span, l'annonce lors des titres par Léa Salamé donne le ton : « iOn vous emmène ce soir au pays de l'absurde : et malheureusement, c'est chez nous. On a enquêté sur ces normes qui rendent fous les chefs d'entreprise, sur ces ponts construits pour rien, sur ces documents administratifs qu'on met des heures à remplir./i » Composée de 4 reportagesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb9" class="spip_note" rel="appendix" title="« Argent public : des ponts construits pour rien » ; « Administration : (…)" id="nh9"9/a]/span, cette « page spéciale » reprend à son compte une obsession historique de la droite traditionnelle et de l'extrême droite – le poids des « normes » et le carcan de l'État « mammouth » – sur un ton sensationnaliste et tapageur que ne renierait sans doute ni RMC, ni Europe 1span class="spip_note_ref" [a href="#nb10" class="spip_note" rel="appendix" title="Où la chronique d'Emmanuelle Ducros (journaliste à L'Opinion) s'intitule (…)" id="nh10"10/a]/span. Elle n'en témoigne pas moins de la force que peut impulser un cadrage biaisé – et rabâché depuis des décennies. Si les voix discordantes ne sont pas absentes, elles sont complétement écrasées par l'angle et le registre choisis par les journalistes de France 2 : la dénonciation de normes jugées absurdes. Les aspects environnementaux et sociaux sont quant à eux absents de cette page spéciale./p
/br
h3 class='article_intertitres'L'écologie, grande oubliée/h3
p/brAvec un peu moins de 25 minutes cumulées réparties sur 9 jours, les sujets liés à l'écologie n'ont pas fait l'objet d'une couverture supérieure à celle du procès Jubillar (environ 24 minutes cumulées)span class="spip_note_ref" [a href="#nb11" class="spip_note" rel="appendix" title="Un constat d'autant plus accablant que nous avons compté dans « écologie » (…)" id="nh11"11/a]/span ! Cette invisibilisation se mesure également au fait qu'aucun responsable politique n'a été interrogé sur des enjeux environnementaux, et encore moins sur l'impact écologique de son programme économique. Au 20h, l'impact environnemental n'est d'ailleurs jamais considéré comme un indicateur pertinent lorsqu'il s'agit de discuter d'une mesure économique : il en va, là encore, d'a href="https://www.acrimed.org/Les-journalistes-l-ecologie-et-le-capitalisme"un angle mort structurant dans les grands médias/a./p
p« Pire » : dans les reportages liés à l'environnement, la part consacrée plus spécifiquement au réchauffement climatique est... quasi nulle : un unique et court reportage (1'42) vulgarise une étude scientifique sur l'impact du réchauffement climatique sur les coraux (« Disparition des coraux : une menace pour l'humanité », 13/10). À cela, il faut ajouter quelques mentions qui, au gré des reportages, évoquent ici ou là des phénomènes météorologiques (« Tornade meurtrière dans le Val-d'Oise : ces phénomènes sont-ils prévisibles en France ? », 21/10). Le 20h réussit même l'exploit d'invisibiliser le réchauffement climatique à l'occasion d'un grand format pourtant consacré aux « iévénements climatiques extrêmes/i », diffusé le 15 octobre. « i[Ils] se multiplient mais sommes-nous prêts à les affronter ?/i » se demande Léa Salamé. En guise de réponse : 4 reportages pour près de 13 minutesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb12" class="spip_note" rel="appendix" title="Pour être précis : « Inondations : les naufragés du Giers » (3'58) ; « (…)" id="nh12"12/a]/span… mais l'impact du réchauffement climatique n'est évoqué qu'à une seule reprise ! Bref, comme le veut le mode de traitement dominant des enjeux environnementaux, les causes sont systématiquement éludées au profit de la télégénie des catastrophes et de la description des conséquences, notamment économiques./p
/br
h3 class='article_intertitres'L'information internationale en courant alternatif/h3
p/brAvec 92 reportages pour environ 3h48 (brèves inclues), on pourrait considérer que l'information internationale est traitée en longueur (environ 16% des contenus). Il s'agit d'un constat en trompe l'œil. Tout d'abord, la durée varie énormément en fonction des jours : 50% des éditions y ont par exemple dédié moins de 6 minutes et demi. À l'inverse, certains 20h ont pu y consacrer une part significative, notamment lorsque le sujet fait l'objet de la deuxième partie du journal (le « grand format »). Ce fut le cas le 3 septembre, lorsqu'un grand format sur l'Ukraine a occupé près de la moitié du JT (47%). Ce fut également le cas un mois plus tard, le 1er octobre, avec la diffusion d'une page spéciale sur le Maroc (55% du 20h). Mais en moyenne, l'information internationale n'a le droit qu'à 7'30 par JT, c'est-à-dire environ 17% de la durée totale d'un journal./p
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div class='spip_document_16295 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/20h_graphique1.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH239/20h_graphique1-5cf8b.png?1764595879' width='500' height='239' alt='' //a
/figure
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p/brDans le détail, on constate par ailleurs que les pays ayant retenu l'attention du 20h sont peu nombreux : 26 sur près de 200span class="spip_note_ref" [a href="#nb13" class="spip_note" rel="appendix" title="Afghanistan, Chine, Corée du Nord, Inde, Iran, Taïwan, Albanie, Danemark, (…)" id="nh13"13/a]/span. Des régions entières sont donc quasiment absentes : l'Océanie (aucune mention), l'Amérique du Sud (1 reportage sur le Venezuela), l'Afrique (une page spéciale de 4 reportages sur le Maroc ainsi qu'une brève sur Madagascar), le Proche et Moyen-Orient (seul Israël et la Palestine sont abordés – nous y reviendrons) et l'Asie du Sud-Est (1 reportage et 1 mention sur Taïwan). L'Inde n'est quant à elle abordée qu'à une reprise (et mentionnée une fois). Quant à la Chine, elle fait l'objet de 3 sujets et apparaît dans un reportage plus général sur l'Asie./p
pConcernant les pays évoqués, ils n'ont en fait bénéficié que d'une médiatisation ponctuelle. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques du traitement de « l'international » par le 20h : à quelques exceptions près (sur lesquelles nous reviendrons), il n'y a aucun suivi sur le long terme. Ainsi, sur la période étudiée (deux mois), 46% des pays n'ont été traités que lors d'un unique JT et 62% lors de deux JT ou moinsspan class="spip_note_ref" [a href="#nb14" class="spip_note" rel="appendix" title="Sur les 10 pays ayant bénéficié de reportages sur plus de 2 JT, 5 sont (…)" id="nh14"14/a]/span./p
pIl n'est pas étonnant, dans de telles conditions et face à une telle rareté de l'information, que le 20h braque son regard sur tel ou tel pays uniquement dans le contexte d'une actualité dite « chaude » : catastrophe naturelle et/ou humaine (« Tremblement de terre : près de 1000 morts en Afghanistan », 1/09 ; « Jamaïque : les images d'un pays dévasté », 30/10 ; « Accident du funiculaire : le Portugal en deuil », 4/09) ; tensions géopolitiques et conflits internationaux (« Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire », 16/10) ; élections (« Ingérence russe : les élections moldaves sous surveillance », 25/09) ; mouvements sociaux (« Maroc : une jeunesse en colère », 1/10). En disparaissant aussi rapidement qu'elles sont venues, les caméras du 20h sont vouées à livrer de ces événements une approche superficielle et/ou par le haut, qui invisibilise largement le vécu des habitants – et rend évidemment difficile, pour ne pas dire impossible, une fine compréhension des enjeux./p
pTrois sujets bénéficient cependant d'une médiatisation sur la durée : Israël et la Palestine d'abord (24 reportages pour un total de près de 54 minutes), l'actualité liée à la Russie (8 reportages sur les ingérences russes et 11 reportages liés à la guerre avec l'Ukraine, pour un total d'environ 56 minutes) et enfin, les États-Unis (8 reportages pour environ 18 minutes)./p
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h3 class='article_intertitres'Israël-Palestine : un suivi en trompe l'œil/h3
p/brLe traitement d'Israël et du génocide à Gaza mérite qu'on s'y arrête. Si le nombre de reportages et leur durée totale n'est pas négligeable (même si elle ne représente même pas 4% de la durée totale des reportages), ils sont très inégalement répartis dans le temps :/p
/br
div class='spip_document_16296 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/20h_graphique2.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH292/20h_graphique2-e8ab3.png?1764595879' width='500' height='292' alt='' //a
/figure
/div
p/brLe traitement est surtout disparate. Ainsi, le quotidien des Palestiniens de Gaza n'a bénéficié que de 4 reportages en 31 JT (pour un total d'environ 7'30), répartis sur 4 soirées. Quant à la Cisjordanie, elle n'a été abordée qu'à une unique reprise, au cours d'un reportage certes plus long que la moyenne (7'25). À cela, on peut ajouter quelques mentions superficielles, disséminées dans des reportages plus généraux sur la situation de la région./p
pCette invisibilisation du quotidien vécu par les Palestiniens prend d'autres formes. À l'instar de ce qui s'observe a href="https://www.acrimed.org/Liberations-en-Israel-Palestine-le-deux-poids"ailleurs dans les médias dominants/a, le phénomène du deux poids, deux mesures donne le ton. Là où les otages israéliens ont bénéficié de portraits à part entière et de témoignages de leurs prochesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb15" class="spip_note" rel="appendix" title="« Gaza : l'espoir des familles d'otages » (7/10) ; « Document : les (…)" id="nh15"15/a]/span, la libération de prisonniers palestiniens est effleurée – et à une seule reprise –, reléguée à la toute fin d'un reportage largement consacré aux otages israéliens (13/10). Le titre parle d'une « ijournée historique/i »… mais seulement d'un certain point de vue : sur près de 3 minutes, seules 34 secondes sont consacrées aux Palestiniens. Aucun nom n'est donné, aucun portrait n'est fait d'eux./p
pCette invisibilisation passe par d'autres angles morts pour le moins problématiques. La qualification de génocide est ainsi totalement ignorée : ni l'avis de l'Association internationale des chercheurs sur le génocide, ni les conclusions de la Commission d'enquête de l'ONU n'ont fait l'objet de reportage ! Et lorsque Dominique de Villepin évoque la question le 22 septembre, Léa Salamé évacue le sujet :/p
blockquote class="spip"
pstrong- Dominique De Villepin :/strong La communauté internationale, elle est là pour rappeler Benjamin Netanyahou à ses devoirs, à sa responsabilité à un moment où un génocide se déroule à Gaza./p
pstrong- Léa Salamé :/strong Vous employez le mot de génocide, qui n'a pas été pour l'instant qualifié par la justice internationale…/p
pstrong- Dominique de Villepin :/strong Elle a parlé de risque plausible de génocide. Dans la convention de 1948, il est prévu que c'est une nécessité de prévention et de répression…/p
pstrong- Léa Salamé :/strong Oui, mais…/p
pstrong- Dominique De Villepin :/strong … c'est-à-dire que tous les États sont obligés de prendre des mesures conservatoires pour empêcher ce risque génocidaire de se produire./p
pstrong- Léa Salamé :/strong Oui, mais pour l'instant, la Cour internationale de justice n'a pas jugé sur le fond de cette affaire-là. strongLes mots ont un sens/strong, mais au-delà de Benjamin Netanyahou, que répondez-vous ?/p
/blockquote
pVerrouillage, encore et toujours./p
/br
centerstrong***/strong/center
p/brDisons-le : le 20h de France 2 n'a pas attendu Léa Salamé pour manifester les biais ici passés en revue. Du a href="https://www.acrimed.org/JO-au-JT-de-France-2-la-celebration-plutot-que-l"traitement pour le moins questionnable des JO/a au a href="https://www.acrimed.org/La-presidentielle-dans-le-20h-de-France-2-le"traitement largement biaisé de la présidentielle/a en passant par a href="https://www.acrimed.org/Retraites-50-nuances-de-galeres-au-20h-de-France"la couverture désastreuse des mobilisations sociales/a ou de a href="https://www.acrimed.org/Palestine-la-desinformation-au-20h-de-France-2"la question palestinienne/a, les archives d'Acrimed sont là pour en témoigner. Faut-il en déduire que ces errements sont intrinsèques au format du 20h ? Si les contraintes pèsent lourd, la « mal-information » n'est pourtant pas une fatalité. Pour s'en convaincre, il suffit de se tourner… vers le 20h./p
pCar parmi les 482 reportages, tous ne témoignent pas d'une faillite journalistique. On a pu mesurer, par exemple, la plus-value (et les bienfaits) d'un long reportage international lorsque celui-ci n'est pas préalablement verrouillé par la direction parisienne. Ce fut le cas lors du grand format consacré au Maroc (1/10). C'est d'ailleurs à l'occasion de cette page spéciale qu'a été diffusé l'un des rares reportages principalement axés sur les conditions de travail. De même, le JT a montré qu'il était possible, dans une certaine mesure, de faire de la vulgarisation scientifique (« Pesticides : les riverains des vignes contaminés », 15/09 ; interview de la directrice de l'institut Pasteur, 9/10). Enfin, citons le reportage « Mineurs délinquants : au cœur d'un tribunal pour enfant » (2/09). D'une durée de près de 13 minutes, ce sujet montre qu'un traitement de fond est possible (et même souhaitable) et qu'il permet, dans une certaine mesure, de contourner les réflexes simplistes et immédiats du cadrage sécuritaire traditionnel de ces questions. Ces reportages ne sont pas exempts de défaut. Cependant, leur existence montre à quel point la médiocrité d'ensemble du 20h est d'abord et avant tout la conséquence… de choix éditoriaux : oui, un autre JT est possible !/p
