La découverte c'est de voir ce que tout le monde voit et de penser ce que personne ne pense
— Szent GYORGI
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Médias

Armes soniques : bientôt la fin du déni ? | Élodie Emery

Rezo.net - mar, 2025-11-18 09:21
Soudain, une force invisible fend la foule en deux. L'avenue Kralja-Milana se vide en moins de deux secondes. Qu'est-ce qui a pu provoquer cette déchirure ? Pas de choc, pas de charge policière, pas de canon à eau, pas de gaz lacrymogène. On ne voit rien, et on n'entend quasiment rien non plus – un sifflement lointain sur certaines vidéos, vite couvert par des cris de panique. Puis tout s'arrête. Les manifestants reviennent au centre de l'avenue, hagards, comme sonnés. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"Blast/a/b/div

La composition des pneus : un cocktail toxique

Rezo.net - mar, 2025-11-18 08:46
L'association nationale Agir pour l'environnement vient de faire analyser la composition chimique de pneumatiques automobiles de 6 grandes marques représentatives du marché européen : Bridgestone, Continental, Goodyear, Hankook, Michelin et Pirelli. Ces nouvelles analyses ont permis d'identifier 1 954 molécules différentes dont 785 présentent de graves risques pour la santé et l'environnement. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Agir pour l'environnement/a/b/div

Nous sommes un seul et même peuple des banlieues ! | Bettina Papillon et Nicolas Pasadena

Rezo.net - mar, 2025-11-18 08:39
Le texte qui suite est un manifeste qui nous est parvenu et que nous avons choisi de publier, dont le propos pourrait se résumer ou s'amorcer ainsi : les Blancs des banlieues doivent prendre la parole face au racisme et face à la menace d'une arrivée de l'extrême-droite aux pouvoir. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/les-mots-sont-importants"Les mots sont importants/a/b/div

Le témoignage des salariés syriens oubliés du procès Lafarge | Angéline Desdevises et Camille Gicquel

Rezo.net - mar, 2025-11-18 08:15
Le procès contre Lafarge pour « financement d'une organisation terroriste » s'ouvre à Paris. Mais en Syrie, les anciens ouvriers de l'usine se sentent lâchés par la justice française. Ils avaient dû continuer à travailler malgré les combats. Témoignages. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/basta"Basta !/a/b/div

TGV complets, billets hors de prix : pourquoi prendre le train est devenu une galère

rezo.net - la sélection - dim, 2025-11-16 17:13
Tous ces enjeux de long terme se télescopent aujourd'hui avec un autre problème, accentuant l'envolée des prix des billets de TGV : le manque de trains. De 482 rames TGV en circulation en 2012, le parc de la SNCF a été réduit à 363 rames aujourd'hui. Elle l'a fait pour tenter l'aventure de la concurrence à l'étranger. Elle mobilise en effet 14 rames duplex pour tenter de conquérir le marché espagnol (et compte faire de même sur le marché italien avec 15 rames livrées pour l'occasion). br /Elle a aussi mis au rebut des rames vieillissantes, entre 2016 et 2018, pour améliorer virtuellement son bilan comptable. Le matériel « immobilisé » est en effet converti en euros dans la colonne « passif » de ses comptes, ce qui détériore le bilan de l'entreprise. « C'est une opération purement comptable absurde qui a mis au rebut une soixantaine de rames qui auraient pu rendre service encore jusqu'en 2029. C'est d'ailleurs le cas des 28 survivantes de la série qui circulent toujours », dit Pierre Zembri, géographe à l'université Gustave Eiffel. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/reporterre"Reporterre/a/b/div

TGV complets, billets hors de prix : pourquoi prendre le train est devenu une galère

Rezo.net - dim, 2025-11-16 17:13
Tous ces enjeux de long terme se télescopent aujourd'hui avec un autre problème, accentuant l'envolée des prix des billets de TGV : le manque de trains. De 482 rames TGV en circulation en 2012, le parc de la SNCF a été réduit à 363 rames aujourd'hui. Elle l'a fait pour tenter l'aventure de la concurrence à l'étranger. Elle mobilise en effet 14 rames duplex pour tenter de conquérir le marché espagnol (et compte faire de même sur le marché italien avec 15 rames livrées pour l'occasion). br /Elle a aussi mis au rebut des rames vieillissantes, entre 2016 et 2018, pour améliorer virtuellement son bilan comptable. Le matériel « immobilisé » est en effet converti en euros dans la colonne « passif » de ses comptes, ce qui détériore le bilan de l'entreprise. « C'est une opération purement comptable absurde qui a mis au rebut une soixantaine de rames qui auraient pu rendre service encore jusqu'en 2029. C'est d'ailleurs le cas des 28 survivantes de la série qui circulent toujours », dit Pierre Zembri, géographe à l'université Gustave Eiffel. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/reporterre"Reporterre/a/b/div

