Le grain de vie puis le grain de pensée suucéderont au grain de matiére
— Teilhard de Chardin
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Médias

Libérations en Israël/Palestine : le deux poids, deux mesures bat son plein

Acrimed : Action-Critique-Médias - mar, 2025-10-21 19:20
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH96/otages1-19b1c.png?1761067222' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='96' alt="" / div class='rss_chapo'pLe 13 octobre, conformément à l'une des premières étapes du dit « plan Trump », des libérations d'Israéliens et de Palestiniens ont eu lieu. Mais a href="https://www.acrimed.org/Cessez-le-feu-a-Gaza-les-oeilleres-et-les-partis"comme en janvier 2025/a, dans les grands médias, un seul de ces deux événements a réellement existé./p/div div class='rss_texte'pUne allégorie. C'est ainsi que peut se lire la double page « Événement » de iLibération/i le 13 octobre. Une allégorie du traitement médiatique dominant, marqué par un double standard structurel, constant, n'ayant de cesse de signifier sur tous les tons possibles et toutes les formes imaginables qu'une vie israélienne est supérieure à une vie palestinienne./p /br div class='spip_document_16243 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/otages1.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH322/otages1-51b5f.png?1761061526' width='500' height='322' alt='' //a /figure /div p/brSur la forme, d'abord : relégués en queue de peloton, les prisonniers palestiniens tiennent dans deux colonnes, presque à la marge. Le titre les dit « ibientôt libres/i », mais la mise en scène les enferme sur un sixième de double page. Et cette cruelle disproportion parle d'elle-même, où, par contraste, les visages des uns disent la non-humanité des autres, les noms et les âges lisibles des uns disent l'inexistence des autres, les biographies des uns disent que les autres ne sont rien. Le journal donne aussi la mesure d'une architecture inversement proportionnelle : « i20 otages/i » d'un côté, « i2 000 prisonniers/i » de l'autre ; un rapport de 1 à 100 dans le réel et un rapport inverse de 1 à 6… dans la couverture journalistique./p pSur le fond, nulle surprise non plus : iLibération/i dit des prisonniers ce qu'Israël veut bien en dire et reprend par conséquent ses catégories, tout en recopiant quelques éléments présents dans « ila liste publiée par le ministère israélien de la Justice/i », la seule et unique source. Ceci expliquant cela, les Palestiniens ne sont que des chiffres : ici « i250 condamnés à perpétuité/i », là « i1 700 gazaouis emprisonnés depuis le 7 octobre mais considérés comme "non terroristes"/i », « i22 mineurs/i », « i221 originaires de Cisjordanie/i », etc. Les quatre noms présents, assortis des crimes commis, suffisent à estampiller le groupe entier : « suspects », « danger ». La Une du quotidien avait du reste donné le ton. Sur la photo : deux jeunes femmes israéliennes, émues, mobilisées pour les otages, alors que flottent en arrière-plan les drapeaux israélien et américain. Et ce gros titre : « Israël-Gaza. La fin des calvaires ? » Le faux équilibre, dans toute sa splendeur./p pLa récolte ne sera guère meilleure le lendemain. Si iLibération/i informe ia minima/i sur les conditions d'arrestation et de détention des Palestiniensspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Via l'interview de l'ancienne directrice d'Addameer, une ONG palestinienne (…)" id="nh1"1/a]/span, toujours aucun reportage sur leur libération, alors que la Cisjordanie est accessible… et que la double page d'ouverture affiche un reportage XXL à Tel-Aviv. La partie israélienne fait d'ailleurs de nouveau la Une – « L'otage israélien Omri Miran, lors des retrouvailles avec sa femme » – sous le gros titre « Le premier jour d'après »./p pCe coup de projecteur sur iLibération/i révèle des biais présents partout ailleurs. Le 14 octobre, aucun lecteur de PQR en France n'aura par exemple vu de Palestiniens à la Unespan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="La Une de La Dépêche, découpée en deux photos distinctes, capture une scène (…)" id="nh2"2/a]/span. Idem en couverture d'une large partie de la presse quotidienne nationale./p /br div class='spip_document_16245 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/liberations.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH491/liberations-e7a26.jpg?1761067222' width='500' height='491' alt='' //a /figure /div p/brDans le reste de la PQR, les titres en manchette prennent le relais de ce deux poids, deux mesures. « Israël-Gaza : otages libérés, enfin le jour d'après », titre iSud Ouest/i. « Otages libérés : vers une paix durable pour Gaza ? » s'interroge iL'Écho républicain/i, sans visiblement mesurer la dissonance (et l'incongruité) à l'œuvre dans ce titre. Même tonalité, mêmes œillères en Une de iL'Est éclair/i, sur un mode cette fois affirmatif : « Les 20 derniers otages israéliens libérés, l'espoir de paix renaît à Gaza ». Entre-soi au carré à iLa Charente Libre/i : « Israël et Trump célèbrent le retour des otages après 738 jours de captivité ». Et cette mention spéciale pour iLa Provence/i qui, sous le titre « Vingt otages vivants de retour en Israël », se fend de cet entrefilet : « iLes vingt derniers otages vivants retenus par le Hamas ont été remis hier à Israël. Reportage avec la communauté juive de Marseille./i » Un épisode anecdotique quoique significatif du lien effectué par les chefferies éditoriales entre Israéliens et « icommunauté juive/i » en France. Le point commun à tous ces titres ? Les Palestiniens n'y figurent pas. Ils ne sont pas un « événement ». Ils ne font pas partie de l'équation. Et ce ne sont pas les pages intérieures qui comblent le vide, où l'on comprend aisément, à la seule lecture des titres, où se porte l'attention journalistique. Comme dans le cas de iLibération/i, les Palestiniens font au mieux l'objet de quelques lignes. Au pire, ce qui est plus souvent le cas, ils ne sont nulle part./p /br centerstrong***/strong/center p/brDans les médias, qu'il s'agisse de la presse écrite ou de l'audiovisuelspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Voir par exemple la critique de LCI par Arrêt sur images (17/10)." id="nh3"3/a]/span, le traitement de l'information invisibilise les Palestiniens tout en mettant en avant des gros titres liant la libération des otages israéliens à « la paix », comme si cette dernière se résumait au sort des Israéliens. Ce raccourci s'inscrit dans la continuité du discours dominant depuis le « plan Trump », qui entretient une confusion entre « cessez-le-feu » et « paix », un concept que l'écrivain palestinien Jadd Hilal qualifie de « iperformatif/i », occultant moult enjeux relatifs à l'autodétermination des Palestiniens, et notamment « il'idée de justice/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="« Plan Trump pour Gaza : "Au mieux de la pensée magique, au pire une (…)" id="nh4"4/a]/span./p p/brstrongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanVia l'interview de l'ancienne directrice d'Addameer, une ONG palestinienne de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanLa Une de iLa Dépêche/i, découpée en deux photos distinctes, capture une scène qui semble se dérouler à Ramallah, en Cisjordanie. Mais contrairement à la photo du dessus, où l'on distingue clairement un otage israélien, aucun Palestinien libéré n'est identifié en tant que tel./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanVoir par exemple a href="https://www.arretsurimages.net/articles/comment-les-teles-ont-parle-du-plan-de-trump-pour-gaza" class="spip_out" rel="external"la critique de LCI par Arrêt sur images/a (17/10)./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /span« Plan Trump pour Gaza : "Au mieux de la pensée magique, au pire une planification cynique" », a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/091025/plan-trump-pour-gaza-au-mieux-de-la-pensee-magique-au-pire-une-planification-cynique" class="spip_out" rel="external"Mediapart, 9/10/a./p /div/div
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La gauche Tolkien | Sébastien Fontenelle

Rezo.net - mar, 2025-10-21 15:42
img class='spip_logo spip_logos' alt="" src='https://rezo.net/local/cache-vignettes/L88xH120/arton249571-12f6b.jpg?1761056107' width='88' height='120' / Quiconque ne connaîtrait pas encore l'univers de Tolkien ne pourra, une fois lu le dernier livre de Sébastien Fontenelle, que s'y précipiter. Ceux et celles qui le connaissent l'aimeront encore plus. Voici, alors qu'il est impératif de s'armer, ou se ré-armer, intellectuellement et culturellement, contre le fascisme et pour sauver la planète, une lecture qu'il faut savourer puisque Fontenelle nous propose, ni plus ni moins, d'y voir « une source d'inspiration progressiste, notamment sur la question environnementale, devenue indissociable de la question politique ». Avant cela, toutefois, il fallait réfuter les lectures malhonnêtes, dénoncer les captations frauduleuses, singulièrement celles de l'extrême-droite. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/les-mots-sont-importants"Les mots sont importants/a/b/div