p/brstrongArnaud Galliere/strong/p/div
hr /
div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanVoir notamment a href="https://www.arretsurimages.net/chroniques/les-enerve-es/salame-cotillard-un-malaise-journalistique-avant-tout" class="spip_out" rel="external"ça/a, a href="https://www.telerama.fr/television/dominique-bernard-et-samuel-paty-confondus-dans-les-jt-de-france-2-une-double-erreur-qui-interroge-7027831.php" class="spip_out" rel="external"ça/a ou encore a href="https://www.20minutes.fr/arts-stars/insolite/4175472-20250926-oh-pardon-quand-lea-salame-confond-henri-guaino-claude-gueant-plateau-jt-france-2" class="spip_out" rel="external"ça/a./p
/divdiv id="nb2"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanAutrement dit les 20h du lundi, mardi, mercredi et jeudi. Les 20h présentés par Laurent Delahousse et Sonia Chironi, le vendredi, samedi et dimanche, n'ont pas été inclus dans cet article ; de même que ceux présentés par Jean-Baptiste Marteau les 22, 23, 27, 28 et 29 octobre./p
/divdiv id="nb3"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanLes titres du journal ne sont pas inclus dans les décomptes, tout comme les lancements des reportages, sauf dans certains cas (lorsqu'ils apportent une information supplémentaire et quand ils sont particulièrement longs). Les titres et lancements peuvent cependant être mentionnés dans le cadre d'une analyse plus qualitative./p
/divdiv id="nb4"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanNous avons utilisé 3 sources pour les décomptes : (1) nos propres minutages, (2) les durées indiquées sur a href="https://www.franceinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/" class="spip_out" rel="external"le site de France 2/a, (3) les durées indiquées sur a href="https://www.inatheque.fr/index.html" class="spip_out" rel="external"le site de l'INA/a. Nous avons noté quelques légères différences ici et là entre les chiffres de l'INA et ceux du site de France 2. Dans la mesure du possible, nous avons privilégié nos chiffres et ceux du site de France 2./p
/divdiv id="nb5"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanLes interviewés restants sont, par ordre de passage : Anne-Charlène Bezzina, le cardinal François Bustillo, Anastasia Fomitchova, le général Patrick Dutartre, l'avocat Christophe Ingrain, Delphine Horvilleur, Gaëlle Paty, Alexis et Félix Lebrun, Cédric Sapin-Defour./p
/divdiv id="nb6"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /span9 reportages durant entre 1'16 et 2'09 ; un reportage de 2'55 et un autre de 4'27./p
/divdiv id="nb7"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanDe manière plus générale, la question des violences policières est largement absente des 20h de France 2. Parmi les quelques rares reportages consacrés à cette question, on peut citer le 20h du 7/09 présenté par Laurent Delahousse : « Vidéo d'un jeune giflé : enquête ouverte contre des policiers »./p
/divdiv id="nb8"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanLe grand format est aussi à plusieurs reprises appelé « Grand travaux : le tour de France de l'absurde »./p
/divdiv id="nb9"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh9" class="spip_note" title="Notes 9" rev="appendix"9/a] /span« Argent public : des ponts construits pour rien » ; « Administration : l'enfer des formulaires Cerfa » ; « Normes : à quand la simplification » ; « Inde : des morts pourtant bien vivants »./p
/divdiv id="nb10"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh10" class="spip_note" title="Notes 10" rev="appendix"10/a] /spanOù la chronique d'Emmanuelle Ducros (journaliste à iL'Opinion/i) s'intitule d'ailleurs… « Voyage en absurdie »./p
/divdiv id="nb11"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh11" class="spip_note" title="Notes 11" rev="appendix"11/a] /spanUn constat d'autant plus accablant que nous avons compté dans « écologie » des sujets qui auraient pu être classés ailleurs. C'est le cas par exemple d'un reportage consacré à un éboueur-influenceur : « Réseaux sociaux : l'éboueur star des ados » (23/09)./p
/divdiv id="nb12"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh12" class="spip_note" title="Notes 12" rev="appendix"12/a] /spanPour être précis : « Inondations : les naufragés du Giers » (3'58) ; « Inondations : des travaux XXL pour y échapper » (3'29) ; « Tempête de grêle : quand la facture s'alourdit » (3'48) ; « Vallée d'Aspe : un an après retour sur des inondations dévastatrices » (1'38)./p
/divdiv id="nb13"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh13" class="spip_note" title="Notes 13" rev="appendix"13/a] /spanAfghanistan, Chine, Corée du Nord, Inde, Iran, Taïwan, Albanie, Danemark, Espagne, Finlande, Grèce, Italie, Moldavie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Ukraine, Russie, Israël, Palestine, États-Unis, Jamaïque, Haïti, Venezuela, Madagascar, Maroc./p
/divdiv id="nb14"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh14" class="spip_note" title="Notes 14" rev="appendix"14/a] /spanSur les 10 pays ayant bénéficié de reportages sur plus de 2 JT, 5 sont européens : Danemark, Espagne, Italie, Ukraine, Royaume-Uni. Les 5 autres pays sont : Chine, États-Unis, Israël, Palestine, Russie./p
/divdiv id="nb15"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh15" class="spip_note" title="Notes 15" rev="appendix"15/a] /span« Gaza : l'espoir des familles d'otages » (7/10) ; « Document : les retrouvailles d'une famille après 738 jours » (13/10) ; « Otages israéliens : révélations sur leur détention » (14/10)./p
/div/div
Dans son documentaire Dans la peau d'un végane (2024), le réalisateur Mathurin Peschet s'essaie au véganisme pendant 100 jours. Malgré des rencontres qui l'éclairent sur le spécisme, il termine son docu' en réalisant une soudaine volte-face et en se filmant en train d'égorger une poule au couteau dans son jardin– un acte qu'il présente comme une marque suprême de respect envers l'animal. Ce contraste saisissant soulève une sacrée contradiction : comment un geste d'une violence indéniable peut-il être qualifié de « respectueux » ?
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/les-mots-sont-importants"Les mots sont importants/a/b/div
Fournir sa photographie et ses empreintes quand on demande son passeport ou sa carte d'identité est plus lourd de conséquence que ce qu'on imagine. Ces données, qui sont enregistrées dans le fichier des « titres électroniques sécurisés » (TES) sont récupérées par la police par un contournement de la loi. La Quadrature du Net a pu obtenir des témoignages et preuves formelles de l'utilisation abusive de ce fichier pour identifier des personnes lors d'enquêtes judiciaires.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"La Quadrature du Net/a/b/div
[NDLR : il s'agit d'enfants de maternelle]br class='autobr' /
Des policiers municipaux sont intervenus dans la cantine d'une école de Nogent-le-Roi pour calmer des enfants dissipés. « Incompréhensible », pour les parents d'élèves. Le maire évoque « une mesure pédagogique »
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"Sud-Ouest/a/b/div
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH80/tocsin-0d6d9.png?1764351325' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='80' alt="" /
div class='rss_chapo'pMercredi 19 novembre, devant le Congrès des maires de France, le chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, a estimé que la France était « ien risque/i » face à la « iRussie de Vladimir Poutine/i » si le pays n'avait pas la « iforce d'âme/i » d'accepter « ide perdre ses enfants/i » à la guerre. Sans attendre, de nombreux médias se sont emparés de cette déclaration pour décréter la mobilisation générale…/p/div
div class='rss_texte'p« iÀ quoi nous prépare le général Mandon ?/i » demande inquiet Maxime Switek, sur BFM-TV. Il est 21h08 ce mercredi 19 novembre quand le présentateur prend connaissance des « ipropos chocs/i » du chef d'état-major des armées. Un bandeau accompagne sa lecture de la déclaration : « iSi notre pays flanche – écoutez-bien/i, insiste Maxime Switek –, isi notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, alors on est en risque/i ». Léger moment de sidération sur le plateau – qui jusqu'ici parlait de la neige. La mine grave, la journaliste maison Elsa Vidal lui répond : « iUne guerre, c'est finalement la confrontation de deux volontés, et il est important que "l'arrière", les civils, soient disposés à ce que cette guerre ait lieu ! Mais la formulation du chef d'état-major est quand même… j'ai envie de le dire… malheureuse./i »/p
pLes déclarations « ichocs/i » de Fabien Mandon vont en effet, dans un premier temps, provoquer un « itollé/i » dans la classe politique. Les politiciens de presque tous les bords s'en indignent, et les premiers articles, publiés dans la foulée de la dépêche AFP rapportant le discours du général, portent presque tous sur ces réactions politiques assez univoques. À peine prononcés, voilà en tout cas les mots du chef d'état-major des armées propulsés à la Une de l'actualité. Le lendemain, le ton change, avec la ministre des Armées Catherine Vautrin qui « ivole au secours/i » (iJDD/i, 20/11) du général Mandon, expliquant (sur X) que ses propos ont été « isortis de leur contexte/i » et qu'il était parfaitement fondé à les tenir./p
/br
h3 class='article_intertitres'« Faut-il préparer les Français à la guerre ? »/h3
p/brLa machine médiatique se met en branle à toute vitesse, et les réactions des politiciens sont rapidement recouvertes par le commentariat des éditorialistes, qui ont reçu l'incitation de la ministre et se font les exégètes du général Mandon. « iVous voyez bien que la guerre est revenue en Europe et que la menace existe/i, justifie Didier François, « éditorialiste défense BFM-TV », à peine une heure après les déclarations du chef d'état-major : ice qui est important c'est de dissuader l'ennemi […] pour cela, il faut que nos adversaires soient persuadés qu'on est prêts, qu'on sera prêts à se battre et qu'on acceptera la bagarre/i ». « iÇa fait peur !/i » réagit la présentatrice Julie Hammett, avant de se tourner vers un nouvel éditorialiste, Ulysse Gosset : « iEffectivement, les mots sont très forts et ils sont inquiétants, et quand les Français les entendent, ils se disent, "est-ce que la guerre est pour demain ?"/i » Selon l'éditorialiste, qui se demande à voix haute si « iles Français sont prêts à entrer en guerre/i », ce n'est pas encore « iun appel à la mobilisation générale, mais c'est un appel à la prise de conscience/i ». Les Français ne sont d'ailleurs pas les seuls inquiets, ajoute Gosset, « iles services allemands, les services britanniques, disent tous la même chose/i ». Didier François rebondit : « iPour ceux qui croient que c'est politique…/i » « iÇa c'est un message à Jean-Luc Mélenchon/i », relève la présentatrice./p
pLe lendemain matin (20/11), sans doute prise de court par l'actualité, BFM-TV déploie un procédé pour le moins surprenant : l'invité de la matinale de Laurent Neumann n'est nul autre que… Didier François, « l'éditorialiste défense » maison, encore lui. BFM-TV interviewe BFM-TV, et cette fois, la fonction d'exégète du général Mandon que remplissait symboliquement la veille au soir l'éditorialiste est explicitée littéralement sur le bandeau : « Chef des armées : que voulait-il dire vraiment ? » Didier François va nous le dire : « iOn a cru pendant des années, enfin pendant les 30 dernières années, que la parenthèse exceptionnelle de paix que nous avons vécue était la norme ! Bah on est en train de se réveiller… Alors c'est évidemment difficile pour l'autruche de sortir la tête du sable, parce que c'est désagréable… honnêtement ça gratte. Mais la vérité c'est ça, c'est qu'on revient à un monde normal tel qu'on le connaissait avant/i ». Un monde « inormal/i » est celui où la guerre plane sur chaque enfant./p