La concentration des médias en Allemagne : l'audiovisuel (3/4)

Acrimed : Action-Critique-Médias - ven, 2025-11-14 11:21
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH147/allemagne_logo-ff2b9.png?1763112119' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='147' alt="" / div class='rss_chapo'pDécentralisation, indépendance vis-à-vis des groupes industriels et de l'État : le paysage médiatique allemand permet, par comparaison, de montrer que la situation française n'est pas une fatalité. Mais est-ce pour autant un modèle à suivre ? On fait le point. Cette troisième partie se focalise sur le cas de l'audiovisuel./p/div div class='rss_texte'pImpossible de parler des concentrations dans l'audiovisuel allemand sans évoquer le service public, qu'il s'agisse de la radio ou de la télévision, qui capte plus de la moitié de l'audience. Mais il s'agit d'un service public décentralisé, à l'opposé de la centralisation à la française. Quant au secteur privé, il est dominé par deux groupes, RTL et P7S1, autrement dit Bertelsmann et Berlusconi./p pIntroduite en 1923 en Allemagne, la radio fut l'instrument-roi de la propagande nazie. En 1933, Goebbels, le ministre nazi de la propagande, déclarait que « ila mobilisation générale des esprits […] est l'une des principales missions de la radiodiffusion/i » et que celle-ci est « ile plus moderne et le plus important des instruments pour influencer les masses/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Cité dans Isabelle Bourgeois, « La télévision allemande, une indépendance (…)" id="nh1"1/a]/span. Elle est alors écoutée à travers 4 millions de récepteurs (Volksempfänger, soit Récepteur du peuple, qui fut à la radio ce que la Volkswagen fut à l'automobile), puis 16 millions en 1943 (récepteur encore plus performant et moins onéreux, le DKE38, appelé ironiquement par la population a href="https://www.dw.com/fr/90-ans-radio-volksempfaenger-hitler-allemagne-etudiants-inflation/audio-66608889" class="spip_out" rel="external"« La gueule de Goebbels »/a, qu'on y entendait très souvent). Seul média à même de s'adresser à l'ensemble de la population (la télévision est alors balbutiante), la radio est contrôlée et utilisée par les forces d'occupation de 1945 à 1955. Elle est animée par de jeunes journalistes, mais aussi, faute de personnel qualifié, par d'anciens partisans du nazisme. Le modèle, inspiré de la BBC, dessinait une radio indépendante de l'État et des partis politiquesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Klaus Wenger, « La radio, une contribution à la culture politique », in (…)" id="nh2"2/a]/span – alors qu'en France, dès la Libération et malgré le projet du CNR, la radio et la télévision furent sous monopole d'État (jusqu'en 1986)./p /br h3 class='article_intertitres'Un audiovisuel public fort, décentralisé et indépendant/h3 p/brEn fait, c'est aux Länder que les Alliés vont confier le monopole de la diffusion radiophonique. Dès 1950, la création de l'ARDspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Arbeitsgemeinschaft der Rundfunkanstalten der BRD - Communauté de travail (…)" id="nh3"3/a]/span définissait pour la radio un statut de droit public régional indépendant de l'État fédéral. En 1955, sept ans après les journaux, la radio passe à son tour sous souveraineté allemande, et y restera, de même que la télévision par la suite, sous cette forme de service public régional où chaque Land apporte sa contribution à la conception et la réalisation des programmes et émissions diffusés. Même les programmes à diffusion nationale sont assurés par les 9 instituts régionaux de l'audiovisuel qui produisent aussi des programmes régionaux (appelés Troisième chaîne : Dritten Programme). Cette structuration fut confirmée en 1961, a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/03/02/la-cour-de-carlsruhe-affirme-que-le-projet-d-une-seconde-chaine-de-television-concu-par-m-adenauer-est-contraire-a-la-constitution_2287846_1819218.html" class="spip_out" rel="external"par le jugement du Tribunal constitutionnel fédéral/a sur le projet de « télévision Adenauer ». C'est à la suite de ce jugement que fut créée la deuxième chaîne publique, ZDFspan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Zweites Deutsches Fernsehen." id="nh4"4/a]/span, gérée et contrôlée