Jérôme Fourquet : faux sociologue mais vrai réactionnaire

Acrimed : Action-Critique-Médias - lun, 2025-10-20 17:07
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH80/fourquet-90b67.png?1760972845' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='80' alt="" / div class='rss_chapo'pQue la question porte sur les débats budgétaires, l'insécurité, les goûts culinaires des Français ou la musique country, les médias aiment s'entourer de sondeurs qui leur permettent, prétendent-ils, d'objectiver « ce que pensent les Français ». Portrait de l'un des plus éminents d'entre eux, le sondologue de l'Ifop Jérôme Fourquet./p/div div class='rss_texte'p« iQui est vraiment Jérôme Fourquet ?/i » C'est la question que se pose iLe Figaro/i, en 2023. Ni sociologue ni économiste, pas tout à fait géographe et encore moins urbaniste, Jérôme Fourquet est ce qu'on appelle dans le jargon médiatique un « toutologue ». Et pas n'importe lequel ! Polyvalent, Jérôme Fourquet peut s'exprimer le matin sur l'implantation d'un McDonald's dans les Yvelinesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="« "Une alternative aux kebabs" : comment McDo s'est emparé d'un petit (…)" id="nh1"1/a]/span et le soir sur les « intentions de vote des Français ». Depuis sa position de directeur du département « Opinion et stratégie d'entreprises » de l'institut de sondage et de marketing Ifop, il est devenu au fil des années un client incontournable des médias… et une référence intellectuelle pour toutes les droites./p /br h3 class='article_intertitres'Omniprésence médiatique/h3 p/brSe lancer dans un comptage des passages télé ou radio de Jérôme Fourquet est un travail fastidieux : rien que sur la dernière année, entre le 1er octobre 2024 et le 1er octobre 2025, les archives de l'INA recensent pas moins de 85 apparitions dans l'audiovisuel français. Presque deux fois par semaine, souvent sur le service public : France Inter, France Info, France Culture, RTL, CNews, France 5, BFM-TV, France 2, Paris Première, Europe 1, LCI, Radio Classique… Fourquet est absolument partout pour commenter, en vrac, faits divers, questions politiques et pratiques de consommation : la taxe Zucman, le meurtre de Philippine, le narcotrafic, la mort des boulangeries artisanales, l'inéligibilité de Marine Le Pen, le site Vinted, la « guerre des clochers », etc. « iUn jour d'élection, alors que je lui demande ce qu'il va raconter le soir à la télé, il me répond joyeusement : "Comme dans 'Top Chef', je vais faire avec les légumes du marché."/i », raconte au iNouvel Obs/i (5/10/23) son co-auteur Jean-Laurent Cassely. Même succès dans la presse écrite, où son nom est mentionné dans un nombre incalculable d'articles, sur des thèmes aussi variés que Charlie Kirk ou les paroles des chansons d'Orelsan. Les « titres » sous lesquels le sondeur est présenté par les médias varient en fonction des publications : parfois « iessayiste/i », parfois « ipolitologue/i », parfois même « igéographe de territoires redessinés […], économiste d'une France dont le moteur est passé de la production à la consommation/i » (iLes Échos/i, 5/12/24). Bien souvent, Jerôme Fourquet, qui est aussi « iethnologue/i » selon certains (iLe Figaro/i, 12/10/21), est invité à présenter les résultats de sa dernière « étude d'opinion », dont les sujets varient puisqu'ils dépendent des désirs du client – des entreprises, comme Engie, Enedis ou Fiducial ; des médias, de CNews à iL'Humanité/i ; ou des institutions, comme la fondation Jean-Jaurès, la CGT ou le Parti socialiste./p pJérôme Fourquet est aussi l'auteur de plusieurs « ibest-sellers/i ». « Prix du livre politique » en 2019, « prix du livre d'économie » en 2021, ses « tournées promo » ont peu d'équivalent. Pour son dernier livre, iLa France d'après/i (Seuil, 2023), le sondologue a fait presque toutes les matinales (France Inter, France Culture, Europe 1, RTL, Sud Radio, BFM-TV, France 2, CNews…) et la plupart des magazines de grande audience (« Quotidien », « C à vous »…), a eu le droit à des recensions dithyrambiques et à des entretiens en majesté dans la presse écrite. Le lancement de Yann Barthès dans l'émission « Quotidien » (12/10/23) dit tout de la place qu'il occupe dans le paysage médiatique : « iJérôme Fourquet continue d'autopsier notre pays en mille morceaux… le grand spécialiste du sondage d'opinion nous connaît mieux que personne, voici Jérôme Fourquet !/i » En dehors de son activité de sondeur ou d'essayiste, Jérôme Fourquet est aussi régulièrement invité comme simple « témoin de l'actualité », que l'on discute des élections européennes, de la réforme des retraites, des Gilets jaunes, ou bien de Gaza. Il participe en outre plus directement à certaines productions médiatiques, comme dans la a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/les-mots-de-la-republique-archipel-une-france-de-plus-en-plus-fragmentee-8067225" class="spip_out" rel="external"série d'été « Les mots de la République »/a sur France Culture – qui lui valut trois passages dans « Les Matins » en juin 2024 ! –, où il est invité à expliciter les « concepts » qu'il forge dans ses ouvrages. Jusqu'à des mises en scène au carré : « "La série montre le réel à ceux qui ne veulent pas le voir" : on a vu "La Fièvre" avec Jérôme Fourquet », titre par exemple iMarianne/i (9/04/24). Le but ? Commenter avec Jérôme Fourquet cette série de Canal +, que beaucoup de commentateurs avaient auparavant décrite comme une adaptation des « thèses »… de Jérôme Fourquet. « Merde, on tourne en rond ! », comme dirait l'autre./p /br h3 class='article_intertitres'Sujets variés, mais opinion constante/h3 p/brQue dit au juste cet expert de la France et des Français pour constituer un recours si systématique pour les médias ? Si les sujets qu'il aborde varient du tout au tout, une chose est constante : les opinions déguisées en analyses de Jérôme Fourquet coïncident presque toujours avec le prêt-à-penser médiatique, en particulier celui de la presse réactionnaire. Sur CNews (5/05/24), Fourquet s'appuie par exemple sur une « a href="https://www.la-croix.com/Religion/Presidentielle-2022-pourquoi-electeurs-musulmans-plebiscite-Jean-Luc-Melenchon-2022-04-11-1201209823" class="spip_out" rel="external"étude exclusive/a » commandée par le journal iLa Croix/i pour affirmer que « ile développement de l'islamogauchisme a des motivations électorales en France/i ». Dans l'émission « C à vous » (France 5, 2/02), il s'appuie sur des études de l'Ifop « ide 2006, 2011, 2017 et 2021/i » pour dire que « i7 Français sur 10 souhaitent que la majorité pénale soit abaissée à 16 ans, pour que ce soit plus facile d'emprisonner des mineurs de 16 ou 17 ans/i ». Dans iLes Échos/i (19/12/22), il affirme que, compte tenu de la démographie, il y a « isans doute nécessité à terme de réformer les retraites/i ». Au 20h de Léa Salamé (France 2, 8/09), invité à commenter la chute de François Bayrou, Fourquet estime que « ideux sentiments dominent/i » chez les-Français, « il'inquiétude, chez les chefs d'entreprise, mais également chez les Français moyens/i » et puis « ila colère/i » vis-à-vis de « il'instabilité politique/i ». Sur France Culture, il constate, bien désolé, que la majorité des Français a « iune réaction viscérale/i » quand on parle d'augmenter les impôts, même ceux des plus riches. Il explique aussi en long et en large que la société « ise fracture/i » sur des thèmes « iethnoculturels/i ». Dans son essai iL'Archipel français/i (Seuil, 2019) par exemple, Fourquet calcule, à partir des prénoms donnés aux bébés nés en France, que « ila part de la population issue des mondes arabo-musulmans représentera mécaniquement, du fait du renouvellement des générations, un habitant sur cinq, voire sur quatre, si la tendance haussière […] se poursuit./i » Dans l'opus suivant, iLa France d'après/i, le sondeur compare l'implantation des permanences du parti communiste avec celle des mosquées en Seine-Saint-Denis, « ilaissant le lecteur s'imaginer que Marx est en quelque sorte (grand-)remplacé par Mahomet en Seine-Saint-Denis/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="« Un récit anxiogène adossé à une géographie inventive », Jean Rivière, (…)" id="nh2"2/a]/span./p /br div class='spip_document_16240 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/marxetmahomet.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH334/marxetmahomet-1f792.png?1760972030' width='500' height='334' alt='' //a /figure /div centerJérôme Fourquet, iLa France d'après/i, Seuil, 2023, p. 49. pReproduit dans Jean Rivière, a href="https://metropolitiques.eu/Un-recit-anxiogene-adosse-a-une-geographie-inventive.html" class="spip_out" rel="external"« Un récit anxiogène adossé à une géographie inventive », iMétropolitiques/i/a, 18/01/24./p /center p/brIl arrive aussi à Jérôme Fourquet de faire fructifier son capital médiatique, en participant comme invité d'honneur à de grands événements, comme lorsqu'il a ouvert le forum « Viva ! », tenu a href="https://www.arretsurimages.net/chroniques/une-famille-en-or/forum-viva-le-joli-coup-de-com-des-anti-ivg" class="spip_out" rel="external"sous l'impulsion de plusieurs associations anti-IVG/a, aux côtés de l'ancien président de la Manif pour Tous. « iOn devine chez lui un léger tropisme droitier/i », lance timidement Eugénie Bastié (iLe Figaro/i, 12/10/21), dans un panégyrique beaucoup moins timide à propos de son œuvre. Nous le décelons aussi : « iIslamogauchisme/i », durcissement de la répression pénale, inquiétude des chefs d'entreprise, nostalgie de « ila France d'avant/i », désir de stabilité politique, crainte de « idébordements démographiques/i » : en somme, quel que soit le sujet, Jérôme Fourquet n'exprime que de banales opinions conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires, souvent recouvertes, par un « abus de science »span class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Expression empruntée au sociologue Pierre Bourdieu." id="nh3"3/a]/span, du vernis de « l'étude d'opinion ». Dans un portrait qui lui était consacré en 2023, iLe Nouvel Obs/i le qualifiait ainsi « id'oracle des déclinistes/i » (3/10/23)./p pAuréolé du statut de meilleur analyste de la société française, l'oracle Fourquet voit souvent sa parole être mise en avant pour contrebalancer celle… de véritables scientifiques. C'est même une habitude sur le service public : en octobre 2023, la matinale de France Inter place Fourquet face à l'économiste Thomas Piketty. Rebelote en mai 2024, quand le sondeur et le journaliste Nicolas Beytout (iL'Opinion/i) sont opposés à l'économiste Michaël Zemmour. France Culture ne déroge pas à la règle : face à l'économiste Gabriel Zucman, le grand invité (10/09/25), la présence de Jérôme Fourquet a été jugée inévitable afin de bien rappeler que « iles-Français/i » subissent déjà une forte « ipression fiscale/i »… L'illustration la plus spectaculaire de ce dispositif et de la dynamique qu'on y observe est probablement le passage de Vincent Tiberj à la matinale de France Inter (3/09/24), flanqué, une nouvelle fois, de l'immanquable Fourquet. Le sociologue vient présenter son travail (iDroitisation, mythes et réalités/i, PUF, 2024), qui, à l'inverse des constats de Fourquet, conteste l'antienne médiatique d'une « idroitisation générale/i » de la société. Mais l'on sent bien, dès le début de l'entretien, à laquelle des deux thèses Nicolas Demorand accorde le plus de crédit : « iVincent Tiberj, ce qui dit Jérôme Fourquet sur le "régalien"/i [immigration et sécurité, NDLR]i, est-ce que ça vient limiter la portée de votre thèse ?/i » ; « iVenons-en aux européennes, le total "gauche", 31%, et le total "droite/extrême droite", 44% […], est-ce que ça c'est atmosphérique, Vincent Tiberj ?/i » ; « iMais quand le RN recueille 31% des suffrages aux européennes, puis dans la foulée un nombre record de députés à l'Assemblée, est-ce que votre analyse, elle est pas un peu légère, là, Vincent Tiberj ?/i ». En face, les questions adressées à Jérôme Fourquet sont beaucoup plus amènes et l'invitent, en quelque sorte, à endosser le rôle d'arbitre des débats : « iComment recevez-vous l'analyse de Vincent Tiberj, Jérôme Fourquet ?/i » Le dispositif a donc un double effet : d'un côté, le temps de parole d'un sociologue qu'on entend rarement est divisé par deux, au bénéfice du temps de parole d'un sondologue qu'on entend tout le temps ; et de l'autre, le dispositif décrédibilise la recherche en sciences sociales, au profit d'une vision sondagière du « réel » qui, on le sent bien, a les faveurs du présentateur./p pLes sentences prononcées par Jérôme Fourquet ont l'autre avantage, pour les journalistes, de receler une vision du monde extrêmement simpliste, qui tient parfaitement dans une interview de 4 minutes : « iLe propos est clair et net, sans afféteries dandys, ni prétentions universitaires/i », s'enthousiasme ainsi Luc Le Vaillant dans iLibération/i (03/05/19). À cet égard, Fourquet est le spécialiste pour lancer à la volée dans le débat public des concepts-en-deux-mots ou des problématiques faciles à digérer : « iculture yankee/i », « iindice de boboïsation/i », « iFrance Triple A/i » contre « iFrance backstage/i », « ila France du barbecue et celle du quinoa/i », « icivilisation périurbaine/i », « ikebab contre blanquette de veau/i », « ila France des Kevin et celle des Mohamed/i », « iFrance hydroponique/i »... C'est avec ce genre de hochets « attrape-journaliste » que Fourquet « idonn[e] le "la" de l'interprétation de la société française/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="« Les moutons de Monsieur Fourquet », La Grande Conversation, 25/04/23." id="nh4"4/a]/span : « iMoi, je dis ce que je vois, je le nomme, et après cela ne m'appartient plus/i », expliquait-il sérieusement au iNouvel Obs/i (5/10/23)./p /br h3 class='article_intertitres'Une référence intellectuelle des droites/h3 p/brAu fil de ses passages médiatiques, le presque sociologue et pas tout à fait géographe est en tout cas devenu une référence intellectuelle, du « cercle de la raison » à l'extrême droite, d'Emmanuel Macron à Renaud Camus. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil à l'accueil de ses ouvrages acclamés par toutes les nuances de la presse bourgeoise, depuis des années. « iAussi captivant que rigoureux/i » (iLe Figaro/i, 18/11/21), Fourquet « iausculte la France et ses fractures/i » (iLa Dépêche/i, 8/10/23), dresse un tableau « iaussi passionnant qu'inquiétant/i » (iLe Figaro/i, 18/11/21), « iexceptionnel de lucidité et de clarté/i », « iquasi anthropologique/i » (iLes Échos/i, 8/10/21) et « iconfirme son statut de meilleur observateur de la France contemporaine/i » (iOuest-France/i, 19/10/23), rien que ça :/p blockquote class="spip" pIl semble connaître le bar-tabac de Marly-Gomont aussi bien que les Carrefour de la banlieue lyonnaise. On l'imagine avoir testé quelques pas de danse country dans le Béarn et dévoré des kébabs dans l'Est. À force d'analyser la France en tous sens, Jérôme Fourquet réussit à nous en rendre familier chaque recoin. On attend donc avec impatience chacune de ses cartes postales./p /blockquote pDes « cartes postales » encensées comme il se doit au iFigaro/i, puisque Fourquet parle de « la France qui n'est plus la France » à cause de la « idéchristianisation/i », de l'« iimmigration/i », ou encore de l'« iaméricanisation/i » (iLe Figaro/i, 23/10/24). Des thèmes qui inspirent des élans particulièrement lyriques au directeur délégué de la rédaction, Vincent Trémolet de Villers (5/12/24) :/p blockquote class="spip" pC'est un étrange talent que celui de Jérôme Fourquet. Voilà des années qu'il décrit les métamorphoses françaises et, avec elles, la disparition du pays de notre enfance. Adieu les bouilleurs de cru, bonjour les dealers de coke. Fini la blanquette de veau, l'heure est aux tacos. Oublié la variété qui, en un refrain, faisait l'unité de tout un peuple, « y'a pas moyen Djadja », quand la Garde républicaine se dandine avec Aya Nakamura. Effacé les jeunes filles au prénom de Marie et, avec elles, l'ombre de la croix qui donnait à notre société son cadre et sa matrice. Tout change, nous dit Jérôme Fourquet./p /blockquote pMais Jérôme Fourquet ne plaît pas qu'aux têtes pensantes du journalisme, parmi lesquelles les catholiques conservateurs du iFigaro/i. Son omniprésence médiatique, et la capacité de ses sondages et de ses livres à rythmer le débat politico-médiatique, ont fait de lui quelqu'un que le pouvoir écoute. Son concept d'« iarchipelisation/i », par exemple, a fait florès dans la classe politique, de Laurent Wauquiez à Marion Maréchal, en passant par le président de la République. La société serait « disloquée » en catégories dont les intérêts sont antagonistes – jusqu'ici tout va bien – mais « iil ne s'agit plus de classes sociales […], mais de ruraux, d'urbains, de péri-urbains, boomers et milleniums et – nous y voilà – de Français de souche et d'immigrés, de chrétiens ou de musulmans/i », relève Thomas Legrand (France Inter, 4/04/22). Où se dévoile un autre avantage du « fourquettisme », qui explique probablement l'attrait du monde médiatique pour ses « thèses » : l'effacement des classes sociales au profit des habitudes de consommation. En septembre 2023, a href="https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/05/26/emmanuel-macron-les-sociologues-et-les-classes-moyennes-recit-d-un-dejeuner-confidentiel-a-l-elysee_6174904_823448.html" class="spip_out" rel="external"iLe Monde/i relate/a un autre épisode témoignant de l'insertion du sondologue dans les cercles de pouvoir : un déjeuner confidentiel à l'Elysée baptisé « idéjeuner des sociologues/i », où, sur les 4 convives, un seul était vraiment sociologue – et ce n'était pas Fourquet ! C'est au cours de ce déjeuner, agissant « icomme le conseiller occulte de Macron/i », que Fourquet va, selon iLe Monde/i, souffler au président le terme de « idécivilisation/i », que celui-ci réemploiera quelques mois plus tard. Le sondeur prétend emprunter ce terme au sociologue allemand Norbert Eliasspan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Dans Libération, le docteur en science politique Christophe Majastre (…)" id="nh5"5/a]/span, mais on le retrouve beaucoup plus sûrement – et de façon beaucoup plus cohérente avec le reste des écrits de Fourquet – dans les livres du théoricien d'extrême droite Renaud Camus, ou dans la bouche de Philippe de Villiers./p /br centerstrong***/strong/center p/brJérôme Fourquet a pris en quelques années une place prépondérante dans le débat public français. Non pas grâce à la solidité de ses travaux ou aux extraordinaires découvertes qu'il y ferait, mais grâce, au contraire, à la parfaite conformité des thèses qu'il présente avec les attendus journalistiques. Les problèmes posés par la centralité et les usages médiatiques des sondages (et des sondeurs) sont a href="https://www.acrimed.org/Les-sondologues-piliers-de-l-editocratie"nombreux et documentés/a depuis de longues années. Jerôme Fourquet n'en est que l'une des incarnations modernes et participe, comme toutes les autres avant lui, bien plus de la fabrication de l'opinion que de sa mesure. En étroite collaboration avec le monde médiatique, contre les sciences sociales, et au profit de toutes les droites./p p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /span« "Une alternative aux kebabs" : comment McDo s'est emparé d'un petit village des Yvelines », iLe Figaro/i, 28/09/25./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /span« Un récit anxiogène adossé à une géographie inventive », Jean Rivière, iMétropolitiques/i, janvier 2024./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanExpression a href="https://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/2021/03/videos-pierre-bourdieu-sur-les-sondages.html" class="spip_out" rel="external"empruntée au sociologue Pierre Bourdieu/a./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /span« Les moutons de Monsieur Fourquet », La Grande Conversation, 25/04/23./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanDans iLibération/i, le docteur en science politique Christophe Majastre expliquera que Norbert Elias s'exprimait de son vivant « icontre l'usage politique de sa théorie pour donner une caution scientifique au vague sentiment de dissolution des mœurs/i » (26/05/23)./p /div/div
Catégories: Médias