pSur RTL, dans l'émission d'Anne-Sophie Lapix (20/11), le ton est moins familier, mais le fond n'est pas bien différent : « iLa Russie de Vladimir Poutine, manifestement, nous considère comme un adversaire/i », avance son invitée Muriel Domenach, ancienne ambassadrice de France à l'OTAN. « iNous sommes déjà en guerre/i », explique quant à lui l'immanquable Michel Goya, ancien colonel et « expert en stratégie militaire », qui explique qu'il fulmine en entendant les pacifistes s'insurger des déclarations du chef d'état-major : « iSi la nation n'est pas prête à cela, si elle considère que ce sacrifice n'est pas utile ou nécessaire, et bah c'est pas la peine quoi… on perd, en réalité, la vraie force… la vraie force des nations c'est dans cette volonté en réalité, de prendre des risques, pour essayer d'obtenir quelque chose…/i » Anne-Sophie Lapix passe ensuite la parole à Jean-Marie Bockel – ex-ministre sous Mitterrand et sous Sarkozy dont le fils, militaire, a été tué au Mali. Puis à Michel Duclos, ancien diplomate, qui parle de la « imenace russe aux portes de l'Europe/i » et explique qu'il y a un vrai « ibesoin de pédagogie/i » à ce sujet. Anne-Sophie Lapix constate que son plateau est à sens unique et le verbalise : « iOn va parler dans un instant des réactions […] qui ne sont pas forcément très positives ou aussi unanimes que sur ce plateau…/i » Ce sera après la pub, et ce qui fera office de contradictoire est un petit « sonore » de Jean-Luc Mélenchon. La même unanimité se retrouve sur le plateau de LCI, dans l'émission « 24h Pujadas » (20/11) : « iJ'ai d'abord envie d'entendre le colonel, le colonel de réserve Servent, Pierre, est-ce que c'est alarmiste ou est-ce que c'est indispensable cette déclaration du chef d'état-major ?/i » « iIndispensable/i », répond sans hésiter son invité, qui est éditorialiste sur la chaîne. Jean-Dominique Merchet introduit une petite nuance et trouve que ce discours « idoloriste/i » est une « iformidable erreur de communication/i », même s'il n'en conteste pas le fond (« iJe ne suis pas un pacifiste/i », dira-t-il) À ses côtés, Isabelle Lasserre du iFigaro/i est beaucoup plus enthousiaste : « iPour qu'un bâtardspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Isabelle Lasserre rebondit ici sur la prise de parole antérieure de (…)" id="nh1"1/a]/span puisse être tué, il faut que la dissuasion de la France soit rétablie ! La guerre étant un affrontement des volontés, il faut rétablir la volonté des Français et des Européens, qui pour moi, fait complètement défaut./i » La journaliste du iFigaro/i va plus loin :/p
blockquote class="spip"
pstrong- Isabelle Lasserre :/strong Ce qui me choque moi en fait dans toute cette histoire, c'est qu'on a l'impression que la France sort lentement du déni qui était le sien depuis le début des années 1990 […]. Donc on se réveille depuis 2014, et surtout depuis 2022, mais tout le monde ne se réveille pas ! Alors effectivement, le chef d'état-major, lui, a pris pleinement conscience de la menace russe… strongc'est la Russie qui nous a déclaré la guerre !/strong C'est pas la France qui a déclaré la guerre…/p
pstrong- David Pujadas :/strong Qui inous/i a déclaré la guerre ?/p
pstrong- Isabelle Lasserre :/strong C'est la Russie, c'est Poutine…/p
pstrong- David Pujadas :/strong … Qui a déclaré la guerre à l'Ukraine…/p
pstrong- Isabelle Lasserre :/strong Non, non, à nous aussi ! Non, Vladimir Poutine considère qu'il est en guerre contre l'Union Européenne. Il lance tous les jours des actes de guerre hybride contre les pays d'Europe occidentale. […] Les extrêmes droite et gauche qui protestent contre ces propos sont celles qui depuis le début sont complètement pro-russes et défendent la…/p
pstrong- David Pujadas :/strong Attendez y'a pas que les extrêmes ! Y'a pas que les extrêmes…/p
pstrong- Isabelle Lasserre :/strong C'est surtout les extrêmes […]/p
pstrong- David Pujadas :/strong C'est du défaitisme ?/p
pstrong- Isabelle Lasserre :/strong C'est une tentation de l'apaisement, une tentation munichoise […]. C'est pas comme ça qu'on va protéger les enfants de la France./p
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pEn face, Jean Quatremer parle lui aussi de Munich, de 1940 et de « idésarmement moral/i », et se réjouit des déclarations du chef d'état-major : « iC'est très bien que ça choque/i ». Ces tirades inspirent une question à David Pujadas : « iPour refamiliariser [les jeunes] avec l'idée de guerre, est-ce qu'il faut d'abord mettre l'accent sur la mort ?/i »/p
pLes « experts militaires » ou les militaires tout court vont ainsi se succéder sur les plateaux et dans les colonnes des journaux. L'amiral Nicolas Vaujour, chef d'état-major de la Marine, est sur RTL (20/11) dès le lendemain matin des déclarations du général Mandon. Le général Vincent Desportes pointe sur RTL (20/11), RMC (21/11), Europe 1 (27/11) et iMarianne/i (26/11). Michel Goya est lui sur RTL (20/11), BFM-TV (21/11), France 5 (22/11), ainsi que dans iLe Point/i (21/11). L'ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air Jean-Paul Paloméros est sur France Info (21/11), BFM-TV (21/11), CNews (21/11, une journée chargée !), ou RMC (24/11). Pierre Servent passe lui presque tous les jours sur les chaînes de son employeur, TF1 ou LCI, mais aussi occasionnellement sur France Inter (27/11). Le général Mandon sera lui-même invité dans « C à Vous » (France 5, 22/11), pour réitérer ses propos tout en s'excusant d'avoir pu heurter. Bref, un véritable « journalisme de caserne » au service, pendant toute une semaine, de l'objectif admis par Pujadas : refamiliariser la population avec l'idée de guerre./p
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h3 class='article_intertitres'Préparer les esprits à la guerre/h3
p/brLa séquence éditoriale déclenchée par le discours du chef d'état-major est massive, et il est quasiment impossible d'en faire une revue exhaustive. On peut néanmoins en dégager le message de fond, qu'une dépêche AFP, reprise telle quelle ici et là, résume lapidairement : « Les autorités françaises tentent de préparer les esprits à la guerre » (20/11). La dépêche note que le gouvernement français a, le même jour, publié en ligne « un guide de survie » en cas de catastrophe ou de conflits armés. « iLes autorités tentent, depuis des mois, de préparer les esprits des Français à des sacrifices en cas de guerre. Mais le message peine à infuser/i », regrette ainsi iLe Télégramme/i (21/11), dans un article titré « Pourquoi la France doit se préparer à la guerre ». « iLe message passe mal/i », confirme un autre titre régional, iLe Maine Libre/i (21/11). « iDepuis qu'il est devenu chef d'état-major des armées, le 1er septembre, [Fabien Mandon] n'a de cesse de frapper les esprits, afin que la population civile se prépare à "un conflit de haute intensité" contre la Russie/i » retrace iLe Parisien/i (21/11). « Menace russe : l'opinion, la première bataille », rappelle le bien nommé iL'Opinion/i (21/11)./p
pDans iLibération/i, les papiers oscillent entre les reproductions de dépêches sur la classe politique qui « bondit » (20/11), les « débats » lancée à la cantonade par la directrice adjointe de la rédaction Alexandra Schwartzbrod (« Faut-il accepter de perdre nos enfants, comme l'a dit le chef d'état-major des armées ? », 21/11), et les critiques très mesurées contenues dans les éditos de Thomas Legrand, qui eux non plus ne contestent pas le fond : « iL'Europe est devenue un îlot de démocratie libérale assiégée. Si l'on est attaché à la préservation de ce modèle, qui a fait de notre continent le petit bout de terre le plus libre du monde, il faut effectivement se préparer à se battre et, sans doute, à faire des sacrifices./i ». Mais l'on trouve aussi, dans les pages de iLibé/i, des papiers beaucoup plus ouvertement favorables aux déclarations du général Mandon, comme celui de Jean Quatremer (20/11) : « iUn appel à la mobilisation morale et économique de la nation absolument nécessaire pour que l'industrie de la défense française passe enfin en mode "économie de guerre" et que l'opinion publique comprenne enfin qu'il va falloir faire des choix budgétaires douloureux pour permettre la montée en puissance de l'armée française. Afin de décourager les nuisibles d'attaquer nos démocraties./i »/p
pDans un long papier, titré « Derrière les polémiques stériles, ce qu'a vraiment dit le chef d'état-major des armées » (21/11), le magazine iChallenges/i estime que le discours de Fabien Mandon « in'a rien d'une sortie de route/i », et que ceux qui le condamnent font preuve « ide déni ou d'angélisme/i » : « iOui, la guerre fait des morts/i, écrit le journaliste Vincent Lamigeon, ifaire comme si cette réalité n'existait pas, comme si ce sacrifice n'était pas consubstantiel à toute intervention armée, comme si un chef d'état-major n'avait pas le droit de la rappeler, c'est faire preuve d'un déni étrange, ou d'un angélisme qui ne peut que faire les affaires de Moscou/i ». Le constat est le même dans les colonnes de iOuest-France/i (23/05), où c'est le général Daniel Brûlé qui donne son point de vue : « iL'hypothèse d'une guerre impliquant la France n'est pas un objet de débat mais une réalité./i » iLe Monde/i se lance lui sur le terrain de la comparaison internationale (« Les propos du général Mandon, une position partagée en Europe », 24/11) puis regrette dans un autre papier que « ila pédagogie de l'effort de défense/i » se déroule « ien terrain miné/i » (25/11) : « iS'exprimer sur le rapport que la nation peut entretenir à sa défense est un exercice extrêmement sensible, voire périlleux. Le chef d'état-major des armées, Fabien Mandon, en a fait l'expérience […]/i », écrit le journal de référence. iLe Point/i, qui n'aime rien tant que la guerre, est bien sûr au rendez-vous. C'est d'abord Sophie Coignard qui s'y colle, avec un angle que son titre résume bien : « Royal, Mélenchon, Roussel : derrière le pacifisme, le carriérisme » (21/11). Puis c'est Kamel Daoud qui se laisse aller dans sa chronique à un lyrisme guerrier : « iLa France est-elle prête à envoyer ses enfants se faire tuer à la guerre ? Cette question lancée par le chef d'état-major est cruciale : c'est celle par laquelle s'affirme une nation./i » Le registre de l'humour est aussi employé : c'est par exemple Sophia Aram qui fustige sur France Inter (25/11) les « ipatriotes en carton/i » et proclame toute sa confiance au général Mandon. iLes Échos/i, enfin, par l'intermédiaire de son chroniqueur « philosophe » Gaspard Koenig, s'avance sur la question morale : « Au nom de quoi perdre ses enfants ? » (27/11) Bonne question./p
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h3 class='article_intertitres'Macron chef de guerre, le retour/h3
p/brAu fil de la semaine et des commentaires qui ont suivi les déclarations du général Mandon, la presse a commencé à bruisser d'une rumeur : le chef d'état-major était-il en « iservice commandé/i » (iLibération/i, 21/11) pour le véritable chef des armées, le président de la République ? A-t-il pu faire des déclarations de ce type sans l'aval d'Emmanuel Macron, dont il est notoirement proche, puisqu'il fut l'un de ses conseillers ? La question est posée dans le 20h de Léa Salamé du 20 novembre. Dans le sujet diffusé, France 2 cite anonymement « un conseiller de l'Élysée », qui affirme que Macron n'avait pas supervisé le discours du général, mais qu'il en validait le fond : « iLa phrase isolée est angoissante bien sûr mais il faut prendre le propos dans son ensemble. Une prise de conscience est nécessaire/i », cite le JT. Un autre sujet est lancé dans la foulée par Salamé, pour faire « il'état précis de la menace russe/i ». Dans celui-ci, on peut entendre « l'expert » de l'IFRI, Thierry Gomart, dire que « ila Russie a déclaré la guerre à l'Europe, d'une certaine manière/i ». Mais nous n'en saurons pas plus sur la « icertaine manière/i » avec laquelle la Russie a « idéclaré la guerre à l'Europe/i ». Dans le même JT est évoquée une rumeur qui va être, tout au long de la semaine, la deuxième jambe de la marche médiatique vers la guerre : « iSelon nos informations, le président de la République doit faire des annonces dans les prochaines semaines sur la création d'un service militaire volontaire./i »/p
pLes uns après les autres, les journaux font part de leurs informations exclusives en provenance de l'Élysée et très vite le calendrier se précise : ce ne sera pas « idans les prochaines semaines/i », comme initialement annoncé par le JT de France 2, mais dès ce jeudi 27. Lundi 24 novembre, depuis un déplacement en Angola, Emmanuel Macron accorde un entretien à RTL et M6, diffusé le lendemain sur les deux antennes, dans lequel le président de la République apporte son soutien à son chef d'état-major – « iSon propos a été déformé/i » – et confirme « ila transformation du Service national universel vers une nouvelle forme/i »./p
pDébats de plateaux, tribunes, entretiens, éditos, comparaisons internationales, sondages, le « retour du service militaire » ouvre illico une nouvelle page de cette séquence militaro-médiatique. L'idée est chaudement accueillie par une très large partie de la presse./p
pJeudi 27 novembre, depuis Varces (Isère), Emmanuel Macron annonce donc le retour du service « volontaire » et « purement militaire » de 10 mois que la presse avait iteasé/i depuis une semaine. Sur LCI, Renaud Pila ne sait plus comment contenir son enthousiasme :/p
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pstrong- Éric Brunet :/strong Nous avons Renaud Pila qui lève le doigt comme un enfant sage, il veut prendre la parole. Dès qu'il y a la chose militaire, je le vois extrêmement mobilisé./p
pstrong- Renaud Pila :/strong Moi, je suis discipliné hein ! J'ai fait mes classes !/p
pstrong- Éric Brunet :/strong Très bien. On vous écoute./p