de la même façon que l'ARD, par les régions, mais sans la radio et centralisée./p pAinsi, « ipendant plus de vingt ans/i [en fait, 30 ans, ndlr]i, la télévision et la radio furent exclusivement organisées par des institutions de droit public. Il n'y avait de place ni pour une radio privée – comme par exemple Radio Luxembourg ou les chaînes de télévision anglaises –, ni pour une radio contrôlée par l'État ou le gouvernement comme en France ou en Italie./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Klaus Wenger, op. cit." id="nh5"5/a]/span/p pJusqu'en 1986, les auditeurs et téléspectateurs allemands ne connurent que les télévisions et radios publiques gérées au niveau des Länder. Pendant la même période, en Allemagne de l'est, la radio de propagande nazie était devenue la radio de propagande du SED, le parti communiste unique au pouvoir./p pContrairement à la France qui a vendu, scandale unique au monde, sa première chaîne publique au privé (au bétonneur Bouygues), les deux premiers groupes audiovisuels allemands (ARD-La Première pour la radio et la télévision, ZDF-La Deuxième pour la seule télévision) sont demeurés publics jusqu'à aujourd'hui. Bénéficiant d'une redevance due par chaque habitant et parmi les plus élevées au mondespan class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="220 euros par an ; France : 138 euros en 2021." id="nh6"6/a]/span, l'audiovisuel public allemand capte une part d'audience record : 50,5 % pour la radio ARD contre 31,9 % pour Radio France, 55,4 % pour les chaînes de télévision publiques allemandes, contre 29 % pour France Télévisions (chiffres 2024)span class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="Pour l'Allemagne : Medienvielfaltsmonitor ; pour la France : Médiamétrie." id="nh7"7/a]/span. La redevance est révisée tous les quatre ans par les Länder réunis. Elle contribue pour 85 % du budget des deux chaînes, la publicité pour autour de 6 %span class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="La publicité est interdite sur les chaînes publiques à partir de 20h, ainsi (…)" id="nh8"8/a]/span./p /br h3 class='article_intertitres'Une mission démocratique/h3 p/brDans son jugement de rejet de la « télévision Adenauer », le Tribunal constitutionnel fédéral déclare que la télévision « iest plus qu'un simple "medium" dans la formation de l'opinion publique ; elle en est bien plutôt un "facteur" éminent/i », et pas seulement dans les émissions politiques, car « ila formation de l'opinion se fait également par le biais des pièces radiophoniques, des concerts, des retransmissions de spectacles de café-concert et de chansonniers, jusqu'à la mise en forme même d'une émission/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb9" class="spip_note" rel="appendix" title="Isabelle Bourgeois, op. cit., p. 31." id="nh9"9/a]/span. On ne saurait mieux dire. La radio et la télévision publiques se trouvent ainsi investies d'une véritable mission démocratique et doivent pour cela demeurer à bonne distance de l'État et des partis politiques. C'est du moins ce qu'affirme le Tribunal constitutionnel : « iL'art. 5 […] exige que cet instrument moderne de la formation de l'opinion ne soit livré ni à l'Etat, ni à un seul groupe social./i »/p pDès lors, chaque Land dispose d'un système public de diffusion – qui doit rester indépendant de l'État fédéral et être administré par des conseils de l'audiovisuel (Rundfunkrat) où siègent des représentants des « groupes importants pour la société » dont les principaux partis politiques, syndicats, fédérations professionnelles, églises, associations, etc., choisis par les parlements des Länderspan class="spip_note_ref" [a href="#nb10" class="spip_note" rel="appendix" title="Par exemple, le mouvement LGBTQI est représenté dans plusieurs conseils." id="nh10"10/a]/span. Ces représentants sont élus ou nommés par leur organisme. Ce système s'est également peu à peu imposé dans les Länder issus de la RDA./p pAinsi par rapport à la France, l'Allemagne possède un audiovisuel public fort (en termes de financement et d'audience), décentralisé (la législation sur l'audiovisuel étant de la compétence exclusive des Länder) et en principe « indépendant » ou « distant » de l'État par un financement sous forme de redevance fixée par les Länder réunis, et une