Il faut s'interroger sur les modalités par lesquelles les mutations récentes du capitalisme participent à la solidification de l'extrême droite », entretien avec Félicien Faury

Rezo.net - lun, 2025-10-20 09:49
« Si vous résumez le vote RN à un vote de classe, vous ne comprenez pas le vote RN, car vous évacuez la dimension centrale du racisme. Mais si vous résumez le vote RN au racisme, vous ne comprenez pas non plus le vote RN. » div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Positions revue/a/b/div

Replacement.AI

Rezo.net - dim, 2025-10-19 23:11
At Replacement.AI, we believe that building AI tools to fix the world's most pressing challenges is an unprofitable waste of time. The problem we actually want to fix is humans themselves. Humans cry, smell, make mistakes and demand “time off”. They tell you things you don't want to hear. Worst of all, they're expensive. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Relevé sur le Net.../a/b/div

Gaza et la défaite de l'humanité | Dominique Eddé

Rezo.net - dim, 2025-10-19 19:02
La tragédie a acté, à Gaza, la fin d'un mensonge. Les États qui ont soutenu le gouvernement de Netanyahou se savent désormais coupables devant l'histoire de collaboration active avec un partenaire sanguinaire. Ils lui ont fourni des armes, des alibis, et – plus cher que tout – le temps qu'il fallait pour accomplir le boulot. Le Hamas a certes largement contribué au désastre. Les régimes arabes, n'en parlons pas. C'est pourquoi nous sommes à présent sommés de penser l'ennemi comme un monstre à mille têtes, accouché par un monde détraqué. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Terrestres.net/a/b/div

Les Pénélopes, une épopée féministe sur internet | Joëlle Palmieri et Maxime Grember

Rezo.net - dim, 2025-10-19 11:29
On s'est dit : les médias en France ne font pas leur travail. Il faut se mettre au travail, c'est à nous de le faire parce qu'il n'y aura personne d'autre pour le faire à notre place. […] On voulait du transversal, de l'horizontal, de l'international surtout. Donc on va faire notre magazine féministe international sur le web. br /Durée : 48 minutes. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/rfi"RFI/a/b/div

Livraison imminente de matériel français vers Israël

Rezo.net - sam, 2025-10-18 23:18
Une semaine après la signature du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, Disclose révèle qu'un lot de matériel fabriqué par la société française Sermat doit être expédié en Israël, lundi 20 octobre. Ces composants sont destinés à des drones conçus par Elbit Systems, l'un des principaux fournisseurs de l'armée israélienne. Depuis le début de la guerre à Gaza, il s'agit du quatrième contrat mis au jour par Disclose entre une entreprise française et un acteur de l'industrie militaire israélienne. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"Disclose/a/b/div

Sur Instagram, elles montrent qu'être végane n'est pas qu'un « truc de Blancs » | Coralie Chovino

Rezo.net - ven, 2025-10-17 13:01
img class='spip_logo spip_logos' alt="" src='https://rezo.net/local/cache-vignettes/L120xH80/arton249563-d82ae.png?1760698980' width='120' height='80' / De nombreuses personnes racisées et véganes partagent leur combat sur les réseaux sociaux. Leur refus de l'exploitation animale se double d'une volonté de renouer avec un héritage culinaire et, souvent, d'un discours anticolonial. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Bondy Blog/a/b/div

Fatima Bedar, fille de tirailleur algérien, « noyée » le 17 octobre 1961 | Hana Ferroudj

Rezo.net - ven, 2025-10-17 12:59
C'est l'une des nombreuses victimes de la répression du 17 octobre 1961. Le corps sans vie de Fatima, 15 ans, est retrouvé dans le canal de Saint-Denis le 31 octobre 1961. Témoignage de Djoudi Bedar, le frère de la victime. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Bondy Blog/a/b/div