pstrong- Renaud Pila :/strong […] Il va y avoir dans les jours qui viennent énormément de débats sur : « Oui mais ça ne sert à rien de faire un service national si on ne fait pas nation, s'il n'y a pas un but collectif du pays et si l'armement moral n'est pas sur l'économique et le social, mais vous comprenez… » Mais enfin ! Ça, c'est des questions, franchement… Ça, c'est des questions pour prendre le thé le dimanche à 17h ! Mais avant de prendre le thé le dimanche à 17h et de se poser dix milliards de questions philosophiques […], on met son treillis, on s'engage si on est volontaire, on s'engage ! Le cœur de cible, 18 ans, 19 ans, on s'engage pour dix mois. […] Lorsqu'on était dans les années 70, 80, 90, on ne se posait pas toutes ces questions ! On avait le service militaire obligatoire et […] on ne se disait pas « Mais oui, mais non, mais est-ce que je vais faire mon service parce que, la France, où sont les fondamentaux ? » Mais non ! À un moment donné, il y a une menace. […] [Macron], c'est le chef des armées. Lorsque le chef de l'État quel qu'il soit dit « Il y a une menace » – on la voit tous les jours, sur LCI on informe tous les jours, depuis des années il y a eu 800 morts français sur les théâtres africains ou en Afghanistan, il y a tous les jours des soldats qui risquent leur vie –, eh bien aujourd'hui, il y a une menace, il y a une menace claire, il faut demander aux Baltes, il faut demander aux Polonais, eh bien, on s'engage ! Et les débats philosophico-philosophiques, on pourra les faire le dimanche à 17h ! Là il y a quelque chose qui est clair et il y a un besoin du pays !/p
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pCaricatural chez Renaud Pila, l'enthousiasme éditorial pour cette idée macroniste va être très largement partagé, sous diverses modalités, par la quasi-totalité du paysage audiovisuel. « iC'est une très bonne chose/i, réagit dans la foulée le général Dutartre sur BFM-TV, imoi je pense que ça va faire l'unanimité !/i ». « iQuand vous êtes volontaire pour dix mois/i, ajoute le chef du service international, Patrick Sauce, ià moins d'une très mauvaise expérience, en fait vous êtes, je dirais non pas fana-mili [sic], mais un ami de la famille militaire pour la vie !/i »/p
pMême euphorie sur CNews, dans l'émission de Laurence Ferrari : « iMoi, je trouve que c'est une initiative formidable que de remettre quelques jeunes sous les drapeaux ! On est d'accord ?/i » « iAbsolument, on peut terminer le débat/i », acquiesce son invité, le général Bruno Clermont. Éric Naulleau y est aussi « ifavorable dans l'ensemble/i », mais regrette que le service ne soit que volontaire : « iSi c'est sur la base du volontariat, ce n'est pas ceux qui ont le plus besoin d'être remis d'équerre qui iront/i ». « iCe n'est qu'une première étape/i, le rassure le lieutenant-colonel Vincent Arbarétier sur France Info, iles Allemands ne sont pas dupes : leur service militaire volontaire va se transformer tôt où tard en service militaire obligatoire/i ». Sur LCI, Ruth Elkrief exulte : « iIl y a une dimension de réarmement moral, et elle est bienvenue parce qu'il y a une demande en fait ! […] Il y a une sorte de vide et un besoin existentiel de but dans la vie, d'objectif, de beauté en quelque sorte, d'idéal ! Et là on en offre un, qui est cadré, qui est clair, et qui est pour la France avec ses valeurs. Quoi de mieux ?/i »/p
pLe soir de l'annonce, le journal de Léa Salamé se charge du service après-vente. La présentatrice reçoit la ministre des Armées, Catherine Vautrin, et consacre une grande partie de son interview… à expliquer aux jeunes concernés comment candidater à ce nouveau service militaire volontaire : « iSi y'a des gens qui nous regardent là, s'il y a des jeunes de 17-18 ou 19 ans qui nous regardent… ils veulent s'inscrire, qu'est-ce qu'ils doivent faire concrètement ?/i ». « iEt on sera rémunéré 800 euros ?/i », relance Salamé. « iRémunéré, nourri, logé, blanchi, et avec une carte de réduction SNCF de 75% !/i » répond la ministre. Léa Salamé s'inquiète : « iSi dans les prochains jours vous recevez des milliers de candidatures – imaginons – comment vous allez les sélectionner ?/i » Les questions de Salamé sur la réalité de la « imenace russe/i » arriveront bien après cette séquence « numéro vert », mais là encore, elles ne seront pas bien déstabilisantes pour la ministre : « iIl avait raison [le général Mandon] de le dire ? C'est ça dire la vérité aux Français ?/i » ; « iLa menace elle est sérieuse ? Elle est là, elle est sérieuse ?/i » ; Certaines de ses relances ne sont même pas des questions : « iIl faut se préparer à sacrifier nos enfants dans les prochaines années… On ne pourra pas échapper à une confrontation avec la Russie d'ici 3 ou 4 ans…/i »/p
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centerstrong***/strong/center
p/brL'unanimisme éditorial que nous documentons sur de nombreux sujets s'est donc donné à voir dans un nouvel épisode fort impressionnant. Et on le sait : face à la propagande de guerre, les médias a href="https://www.acrimed.org/Propagande-de-guerre-les-medias-au-garde-a-vous"se mettent au garde-à-vous/a./p
p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div
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div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanIsabelle Lasserre rebondit ici sur la prise de parole antérieure de Jean-Dominique Merchet : « Moi j'admire le général George Patton qui disait à ses soldats : "L'objet de la guerre ce n'est pas de mourir pour son pays, c'est de faire que le bâtard d'en face meurt pour le sien". »/p
/div/div
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH83/morandini2-e455a.png?1764080976' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='83' alt="" /
div class='rss_chapo'pCNews, 18 novembre 2025./p/div
div class='rss_texte'p« iJ'ai quitté le plateau de Morandini sur CNews ce matin. Un sondage sur l'Islam de France, commandé par Le Figaro à l'Ifop, basé sur un échantillon de 1 000 sondés, ne peut résumer la position des jeunes musulmans de France/i », a href="https://x.com/rkaaout/status/1990763429796417942" class="spip_out" rel="external"tweete/a, ce 18 novembre, la conseillère municipale d'Ivry-sur-Seine (et macroniste) Rachida Kaaout. Au programme du plateau ce jour-là : un sondage de l'Ifop sur les « musulmans de France » – celui-là même qui sera démonté a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/201125/musulmans-de-france-les-failles-d-un-sondage-choc" class="spip_out" rel="external"par Mediapart deux jours plus tard/a. Ce n'était, ô surprise, pas l'angle d'attaque du jour. Au contraire même, puisque la prise de distance avec ce sondage, tentée par Rachida Kaaout, va lui valoir les foudres de Jean-Marc Morandini, animateur a href="https://lesjours.fr/tags/jean-marc-morandini/" class="spip_out" rel="external"au sinistre pedigree/a./p
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h3 class='article_intertitres'Acte 1 : « iC'est comme ça que ça se fait un sondage, vous dites n'importe quoi !/i »/h3
p/brAu départ, il y a cette question : « iRachida Kaaout, votre regard sur ces trois chiffres ? Je voudrais juste qu'on se concentre sur ces trois chiffres, parce que pour moi ils sont très significatifs sur les jeunes de moins de 25 ans./i »/p
/br
div class='spip_document_16287 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/morandini1.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/morandini1-b1759.png?1764080390' width='500' height='278' alt='' //a
/figure
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p/brMais, problème, la conseillère municipale n'apporte pas la réponse attendue : « iMoi, ce qui me pose problème, c'est la radicalisation. Après, maintenant, si je dois commenter votre sondage, je vais vous dire, sur un échantillon de 1 000 personnes, c'est ça ? Pour moi, il n'est pas représentatif de la réalité…/i » C'en est (déjà) trop pour Morandini, qui va recouvrir la voix de son invitée par des invectives et une même question, serinée à l'infini : « iUn sondage politique, ça se fait sur combien de personnes ?/i »/p
pPrécisons-le d'emblée : les échanges qui suivent se basent sur une intox : si l'échantillon du sondage ien général/i est bien de 1 005 « personnes musulmanes », celui sur les moins de 25 ans est en fait de 291 personnesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="« Sur les 1 005 personnes musulmanes interrogées par l'Ifop, 291 ont été (…)" id="nh1"1/a]/span./p
pNi Morandini, ni personne d'autre sur le plateau, ne le précisera. L'animateur était semble-t-il trop occupé à rabrouer son invitée : « iQuand le thermomètre dit de mauvaises choses, on casse le thermomètre en fait./i » ; « iSoyons sérieux !/i » ; « iVous pouvez pas dire le sondage vaut rien parce qu'il vous plaît pas !/i » ; « iLà, c'est un sondage énorme, qui a été fait sur des centaines de personnes et on a retenu 1 000, qui étaient musulmanes en plus !/i » ; « iMais enfin, c'est les sondages, c'est comme ça que ça se fait un sondage, vous dites n'importe quoi !/i » ; « iArrêtez, vous répétez la même chose, vous êtes une machine à répéter la même chose !/i » ; « iAlors, je [ne] vous interroge plus. Je ne vous interroge plus. Je-ne-vous-interroge-plus !/i » ; « iRachida Kaaout, essayez de répondre à ma question, autrement vous arrêtez de parler./i » ; « iArrêtez, ça n'a aucun intérêt ce que vous dites…/i » ; « iArrêtez !/i » ; « iC'est pas parce que vous répétez 25 fois la même chose que c'est une vérité !/i » ; « iVous répétez 25 fois n'importe quoi !/i » ; « iStop !/i » ; « iÇa suffit !/i »/p
pEt de conclure ce premier acte avec un aveu… cristallin : « iÇa m'intéresse pas de parler avec vous./i »/p
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div class='spip_document_16288 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/morandini2.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/morandini2-e5ebf.png?1764080390' width='500' height='278' alt='' //a
/figure
/div/br
h3 class='article_intertitres'Acte 2 : « iVous faites du bruit avec votre bouche, c'est tout ce que vous faites./i »/h3
p/br15 minutes plus tard, c'est le feu d'artifice. Alors que Rachida Kaaout tente à nouveau de participer au débat, Morandini s'interpose : « iNon, non, non, non, non ! Je ne vous donne pas la parole sur ce sujet !/i »/p
pEt de recouvrir, une nouvelle fois, son invitée : « iRachida, vous n'avez pas la parole. Ce sondage ne vous intéresse pas, il ne vaut rien, je ne vous donne pas la parole sur ce sujet !/i » ; « iVous m'entendez ou pas ? Est-ce que vous m'entendez, Rachida ?/i » ; « iMoi, je vous le dis, je ne vous donne pas la parole ! Je ne vous donne pas la parole sur ce sujet !/i » ; « iMais vous [ne] constatez rien !/i » (4 fois) ; « iVous faites de l'intox./i » (3 fois) ; « iJe vous donne pas la parole./i » ; « iVous faites du vent./i » ; « iVous faites du bruit avec votre bouche, c'est tout ce que vous faites./i » (2 fois) ; « iCe que vous dites ne sert à rien./i » « iNon, parce que vous n'avez pas de solution, vous faites du vent./i » ; « iC'est du vent./i » ; « iVous n'avez pas la parole…/i » ; « iEst-ce que vous m'entendez ? Est-ce que vous m'entendez ou vous avez un problème d'audition ?/i » (2 fois) ; « iJe veux que vous répondiez aux questions ou alors que vous ne parliez pas !/i » ; « iAlors répondez aux questions !/i » ; « iNon ! Non, non, vous ne répondez jamais aux questions. Vous n'avez pas la parole, ça vous l'entendez ?/i » ; « iEst-ce que vous entendez que vous n'avez pas la parole ?/i » ; « iEst-ce que vous entendez que vous n'avez pas la parole ?/i »/p
pEt une troisième fois, fatale :/p
blockquote class="spip"
pstrong- Jean-Marc Morandini :/strong Est-ce que vous entendez que vous n'avez pas la parole ?/p
pstrong- Rachida Kaaout :/strong Alors, je m'en vais./p
pstrong- Jean-Marc Morandini :/strong Eh ben au revoir !/p
pstrong- Rachida Kaaout :/strong Et bien, au revoir, très bien…/p
pstrong- Jean-Marc Morandini :/strong Au revoir, merci d'être venue./p
pstrong- Rachida Kaaout :/strong Je ferai [inaudible] mon commentaire, merci…/p
pstrong- Jean-Marc Morandini :/strong Vous ferez votre commentaire toute seule puisque vous parlez toute seule de toute façon./p
pstrong- Rachida Kaaout :/strong Vous ne voulez pas de solution !/p
pstrong- Jean-Marc Morandini :/strong Non, je veux avoir des gens qui répondent aux questions, et pas des gens qui font du bruit avec leur bouche juste histoire d'occuper le terrain. Merci, au revoir !/p
/blockquote/br
div class='spip_document_16289 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/morandini3.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/morandini3-98fd5.png?1764080390' width='500' height='278' alt='' //a
/figure
/div/br
centerstrong***/strong/center
p/brOn est certainement là face à un chef d'œuvre d'interrogatoire journalistique – un de plus a href="https://www.blast-info.fr/articles/2025/cher-jean-marc-morandini-boxing-day-26-SidThlujRTOS7eMwylREfA" class="spip_out" rel="external"dans le (long) palmarès de Jean-Marc Morandini/a. D'où cette question, lancinante : que fait-il encore sur un plateau de télévision ? Et, qui plus est, sur une chaîne qui bénéficie d'une fréquence publique ? Allô l'Arcom ?/p
p/brstrongMaxime Friot/strong/p/div
hr /
div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /span« iSur les 1 005 personnes musulmanes interrogées par l'Ifop, 291 ont été identifiées comme faisant partie de la catégorie des "/i15-24 ansi". C'est sur ces jeunes personnes que se sont focalisés un grand nombre de médias, reprenant le cadrage de l'Ifop, qui propose un "/izoom sur les musulmans âgés de 15-25 ansi"/i » (a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/201125/musulmans-de-france-les-failles-d-un-sondage-choc" class="spip_out" rel="external"Mediapart/a, 20/11)./p