gestion assurée par la société civile. La presse allemande use d'ailleurs du terme plutôt péjoratif Staatsrundfunk (« audiovisuel d'État ») pour désigner les médias publics d'autres pays du monde, dont la France, perçus comme plus dépendants de l'État./p pHélas, la pratique n'a pas été à la hauteur de ces beaux principes. On se doute que les acteurs politiques n'ont pas apprécié d'être mis à l'écart par les Alliés des instances de décision de l'audiovisuel public. Ils n'eurent de cesse de chercher à influencer, à noyauter les organes de décision, c'est-à-dire les conseils de l'audiovisuel de l'ARD et le conseil de télévision de ZDF. Les partis politiques dominants, SPD et CDU-CSU, les représentants du gouvernement ou du parlement des Länder (considérés comme partie de l'État) et même l'État fédéral prennent une place prépondérante au sein des conseils de l'audiovisuel, au point qu'un arrêt du Tribunal constitutionnel de 2014 limite la place des partis à un maximum d'un tiers des membres des conseils. Mais il ne semble pas que cela ait suffi à résoudre le problème, car les autres représentants de la société civile aux conseils sont souvent associés aux partis politiques. Le système rôdé des « proporz » perdure, où le SPD et la CDU/CSU se partagent les sièges de direction, ce qui a pour effet de réduire considérablement l'influence de la société civile en tant que telle, et de marginaliser l'influence des autres forces politiques. Sans parler d'une certaine a href="https://uebermedien-de.translate.goog/74777/wen-vertreten-eigentlich-die-rundfunkraete-von-ard-und-zdf/?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"sélectivité dans le choix par les parlements des « groupes importants pour la société »/a. Le schéma d'indépendance vis-à-vis des partis et de l'État serait plutôt, selon Valérie Robert, un mythe professionnelspan class="spip_note_ref" [a href="#nb11" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, La presse en France et en Allemagne. Une comparaison des (…)" id="nh11"11/a]/span./p pIl n'empêche que le succès des chaînes publiques est constant et suscite bien des convoitises. L'Alternative für Deutschland (AfD), parti d'extrême droite en pleine ascension, souhaite leur privatisation (tout comme le RN en France) et le parti libéral Freie Demokratische Partei (FDP), celle de la seule deuxième chaîne. Une certaine usure d'un service public de quelque 70 ans, et quelques scandales aidant, notamment sur le montant des salaires et les abus de pouvoir des dirigeants, une réforme importante est en cours depuis plusieurs années : rationalisation, modernisation, numérisation, coopération, mais sa mise en œuvre est assez laborieuse, étant donné le succès persistant des chaînes publiques et la résistance des Länder, peu tentés de céder sur leur compétence médiatique./p /br h3 class='article_intertitres'Des médias privés indépendants de l'État mais régulés/h3 p/brLes médias audiovisuels privés allemands sont également sous la surveillance d'une autorité de régulation (Landesmedienanstalten) dans chaque Land, également composée de représentants de la société civile (de 30 à 60 personnes) qui sont élus par le parlement du Land. Bien que ce soit souvent à la majorité des deux tiers, le rôle des partis peut être ici important, comme dans le cas des conseils de l'audiovisuel. L'autorité de régulation élit son président qui est son représentant légal pendant six ans. Au total, il existe 14 autorités régulatrices qui veillent au respect du pluralisme, à l'affectation des stations de radio et des chaînes de télévision, à la protection des jeunes, etc. Ces autorités sont néanmoins regroupées dans des commissions centrales, dont une est chargée spécifiquement du contrôle des concentrations : la KEKspan class="spip_note_ref" [a href="#nb12" class="spip_note" rel="appendix" title="Kommission zur Ermittlung der Konzentration im Medienbereich - Commission de (…)" id="nh12"12/a]/span, qui s'ajoute à l'autorité de la concurrence qui intervient en cas de rachats dans le secteur des médias. Ces commissions centrales réunissent 6 présidents des autorités régionales des médias élus par leurs pairs, et 6 experts des médias, souvent des juristes, choisis par les présidents des Länder. iA priori/i, elles semblent très différentes d'une