Lecornu II : le (pitoyable) théâtre du journalisme politique

Acrimed : Action-Critique-Médias - ven, 2025-10-17 12:25
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH120/lecornu_logo-056cf.jpg?1760696725' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='120' alt="" / div class='rss_chapo'pEn pâmoison devant le discours de politique générale du nouveau Premier ministre, émoustillé par la perspective de « non-censure » au point de désinformer sans entraves sur la question des retraites, le journalisme politique nous a encore gratifié d'une très grande scène de son théâtre habituel. Tandis que la co-production de l'information politique (en huis-clos) bat son plein, les grands médias pèsent de tout leur poids sur la recomposition du champ politique en général… et de « la gauche » en particulier./p/div div class='rss_texte'pDans la foulée du discours de politique générale de Sébastien Lecornu, plateaux et journaux ne savaient plus se contenir : « iEst-ce la fin de la crise politique ?/i » se demandait-on en chœur. « iSuspension/i » de la réforme des retraites, promesse de renoncer au 49.3, accord de non-censure avec le Parti socialiste : la perspective, même momentanée, d'une éventuelle « istabilité politique/i », tant désirée par les partisans de l'ordre, a déclenché une nouvelle vague d'unanimisme éditorial, où la désinformation le dispute à la dépolitisation médiatique de la politique./p /br h3 class='article_intertitres'Lecornu-mania/h3 p/br« iUn discours habité de Sébastien Lecornu/i » ! Il est 16h05 ce mardi 14 octobre et le discours de politique générale vient d'être prononcé par le nouveau-nouveau Premier ministre. Les éditorialistes de LCI, emballés, ne savent plus quels qualificatifs enfiler : le discours est une « iréussite/i » pour Élizabeth Martichoux, qui l'a trouvé « iinédit/i », par « isa forme, sa durée/i », « ison débit de mitraillette/i », mais aussi par « isa transgression, évidemment/i ». Patrice Duhamel le juge lui « iextrêmement efficace, sobre, d'un pragmatisme tout à fait exceptionnel/i ». « iTrès efficace/i », confirme Renaud Pila. « iRusé, habile, très original/i » ajoute le sondeur Fréderic Dabi : « iIl y avait du Rocard […], il y avait du Louis XI./i » Il y avait aussi du Chaban-Delmas pour Valérie Nataf : « iUn côté "nouvelle société" dans ce discours/i », qui était « id'une modernité absolument incroyable !/i ». « iNous sommes en plein compromis/i », se réjouit plus tard David Pujadas, « iet quel compromis ! Là, Sébastien Lecornu donne entière satisfaction !/i » L'enthousiasme bat aussi son plein sur BFM-TV, avec le grand frère de Patrice, Alain Duhamel, qui a trouvé le discours « iintelligent/i », « isobre/i » et « icourt/i ». Le journaliste Thierry Arnaud parle lui de « ila promesse tenue de la rupture/i ». Même ambiance sur Franceinfo, où nous sommes « iavec la crème de la crème de l'éditorialisme politique/i », dixit la présentatrice, à savoir Nathalie Saint-Cricq (épouse de Patrice Duhamel) et Gilles Bornstein. La directrice des rédactions nationales de France Télévisions a trouvé le discours de Sébastien Lecornu « iefficace/i », « isérieux/i », « iraisonnable/i », estime que « ic'est malin/i » et que « iça devrait marcher/i ». Gilles Bornstein voit quant à lui « iun style Lecornu qui est en train d'émerger/i », « isans esbroufe, sans emphase/i », « iavec les mots attendus/i »./p pL'allégresse est partagée par une large partie de la presse écrite. iLibération/i a aussi trouvé Lecornu « iplus malin que ses prédécesseurs/i », et salue, sur la forme, la fin du « iton sentencieux/i » et des « ilogorrhées digressives/i » (14/10), et sur le fond un Lecornu « ihumble/i », « icombatif/i » et « irevenu de loin/i » (15/10). iLe Monde/i juge la déclaration de politique générale du Premier ministre « itout simplement décisive/i » (15/10). Dans son éditorial, titré « Savoir sortir d'une crise », le journal de référence se réjouit d'« iun pas important sur la voie du compromis/i », et prévient : « icensurer le gouvernement serait désormais incompréhensible/i » (15/10). Politico cite des sources parlementaires sans les nommer, qui permettent d'adresser des compliments indirects : « iIl a sorti le grand jeu/i », « iil a été extrêmement bon/i », etc. (15/10) Mêmes louanges au iProgrès/i, qui félicite un Lecornu « ipolitiquement habile/i », « iles mains dans le cambouis/i » (15/10), quand iLa Dépêche/i applaudit la « itactique du moine-soldat/i » (15/10). Pour iOuest-France/i, le discours « isobre/i », « iefficace/i » et « iimparable/i » du Premier ministre constitue « iune proposition qui ne se refuse pas/i ». L'extraordinaire uniformité de tous ces commentaires s'explique peut-être par ce qu'on apprend dans iMidi Libre/i (15/10) : « iMardi matin, un proche conseiller du chef de l'État sollicitait la presse quotidienne régionale pour commencer à faire l'exégèse du discours de politique générale./i » On peut le dire : opération réussie !/p /br h3 class='article_intertitres'Réforme des retraites : mise en scène… et désinformation en masse/h3 p/brAvec une presse si bien disposée à l'égard du pouvoir, nulle surprise à observer le journalisme de cour redoubler d'effort pour matraquer la martingale du moment, commune au gouvernement de Sébastien Lecornu et au Parti socialiste, son allié de circonstance : la « suspension de la réforme des retraites ». Désignée par le PS comme une condition isine qua non/i de la « non-censure », annoncée par le Premier ministre dans son discours de politique générale, scrutée par tous les journalistes de France et de Navarre comme le signe d'une stabilité retrouvée, la « suspension » est naturellement sur toutes les lèvres… et à la Une de la quasi-totalité des journaux./p /br div class='spip_document_16239 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/lecornu.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH399/lecornu-76d3e-8e907.jpg?1760696725' width='500' height='399' alt='' //a /figure /div p/brPeu importe qu'au moment de décider de tels gros titres, aucune rédaction ne connaisse les modalités concrètes de la mise en œuvre de cette « suspension ». Peu leur importe non plus – pour ne pas dire encore moins – que les plus fins connaisseurs du sujet aient immédiatement cherché à tempérer l'emballement, notamment en pointant l'usage équivoque du terme « suspension » : « iIl ne s'agit pas d'un gel de la réforme ("suspension") au sens où la réforme n'est pas arrêtée au point qu'elle a atteint en 2025/i », précise par exemple le chercheur Michaël Zemmour sur a href="https://blogs.alternatives-economiques.fr/zemmour/2025/10/14/analyse-a-chaud-l-annonce-du-premier-ministre-concernant-la-reforme-des-retraites" class="spip_out" rel="external"son blog d'Alternatives économiques (14/10)/a, évoquant plutôt « iun décalage du calendrier de la réforme de 2023, d'environ 3 mois pour les générations 1964 à 1968/i » – ce qui, convenons-en, est tout de suite moins spectaculaire… « iLa suspension annoncée est en réalité un décalage de son application de quelques mois seulement/i, a href="https://www.cgtservicespublics.fr/IMG/pdf/cp_de_la_cgt-_suspensionretraites-_141025.pdf?41068/932762b0767f1d59650e88528396abf855d5b742a72f1b0407b68d157a7aa123" class="spip_out" rel="external"ajoute la CGT/a, qui dénonce par voie de communiqué une nouvelle manœuvre « iau mépris de la mobilisation de millions de travailleurs et de travailleuses depuis 2 ans et demi. […] Décaler n'est pas bloquer, ni abroger/i ». Autant de voix qui pèsent peu dans le tohu-bohu médiatique : si, de la PQR aux chaînes d'info, des journalistes ont bel et bien cherché à nuancer l'emballement, on sentait les chefferies trop impatientes de surjouer le théâtre du « compromis » et de « l'abandon de la réforme des retraites ». Une comédie jouée à guichets fermés à peine le discours de politique générale terminé, dramatisation garantie./p pSur LCI (14/10), la présentatrice Marie-Aline Meliyi s'emballe : « iLa suspension de la réforme des retraites, c'est LE point clef du discours de politique générale prononcé il y a quelques minutes par Sébastien Lecornu [...]. C'est une rupture !/i » Au même moment, à l'antenne de BFM-TV, son homologue Pauline Simonet dirait même plus : « iLa chute d'un totem d'Emmanuel Macron./i » Le mot d'ordre infuse partout. « iLa chute du totem, la fin d'un tabou/i », proclame iSud Ouest/i (15/10). « iLecornu fait tomber un totem/i » avance également en Une iLe Républicain lorrain/i. Du côté du iParisien/i (15/10), on multiplie aussi les hyperboles au moment d'expliquer aux lecteurs « ipourquoi Lecornu a lâché le totem/i », la rédaction évoquant tantôt un « i"bougé" majeur/i », tantôt une « iconcession majeure/i »./p pL'AFP ne dément pas l'information, qui, par la voix du « spécialiste en communication politique » Philippe Moreau-Chevrolet, salue « iune concession majeure/i » d'Emmanuel Macron « isur ce qui devait être son testament politique/i » (14/10). Une « iconcession majeure de Matignon/i », confirme iL'Union/i (15/10). Une « idécision majeure/i », reformule iLibération/i (15/10), qui prend décidément son rôle de journal d'opposition très au sérieux. « iCette reculade macroniste est un tournant/i », se félicite d'ailleurs Paul Quinio, le directeur délégué de la rédaction, légèrement moins emphatique que iLe Berry Républicain/i, qui nous apprend quant à lui que Sébastien Lecornu « ia porté l'estocade finale à l'héritage de son bienfaiteur/i ». « iUn dogme de l'ère macroniste vient de tomber/i », lâche aussi Olivier Pérou dans iLe Monde/i (15/10). Le curseur de la dramatisation est poussé un cran au-dessus dans les pages du iFigaro/i. « iLecornu sacrifie les retraites/i », titre sans honte le quotidien (15/10), qui n'en démord pas : « iLa concession est immense/i ». Tellement immense que Guillaume Tabard parle d'un « iscalp de la réforme des retraites/i », là où son confrère Vincent Trémolet de Villers assimile le discours de politique générale à « iune grande braderie d'automne/i ». Le directeur délégué de la rédaction n'était pas au bout de ses capacités : « iLecornu a reculé comme un lion ; Emmanuel Macron est revenu à la source de sa vie politique : le socialisme./i » Carrément ! L'éditocratie radicalisée vit ce moment comme une telle révolution qu'Hubert Coudurier en a des sueurs froides : « iLe chef du gouvernement risque d'être victime de la surenchère des socialistes pour le vote du budget/i », tremble-t-il dans iLe Télégramme/i (15/10). Même son de cloche sur LCI : « iEst-ce que le Parti socialiste va rester sur une position de chantage et va trouver une nouvelle ligne rouge ?/i », s'inquiète Élizabeth Martichoux (14/10)./p pRestent enfin quelques titres pour tester certaines formules plus innovantes au registre de la désinformation. iLa Voix du Nord/i (15/10) par exemple, qui soutient qu'« ien une demi-heure chrono, Sébastien Lecornu a enterré [...] la réforme des retraites/i » ; iPresse Océan/i, qui déclare en gros titre le « igel de la réforme/i » (15/10) ; iLe Figaro/i, qui parle de « il'abandon de la seule réforme de ce second quinquennat/i » (15/10) ou encore Stéphane Vernay qui, dans son éditorial à la Une de iOuest-France/i (15/10), annonce aux lecteurs « iune suspension complète de la réforme des retraites/i ». « iS'il n'est pas permis de sacrifier son roi aux échecs, le Premier ministre a quand même décidé de bazarder une pièce majeure du camp macroniste : la réforme des retraites/i », s'avance également iMidi Libre/i (15/10) qui, dans un article voisin, prétendait pourtant ne pas être dupe de la communication politicienne : « iLe Château veut montrer qu'Emmanuel Macron cède sur ses fondamentaux, que les concessions faites ébranlent ses totems, qu'il est près [sic] à tous les sacrifices pour sortir de la crise./i » Et comme d'habitude, il peut compter sur la presse française pour servir cette entreprise./p pComme du temps de a href="https://www.acrimed.org/Faisons-battre-en-retraite-les-chiens-de-garde"la « pension minimale à 1200 euros »/aspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Voir également « Contre-réforme des retraites, éléments de langage (…)" id="nh1"1/a]/span, faux scoop et dramatisation tiennent donc lieu d'information. Et si quelques accidents de « vérité » surviennent, ils ne pèsent pas grand-chose face au bruit médiatique dominant. Car un éditocrate préfèrera toujours aux faits… la bonne vieille tambouille politicienne. Exemple sur RMC (15/10), où l'économiste Michaël Zemmour dévie à 180°C du cadrage fixé par son intervieweuse en lui donnant, sobrement, une leçon de journalisme :/p blockquote class="spip" pstrong- Apolline de Malherbe :/strong Lorsque vous avez entendu ces mots de Sébastien Lecornu hier, lorsque vous avez vu qu'il était applaudi sur les rangs des socialistes, est-ce que, comme eux, vous diriez que c'est une victoire de la gauche ?/p pstrong- Michaël Zemmour :/strong Euh… Ce que j'ai fait quand j'ai entendu le Premier ministre, c'est que j'ai essayé de comprendre quel était le contenu de la mesure./p /blockquote pPrécisément la tâche à laquelle auraient dû se consacrer les rédactions. Las, sacrifiant toute déontologie sur l'autel de la dramaturgie politico-médiatique, les médias dominants signent une nouvelle fois le triomphe de la comm'. Il faut dire que l'enjeu était de taille… Tout à sa quête de stabilité – que lui commande sa fonction de gardien de l'ordre –, l'éditocratie n'avait qu'un seul cap depuis des semaines : éviter la censure d'un énième (et peut-être ultime) gouvernement macroniste. Et tout à ses obsessions politiciennes, a href="https://www.acrimed.org/Le-journalisme-politique-vit-son-moment"elle a par conséquent scruté les positions du principal levier/a capable d'assurer cet objectif : le Parti socialiste./p /br h3 class='article_intertitres'La gauche respectable et les méchants/h3 p/brÀ la recherche de tout indice permettant de nourrir l'espoir de survie du gouvernement Lecornu II, le journalisme politique s'occupe en commentant les moindres attitudes des uns et des autres : « iPendant le discours, on a vu François Hollande lancer les applaudissements/i », note LCI. « iLes sourires socialistes ne trompent pas/i, selon iLe Figaro/i (15/10), ile hochement de tête victorieux d'Olivier Faure encore moins/i ». « iPar ce hochement de tête, Olivier Faure acte sa victoire/i », confirme lui aussi David Pujadas (LCI, 15/10). « iSur les bancs socialistes, le soulagement et le contentement se lisent sur les visages/i », abonde iLe Monde/i (15/10). iValeurs Actuelles/i n'a lui discerné « iqu'un léger sourire/i » sur le visage d'Olivier Faure. La construction continue de la centralité du PS dans l'agenda et le commentariat médiatiques trahit le point de vue qu'adoptent à l'unanimité les rédactions : celui du gouvernement, suspendues qu'elles sont, comme lui, aux moindres faits et gestes des députés PS. À tel point que les journalistes leur courent après et le signifient à l'antenne. Guillaume Daret : « iAllez, on va faire les couloirs du palais Bourbon pour essayer de vous trouver un socialiste qui veut parler !/i » (BFM-TV, 14/10). Le landerneau politique se les arrache et leur réserve les plus hauts-lieux du PAF : « iToutes les caméras étaient bloquées sur vous aujourd'hui, c'est vous qui détenez la clef de la survie du gouvernement/i », résume Jean-Baptiste Boursier face à Olivier Faure, invité du 20h de TF1 (14/10). « iVous êtes le vice-Premier ministre/i », lui lance carrément Apolline de Malherbe, le lendemain matin, sur BFM-TV (15/10). « iLe Premier ministre, c'est lui/i », confirme Guillaume Tabard (iLe Figaro/i, 15/10). « iOlivier Faure savoure/i »… et iLibération/i profite : « iLes socialistes peuvent revendiquer une victoire symbolique/i », explique Charlotte Belaïch (15/10). « iUne victoire en forme de première étape/i », pour iLe Parisien/i (15/10). « iLes succès se font rares/i » pour le PS, note iL'Écho Républicain/i (15/10) : « iCelui glané hier dans l'Hémicycle est considérable./i » « iLe PS fait plier Lecornu sur les retraites/i » titre encore iL'Union/i (15/10). Journaliste… ou attaché de presse ?/p pEt Élizabeth Martichoux de dévoiler un autre – si ce n'est le principal – motif de satisfaction parmi l'éditocratie (LCI, 14/10) :/p blockquote class="spip" pstrongÉlizabeth Martichoux :/strong Je parlais d'une victoire d'Olivier Faure mais elle est double, parce qu'effectivement, ce sera le coup de grâce [pour les Insoumis] ! Et là évidemment, LFI va se déchaîner, mais le Parti socialiste aura fait ce qu'il a manqué de faire depuis des années, du point de vue de ceux qui défendent la social-démocratie, c'est-à-dire couper court à un accord avec Jean-Luc Mélenchon et ses députés./p /blockquote pTrier le bon grain (« réformateur ») de l'ivraie (« jusqu'au boutiste ») ? Les prescriptions ordinaires de l'éditocratie. Diaboliser La France insoumise en applaudissant le « décrochage » du PS du NFP ? Son passe-temps depuis deux ans. a href="https://www.acrimed.org/Bernard-Cazeneuve-ou-la-gauche-dont-revent-les"Peser de tout son poids sur la définition de « la gauche »/a ? Son militantisme ordinaire. Ainsi les chefferies médiatiques profitent-elles de cette séquence de recomposition politique pour jouer les arbitres des élégances, bien décidées à s'assurer que le PS rentre dans le rang – l'avait-il déjà quitté ? « iIls ont été capables de montrer qu'ils pouvaient s'émanciper clairement de La France insoumise/i », les congratule la journaliste Marie-Aline Meliyi sur LCI (14/10). Rejointe sur cette ligne par sa collègue Ruth Elkrief, un peu plus tard dans la soirée :/p blockquote class="spip" pstrongRuth Elkrief :/strong C'est une victoire politique très importante pour [le Parti socialiste] dans leur chemin d'autonomisation par rapport à LFI et dans le chemin de reprise de leur ascendant au sein de la gauche. C'est un moment clef ! Donc il faudra bien profiter de ce moment-là.../p /blockquote piLibération/i ne boude pas non plus son plaisir : Charlotte Belaïch décrit ainsi les Insoumis comme des rabat-joie, « iconcentrés à dégonfler la victoire brandie par les roses/i » (15/10). Toujours aussi brillant. « iLes Insoumis [cherchent] à minorer la concession accordée ce mardi par Lecornu/i », regrette aussi iLe Parisien/i (15/10). L'article ne s'attarde pas sur les critiques insoumises, mais prend tout de même le temps de dire qu'elles sont « ibalayées par le PS/i ». L'espoir d'une relégation de LFI réjouit bien sûr au iFigaro/i, où l'on affirme que « iles socialistes se sont même offert le luxe de s'émanciper [...] des Insoumis et de leurs acolytes écologistes/i » (15/10), comme au iTélégramme/i (15/10), qui considère lui que les « isocialistes se dégagent de l'emprise des Insoumis et abordent les municipales en meilleure posture/i ». Comme souvent, la synthèse est livrée dans iLe Monde/i (15/10) : « iSigne que la piste [de la suspension de la réforme des retraites] n'est pas inintéressante, cette perspective a semblé gêner Jean-Luc Mélenchon./i » « Gêner LFI » devenu le critère d'appréciation des faits politiques dans toute la presse : aveu involontaire ? La meilleure version de ce refrain sera indubitablement chantée sur BFM-TV, dans une version crue et sans arrangements. Après que les députés Laurent Baumel (PS) et Alma Dufour (LFI) ont débattu en plateau, les journalistes-arbitres résument ce qu'ils veulent bien en retenir :/p blockquote class="spip" pstrong- Alain Marschall :/strong [...] De ce qu'on peut voir sur notre plateau en direct, j'ai l'impression qu'en fait, la France insoumise va pourrir le débat parlementaire !/p pstrong- Antoine Oberdorff (iL'Opinion/i) :/strong Va même souiller la copie en réalité !/p /blockquote pLa presse est donc à l'unisson : la « suspension » de la réforme des retraites est une « victoire majeure » pour le PS, le signe prometteur d'une renaissance de la « gauche de gouvernement » et une chance inespérée pour la stabilité du pouvoir macroniste./p pNaturellement, les plus éminents journalistes politiques savent être au rendez-vous de cette vaste séquence de dépolitisation. Dans iLe Monde/i (15/10), Olivier Pérou fait ainsi des « révélations », pas peu fier de nous faire profiter de son entregent ! Ayant visiblement accès aux SMS de François Hollande, la fine fleur nous narre les coulisses de cet accord de non-censure entre la macronie et le PS : théâtre dans le théâtre. Et comédie maximale sur LCI, où l'on ne sait plus quoi inventer pour prôner la non-censure. C'est Renaud Pila qui ouvre le bal : « iVous savez, je crois que plus on s'approche des fêtes de Noël, plus une immense majorité des Français va dire "mais c'est pas possible, on a la tête ailleurs, on a des problèmes de pouvoir d'achat". Et en novembre ou en décembre on va faire tomber le gouvernement ?!/i » Nous connaissions « les grèves doivent s'arrêter parce que Noël arrive », voici venu le temps de « Sébastien Lecornu doit rester parce que Noël arrive ». L'esprit de l'éditorialiste y voit néanmoins un lien logique, car qui dit stabilité retrouvée dit espoir de réforme :/p blockquote class="spip" pstrong- Pascal Perri :/strong Je me réjouis qu'à court terme on ne rentre pas dans des guerres picrocholines... ou des élections... vous vous rendez compte ? Enfin, des élections... juste avant Noël, ou juste après Noël, dans un pays qui a une hypersensibilité politique.... on n'avait pas besoin de ça !/p pstrong- David Pujadas :/strong Donc le jeu en valait la chandelle ? Céder sur toutes les exigences du Parti socialiste, le jeu en valait la chandelle ?/p pstrong- Pascal Perri :/strong Oui, mais il faudra faire la réforme des retraites./p pstrong- David Pujadas :/strong Plus tard ?/p pstrong- Pascal Perri :/strong Dès que possible./p /blockquote pDerrière les applaudissements de façade, les chiens de garde ruminent et veillent au grain. « iLe sort économico-politique du paquebot France, toujours en proie à la voie d'eau d'un déficit incolmatable, attendra/i », se désole-t-on par exemple au iBerry Républicain/i. « i[F]aire l'autruche ne sera pas plus à la hauteur demain/i », prévient aussi Olivier Biscaye, directeur de la rédaction de iLa Provence/i (15/10). Même tonalité à la tête du iParisien/i (15/10), où le chef adjoint, Olivier Auguste, s'adresse fermement à tous les futurs candidats à l'élection présidentielle, lesquels « idevront [...] bien expliquer que, sauf à se diriger vers l'effondrement du système par répartition, il faut trouver des façons acceptables de prolonger la carrière des Français […]. À moins de leur faire croire que, de la prolongation du déni, naîtra une solution […]./i »/p /br centerstrong***/strong/center p/brÀ l'été 2024, les grands médias réussissaient à a href="https://www.acrimed.org/La-bataille-pour-Matignon-comment-les-medias-ont"faire oublier le résultat des élections législatives/a. Un an plus tard, obnubilé par la sauvegarde du gouvernement Lecornu, le journalisme de cour applaudit le sacro-saint « compromis » de la (non garantie) « suspension de la réforme des retraites »… pour mieux oublier tout le reste : accessoirement, un budget qui accumule les mesures anti-socialesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Une « violente cure d'austérité » selon la CGT (15/10). Lire « Austérité, (…)" id="nh2"2/a]/span et « idont les principales mesures ressemblent furieusement à celles du budget Bayrou/i », selon la très gauchiste iDépêche/i (15/10). Le tout au mépris du pluralisme, mais aussi de la déontologie la plus élémentaire. Manifeste, la co-construction de l'information politique bat son plein, à mesure que les commentateurs distribuent leurs bons (et mauvais) points au sein de « la gauche », adoubant le PS, diabolisant LFI. Et si l'exercice relève parfois de la pratique routinière et dépolitisée du journalisme politique, la plupart des chefferies médiatiques campent résolument leur rôle d'acteurs politiques dans la séquence, au service d'un seul et même objectif : préserver l'ordre./p p/brstrongPauline Perrenot/strong et strongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanVoir également a href="https://www.acrimed.org/Contre-reforme-des-retraites-elements-de-langage"« Contre-réforme des retraites, éléments de langage médiatique »/a, 14/03/2023 et a href="https://www.acrimed.org/Retraites-les-debats-desequilibres-de-C-a-vous"« Retraites : les débats déséquilibrés de "C à vous" »/a, 16/02/2023./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanUne « iviolente cure d'austérité/i » a href="https://www.cgtservicespublics.fr/IMG/pdf/cp_de_la_cgt-_suspensionretraites-_141025.pdf?41068/932762b0767f1d59650e88528396abf855d5b742a72f1b0407b68d157a7aa123" class="spip_out" rel="external"selon la CGT/a (15/10). Lire a href="https://www.alternatives-economiques.fr/austerite-injustices-politique-de-loffre-un-budget-lecornu-rupture/00116581" class="spip_out" rel="external"« Austérité, injustices, politique de l'offre : un budget Lecornu sans rupture »/a, iAlternatives économiques/i, 16/10./p /div/div
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Histoire et mémoires de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris | Emmanuel Blanchard et Mogniss H. Abdallah