/div/div
Trois agents de la police nationale lui ont intimé l'ordre de quitter immédiatement le territoire français. En cas de refus, « ce sera pire pour vous », lui ont-ils dit, la menaçant de l'envoyer dans un centre de rétention administrative pour migrants. Ils ont fait part d'un signalement du ministère de l'Intérieur la qualifiant de « menace grave pour l'ordre public français ». br /Elle est remontée à bord de l'avion avec un procès-verbal de rapatriement. Elle y a découvert qu'elle était l'objet d'une « mesure d'interdiction d'entrée ». Elle s'est alors souvenue d'avoir participé, en juin 2023, aux journées d'assemblées, de concerts et de manifestations publiques organisées à Paris pour les dix ans du meurtre de Clément Méric, ce jeune antifasciste de 18 ans, tué en 2013 par trois extrémistes de droite.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/l-humanite"L'Humanité/a/b/div
Trois agents de la police nationale lui ont intimé l'ordre de quitter immédiatement le territoire français. En cas de refus, « ce sera pire pour vous », lui ont-ils dit, la menaçant de l'envoyer dans un centre de rétention administrative pour migrants. Ils ont fait part d'un signalement du ministère de l'Intérieur la qualifiant de « menace grave pour l'ordre public français ». br /Elle est remontée à bord de l'avion avec un procès-verbal de rapatriement. Elle y a découvert qu'elle était l'objet d'une « mesure d'interdiction d'entrée ». Elle s'est alors souvenue d'avoir participé, en juin 2023, aux journées d'assemblées, de concerts et de manifestations publiques organisées à Paris pour les dix ans du meurtre de Clément Méric, ce jeune antifasciste de 18 ans, tué en 2013 par trois extrémistes de droite.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/l-humanite"L'Humanité/a/b/div
« L'État vit au-dessus de ses moyens. » La phrase est si souvent répétée qu'elle n'est plus questionnée. De moins de 20 % du produit intérieur brut (PIB) dans les années 1970, la dette atteint aujourd'hui environ 110 %. Au-delà de ces chiffres, de nombreux travaux critiques, de Thomas Piketty à Pierre Bourdieu, montrent une autre réalité. br /Loin d'être née d'un excès de dépenses sociales, la dette est aussi née d'une série de choix politiques favorables aux marchés financiers, comme l'ont montré Frédéric Lordon ou François Chesnais, la financiarisation de l'État transformant la dette en outil de transfert de richesses vers le secteur privé. br /L'interdiction de la monétisation directe (c'est-à-dire le financement de la dette par émission monétaire), les privatisations massives et les aides publiques non conditionnées ont affaibli l'État, tout en enrichissant le secteur financier. Ainsi, chaque année, des milliards d'euros d'intérêts (68 milliards d'euros en 2025, soit un peu plus que le budget de l'éducation nationale) rémunèrent les créanciers privés, tandis que les services publics doivent se restreindre. Le récit dominant occulte la responsabilité de choix politiques assumés et construits dans le temps long.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Conversation/a/b/div
« L'État vit au-dessus de ses moyens. » La phrase est si souvent répétée qu'elle n'est plus questionnée. De moins de 20 % du produit intérieur brut (PIB) dans les années 1970, la dette atteint aujourd'hui environ 110 %. Au-delà de ces chiffres, de nombreux travaux critiques, de Thomas Piketty à Pierre Bourdieu, montrent une autre réalité. br /Loin d'être née d'un excès de dépenses sociales, la dette est aussi née d'une série de choix politiques favorables aux marchés financiers, comme l'ont montré Frédéric Lordon ou François Chesnais, la financiarisation de l'État transformant la dette en outil de transfert de richesses vers le secteur privé. br /L'interdiction de la monétisation directe (c'est-à-dire le financement de la dette par émission monétaire), les privatisations massives et les aides publiques non conditionnées ont affaibli l'État, tout en enrichissant le secteur financier. Ainsi, chaque année, des milliards d'euros d'intérêts (68 milliards d'euros en 2025, soit un peu plus que le budget de l'éducation nationale) rémunèrent les créanciers privés, tandis que les services publics doivent se restreindre. Le récit dominant occulte la responsabilité de choix politiques assumés et construits dans le temps long.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Conversation/a/b/div
Pour commencer, j'ai cherché à comprendre pourquoi les papiers d'Hélène Legotien-Rytmann avaient atterri dans le fonds Louis Althusser. Voici l'explication que j'ai reconstituée. De son vivant, Legotien écrivait des textes, mais elle n'était pas considérée comme une autrice et n'a jamais touché de droits d'auteur. À sa mort, c'est son mari et meurtrier qui a hérité de ses papiers (qui n'étaient pas considérés comme des œuvres de l'esprit), car il n'a pas été condamné pour le meurtre de sa femme. Comme les parents de Legotien étaient morts depuis longtemps et qu'elle n'avait pas d'enfant, Althusser a même hérité de l'ensemble des biens de la femme qu'il a tuée. Une telle situation est choquante, et depuis le meurtre de 1980, la législation a beaucoup évolué. L'article 64, qui avait permis au juge d'instruction de prononcer un non-lieu dans l'affaire du meurtre de Legotien, a été modifié. En mai 2024, le Parlement français a adopté une « loi visant à assurer une justice patrimoniale au sein de la famille », afin que les conjoints coupables de féminicide perdent automatiquement leurs avantages matrimoniaux. Cependant, cette loi n'est pas rétroactive. Althusser n'a pas été condamné pour le meurtre de Legotien et a hérité de ses biens. C'est révoltant, mais c'est comme ça.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Le Club de Mediapart/a/b/div
Pour commencer, j'ai cherché à comprendre pourquoi les papiers d'Hélène Legotien-Rytmann avaient atterri dans le fonds Louis Althusser. Voici l'explication que j'ai reconstituée. De son vivant, Legotien écrivait des textes, mais elle n'était pas considérée comme une autrice et n'a jamais touché de droits d'auteur. À sa mort, c'est son mari et meurtrier qui a hérité de ses papiers (qui n'étaient pas considérés comme des œuvres de l'esprit), car il n'a pas été condamné pour le meurtre de sa femme. Comme les parents de Legotien étaient morts depuis longtemps et qu'elle n'avait pas d'enfant, Althusser a même hérité de l'ensemble des biens de la femme qu'il a tuée. Une telle situation est choquante, et depuis le meurtre de 1980, la législation a beaucoup évolué. L'article 64, qui avait permis au juge d'instruction de prononcer un non-lieu dans l'affaire du meurtre de Legotien, a été modifié. En mai 2024, le Parlement français a adopté une « loi visant à assurer une justice patrimoniale au sein de la famille », afin que les conjoints coupables de féminicide perdent automatiquement leurs avantages matrimoniaux. Cependant, cette loi n'est pas rétroactive. Althusser n'a pas été condamné pour le meurtre de Legotien et a hérité de ses biens. C'est révoltant, mais c'est comme ça.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Le Club de Mediapart/a/b/div
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH146/erner-e7fcf.png?1763730187' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='146' alt="" /
div class='rss_chapo'pMardi 18 novembre, Guillaume Erner reçoit dans la matinale de France Culture Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés. L'occasion d'un très grand moment de journalisme face à cette voix qui fut si peu présente dans les grands médias français au cours des deux dernières années…/p/div
div class='rss_texte'p« iEt je reçois ce matin une voix propalestinienne majeure ! Francesca Albanese, bonjour…/i » Il est 7h42 sur France Culture et l'interview de Guillaume Erner s'ouvre sur une confusion majeure dans la présentation de son invitée. Francesca Albanese est la rapporteuse de l'ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés. Le choix de la présenter comme « ipropalestinienne/i » et d'entretenir la confusion en la désignant d'emblée comme une partie prenante au conflit est tout sauf anodin, pour ne pas dire ouvertement malveillant : les accusations de « imilitantisme/i » qui cherchent à discréditer son mandat sont en général l'apanage de ses « idétracteurs/i » (iLe Monde/i, 15/09) – quand bien même l'étiquette en elle-même ne devrait rien avoir d'infâmant. « iTout d'abord bonjour la France et laissez-moi éclaircir : je ne suis pas du tout une voix propalestinienne, […] je suis pro-droits humains/i », corrige d'ailleurs Albanese, qui laisse échapper un premier soupir d'exaspération. Ce ne sera pas le dernier…/p
pD'autant que là n'était pas le seul biais dans la présentation d'Erner, qui avait décidément choisi, ce jour-là, de soigner son portrait :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Pour les uns, vous êtes une héroïne. Aymeric Caron, député de La France insoumise, a ainsi expliqué que vous étiez l'une des personnes les plus importantes de ce siècle […]. Et puis, de l'autre côté, des organisations juives se sont émues d'un certain nombre de vos propos. L'organisation Golem en France, une organisation juive de gauche, a jugé votre invitation problématique. strongNous allons donc proposer à nos auditeurs et à nos auditrices de se faire une opinion sur vous/strong, Francesca Albanese./p
/blockquote
pEt non pas de s'informer sur l'actualité de la Palestine occupéespan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Quel(le) autre invité(e) est présenté(e) de la sorte dans « Les Matins » ? (…)" id="nh1"1/a]/span …/p
/br
h3 class='article_intertitres'« iDonc en fait, le plan Albanese, c'est quoi ?/i »/h3
p/brLa première question de Guillaume Erner porte sur « icette réaction de Donald Trump, qui se réjouit du vote par le conseil de sécurité de l'ONU d'une force internationale pour Gaza/i ». Francesca Albanese se dit « iinquiète/i » de cette résolution qui ne « i[prend] pas en considération […] le droit international/i ». Son manque d'enthousiasme déçoit le matinalier : « iMais d'un point de vue humanitaire, déjà, est-ce qu'on ne pourrait pas se réjouir du cessez-le-feu tel qu'il est adopté aujourd'hui ?/i » La rapporteuse des Nations Unies rappelle alors que « i300 personnes ont été tuées/i » depuis la signature dudit « cessez-le-feu », portant le total estimé de victimes à « i70 000 personnes tuées/i », dont « i20 000 enfants/i ». « iMais Donald Trump/i, qui est décidément un formidable pourvoyeur d'angles journalistiques pour Guillaume Erner, iconsidère qu'il faut mettre en place ce comité de la paix […]/i », relance l'intervieweur. « iLa fin des combats ne signifie pas la paix/i, lui retourne calmement son invitée : iQu'est-ce qui se passe pour les Palestiniens qui vivent sous occupation militaire israélienne ?/i » La réponse fuse et Erner s'agace déjà :/p
blockquote class="spip"
pstrong- Guillaume Erner :/strong Donc en fait, le plan Albanese, c'est quoi ? C'est le fait qu'il n'y ait plus de soldats israéliens où exactement ? Puisque, comme vous le savez Francesca Albanese, chaque partie de la géographie de la région est politique [sic], donc vous demandez que les soldats israéliens se retirent d'où ? De Gaza, de la Cisjordanie ? De quelle portion du territoire ?/p
pstrong- Francesca Albanese :/strong … Ah je… je ne dirais pas « le plan Albanese », ça c'est ce que la Cour de justice internationale a décidé, a ordonné le 19 juillet 2024 : de se retirer du territoire palestinien occupé en totalité ! Oui : retirer les soldats, démanteler les colonies et arrêter de les épanouir [sic], et arrêter d'exploiter les ressources naturelles des territoires palestiniens occupés. La cour, je le rappelle, a aussi dit que la présence d'Israël dans ce qu'il reste de la Palestine historique vise à garder un régime qui viole les dispositions sur la prohibition de la discrimination raciale et de l'apartheid./p
/blockquote
pC'est la première occurrence du terme « apartheid » dans l'émission. Erner ne laissera pas passer la seconde… Reste qu'une nouvelle fois, le matinalier est pris en a href="https://www.acrimed.org/Gaza-Guillaume-Erner-face-a-deux-visions-de-la"flagrant délit de confusion, pour ne pas dire de confusionnisme/a : le droit international n'est pas une opinion. Quel échec du « journalisme » que de devoir encore le rappeler./p
/br
h3 class='article_intertitres'« iVous condamnez le Hamas ?/i »/h3
p/brL'entretien se poursuit et Guillaume Erner change de fournisseur. De Trump, on passe ainsi au gouvernement israélien : « iEst-ce que vous regrettez, Francesca Albanese, que le Hamas n'ait pas libéré les otages israéliens plus tôt, ce qui d'après le gouvernement israélien, aurait permis d'avoir un cessez-le-feu rapide ?/i » L'on reconnaît ici un biais caractéristique des intervieweurs du soir ou du matin, qui confondent, par paresse ou par commodité, le procédé du « contradictoire » avec le fait de répéter sans les vérifier les arguments des « idétracteurs/i » de son invité./p