Rezo.net - ven, 2025-10-17 10:58
Découpé en trois parties, qui peuvent être regardées indépendamment ou à la suite, cet entretien avec Emmanuel Blanchard (historien) et Mogniss H. Abdallah (journaliste et réalisateur) tente de faire un état des connaissances vu de France sur cet événement. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Musée de l'histoire de l'immigration/a/b/div

Doge ou Palantir, exemples très concrets d'une nouvelle architecture du pouvoir techno-fasciste | Olivier Tesquet

Rezo.net - jeu, 2025-10-16 12:18
Depuis la réélection de Donald Trump, les courants les plus réactionnaires de la Silicon Valley semblent occuper le devant de la scène à travers des figures comme Elon Musk, Peter Thiel ou Curtis Yarvin. Dans leur livre Apocalypse Nerds. Comment les techno-fascistes ont pris le pouvoir, Nastasia Hadjadji et Olivier Tesquet proposent une radiographie de ce courant politique qui allie vision du monde ultra-réactionnaire et mysticisme technologique exacerbé. Et dont les outils et les idées inspirent de plus en plus la politique de l'administration américaine. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/observatoire-des-multinationales"Observatoire des multinationales/a/b/div

Le développement personnel, ce renoncement à changer le monde | Damien Karbovnik

Rezo.net - jeu, 2025-10-16 12:16
Le développement personnel prospère sur le vide laissé par l'effondrement des collectifs, donc la réponse ne peut pas être individuelle. Il faut redonner aux gens le sentiment d'appartenir à quelque chose de plus grand qu'eux comme une communauté, un projet ou un horizon partagé. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Le Poing/a/b/div

Moins de remords, plus de triche : l'effet inquiétant des IA sur notre honnêteté | Jean-François Bonnefon

Rezo.net - jeu, 2025-10-16 12:13
Avec l'arrivée des agents IA dans nos vies professionnelles et personnelles, les scientifiques commencent à évaluer les risques. Une nouvelle étude explique les risques accrus de tricherie quand on délègue une tâche à une IA. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Conversation/a/b/div

Entry/Exit System : un pas de plus vers la surveillance généralisée

Rezo.net - mer, 2025-10-15 12:11
Présenté comme un « simple » outil facilitant le contrôle des frontières et dont la seule conséquence négative serait le temps d'attente aux postes frontières, le système d'entrée et de sortie de l'espace Schengen (EES) est en réalité un outil supplémentaire au service d'une surveillance généralisée des personnes en migration. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Anafé/a/b/div

Sortie du Médiacritiques n°56 : Les médias contre la rue

Acrimed : Action-Critique-Médias - mer, 2025-10-15 10:31
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L118xH150/logo56-59f7c.jpg?1760517105' class='spip_logo spip_logo_right' width='118' height='150' alt="" / div class='rss_chapo'pLe iMédiacritiques/i n°56 sortira de l'imprimerie le 27 octobre. À commander dès maintenant a href="https://boutique.acrimed.org/mediacritiques" class="spip_out" rel="external"sur notre site/a ou à retrouver en librairie. Et surtout, a href="https://boutique.acrimed.org/adhesion-abonnement" class="spip_out" rel="external"abonnez-vous/a !/p/div div class='rss_texte'/br div class='spip_document_16233 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/une56.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L400xH510/une56-53201-d7598.jpg?1760517105' width='400' height='510' alt='' //a /figure /divdiv class='spip_document_16232 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/sommaire56.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L400xH510/sommaire56-a35f7-f61a9.jpg?1760517105' width='400' height='510' alt='' //a /figure /div p/brCe numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans les librairies a href="https://www.acrimed.org/-Mediacritiques-"listées ici/a, ainsi que sur a href="https://boutique.acrimed.org/mediacritiques" class="spip_out" rel="external"notre boutique en ligne/a./p pEt surtout, abonnez-vous ! Pour cela, rendez-vous a href="https://boutique.acrimed.org/adhesion-abonnement" class="spip_out" rel="external"sur notre boutique en ligne/a. Vous pouvez également nous soutenir en a href="https://boutique.acrimed.org/adhesion-abonnement" class="spip_out" rel="external"adhérant/a à l'association ou en a href="https://boutique.acrimed.org/don" class="spip_out" rel="external"faisant un don/a./p pTous les anciens numéros sont (ou seront) a href="https://www.acrimed.org/-Mediacritiques-"en accès libre ici/a./p/div
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Ceci est un steak végétal | Sylvie Tissot

Rezo.net - mar, 2025-10-14 14:46
img class='spip_logo spip_logos' alt="" src='https://rezo.net/local/cache-vignettes/L120xH120/arton249556-b5436.png?1760446054' width='120' height='120' / Faut-il être à ce point indifférent à la plus basique définition de la liberté d'expression pour se lancer dans ces entreprises insensées, mobilisant médias, législateurs et experts, pour nous empêcher de discuter, avec nos propres mots, de la réalité qui nous entoure, d'exprimer nos vécus et de dire nos aspirations ? Qui finalement fait, ou essaie de faire, la police du langage ? div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/les-mots-sont-importants"Les mots sont importants/a/b/div

Palestine : un mois ordinaire dans les médias français (1)

Acrimed : Action-Critique-Médias - lun, 2025-10-13 11:37
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L141xH150/1_plantu-6c8d1.png?1760348265' class='spip_logo spip_logo_right' width='141' height='150' alt="" / div class='rss_chapo'pSeptembre 2025. Bribes du naufrage, ici et là./p/div div class='rss_texte'p/brstrongTF1 et France 2 · 5-14/09./strong C'est une hiérarchie de l'information ordinaire. Face à l'anéantissement méthodique de Gaza-ville, les JT de 13h et 20h assurent le service minimum. Entre le 5 et le 14 septembre selon a href="https://www.arretsurimages.net/articles/offensive-israelienne-a-gaza-ville-ce-que-les-jt-ne-vous-ont-pas-raconte" class="spip_out" rel="external"une étude d'Arrêt sur images/a, 13h et 20h cumulés, France 2 « iévoquera Gaza durant près de cinq minutes au total sur dix jours, quand TF1 y consacrera près de huit minutes./i » Confrontées à cette « iprésence modérée de Gaza à l'antenne/i », dixit iTélérama/i (23/09), les deux chaînes déroulent leur argumentaire dans les pages de l'hebdomadaire. Directrice adjointe de l'information à France Télévisions, Muriel Pleynet explique la « inécessité de respecter une forme d'équilibre entre les deux bords/i », « id'avoir une ligne très factuelle/i » et de ne pas « iêtre dans le parti-pris/i ». On apprend par ailleurs que France 2 « in'utilis[e] pas le mot "génocide" car, pour l'instant, le droit international ne parle pas de "génocide"/i ». Tout simplement. Du côté de TF1, Gilles Bouleau « ia utilisé pour la première fois ce mot mardi 16 septembre [2025]/i » pour citer les conclusions de la commission d'enquête indépendante de l'ONU. Le maigre traitement de Gaza ? Le présentateur et rédacteur en chef du 20h avance qu'« ion a choisi de ne pas feuilletonner, ni de tenir tous les jours la "chronique" de cette guerre/i ». Et de poursuivre en se disant attaché à ce que la rédaction de TF1 ne soit pas « iinstrumentalisée, que ce soit par le Hamas ou les autorités israéliennes/i » : « iIl nous faut des journalistes expérimentés, à équidistance, pas des militants/i ». Bref, l'autocritique journalistique est loin d'être à l'ordre du jour./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongSud Radio · 8/09./strong C'est un interrogatoire ordinaire. À peine évoque-t-elle la flottille humanitaire pour Gaza que la députée Clémence Guetté (LFI) affronte la hargne de son intervieweur :/p blockquote class="spip" pstrong- Jean-François Achilli :/strong La flottille avec madame Adèle Haenel ? On parle de la même, hein ? i[Oui, exactement.]/i Vous savez qu'Adèle Haenel, c'est quand même une personnalité du monde du cinéma qui a compté au départ de MeToo, hein ? i[Oui...]/i Et vous trouvez normal qu'elle participe à une flottille qui va soutenir, quelque part, de fait, un mouvement terroriste qui a commis autant de féminicides le 7 octobre ?/p /blockquote pDurant la minute trente qui suit, Clémence Guetté est interrompue 14 fois, soit une fois toutes les six secondes : « iLe Hamas tient toujours Gaza hein !/i » ; « iRien à voir avec le Hamas ? Vous dissociez les choses ?/i » ; « iVous dites quoi [au] Hamas ? Vous dites quoi ?! "Rendez les otages" ?/i » ; « iNon, non, attendez ! [...] Vous dites quoi du Hamas ?! "Rendez les otages" ? "Arrêtez la guerre" ?/i » En boucle./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongLCI · 10/09./strong C'est une causerie ordinaire. Alors que l'État d'Israël vient de bombarder une résidence à Doha (Qatar), les journalistes en plateau lui donnent quitus. « iC'est la signature du Mossad et globalement d'Israël : nous frappons qui nous voulons, où nous voulons, quand nous voulons. Aucun agresseur d'un juif dans le monde ne sera épargné, ne sera à l'abri nulle part/i », affirme le lieutenant porte-parole… Christophe Barbier (10/09). L'éditorialiste poursuit en expliquant pourquoi le Qatar est certes un pays ici attaqué, mais surtout un « ipays ambivalent, hypocrite pourrait-on dire/i », qui « in'est pas la Suisse/i », ayant d'un côté « ide très bonnes relations avec […] la France de Sarkozy comme la France de Macron/i » et, de l'autre, « icapable de financer des mouvements terroristes/i ». La réaction de l'animatrice va ensuite délier les langues :/p blockquote class="spip" pstrong- Anaïs Bouton :/strong Il joue un double-jeu franchement dégoûtant, non ? Et c'est la vie ?!/p pstrong- Christophe Barbier :/strong Non mais attendez… nous sommes en Orient ! Nous sommes en Orient !/p pstrong- Anaïs Bouton :/strong Ah ! i[Éclats de rire en plateau.]/i/p pstrong- Christophe Barbier :/strong Ah oui ! C'est pas les mêmes critères !/p /blockquote p« Le journalisme ». Emmanuelle Ducros – qui affirmait un peu plus tôt n'être « ipas très sûre d'avoir compris tous les tenants et les aboutissants de cette affaire/i » – est naturellement chargée de conclure ce plateau dégoulinant de racisme, en pleine démonstration de sa supériorité « occidentale » :/p blockquote class="spip" pstrong- Emmanuelle Ducros :/strong Ce qui est spectaculaire, c'est de voir que quelles que soient les ambitions du Qatar d'être cette Suisse ambivalente, c'est quand même un gruyère ! i[Ricanements en plateau.]/i Parce qu'on peut attaquer au cœur du pays et… et voilà !/p pstrong- Anaïs Bouton :/strong Magnifique conclusion Emmanuelle Ducros, merci beaucoup ! C'est maintenant l'heure de [la chronique] « Y a qu'en France que ça se passe comme ça »./p /blockquote pC'est peu de le dire./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongX · 14/09./strong C'est un Plantu ordinaire./p /br div class='spip_document_16229 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L400xH427/1_plantu-8fa12.png?1760347489' width='400' height='427' alt='' / /figure /div/br centerstrong***/strong/center p/brstrongRTL · 15/09./strong « iDans quelques jours, le président Macron va aller reconnaître l'État de Palestine à l'ONU. Ça vous inspire quoi ?/i » C'est une question ordinaire. Sauf que l'interviewé est chanteur et qu'en octobre 2023, il appelait à « idégommer/i » « ipeut-être physiquement/i » les membres de LFI (CNews, 10/10/2023). Un propos sans aucune incidence sur son capital médiatique : après deux ans d'interventions publiques constantes en soutien de l'État d'Israël, Enrico Macias se voit dérouler un énième tapis rouge pour soutenir que « iles Palestiniens ne veulent pas faire la paix/i » et que Netanyahou « ise défend contre les Palestiniens. C'est tout./i » Et c'est offert par RTL./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongFrance Info · 15/09./strong C'est un rappel à l'ordre ordinaire. Dans le cadre d'une discussion sur les actions du mouvement de solidarité en Espagne, Fabienne Messica, membre de la direction de la LDH, relève que le pays « ia été un des premiers […] à reconnaître qu'il y avait un génocide/i ». Grand seigneur, le présentateur Loïc de la Mornais n'interrompt pas sa prise de parole. Il se contente d'en attendre la fin pour la discréditer : « iEt je précise, vous avez employé le mot de génocide et c'est… voilà, les historiens le diront. […] En tout cas, ce n'est pas sur ce plateau que moi je vais le trancher. […] Chacun fera son travail plus tard./i » Voilà pour le coup droit. Le revers arrive avec l'intervention suivante, signée Patrick Martin-Genier, expert multimédias sur les « iquestions européennes et internationales/i » :/p blockquote class="spip" pstrongPatrick Martin-Genier :/strong Je crois malheureusement qu'on oublie qu'il y a eu le 7 octobre […], le plus grand pogrom depuis la seconde guerre mondiale. […] Je ne dis pas qu'il faut légitimer tout ce que fait Israël à Gaza mais en tout cas, on a oublié cela […]. Et je crois que lorsqu'on parle de la reconnaissance d'un État palestinien, mais strongc'est quoi l'État palestinien ?/strong Pour l'instant, c'est le Hamas qu'on n'a toujours pas éliminé […], strongc'est le Hezbollah également dans le sud Liban/strong et donc tous ces gens qui veulent la destruction d'Israël. Donc je ne veux pas tout justifier, mais on oublie l'histoire. L'histoire proche des Israéliens qui ont été assassinés, des bébés qui ont été brûlés, des femmes qui ont été éventrées, et je crois qu'on oublie cela./p /blockquote pD'une durée de deux minutes et trente secondes – sans la moindre interruption, fait rare sur un plateau –, cette tirade d'« expert » s'est conclue quant à elle en douceur : sans l'ombre d'un rappel à l'ordre./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongLCI · 16/09./strong « iMerci colonel. Nous voulions passer ces quelques minutes avec un porte-parole de Tsahal pour mieux comprendre./i » C'est une révérence ordinaire : Éric Brunet vient de terminer son « interview » avec Olivier Rafowicz, auquel il donne tout du long du « imon colonel/i ». Après lui avoir passé les plats pour parler de « icette grande offensive qu'on attendait/i », Éric Brunet remet une couche de cirage au terme du duplex :/p blockquote class="spip" pstrongÉric Brunet :/strong [Olivier Rafowicz] a beaucoup parlé mais ça a permis à ceux qui regardent LCI de comprendre ce qui se passe en ce moment même à Gaza. strongNous avons eu tout à l'heure l'intervention de ce journaliste, qui a passé une nuit très difficile dans Gaza/strong, et nous suivrons de très très près sur LCI le sort des populations civiles dans cette offensive lancée ce matin par l'armée israélienne./p /blockquote pLe journaliste palestinien qu'Éric Brunet ne prend pas la peine de nommer est Rami Abou Jamous, dont un « face cam » enregistré – d'une minute à peine – a été diffusé par LCI avant l'interview, en direct, du porte-parole de l'armée israélienne. Bilan des courses ? Un temps de parole près de dix fois supérieur pour le second, et des conditions d'expression incomparablement meilleures. Rien à dire : LCI se donne effectivement tous les moyens de « isuivre de très très près le sort des populations civiles/i »./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongFrance 5 · 16/09./strong C'est un expert médiatique ordinaire. Nous sommes le jour de la publication du rapport de a href="https://news.un.org/fr/story/2025/09/1157475" class="spip_out" rel="external"la commission d'enquête indépendante de l'ONU/a concluant à l'existence d'un génocide à Gaza, mais certains médias disposent de savants autrement mieux informés. Après avoir brillé le matin dans la matinale de BFM-TV/RMC, celui que Blast décrit comme a href="https://www.blast-info.fr/articles/2025/cher-frederic-encel-boxing-day-39-M2Q6DJ2WQ5i_AS-a5_bzcg" class="spip_out" rel="external"« iune sorte de généraliste spécialiste/i »/a, ialias/i Frédéric Encel, débarque dans « C à vous ». Pour refuser la qualification de génocide : « iNe galvaudons pas les termes ! Ou alors, il faut baptiser différemment ce qui s'est produit en 1915 [...] contre les Arméniens, pendant la Shoah, qui a concerné les juifs mais également les tziganes, et les Tutsis rwandais. Et j'ajoute l'ex-Yougoslavie. Donc je ne suis pas pour le galvaudage des termes./i » Juriste et historien : deux casquettes de plus à épingler au brillant CV du « géopolitologue » médiatique./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongFrance Info · 17/09./strong C'est un journal d'actualité ordinaire. Diffusé à 15h, un bulletin d'information a encore été malencontreusement confondu avec un communiqué de l'armée israélienne : « iTsahal indique avoir frappé plus de 150 cibles, poussant des milliers d'habitants sur les routes. strongPour leur permettre de fuir ce matin/strong, Israël a annoncé l'ouverture d'une nouvelle route de passage temporaire./i »/p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongFrance Inter · 17/09./strong C'est une invitation ordinaire. « iBonjour Joshua Zarka, merci d'être avec nous ce matin sur France Inter, alors que l'armée israélienne a lancé hier son offensive terrestre sur la ville de Gaza./i » Face à Benjamin Duhamel, l'ambassadeur d'Israël en France n'en espérait sans doute pas tant. Netanyahou sous mandat d'arrêt international pour crimes contre l'Humanité ? La matinale radio s'obstine à octroyer une exposition de premier plan à l'un de ses porte-parole. Naturellement, il arrive ce qui devait arriver : « iCe n'est pas un génocide quand on demande à la population de se retirer de là où ont lieu les attaques./i » La promotion du n'importe quoi – qui valut à France Inter a href="https://x.com/amnestyfrance/status/1968303442855920034" class="spip_out" rel="external"une réaction immédiate d'Amnesty International/a – fait en prime les gros titres de l'émission : « iPour Joshua Zarka, le terme de génocide "est utilisé comme un terme politique, pas comme un terme légal"./i » Et l'information sur le rapport de la commission de l'ONU, dans tout ça ? Inexistante./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongX · 17/09./strong C'est un crachat ordinaire. « iIsraël éradique le Hamas. Sans prendre de gants et brutalement. Mais tous les autres pays – même les pays arabes qui sont empoisonnés par les palestiniens depuis +80 ans – attendent juste qu'Israël finisse le job tout en s'indignant en façade. Ça déplaît mais c'est la réalité./i » Xavier Gorce. Le maître à penser des pingouins./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongLCI · 17/09./strong Ce n'est pas un mea culpa ordinaire. « iTrès vite [après le 7 octobre], on s'est dit : "Où vont-ils ? Il n'y a pas d'objectif politique." Et puis, je fais partie des gens qui se sont trompés, c'est-à-dire qu'il y avait un objectif politique. On l'a vu, c'était en effet, finalement, une forme d'épuration ethnique, d'essayer de rendre Gaza invivable pour forcer les Gazaouis à partir./i » 23 mois : le temps d'un revirement public pour la grand reporter de iL'Express/i, Marion Van Renterghem. Où sont les équivalents parmi les commentateurs les plus en vue ?