pPeu importe la véracité ou non du propos ; peu importe le statut des uns et des autres, les intérêts qu'ils ont (ou non) en jeu et leur place dans les rapports de force : tout se vaut, tout est mis sur le même plan. À Manuel Bompard, l'on présentera les arguments du RN ; face à Gabriel Zucman, l'on se fera le relais des déclarations du Medef ou de Michel-Édouard Leclerc ; face à Francesca Albanese, l'on présente donc les arguments du gouvernement israélien. Mais l'intervieweur se mange encore un mur : « iJe regrette que le gouvernement israélien n'ait rien fait pour libérer les otages/i, répond à revers Albanese, iles otages n'auraient jamais dû être pris en otage…/i » Erner l'interrompt alors : « iDonc vous condamnez la prise d'otages ?/i » « iBien sûr !/i s'esclaffe Albanese, un rien étonnée de la question : « iJe condamne fermement tout crime contre les civils/i », se voit-elle obligée de rappeler. On avait compris qu'Erner n'en était pas certain, mais le journaliste tient à signifier plus « explicitement » pourquoi :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Si je vous pose cette question, c'est parce que vous avez fait un tweet après le 7 octobre qui a été largement commenté […], expliquant en substance que ce qui s'était passé le 7 octobre n'avait pas de caractère antisémite et était le produit des événements passés […]./p
/blockquote
pErner fait « comme si », mais le lien entre sa question initiale et sa relance n'a pourtant rien d'évident : on comprend mal, en effet, en quoi les réflexions d'Albanese pointées ici mettraient ia priori/i en doute le fait que cette dernière puisse condamner le crime de guerre que constitue la prise en otage de civils… Francesca Albanese est en tout cas sommée de se justifier pour ce tweet. Elle dit alors s'être « iappuyée sur une partie très importante du monde académique israélien, à savoir les professeurs Amos Goldberg et Alon Confino, qui critiquaient la prise de position de certains en Europe qui continuaient d'insister sur la matrice antisémite des attaques du 7 octobre/i », avant d'entamer une longue démonstration à propos de ces positions./p
pOr, sur la « chaîne du savoir », si on aime bien le savoir, on aime aussi le prêt-à-penser. On ne renie d'ailleurs aucun de ses automatismes, en particulier lorsque l'invité(e) a le mauvais goût de ne pas aller assez droit au but (préalablement requis) : « iFrancesca Albanese, pour être sûr de ce que vous voulez dire […] : vous condamnez le Hamas ?/i » La rapporteuse de l'ONU semble une nouvelle fois atterrée par la question de son hôte : « iMais… Écoutez, moi j'ai travaillé à Gaza […]. Le Hamas a régné sur Gaza, sur les Palestiniens, avec une poignée de fer on dirait en italien. Il n'y a rien à soutenir dans un mouvement religieux, forcément ça s'impose sur les droits humains […]./i » Pas convaincu, Guillaume Erner reprend :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong La gauche à laquelle vous appartenez, Francesca Albanese, ne dénie pas, par exemple, le racisme anti-noir […]. Or, un certain nombre d'actes qui semblent évidemment relever de l'antisémitisme ne sont pas qualifiés comme tels par une partie de la gauche… Et vous avez pu donner l'impression, parfois, Francesca Albanese, que vous minimisiez l'antisémitisme./p
/blockquote
pCette fois, ce n'était pas une question. De quels actes – si « iévidemment/i » antisémites qu'ils « isemblent/i » l'être – parle-t-on ? On ne saura pas. De quelle « ipartie de la gauche/i » parle-t-on ? On ne saura pas non plus. À quelle occasion la rapporteuse de l'ONU a-t-elle « donné l'impression » de « minimiser l'antisémitisme » ? Erner ne le précise pas. Quels sont les acteurs à avoir fait part de cette « impression » ? La matinalier se dispense là encore de tout exemple. Bref : une question tout en « on-dit » et en procès d'intention. Ce journalisme de sous-entendus en fait d'ailleurs presque perdre ses mots à l'invitée : « iJe… C'est pas du tout vrai… Non !/i », répond Albanese, de plus en plus consternée./p
/br
h3 class='article_intertitres'De la propagande israélienne…/h3
p/brLe journal de 8h est passé, et nous sommes de retour avec l'invitée des « Matins ». Guillaume Erner évoque le livre de Francesca Albanese, iQuand le monde dort/ispan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Mémoire d'Encrier, 2025." id="nh2"2/a]/span, et l'histoire épouvantable de Hind qui y est racontée : une petite fille palestinienne de 5 ans, dont les derniers instants ont été gravés dans un enregistrement de la Croix-Rouge, qu'elle avait appelé à l'aide. Comme le rappelle Francesca Albanese, son corps sera retrouvé avec ceux de sa famille et des soignants de l'ONG venus les secourir, dans une voiture criblée de 350 balles par l'armée israélienne./p
pUn crime effroyable, qui inspire une question au matinalier : « iQuand on lit cette histoire et d'autres histoires que vous racontez, Francesca Albanese, on se demande pourquoi l'ONU n'a pas autorisé, n'a pas construit un corridor humanitaire ? L'une des particularités de la guerre à Gaza, c'est une guerre urbaine, avec des civils, des femmes, des enfants, et ça rappelle par exemple la Tchétchénie ou la Yougoslavie, il y avait des corridors humanitaires qui ont été faits là-bas… Pourquoi n'a-t-on pas fait de corridor humanitaire ?/i » La voix encore alourdie par l'émotion, la rapporteuse administre une leçon de journalisme à l'intervieweur : « iJ'ai une autre question, Guillaume : pourquoi les Nations Unies ne sont pas arrivées à bloquer ce que vous appelez une guerre ? Parce que la guerre, on la fait entre les États, on la fait entre la Russie et l'Ukraine, et d'autres pays. Contre une population qui est sous occupation, on ne fait pas une guerre. […]/i »/p
pÀ nouveau, Erner se réfugie dans l'automatisme journalistique qui consiste à confondre « contradictoire » et porte-parolat du gouvernement israélien : « iJe vais vous répondre la même chose que tout à l'heure, je vais vous dire que le Hamas aurait pu, aurait dû relâcher les otages immédiatement et qu'Israël aurait cessé la guerre – si l'on en croit évidemment les déclarations de Netanyahou./i » Et visiblement, Guillaume Erner croit les déclarations de Netanyahou. D'ailleurs, lorsqu'il a posé la question sur les « icorridors humanitaires/i », l'intervieweur avait en réalité une arrière-pensée… et une réponse attendue. Celle-ci n'étant pas venue de la bouche de son invitée, il la formule à sa place :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Ce qu'on pourrait dire aussi, Francesca Albanese, c'est que la population palestinienne était aussi otage du Hamas, qui l'utilisait comme bouclier humain, et que le fait de ne pas organiser de corridors humanitaires, de refuser qu'il y ait des corridors humanitaires, c'était aussi une manière pour le Hamas de conserver ces civils […], d'utiliser certains hôpitaux, d'utiliser un certain nombre de lieux pour également construire des lieux de combat./p
/blockquote
pCe n'était toujours pas une question… mais une manière pour le moins cavalière de recycler un (nouvel) élément de la propagande militaire israélienne, lequel vise à justifier les meurtres de civils ou les bombardements d'hôpitaux./p
/br
h3 class='article_intertitres'… à la relativisation de l'apartheid/h3
p/brAlbanese y répond quand même, avant de conclure : « iPour réduire la violence, il faut arrêter les moyens que sont l'occupation et l'apartheid israélien./i » Cette fois, Erner ne laisse pas passer :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Je suis obligé de faire un petit détour à propos de ce mot, « apartheid ». Parce que si on prend le régime d'apartheid sud-africain, il y avait une absence de citoyenneté, une interdiction de vote, des services publics séparés… trois caractéristiques qui n'existent pas du tout en Israël… Les arabes israéliens siègent à la Knesset, il y a les mêmes services publics, les mariages mixtes existent… Peut-on parler d'apartheid dans ce cas-là ?/p
/blockquote
pLes éléments de langage sont encore tragiquement classiques et l'on ne peut que déplorer, à nouveau, que France Culture tolère une telle dévaluation du droit international sur son antenne. Loin d'être réductible au cas sud-africain – et encore moins à la définition que s'invente Erner sur la base de sa propre sélection de « trois caractéristiques » –, l'apartheid est un concept encadré en droit internationalspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Comme le rappelle Amnesty international, « trois grands traités (…)" id="nh3"3/a]/span. Droit international sur lequel s'est notamment appuyée l'ONG Amnesty International pour a href="https://www.amnesty.org/fr/documents/mde15/5141/2022/fr/" class="spip_out" rel="external"conclure à un apartheid, en 2022, au terme de quatre ans d'enquête/a, et démontrer ainsi qu'« iIsraël impose un système d'oppression et de domination aux Palestiniens et Palestiniennes dans toutes les situations où il contrôle la jouissance de leurs droits, c'est-à-dire dans tout Israël, dans les TPO [territoires palestiniens occupés, NDLR], et pour ce qui concerne les réfugié·e·s palestiniens./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="À l'instar, avant elle, de nombreuses organisations palestiniennes de (…)" id="nh4"4/a]/span/p
pRefusant d'outrepasser son mandat en s'exprimant sur autre chose que les territoires occupés depuis 1967, Francesca Albanese parle à leur propos d'« iune forme de dictature militaire/i » : « iLes Palestiniens de Cisjordanie vivent sous des ordres militaires écrits par des soldats, mis en œuvre par des soldats, revus dans des cours martiales par-des-sol-dats ! […] Avoir deux systèmes légaux, la loi civile pour les colons qui ne devraient pas être là, et la loi militaire pour les Palestiniens, c'est le "backbone" [la colonne vertébrale, NDLR] de l'apartheid. Oui./i »/p
pLa réponse assomme Guillaume Erner, qui juge ce discours « iradical/i ». Loin de proposer à son invitée d'apporter des informations supplémentaires sur ce système à deux vitesses invisibilisé partout ailleurs dans les grands médias, il verse de nouveau dans la disqualification :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Quand vous avez des expressions très radicales, je ne vais pas faire la liste des expressions radicales que vous avez eues, Francesca Albanese, est-ce que vous ne vous coupez pas de cette gauche israélienne qui, du coup, vous considère comme étant une ennemie, non pas de Netanyahou et de sa politique, mais une ennemie de l'existence même d'Israël ?/p
/blockquote
p« iJe ne vois pas pourquoi on doit se focaliser sur ce que la gauche israélienne pense dès qu'on a l'opportunité de parler de la situation des Palestiniens/i [elle souligne le terme, NDLR] isous l'occupation israélienne, qui est en fait la cause de toute violence/i », cingle la rapporteuse. On ne saurait mieux dire d'un tel cadrage…/p
pAlbanese note ensuite qu'il y a « iune campagne de destruction de [s]a réputation qui est incroyable !/i » « iC'est pour ça que je vous invite d'ailleurs/i », répond Erner – comme s'il n'y prêtait pas lui-même le flanc depuis une demi-heure… Manifestement pas pour parler de l'actualité en Palestine, en tout cas, qui, après quelques minutes expédiées au début, n'est plus du tout le sujet de l'entretien. Aiguillé sur le sujet, le présentateur égraine alors les accusations portées contre Albanese : « iAccusation d'antisémitisme, accusation de compassion à double standard si j'ose dire/i ». Ce double standard qu'Erner Guillaume ne veut pas voir a href="https://www.acrimed.org/Guillaume-Erner-et-la-critique-des-medias"s'agissant du traitement médiatique du génocide/a./p
/br
h3 class='article_intertitres'« iJ'imagine et j'espère que vous êtes sioniste vous aussi/i »/h3
p/brS'ensuit un court chapitre sur la peur des juifs en France, avant une page plus « politicienne », au cours de laquelle Guillaume Erner s'attache, encore une fois, à faire passer son invitée pour une militante de gauche : « iVous êtes devenue une figure extrêmement importante de la gauche mondiale et certains aimeraient que vous jouiez un rôle politique, Francesca Albanese […]. Est-ce que vous avez envie de vous engager en politique ?/i » « iNon, je suis engagée pour la défense du droit/i », répond en substance la rapporteuse de l'ONU. Nonobstant, Erner poursuit son fil et relance même les hostilités en sous-entendant que son interlocutrice incarnerait une rupture dans « il'alliance entre les juifs italiens et la gauche/i » :/p
blockquote class="spip"
pstrongGuillaume Erner :/strong Est-ce que vous n'avez pas peur que votre attitude, qu'un discours radical, pas sur le droit des Palestiniens […] mais sur la délégitimation d'Israël eh bien aient écarté… il n'y a plus de juifs engagés en politique en Italie autour de vous./p
/blockquote
pD'où Guillaume Erner tire-t-il une telle affirmation ? Francesca Albanese ne cache plus du tout sa consternation – « iMais c'est pas vrai… c'est pas vrai !/i » – et développe son propos en invitant son interlocuteur à « idistinguer le sionisme de ce qu'est le judaïsme/i ». Pour compléter son bingo, Guillaume Erner cède à la provocation :/p