/p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongCNews · 18/09./strong C'est un commentaire ordinaire. Au beau milieu de bavardages (à charge) à propos de la mobilisation sociale du 18 septembre, le plateau se déchaîne contre les drapeaux palestiniens visibles dans le cortège parisien. Rachel Khan éructe :/p blockquote class="spip" pstrongRachel Khan :/strong Ce drapeau ne symbolise pas du tout le peuple palestinien, il symbolise dans nos rues une colonisation de l'espace public, une colonisation des esprits parce que derrière ce drapeau, c'est le palestinisme ! C'est la victoire du Hamas dans nos rues, c'est la haine d'Israël, c'est la haine des juifs, c'est la haine du peuple libre ! Et puis c'est un drapeau qui symbolise l'instrumentalisation des masses, l'instrumentalisation de nos jeunes. C'est aussi le drapeau qui efface le 7 octobre, c'est le drapeau qui efface l'ensemble des victimes./p /blockquote pDiscours quotidiens, quotidiennement tolérés par l'Arcom. Quelques jours plus tard, sur la même antenne : « i[Le drapeau palestinien] est vu aujourd'hui comme étant le drapeau de l'islamisme vainqueur, de l'islamisme conquérant […], des antisémites. Et c'est le drapeau d'un communautarisme. [...] Et derrière cette cause palestinienne, vous avez la cause djihadiste qui, naturellement, méprise les juifs mais au-delà des juifs, méprise l'Occident dans lequel cet islam-là s'est imprégné./i » Signé Ivan Rioufol. La haine, H24./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongFrance Inter · 18/09./strong C'est un lundi matin ordinaire. Sophia Aram est en pleine forme. Et pour cause : une flottille est de nouveau en route pour Gaza. La boute-en-train renoue pour l'occasion avec le jeu des surnoms – « iLady Gaza/i » pour Rima Hassan ; « iMiss Krisprolls/i » pour Greta Thunberg –, et partage ses traits d'esprit, hilare face à un équipage qui « icontinu[e] ses ronds dans l'eau, avec à son bord deux kilos de pâté vegan, un pack de Palestine Cola et trois boîtes de protections périodiques/i ». La mission humanitaire ? « iSe dorer la nouille en Méditerranée sur des voiliers à 6 000 boules par jour co-financés par les proxys du Hamas./i » Mais encore ? Un « icirque pour aller chercher trois sandwichs et un vol retour auprès de l'armée israélienne/i ». À ce stade, la médiocrité annulerait presque l'indécence./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrong iLe Point/i · 18/09./strong C'est une pleine page ordinaire dans un hebdomadaire. À court d'éditorial, d'interview ou de tribune contre la reconnaissance de l'État de Palestine par la France ? Pas de panique ! La direction du iPoint/i a la solution toute trouvée : publier tel quel un communiqué du réseau « Agir ensemble » – « Et si tous les pays arabes reconnaissaient enfin Israël ? » –, à la pointe de la rigueur historiquespan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="On y apprend par exemple que « le conflit israélo-arabe » a débuté au (…)" id="nh1"1/a]/span. Étonnant… ou pas : le communiqué en question fut projeté la veille, à Paris, lors du a href="https://www.agirensemble.org/rass-pour-la-verite" class="spip_out" rel="external"meeting « icontre la reconnaissance d'un État palestinien sans conditions/i »/a co-organisé par « Agir ensemble » et Elnet, l'un des principaux lobbies pro-Israël en France. Le tout en compagnie d'éminents représentants de CNews (Paul Amar, Rachel Khan, Michel Onfray, etc.) et de quelques personnalités politiques, de Manuel Valls à Caroline Yadan en passant par David Lisnard./p /br div class='spip_document_16228 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH326/2_lepoint-30797.png?1760347489' width='500' height='326' alt='' / /figure /div/br centerstrong***/strong/center p/brstrong iLe Figaro/i · 19/09./strong/p /br div class='spip_document_16227 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH315/3_lefigaro-0a8c4.png?1760347489' width='500' height='315' alt='' / /figure /div p/brC'est un gros titre ordinaire. Et iLe Figaro/i fait d'une pierre quatre coups : convertir la question politique de l'État de Palestine en une question identitaire ; essentialiser les « iFrançais juifs/i » ; a href="https://www.acrimed.org/Dans-les-medias-la-reconnaissance-de-la-Palestine"invisibiliser les voix palestiniennes/a ; et établir un lien entre la reconnaissance et « iles niveaux très élevés/i » des « iactes antisémites/i » en France. Le niveau très élevé d'islamophobie culmine quant à lui dans les pages intérieures :/p blockquote class="spip" pstrongStéphane Kovacs :/strong Expert en stratégie numérique et coauteur de iLa Fin des juifs/i de France ?, Didier Long considère que quelque « i150 000 Juifs, vivant directement au contact de populations arabo-musulmanes, sont en danger aujourd'hui en France/i ». « iReconnaître la Palestine aujourd'hui, c'est mettre une cible dans le dos des Juifs du monde entier/i », craint-il./p /blockquote pEt l'avalanche raciste de se poursuivre – « icette décision qui vise à calmer les banlieues aura l'effet inverse : cela importera encore plus le conflit sur notre territoire, en y légitimant la violence/i » – sans le début du commencement d'une contradiction : iLe Figaro/i en roue libre./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrong iL'Éclair des Pyrénées/i · 20/09./strong « iEn quoi la reconnaissance d'un État palestinien facilitera la paix au Proche-Orient ? Voudrait-on importer en France le conflit israélo-palestinien qu'on ne s'y prendrait pas autrement./i » C'est un éditorial ordinaire. Signé Patrice Carmouze – et oui, il existe encore un journal pour le prendre au sérieux./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongT18 · 20/09./strong C'est une démonstration de mépris ordinaire. Après que Pierre Jacquemain (iPolitis/i) a dénoncé le génocide à Gaza commis par « iune armée face à un peuple qui est démuni/i », Jean Quatremer lui saute à la gorge :/p blockquote class="spip" pstrong- Jean Quatremer :/strong C'est insupportable ! Quand je vous entends dire que l'armée israélienne ne se bat contre personne mais contre le peuple palestinien... mais c'est un pur scandale de dire une chose pareille ! [...] Israël ne se bat pas contre le peuple ! Israël se bat contre le Hamas ! Si le Hamas demain rend les otages, dépose les armes, ça s'arrête. [...] Dire que c'est une guerre contre le peuple palestinien, c'est purement scandaleux ! [...]/p pstrong- Pierre Jacquemain :/strong 60 000 civils… [Coupé]/p pstrong- Jean Quatremer :/strong C'est pas 60 000 civils ! C'est 30 000 civils, et 30 000 combattants, déjà ! Rien que là-dessus, voyez, sur les chiffres ! Donc on peut continuer longtemps là-dessus la mauvaise foi./p pstrong- Pierre Jacquemain :/strong [30 000], c'est quand même pas mal.../p pstrong- Jean Quatremer :/strong Oui mais ça, c'est de l'importation du conflit justement et c'est tenter de tordre la réalité. strongJe vous demande de faire du journalisme/strong !/p /blockquote pC'est un expert qui parle : un mois plus tôt, a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/220825/l-offensive-gaza-fait-au-moins-83-de-morts-civils-selon-les-chiffres-de-l-armee-israelienne" class="spip_out" rel="external"une enquête conjointe de journalistes israéliens et britanniques/a, basée sur des données des services de renseignements israéliens, faisait état de 83% de civils tués à Gaza entre octobre 2023 et mai 2025 sur un bilan – par ailleurs largement sous-estimé – de 53 000 morts. En d'autres termes, au moins 44 100 civils. Mais à l'évidence, celui qui enjoint de « ifaire du journalisme/i » n'en est pas à 10 000 morts palestiniens près./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongPublic Sénat · 22/09./strong C'est un transfert ordinaire. Après Maël Benoliel, a href="https://www.acrimed.org/Gaza-une-inflexion-mediatique-en-trompe-l-oeil"recruté par le bureau « Moyen-Orient » de France Télévisions/a, voici qu'un autre journaliste d'i24News est embauché comme éditorialiste officiel sur le service public : Michaël Darmon, professionnel exigeant et passionné de droit international – la Cour internationale de justice rebaptisée « iconclave de l'inimitié juive/i », c'est de lui. Au cours de la saison 2024-25, il bénéficiait d'un a href="https://www.acrimed.org/i24News-un-rond-de-serviette-sur-France-Info"fauteuil sur France Info/a et officiait déjà sur Public Sénat sous le statut « éditorialiste i24News ». Il est depuis monté en grade, comme le laisse entendre son confrère Thomas Hugues au moment de présenter le plateau de l'émission « Sens Public » : « iBonsoir Michaël, bienvenue à vous. Éditorialiste politique pour "Sens Public", je rappelle que vous avez été vous aussi correspondant à Jérusalem./i » Puis éditorialiste pour une chaîne propagandiste et coutumière de discours génocidaires : dommage d'avoir oublié la précision./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrong iLe Parisien/i · 22/09./strong Ce n'est pas un éditorial ordinaire (mais un peu quand même). Déplorant « ile timing/i » de la reconnaissance de l'État de Palestine, « icar ceux qui se féliciteront bruyamment sont les bourreaux d'Israël/i », le directeur des rédactions Nicolas Charbonneau va jusqu'à se fâcher avec son Président chouchou : « iBien sûr, la France et ses alliés assureront que cette reconnaissance doit s'accompagner du démantèlement du Hamas – la blague –, mais ces discours à l'ONU iront bien droit au cœur des maîtres de Gaza./i » Et de poursuivre en suivant un lien de cause à effet pour le moins cavalier : « iQui peut […] croire que cette reconnaissance sans avoir obtenu jusqu'ici la moindre condition préalable strongmettra un terme à un antisémitisme débridé/strong ou aidera les populations civiles palestiniennes ?/i » Qui peut croire que quoi que ce soit mettra un terme à a href="https://www.acrimed.org/Cessez-le-feu-a-Gaza-les-oeilleres-et-les-partis"la couverture indigente que donne à voir jour après jour iLe Parisien/i depuis deux ans/a ?/p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongTMC · 22/09./strong C'est une consécration ordinaire. Et une double peine : « iÇa s'appelle/i Les nouveaux antisémites. Enquête d'une infiltrée dans les rangs de l'ultra gauche. iC'est sorti chez Albin Michel. Et voici le prochain numéro de/i Franc-Tireur iaussi, avec une nouvelle enquête signée de vous, et ça sort mercredi. Merci [Nora Bussigny] d'être venue sur le plateau de Quotidien !/i »/p /br div class='spip_document_16226 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH368/4_bussigny-2d3ab.png?1760347489' width='500' height='368' alt='' / /figure /div p/brNon, Yann Barthès ne reçoit pas l'extrême droite partisane sur son plateau. Par contre, il sert régulièrement la soupe aux commentateurs qui promeuvent activement ses obsessions, de l'islamophobie (bon teint) à la haine de la gauche et des « inouveaux inquisiteurs/i », selon le titre du précédent livre de cette « iinfiltrée en terres wokes/i » (chez Albin Michel, déjà)./p /br centerstrong***/strong/center p/brstrongMediapart · 24/09./strong C'est une manipulation de l'information ordinaire. Fin juillet 2025, l'ambassade israélienne en France a organisé un voyage de presse tous frais payés en Israëlspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Aller-retour en avion, repas et nuits d'hôtel (de luxe). Seul le journal La (…)" id="nh2"2/a]/span. Alors que perdure le blocus de Gaza et que les journalistes internationaux y sont toujours interdits, il se trouve encore des journaux français pour répondre présent à ce type d'invitation. Cinq, en l'occurrence : iLe Journal du dimanche/i, iLe Figaro/i, iL'Express/i, iMarianne/i et iLa Croix/i. a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/240925/israel-paye-le-voyage-des-journalistes-francais-pour-faire-sa-propagande" class="spip_out" rel="external"Comme le rapporte Mediapart/a, « ihormis le quotidien catholique et/i L'Expressi, aucun des trois autres n'a jugé utile de préciser que leurs articles avaient été rédigés dans le cadre d'un voyage concocté par l'ambassade israélienne/i ». Dans iMarianne/i (7/08), la directrice de la rédaction, Ève Szeftelspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire son récent portrait paru sur Blast (11/10)." id="nh3"3/a]/span, livre même une caricature de « reportage embedded » au cœur d'« iune nation prête à rendre le moindre coup/i »… et au plus près des autorités militaires, dont le récit est recraché sans aucun recul. « iJe n'ai pas mentionné le cadre du voyage de presse car ce cadre n'était pas contraignant/i », affirme-t-elle à Mediapart. On n'en doute pas ! Et lorsque le journal lui demande si elle entrevoit « iun problème déontologique/i » dans sa démarche, la réponse est tout aussi tranquille : « iNon, et la preuve c'est que le papier que j'ai écrit était très équilibré./i »/p /br div class='spip_document_16225 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH319/5_marianne-65174.png?1760347489' width='500' height='319' alt='' / /figure /div/br centerstrong***/strong/center p/brstrongMediapart · 29/09./strong C'est un management ordinaire. Le 18 septembre, la directrice de iMarianne/i Ève Szeftel, encore elle, était visée par une motion de défiance votée par 71 % de la rédaction. « iEn tête des griefs formulés : son positionnement personnel pro-israélien/i », a href="https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/290925/est-entres-dans-une-guerilla-marianne-fortes-tensions-autour-de-la-directrice" class="spip_out" rel="external"rapporte Mediapart/a, que la directrice commente avec toute la franchise qu'on lui connaît : « iMarianne traite avec le souci de la contradiction et du pluralisme tous les sujets, celui-là comme les autres./i » Les plaintes des journalistes disent pourtant le contraire, témoignant d'un interventionnisme débridé concernant tout sujet lié de près ou de loin à la question palestinienne et à ses répercussions en France. Éditoriaux caricaturaux ; « ientretiens téléguidés/i » avec ses « iinterlocuteurs fétiches […] généralement favorables à l'action de Tsahal/i » ; reprises en main éditoriales, comme ce jour où une proposition d'article mettant en scène deux juristes « pour et contre » la caractérisation de génocide est devenue, iin fine/i, « iun débat entre deux juristes, le premier choisi par la directrice, qui a ensuite lui-même désigné son contradicteur/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Le tout pour que tous deux se rejoignent à la fin sur le fait que le terme (…)" id="nh4"4/a]/span. Sans compter d'autres types de pratiques autoritaires, incluant un entretien sous forme de coup de pression avec une « ipigiste permanente/i », alors susceptible d'être promue rédactrice en cheffe du service culture :/p blockquote class="spip" pLa discussion s'était vite orientée sur la question israélo-palestinienne. Ève Szeftel a donné son point de vue – pour elle, « iil n'y a pas de génocide à Gaza/i » et les journalistes gazaoui·es, « ià partir du moment où ils ont des liens avec le Hamas, et ils en ont, sont des terroristes/i ». Pour offrir le poste à la journaliste, elle a posé comme condition que celle-ci soit alignée sur ses convictions. Raison avancée ? En tant que potentielle cheffe du service culture, la journaliste devrait recenser les boycotts en France d'artistes israélien·nes ou soutenant Israëlspan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Une version, précise Mediapart, contestée par Ève Szeftel." id="nh5"5/a]/span./p /blockquote pSans commentaire…/p p… et en attendant le mois prochain./p p/brstrongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanOn y apprend par exemple que « ile conflit israélo-arabe/i » a débuté au lendemain de la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël, le 14 mai 1948, lorsque « ile monde arabe lui déclare la guerre pour l'effacer de la carte/i ». Ou encore qu'« ià sept reprises, les pays arabes puis les Palestiniens [ont] rejeté les propositions de paix et une "solution à deux États", toutes acceptées par l'État juif/i ». Entre autres./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanAller-retour en avion, repas et nuits d'hôtel (de luxe). Seul le journal iLa Croix/i a pris en charge le transport, selon Mediapart./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanLire a href="https://www.blast-info.fr/articles/2025/chere-eve-szeftel-boxing-day-51-KC4tdG6KQCuL52lAu1dC_g" class="spip_out" rel="external"son récent portrait paru sur Blast (11/10)/a./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanLe tout pour que tous deux se rejoignent à la fin sur le fait que le terme génocide « iest dans le cas de Gaza instrumentalisé et ne correspond pas à la situation sur place/i », ainsi que le décrit Mediapart./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanUne version, précise Mediapart, contestée par Ève Szeftel./p /div/div
Catégories: Médias

Marc Fauvelle : avocat de Sarkozy… ou détracteur de Mediapart ?

Acrimed : Action-Critique-Médias - ven, 2025-10-10 08:47
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH84/arfifauvelle-6409e.png?1760078876' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='84' alt="" / div class='rss_chapo'pLe 25 septembre 2025, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs avec exécution provisoire en raison d'un pacte de corruption noué avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart ayant largement contribué à documenter ledit pacte, est invité sur le plateau de Marc Fauvelle sur BFM-TV quatre jours plus tard./p/div div class='rss_texte'p« iJ'étais sur le plateau de BFM où je n'aurais jamais dû aller pour parler de la condamnation de Nicolas Sarkozy/i », a publiquement regretté Fabrice Arfi (Bluesky, 29/09). En effet… Verrouillé par un présentateur reconverti en avocat de Nicolas Sarkozy – dont il mobilise les arguments de « défense » sous couvert de « questions qui fâchent » et de « nuances » –, le dispositif met le journaliste de Mediapart en situation d'être tantôt un « adversaire politique » de l'ancien président, tantôt le porteur d'une « opinion » parmi d'autres. Nourrir le confusionnisme tout en ayant l'air de servir le « pluralisme » et la « contradiction » : tel est le bilan de ce formatage du débat public, où les faits et l'information sont noyés sous un conducteur de fausses questions… et de vrais à-peu-près./p /br h3 class='article_intertitres'Un journalisme de diversion/h3 p/brAlors que le journaliste de Mediapart dénonce la stratégie médiatique de l'ancien président – accuser les médias « vendus à la gauche » et « les juges rouges » –, l'intervieweur relaie au contraire, dès sa deuxième question, l'un des principaux arguments de la défense Sarkozy : « iC'est LA note qui a lancé la machine judiciaire./i » Le lancement de Marc Fauvelle est sans équivoque : la première partie de son interview sera consacrée à la fameuse « note Moussa Koussa », du nom du chef des services secrets extérieurs libyens de Kadhafi, un document révélé en 2011 par Mediapart. « iQue contient cette note ?/i », demande le présentateur à Fabrice Arfi. Alors que le journaliste de Mediapart explique ce que contient ce document, qui a permis de révéler une rencontre secrète entre le terroriste et chef des renseignements libyens Abdallah Senoussi et les proches de Nicolas Sarkozy, Marc Fauvelle ne rebondit pas sur « l'extraordinaire gravité » des faits qui sont évoqués face à lui… mais sur les arguments de la défense de l'ancien président, qui s'acharne sans succès depuis plus d'une décennie à discréditer cette « note » :/p blockquote class="spip" pstrongMarc Fauvelle :/strong Nicolas Sarkozy dit que cette note est un faux. Il s'appuie d'ailleurs sur les mots de la présidente au moment de prononcer le jugement la semaine dernière, qui dit : « Il y a aucun élément qui a permis de corroborer le contenu de la note qui apparaissait déjà fragile. » Je cite les mots de la présidente du tribunal. Le plus probable est que ce document Mediapart soit un faux. Est-ce que vous vous êtes trompé ?/p /blockquote pSi la question est d'un premier abord légitime, Marc Fauvelle ne se contente pas de la réponse de Fabrice Arfi sur cette affaire pourtant déjà jugée 3 fois – à chaque fois pour donner raison à Mediapart. Au gré de relances incessantes, témoignant d'une relative méconnaissance du sujet qu'il aborde, l'animateur entre dans des considérations juridiques byzantines – pour ne pas dire de mauvaise foi – revenant, iin fine/i, à légitimer les arguments Sarkozy, ou, tout « au mieux », à semer le doute :/p blockquote class="spip" pstrongMarc Fauvelle :/strong Il y a eu procès, il [Nicolas Sarkozy] vous a attaqué pour faux… […] Il y a eu procès, enfin vous avez raison, il y a eu procès, il y a eu procès en appel. Vous avez gagné procès, procès en appel. Il y a une Cour de cassation… sur cette affaire et la Cour de cassation dit à la fin… elle a écarté l'accusation lancée par Nicolas Sarkozy. Elle dit « Ce n'est pas un faux mais on ne peut pas dire pour autant avec certitude qu'il s'agit d'un vrai ». […] On n'est pas plus avancé à ce moment-là./p pstrong- Fabrice Arfi :/strong […] Il y a ce qu'on appelle en droit une autorité de la chose jugée. Cette note est selon la justice française ni un faux matériel, ni un faux intellectuel. […]/p pstrong- Marc Fauvelle :/strong Mais vous êtes d'accord pour dire que la Cour de cassation n'a jamais dit « il s'agit d'un vrai » ?/p pstrong- Fabrice Arfi :/strong La justice s'est saisie pour dire s'il s'agit d'un faux !/p /blockquote pLe présentateur conclut que cette question qu'il a lui-même posée… ne se pose pas – « iOui, elle [la Cour de cassation] n'a pas été interrogée pour dire si c'était un vrai/i » – sans en démordre pour autant :/p blockquote class="spip" pstrong- Marc Fauvelle :/strong Ouais… ça a son importance…/p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Mais non mais c'est le droit ! [M. F. : Oui…] La justice ne peut pas dire : « elle est authentique » ; elle dit : « il n'y a rien qui permet de dire que c'est un faux matériel et un faux intellectuel »./p /blockquote pMais rien n'y fait. Les questions suivantes se focalisent de nouveau sur la fameuse « note Moussa Koussa », comme s'il en allait du cœur du sujet, – ce que surlignent (lourdement) les bandeaux tout au long de l'interview…/p /br div class='spip_document_16222 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/bandeauxbfm.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH181/bandeauxbfm-be9b0.png?1760078876' width='500' height='181' alt='' //a /figure /div p/brAussi l'animateur embraye-t-il au quart de tour sur un détail, de façon à suggérer l'incompétence ou la manipulation de Fabrice Arfi :/p blockquote class="spip" pstrong- Fabrice Arfi :/strong Nous le disons depuis des années, il y a probablement une erreur dans la date [coupé]/p pstrong- Marc Fauvelle :/strong C'est ce que j'allais vous demander. Il y a une date sur ce document qui n'est pas la date du document, mais la date qui est… de la réunion Takieddine/Brice Hortefeux. Il est inscrit qu'elle aurait eu lieu le 6 octobre 2006. Ce jour-là, Brice Hortefeux était non pas à Tripoli mais à Clermont-Ferrand qui n'a pas grand-chose à voir. Comment expliquer une erreur de date comme ça sur un document aussi important ?/p /blockquote pFabrice Arfi met alors en évidence les contre-feux médiatiques allumés par Nicolas Sarkozy, centrés spécifiquement autour de ladite note, avant d'être à nouveau coupé par Marc Fauvelle : « iLa présidente du tribunal, elle n'est pas manipulée par Nicolas Sarkozy ?/i »/p /br h3 class='article_intertitres'Un journalisme d'accusation/h3 p/brAlors que l'échange se tend, Fabrice Arfi évoque l'hostilité (de longue date) des médias dominants à l'endroit de Mediapart dans cette affaire. Marc Fauvelle le rassure sur un ton piquant : « iVous n'êtes pas accusé Fabrice Arfi, je vous pose des questions parce qu'on se les pose, sans doute parce qu'on les voit passer partout. J'en ai plein d'autres à vous poser, si vous permettez./i » Las… c'est bien au procès de Mediapart que nous continuons d'assister :/p blockquote class="spip" pstrongMarc Fauvelle :/strong Bon, cette note, vous la publiez, vous, à Mediapart, le samedi 28 avril 2012. C'est pas une date anodine, on est pile poil entre les deux tours de l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy est candidat. Il est finaliste. Il va affronter François Hollande quelques jours après. Pourquoi à ce moment-là ? Depuis combien de temps vous l'aviez cette note ?/p /blockquote pEt pourquoi relancer, à ce moment-là, un débat qui s'est déjà tenu moult fois sur la place publique au cours des treize dernières années ? Fabrice Arfi joue néanmoins le jeu, entrant dans l'explication, arguant que la responsabilité des conséquences politiques de révélations journalistiques n'incombent pas aux journalistes d'investigation… mais aux personnalités politiques prises la main dans le pot de miel. Peine perdue : il est coupé après 7 secondes à peine. Et Marc Fauvelle de poursuivre, non plus en insinuations mais en accusation explicite : « iDonc c'est le 28 avril 2012 à une semaine du second tour que vous avez eu la preuve selon vous qu'elle était exacte ? Vous ne l'avez pas gardée sous le coude ?/i »/p pAlors que Fabrice Arfi s'indigne, Marc Fauvelle le coupe à nouveau en prenant cette fois-ci explicitement la défense de l'ancien candidat UMP avec une affirmation pour le moins inexacte :/p blockquote class="spip" pstrong- Marc Fauvelle :/strong Parce que vous savez qu'à cette date-là, on est dans une période en plus où le temps de parole est géré. Les candidats peuvent pas s'exprimer, très peu. C'est l'égalité, entre guillemets, il pouvait pas répondre aux accusations à ce moment./p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Bien sûr que si, il a répondu. On a contacté l'Élysée, on a contacté tous les acteurs…/p pstrong- Marc Fauvelle :/strong Pas dans les médias audiovisuels. Vous savez, c'est la période de d'égalité entre les deux tours de la présidentielle./p /blockquote pMédias audiovisuels où Sarkozy disposait néanmoins… de vaillants porte-parole./p /br h3 class='article_intertitres'Un journalisme d'opinion/h3 p/brDernier volet des « questions » de Marc Fauvelle ? L'accusation de complot à l'endroit des juges et des journalistes. Interviewé la veille dans le iJDD/i de Bolloré, l'ancien président continue de donner le « la » de l'interview et ses élucubrations fournissent à l'intervieweur… son cadrage :/p blockquote class="spip" pstrongMarc Fauvelle :/strong Nicolas Sarkozy, hier, vous l'avez sans doute lu comme nous dans l'interview au JDD, dit « l'officier de police judiciaire qui enquêtait sur moi likait les articles de Mediapart et par ailleurs à chaque fois qu'il y avait une audition chez un magistrat par exemple, je l'apprenais quasiment en lisant Mediapart ». Est-ce qu'il y a, pour répondre aux accusations qu'il a lancées contre vous, un complot de la justice ou la police et Mediapart pour le faire tomber ? […] C'est le mot qu'il utilise, le terme « complot »./p /blockquote pLa réponse de Fabrice Arfi pique de nouveau au vif l'avocat de Nicolas Sarkozy. Mais piètre avocat, qui ne connaît pas bien son dossier :/p blockquote class="spip" pstrong- Fabrice Arfi :/strong On est en train de parler d'un homme qui a été définitivement condamné pour corruption. D'ailleurs, il a assisté…/p pstrong- Marc Fauvelle :/strong Il a fait appel…/p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Non, non…/p pstrong- Marc Fauvelle :/strong Ah oui pardon, pour corruption c'est l'autre volet…/p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Non, non, dans l'affaire Bismuth, il a corrompu un magistrat, il est définitivement condamné au regard du droit français. C'est un délinquant./p /blockquote pEt Marc Fauvelle d'allumer instantanément un nouveau contre-feu, dont il n'aurait certainement pas eu l'idée pour un condamné sans col blanc :/p blockquote class="spip" pstrong- Marc Fauvelle :/strong Donc il [ne] doit plus s'exprimer dans la presse ?/p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Mais pas du tout.../p pstrong- Marc Fauvelle :/strong Non ? Bon…/p /blockquote pBrutale, la conclusion de l'entretien est à l'image de l'orientation des questions du journaliste : elles épousent le point de vue d'un avocat qui s'émancipe des faits et qui installe son confrère de Mediapart dans une posture de commentateur, lequel donnerait son avis « comme tout un chacun » :/p blockquote class="spip" pstrong- Marc Fauvelle :/strong Et là dans l'affaire libyenne, il est présumé innocent puisqu'il a fait appel. Merci beaucoup Fabrice Arfi strongd'être venu défendre ce point de vue/strong ce soir sur ce plateau./p pstrong- Fabrice Arfi :/strong Les faits. Je défends les faits./p pstrong- Marc Fauvelle :/strong J'en ai rappelé d'autres aussi. J'essaie aussi, je vous assure. J'essaie aussi./p /blockquote pDisons plutôt que par ses choix éditoriaux (et ses angles morts), l'animateur a précisément dévalué ou noyé les faits, en instillant l'idée qu'il n'en existerait pas, que tout ne serait qu'« opinion » ou « point de vue » et que par conséquent, toutes les paroles se vaudraient. Une morale que Marc Fauvelle continue d'ailleurs de véhiculer alors que Fabrice Arfi quitte le plateau : « iOn va entendre à présent un point de vue assez différent, très différent même sur ce procès./i » Des dires du présentateur lui-même, c'est un avocat dénué de toute spécialisation dans cette affaire, Patrick Klugman, qui fait son entrée :/p blockquote class="spip" pstrongMarc Fauvelle :/strong Vous n'êtes pas dans le dossier Sarkozy […] de près ou de loinspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Un mensonge ? D'après Le Canard enchaîné, Patrick Klugman était en lien avec (…)" id="nh1"1/a]/span, et pourtant, vous avez un avis tranché [Marc Fauvelle aurait pu s'arrêter là pour justifier cette invitation ! NDLR] qui n'est pas celui de Fabrice Arfi sur cette affaire. Vous dites que « ce n'est pas une sentence qui a été rendue, mais une vengeance ». Qui se venge de qui ?/p /blockquote pCerise sur le gâteau : « il'avis tranché/i » en question n'est rien d'autre… qu'un tweetspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="« C'est pas une sentence c'est une vengeance. Et sous couvert de rendre la (…)" id="nh2"2/a]/span. Une métaphore du « journalisme » dominant ? Au fond, que peuvent bien valoir a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/l-argent-libyen-de-sarkozy" class="spip_out" rel="external"213 articles d'une enquête de treize ans/a face aux 166 caractères d'un « iavis tranché/i » ?/p /br centerstrong***/strong/center p/brNicolas Sarkozy étant un expert en contre-feux médiatiques, la séquence est tristement banale. Quel dommage toutefois, pour un média dit d'« information », de ne pas profiter de l'un des journalistes experts du dossier pour… informer, mais, au contraire, pour instruire le procès de ce dernier – et celui de son média –, tout en prenant la défense de Nicolas Sarkozy. Si les grands médias nous ont habitués de longue date à la reprise des éléments de langage de l'ancien président, il est regrettable de voir le même procédé se répéter, tout particulièrement depuis cette nouvelle condamnation, comme l'ont longuement documenté a href="https://www.arretsurimages.net/chroniques/plateau-tele/sarkozy-condamne-par-la-justice-blanchi-par-les-chaines-dinfo" class="spip_out" rel="external"Arrêt sur images/a ou Mediapart, a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/021025/condamnation-de-sarkozy-les-dessous-d-une-semaine-de-mensonges-en-continu" class="spip_out" rel="external"ici/a, a href="https://www.youtube.com/watch?v=ycvxHQPurSs" class="spip_out" rel="external"là/a ou encore a href="https://blogs.mediapart.fr/fabrice-arfi/blog/021025/affaire-sarkozy-kadhafi-la-manipulation-du-point" class="spip_out" rel="external"là/a. Se répéter, jusqu'à l'appel, la cassation, et au-delà ?/p p/brstrongVincent Bollenot/strong, avec strongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanUn mensonge ? D'après a href="https://www.lecanardenchaine.fr/police-justice/52070-l-ex-president-s-offre-une-operation-deminage-avant-son-embastillement" class="spip_out" rel="external"iLe Canard enchaîné/i/a, Patrick Klugman était en lien avec l'avocat de Nicolas Sarkozy autour d'un projet de tribune critique de la décision judiciaire. C'est même ce dernier qui aurait suggéré à BFM-TV d'inviter Klugman sur son plateau./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /span« iC'est pas une sentence c'est une vengeance. Et sous couvert de rendre la justice en s'éloignant de l'administration charge de la preuve on l'affaiblit dangereusement/i » (X, 25/09)./p /div/div
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