blockquote class="spip"
pstrong- Guillaume Erner :/strong J'imagine et j'espère que vous êtes sioniste vous aussi, Francesca Albanese. Le sionisme, c'est l'autodétermination du peuple juif. Vous êtes sioniste comme vous êtes kurdiste, j'imagine que vous êtes pour l'autodétermination des Kurdes…/p
pstrong- Francesca Albanese :/strong Non, non, je ne trouve pas que… alors je ne suis d'aucune idéologie, et là c'est vous qui dites : « Vous êtes de gauche, vous êtes de gauche ». Est-ce que vous m'avez jamais entendue dire que « je suis de gauche » ? Non…/p
pstrong- Guillaume Erner :/strong Oh alors là… Vous citez Edward Saïd, vous citez toutes les références…/p
pstrong- Francesca Albanese :/strong … et Antonio Gramsci, et Primo Levi… mais parce que c'est très intéressant !/p
pstrong- Guillaume Erner :/strong Mais c'est pas un crime d'être de gauche hein, Francesca Albanese !/p
pstrong- Francesca Albanese :/strong C'est une question à se poser : pourquoi les plus grands intellectuels qui constituent des inspirations à travers l'histoire sont de gauche ?/p
/blockquote
pAu terme des cinq dernières minutes consacrées à de a href="https://www.courrierinternational.com/article/verbatim-en-italie-les-declarations-de-la-ministre-roccella-sur-auschwitz-et-le-fascisme-font-polemique_236162" class="spip_out" rel="external"récentes déclarations de la ministre Eugenia Roccella/a, ministre italienne de l'Égalité des chances et de la Famille, Erner conclut : « iMerci beaucoup Francesca Albanese, d'avoir été avec nous ce matin [pour votre livre]/i Quand le monde dort. » Le sous-titre de ce livre ? « Récits, voix et blessures de la Palestine ». Guillaume Erner aurait voulu faire taire les trois qu'il ne s'y serait guère pris autrement./p
/br
centerstrong***/strong/center
p/brAlors que la rapporteuse de l'ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés n'est pas une invitée que l'on entend tous les jours, ni sur France Culturespan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Le site de France Culture indique que c'était son tout premier passage en (…)" id="nh5"5/a]/span, ni ailleurs, l'émission n'aura que peu porté sur… l'actualité de la Palestine occupée. Dès ses premiers mots, Guillaume Erner s'est attaché à faire passer son invitée, une juriste exerçant un mandat des Nations Unies, pour une militante « ipropalestinienne/i ». « iL'interview de Francesca Albanese sur France Culture ce matin montre à quel point certains médias peinent à comprendre que défendre le droit international n'est pas un "parti pris"/i », a href="https://bsky.app/profile/jsoufi.bsky.social/post/3m5vn2octas2u" class="spip_out" rel="external"a réagi Johann Soufi/a, que nous avons a href="https://www.acrimed.org/Palestine-Des-victimes-sans-visages-des-crimes"récemment interviewé à ce propos/a. Le « parti pris », ce matin-là, était en effet plutôt à trouver dans le choix des mots, dans les cadrages et les invectives passives agressives de Guillaume Erner. Mais il faut aussi le dire – et même s'en réjouir : pour une fois, et malgré la détermination du présentateur à saboter son entretien et à délégitimer son invitée, cette dernière aura spectaculairement déjoué de nombreuses questions piégées./p
p/brstrongJérémie Younes/strong, avec strongPauline Perrenot/strong/p/div
hr /
div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanQuel(le) autre invité(e) est présenté(e) de la sorte dans « Les Matins » ? Un portrait que l'on peut par exemple comparer à celui de Josep Borrell, a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/l-invite-e-des-matins-emission-du-vendredi-14-novembre-2025-1346968" class="spip_out" rel="external"interviewé quatre jours plus tôt/a./p
/divdiv id="nb2"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanMémoire d'Encrier, 2025./p
/divdiv id="nb3"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanComme le rappelle a href="https://www.amnesty.org/fr/documents/mde15/5141/2022/fr/" class="spip_out" rel="external"Amnesty international/a, « itrois grands traités internationaux […] interdisent et/ou érigent explicitement en infraction l'apartheid : la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la Convention internationale sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid (Convention sur l'apartheid) et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (Statut de Rome)./i »/p
/divdiv id="nb4"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanÀ l'instar, avant elle, de nombreuses organisations palestiniennes de défense des droits humains, mais aussi de l'ONG israélienne B'Tselem, qui parvenait aux mêmes conclusions dans un rapport paru en janvier 2021 : a href="https://www.btselem.org/publications/fulltext/202101_this_is_apartheid" class="spip_out" rel="external"« A regime of Jewish supremacy from the Jordan River to the Mediterranean Sea : This is apartheid »/a./p
/divdiv id="nb5"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanLe site de France Culture indique que c'était son tout premier passage en plateau./p
/div/div
Nos dirigeants veulent nous sacrifier, et ils le disent désormais régulièrement. Lors de son discours du 13 juillet dernier Macron parlait déjà, à propos de la jeunesse, « d'acceptation du sacrifice, jusqu'au sacrifice ultime », un mot qu'il avait déjà employé par le passé, comme s'il rêvait de sacrifier la jeunesse plutôt que de lui offrir un avenir désirable. br /À la fin de l'été, le prédécesseur de Fabien Mandon, un certain Pierre Schill annonçait un nouveau « service militaire volontaire », et ne passait pas par quatre chemins : « J'ai besoin d'une masse importante, notamment compte tenu des risques de conflits plus importants ». Une sorte d'armée de réserve de jeunes endoctrinés qu'on peut envoyer au front en cas de besoin, mais qui coûte moins cher que des soldats entretenus en permanence dans les casernes.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Relevé sur le Net.../a/b/div
Nos dirigeants veulent nous sacrifier, et ils le disent désormais régulièrement. Lors de son discours du 13 juillet dernier Macron parlait déjà, à propos de la jeunesse, « d'acceptation du sacrifice, jusqu'au sacrifice ultime », un mot qu'il avait déjà employé par le passé, comme s'il rêvait de sacrifier la jeunesse plutôt que de lui offrir un avenir désirable. br /À la fin de l'été, le prédécesseur de Fabien Mandon, un certain Pierre Schill annonçait un nouveau « service militaire volontaire », et ne passait pas par quatre chemins : « J'ai besoin d'une masse importante, notamment compte tenu des risques de conflits plus importants ». Une sorte d'armée de réserve de jeunes endoctrinés qu'on peut envoyer au front en cas de besoin, mais qui coûte moins cher que des soldats entretenus en permanence dans les casernes.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Relevé sur le Net.../a/b/div
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH150/katapult-c70bf.png?1763462247' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='150' alt="" /
div class='rss_chapo'pLes effets de la concentration des médias, en Allemagne comme ailleurs, ce sont des licenciements en séries, la réduction de l'indépendance et du pluralisme, le conformisme éditorial. Des résolutions de l'après-guerre, il ne reste plus grand-chose./p/div
div class='rss_texte'/br
h3 class='article_intertitres'Licenciements/h3
p/brEn 2009, suite à une concentration interne, 300 postes de rédacteurs sont supprimés au sein des journaux du groupe Funke, début d'une a href="https://publik-verdi-de.translate.goog/ausgabe-2019-02/funke-mediengruppe-baut-ab/?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"longue série/a. En 2012, le iFrankfurter Rundschau/i et le iFinancial Times Deutschland/i, déficitaire depuis sa création, sont en liquidation, avec a href="https://www-spiegel-de.translate.goog/kultur/gesellschaft/gruner-jahr-verkuendet-aus-fuer-financial-times-deutschland-a-868371.html?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"nombre de licenciements à la clé/a. En 2014, la plus longue grève du secteur des médias, 117 jours, du service client de Madsack s'est soldée par le a href="https://www.verdi.de/presse/pressemitteilungen/++co++dd0d8d28-01cd-11e4-9f77-52540059119e" class="spip_out" rel="external"licenciement des 90 salariés concernés/aspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Pour rappel, le Parti socialiste (SPD) est l'actionnaire principal de Madsack." id="nh1"1/a]/span. En 2020, le a href="https://www.ccfi.asso.fr/bauer-ferme-des-magazines-et-licencie-140-personnes/" class="spip_out" rel="external"groupe Bauer licencie 140 salariés/a, le iSüddeutsche Zeitung/i, 50 journalistes. En 2023, à la crise s'ajoutent les effets du Covid, iBild Zeitung/i décide de licencier 200 journalistes a href="https://www.courrierinternational.com/article/allemagne-des-journalistes-du-tabloid-bild-bientot-remplaces-par-de-l-intelligence-artificielle" class="spip_out" rel="external"remplacés, dit-elle, par l'intelligence artificielle/a. La même année, Bertelsmann annonce la suppression de a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/bertelsmann-va-supprimer-plus-dun-tiers-des-equipes-de-son-pole-edition-1904325" class="spip_out" rel="external"700 emplois dans la presse/a. Toujours la même année, a href="https://www.lefigaro.fr/medias/le-groupe-allemand-de-medias-prosiebensat-1-supprime-400-emplois-d-ici-fin-2023-20230718" class="spip_out" rel="external"P7S1 supprime 400 emplois/a. Liste non exhaustive./p
/br
h3 class='article_intertitres'Indépendance et pluralisme/h3
p/brOn imagine facilement que, dans un tel contexte, les journalistes ne font pas preuve d'une indépendance excessive et veillent plutôt à conserver leur emploi. Et ce d'autant plus que, malgré des syndicats puissants, ils sont écartés de la cogestion « à l'allemande » et n'ont pas leur mot à dire pour s'opposer aux vagues de licenciement. Ni d'ailleurs en matière éditoriale qui est l'apanage des directionsspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Les journalistes ont toutefois un rôle décisif au sein du premier magazine, (…)" id="nh2"2/a]/span./p
pEn plus des licenciements, les concentrations produisent du conformisme pour ainsi dire structurel. Le processus d'homogénéisation des contenus, appelé par euphémisme « synergies » ou « mutualisation », et qui consiste à produire des articles à partir d'une rédaction centrale et à les diffuser à l'ensemble des journaux possédés par le groupe, peut prendre des dimensions alarmantes. Le dernier rapport de la KEKspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Kommission zur Ermittlung der Konzentration im Medienbereich - Commission de (…)" id="nh3"3/a]/span évoque ainsi « iun exemple marquant de diffusion de contenu [ :] le RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND) du groupe Madsack Media, qui fournit désormais du contenu national à plus de 90 marques de médias/i » (rapport KEK, 2025). En fait de pluralisme, il reste surtout les informations locales, diverses par définition./p
pEn rassemblant dans un petit nombre de mains de plus en plus de médias, les concentrations confortent l'intégration de leurs richissimes propriétaires aux cercles dirigeants de la société. Dès lors, même si les médias sont juridiquement et économiquement indépendants de l'État et des groupes industriels, rien n'empêche qu'une coopération s'établisse entre eux dès lors qu'ils partagent les mêmes intérêts et une commune idéologie. Une idéologie dans laquelle, en Allemagne comme ailleurs, se confondent la droite et la gauche de gouvernement dans un ensemble qui penche de plus en plus vers l'extrême droitespan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire à ce propos le reportage d'Olivier Cyran « En Allemagne, la mémoire (…)" id="nh4"4/a]/span./p
pDu côté de la connexion entre médias et milieu politique, on a vu que le SPD possédait un important groupe de presse sur lequel il pouvait faire pression, et que les partis politiques influençaient fortement les organes de décision de l'audiovisuel public. Les deux plus gros groupes de médias, Bertelsmann et Springer, sont à ce propos parfaitement exemplaires./p
pLe principal actionnaire du groupe Bertelsmann, la fondation éponyme, a fait une campagne très soutenue pour l'adoption par le Bundestag des lois Hartz (2003-2005) promues par le chancelier Schröder (SPD), lois qui démantelaient le droit du travail et condamnaient les chômeurs à la misère. « iL'œuvre "philanthropique" du groupe de médias et d'édition le plus influent d'Allemagne a été au cœur du processus d'élaboration de l'Agenda 2010span class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Ensemble de réformes, dont les lois Hartz" id="nh5"5/a]/span : financement d'expertises et de conférences, diffusion d'argumentaires auprès des journalistes, mise en réseau des "bonnes volontés ". "Sans le travail de préparation, d'accompagnement et d'après-vente déployé à tous les niveaux par la Fondation Bertelsmann, les propositions de la commission Hartz et leur traduction législative n'auraient jamais pu voir le jour", observe Helga Spindler, professeure en droit public à l'université de Duisburg./i » (Olivier Cyran, « a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/CYRAN/57833" class="spip_out" rel="external"L'enfer du miracle allemand/a », iLe Monde diplomatique/i, septembre 2017)./p
pPrécurseur, en quelque sorte, de la situation actuelle, le magnat de la presse Axel Springer, armé de son quotidien à sensation iBild Zeitung/i, s'est toujours situé bien à droite de l'échiquier politique. Cumulant successivement des a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1968/05/ABOSCH/28420" class="spip_out" rel="external"attaques féroces contre des étudiants en 1968/a, un sexisme décomplexé avec a href="https://www.slate.fr/lien/51247/bild-seins-nus" class="spip_out" rel="external"les femmes nues en première page/a, les a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/RIMBERT/57801" class="spip_out" rel="external"pratiques de délation de manifestants à la police/a, les atteintes à la déontologie journalistique : il est le journal le plus sanctionné par le Conseil allemand de la Presse, a href="https://de.statista.com/infografik/2588/publikationen-mit-den-meisten-ruegen-durch-den-deutschen-presserat/" class="spip_out" rel="external"avec 219 sanctions/a prononcées à son encontre depuis 1986. Le deuxième, iBZ/i (iBerliner Zeitung/i), est très loin derrière (21 sanctions) et appartient aussi à Springer ! Tout journaliste travaillant pour Springer doit signer un contrat de travail où il s'engage à défendre Israël et l'entente de l'Allemagne avec les États-Unisspan class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="« Nous défendons la liberté, l'État de droit, la démocratie et une Europe (…)" id="nh6"6/a]/span. Un journaliste a href="https://theintercept.com/2023/10/26/axel-springer-fires-employee-israel/" class="spip_out" rel="external"vient d'être licencié pour n'avoir pas respecté cette clause/a. Mais le soutien à Israël n'est pas seulement idéologique, car le groupe Springer participe directement depuis 2014 à la vente de biens immobiliers situés sur les territoires de Cisjordanie illégalement occupés par Israël, a href="https://www.courrierinternational.com/article/enquete-le-groupe-axel-springer-accuse-de-tirer-profit-des-colonies-israeliennes-illegales?" class="spip_out" rel="external"par le biais de sa société Yad2/a, qui est revenue au a href="https://www.lefigaro.fr/musique/accuse-de-soutien-a-israel-le-festival-sonar-de-barcelone-fait-face-au-boycott-de-70-artistes-20250527" class="spip_out" rel="external"fonds d'investissement KKR/a, au début 2025, avec la division des activités du groupe. Malgré son journalisme de caniveau, iBild/i était et reste fort courtisé par les responsables politiques, chancelière et chancelier compris ; c'est qu'il s'est vendu longtemps à plusieurs millions d'exemplaires et, malgré une baisse sensible de son tirage, demeure de loin le premier quotidien allemand./p
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h3 class='article_intertitres'Conformisme éditorial/h3
p/brPar contraste, mais pas seulement, les autres journaux et médias paraissaient beaucoup plus consistants, et ils furent longtemps estimés comme ce que l'on faisait de mieux en matière d'information, avec des magazines d'investigation comme le iSpiegel/i, ou de grande qualité d'information et de culture, comme iDie Zeit/i, iDie Frankfurter allgemeine Zeitung/i, ou plus à gauche, mais pas trop, iDie Süddeutsche Zeitung/i, quelles que soient leurs orientations politiques, quoique toujours libérales. Pareil pour l'information dans le service public de radio et de télévision. Un changement s'opère dans l'audiovisuel vers les années 1990, suite à l'arrivée des groupes privés et de leurs méthodes commerciales racoleuses, qui déteignent sur le service public, comme en témoigne le gouvernement fédéral dans son « Rapport annuel sur la télévision » de 1995 : « iTendance au sensationnalisme et au voyeurisme, avec présentation croissante d'images d'horreur, tendance au négativisme avec présentation très pauvre en contexte et en arrière plan de délinquance et d'accident, tendance à produire du scandale avec un penchant à interpréter l'actualité politique en termes de crises et de culpabilité, tendance à une représentation ritualisée de la politique avec un penchant à présenter sans distance les apparences de la mise en scène politique./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="Cité par Klaus Wenger dans « La radio, une contribution à la culture (…)" id="nh7"7/a]/span./p
pPlus récemment, comme l'expose Fabian Scheidler dans a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2024/03/SCHEIDLER/66637" class="spip_out" rel="external"un article du iMonde diplomatique/i/a, les médias dominants ont fait preuve d'un alarmant suivisme des options politiques gouvernementales en matière de militarisme, d'atlantismespan class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="Il cite notamment l'Atlantik Brücke (Pont atlantique), véritable rendez-vous (…)" id="nh8"8/a]/span, de traitement de la pandémie du Covid, de la guerre en Ukraine et du massacre de Gaza./p
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centerstrong***/strong/center
p/brNul doute, après ce tour d'horizon, qu'en termes de structures et réglementations favorisant le pluralisme et la démocratie dans les médias, le système allemand est nettement plus élaboré que le français./p
pLa décentralisation des instances de contrôle des médias audiovisuels, publics et privés, composées de représentants de la société civile, la gestion et la production de l'audiovisuel public par les Länder et là encore par des représentants de la société civile, le dispositif du « tiers indépendant », la place prépondérante donnée à l'audiovisuel public soutenu par une redevance importante et animé de fortes préoccupations démocratiques et pluralistes, une information détaillée, accessible et mise à jour sur les médias et les groupes de médias, une méthode mesurant le pouvoir global des groupes incluant leur audience numérique, autant d'éléments constitutifs d'un ensemble peut-être unique au monde, si on y ajoute l'indépendance des médias vis-à-vis de l'État et des groupes industriels, indépendance qui, même imparfaite, a une effectivité certaine./p
pRien de tel en France, qui a supprimé la redevance et sous-finance le service public, dont elle a vendu le meilleur morceau et qu'elle se prépare à unifier a href="https://www.acrimed.org/Greve-et-motion-de-rejet-contre-la-reforme-de-l"sous une holding contrôlée à 100 % par l'État/a. Aucun contrôle citoyen n'y est institutionnalisé, ni sur le plan local, ni sur le plan national. Quant à l'indépendance vis-à-vis de l'État et des industriels…/p
pCela dit, on ne peut que constater que le « modèle allemand » souffre de nombre de porosités et que l'État et les puissances d'argent y gardent un rôle déterminant, avec les conséquences désastreuses que nous avons évoquées./p
pSi l'on s'en tient aux dispositifs anti-concentrations, on observe une législation plus laxiste en France, qui n'empêche quasiment aucune concentration, tandis que la loi allemande peut fluctuer au gré des politiques de l'État fédéral qui, par exemple, a fortement favorisé les concentrations au cours des vingt dernières années. Même plus démocratiques qu'en France, les contrôles de ces concentrations n'ont pas dû être d'une rigueur extrême pour que l'on ait constaté en 2009 que plus de la moitié des régions et des villes allemandes étaient désormais sous monopole de presse, et la télévision privée largement dominée par deux acteurs, pour qu'une dizaine de groupes fort prospères se maintiennent à travers le temps en tête des médias dominants. Et que, finalement, on se retrouve dans tout le secteur privé (hors radio) avec une concentration du même ordre que celle du système français, même si, du fait de la dimension beaucoup plus importante de la configuration allemande, un certain pluralisme y subsiste jusqu'à présent./p
pAinsi, malgré l'originalité de son dispositif et son souci affirmé d'indépendance et de pluralisme, l'Allemagne n'échappe pas à la règle commune des concentrations des médias. C'est à croire que le capitalisme médiatique se moque des particularismes régionaux./p
p/brstrongJean Pérès/strong/p
hr class="spip" /
p/brstrongAnnexe : a href="https://katapult-magazin.de/de/karten/artikel/ich-weiss-wer-deine-nachrichten-macht/deutsche-pressekonzerne-und-ihre-groessten-marken-ausschnitt-knicker.png" class="spip_out" rel="external"Infographie réalisée par Katapult/a (2019)/strong/p
/br
div class='spip_document_16283 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center'
figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/katapult.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH500/katapult-422ef.png?1763454263' width='500' height='500' alt='' //a
/figure
/div/div
hr /
div class='rss_notes'div id="nb1"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanPour rappel, le Parti socialiste (SPD) est l'actionnaire principal de Madsack./p
/divdiv id="nb2"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanLes journalistes ont toutefois un rôle décisif au sein du premier magazine, a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1970/01/02/l-application-de-la-cogestion-a-l-hebdomadaire-allemand-der-spiegel-marque-une-date-importante_2653797_1819218.html" class="spip_out" rel="external"iLe Spiegel/i, dont ils sont copropriétaires (50 % des parts)/a, et également au iTageszeitung/i (iTAZ/i), a href="https://basta.media/comment-un-quotidien-ecolo-et-alternatif-allemand-resiste-a-la-crise-de-la" class="spip_out" rel="external"seul quotidien de la gauche radicale et écologiste pendant 46 ans/a, désormais en ligne et hebdomadaire papier. Sous le statut de coopérative, le iTAZ/i est contrôlé par ses journalistes qui élisent leur directeur de rédaction. Il édite notamment la version allemande du iMonde diplomatique/i. À un degré moindre, mais significatif, a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/05/30/la-redaction-de-l-hebdomadaire-allemand-stern-acquiert-un-droit-de-veto-sur-l-orientation-du-magazine_2425676_1819218.html" class="spip_out" rel="external"iLe Stern/i/a et a href="https://www-sueddeutsche-de.translate.goog/kolumne/sueddeutsche-zeitung-chronik-77-jahre-1.5665041?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"le iSüddeutsche Zeintung/i/a, accordent une place importante aux journalistes./p
/divdiv id="nb3"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanKommission zur Ermittlung der Konzentration im Medienbereich - Commission de contrôle de la concentration dans le domaine des médias./p
/divdiv id="nb4"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanLire à ce propos le reportage d'Olivier Cyran a href="https://orientxxi.info/longforms/en-allemagne-la-memoire-s-estompe-et-l-afd-donne-le-tempo/" class="spip_out" rel="external"« En Allemagne, la mémoire s'estompe et l'Afd donne le tempo »/a (Orient XXI, 29/09/25) dont une partie traite de l'implication des médias./p
/divdiv id="nb5"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanEnsemble de réformes, dont les lois Hartz/p
/divdiv id="nb6"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /span« iNous défendons la liberté, l'État de droit, la démocratie et une Europe unie. Nous soutenons le peuple juif et le droit à l'existence de l'État d'Israël. Nous soutenons l'alliance transatlantique entre les États-Unis d'Amérique et l'Europe. Nous nous engageons en faveur d'une économie de marché libre et sociale. Nous rejetons l'extrémisme politique et religieux ainsi que toutes les formes de racisme et de discrimination sexuelle./i »/p
/divdiv id="nb7"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanCité par Klaus Wenger dans « a href="https://www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_1999_num_55_1_405735" class="spip_out" rel="external"La radio, une contribution à la culture politique/a », in iMatériaux pour l'histoire de notre temps/i, n°55-56, 1999, p. 82/p
/divdiv id="nb8"
pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanIl cite notamment l'Atlantik Brücke (Pont atlantique), véritable rendez-vous pro-américain de la classe dominante (banque, affaires, politique, université, etc.) auquel participent une quarantaine de cadres du journalisme, et dont le président fut de 2009 à 2019 l'actuel chancelier Friedrich Merz./p
/div/div
Over the past four years, I've watched the communities get sold, one by one, to large investment firms. Many of the residents of mobile home parks are desperately struggling to protect their homes – for some, their only source of wealth – in the face of exploding rents and threats of eviction.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Conversation/a/b/div
Soudain, une force invisible fend la foule en deux. L'avenue Kralja-Milana se vide en moins de deux secondes. Qu'est-ce qui a pu provoquer cette déchirure ? Pas de choc, pas de charge policière, pas de canon à eau, pas de gaz lacrymogène. On ne voit rien, et on n'entend quasiment rien non plus – un sifflement lointain sur certaines vidéos, vite couvert par des cris de panique. Puis tout s'arrête. Les manifestants reviennent au centre de l'avenue, hagards, comme sonnés.
div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"Blast/a/b/div