institution comme l'Arcom française, organisme de composition très politiquespan class="spip_note_ref" [a href="#nb13" class="spip_note" rel="appendix" title="Le collège de l'Arcom comprend neuf membres : trois désignés par le (…)" id="nh13"13/a]/span, chargée notamment du contrôle des concentrations des médias audiovisuels./p pL'ouverture des ondes au secteur privé, en 1986, a provoqué une forte mobilisation des groupes de presse très intéressés à l'idée de se faire une place dans l'audiovisuel. Ceux qui éditent surtout de la presse quotidienne, déjà fortement implantés localement, ont investi les entreprises radiophoniques à vocation locale, tandis que les groupes de presse à dominante de magazines, à vocation nationale et plus sensibles à l'image, ont plutôt investi la télévisionspan class="spip_note_ref" [a href="#nb14" class="spip_note" rel="appendix" title="Isabelle Bourgeois, « Les médias dans l'Allemagne unie. De l'unification (…)" id="nh14"14/a]/span./p /br h3 class='article_intertitres'Le dispositif de contrôle des concentrations : le « pouvoir d'opinion »/h3 p/brComme pour la presse écrite, la concentration des médias audiovisuels allemands est limitée. Depuis 1976, des contrôles interviennent pour des opérations de concentration dont les parties ont un chiffre d'affaires cumulé inférieur au 1/8e du plafond de 500 millions d'euros appliqué aux autres entreprises, soit 62,5 millions d'euros (2021). C'est moitié moins de ce qui est exigé pour les opérations des entreprises de presse. Cette disposition, plus restrictive que pour la presse écrite, s'inscrit dans une évaluation de ce que les Allemands appellent le « pouvoir d'opinion », plus important selon eux dans les médias audiovisuels que dans la presse, et de ce fait à contrôler davantage./p pLa loi française prévoit des seuils de concentration par type de média, presse, radio, télévision. Ces seuils ne sont pas très contraignants, a href="https://www.acrimed.org/Une-legislation-contre-ou-pour-la-concentration"c'est le moins qu'on puisse dire/a. Par exemple, un seul propriétaire ne peut posséder que 49 % maximum d'une chaîne de télévision dont l'audience dépasse 8 %, sans limite supérieure. En Allemagne c'est la limite de 30 % d'audience qu'un seul propriétaire de chaîne de télévision ne peut pas dépasser. Mais de plus, et c'est là toute l'originalité du système allemand, cette audience est calculée sur l'ensemble des intérêts médiatiques dudit propriétaire, tous types confondus./p pPar exemple, en 2006, lorsque le groupe Springer a voulu acquérir le groupe audiovisuel P7S1, la KEK a refusé le rachat : en additionnant les parts d'audience du groupe Springer dans la presse écrite (notamment le iBild/i) et les parts d'audience télévisuelles du groupe P7S1, la fusion des deux groupes aurait représenté une part d'audience de 42%, supérieure au seuil maximal de 30 % défini dans l'accord entre les Länder. La KEK a ainsi évalué le « pouvoir d'opinion » total du groupe en prenant en compte les différents types de médias détenus, ici presse et TV (concentration horizontale)span class="spip_note_ref" [a href="#nb15" class="spip_note" rel="appendix" title="« La concentration des médias », Étude de législation comparée n°302, (…)" id="nh15"15/a]/span. Mais elle peut aussi, du fait de l'importante marge d'appréciation qui lui est laissée, prendre en compte tout « marché lié aux médias » y compris en amont et en aval de la chaîne de production ou de distribution de programmes (concentration verticale) ou encore ses éventuelles participations dans des sociétés avec lesquelles elle n'a pas de relations client-fournisseur (concentration diagonale). En France, en revanche, aucune loi n'aurait empêché une telle fusion : la seule qui règlemente les concentrations horizontales pluri-médias (la règle dite des « deux sur trois ») définit des seuils tellement élevés qu'elle n'empêche aucune concentrationspan class="spip_note_ref" [a href="#nb16" class="spip_note" rel="appendix" title="Le rachat de M6 par TF1 aurait porté l'audience cumulée des deux chaînes à (…)" id="nh16"16/a]/span./p pUne autre disposition originale de la loi allemande en faveur du pluralisme : la règle des « tiers indépendants » (Drittanbieter). Lorsqu'une entreprise de médias détenant une chaîne généraliste ou spécialisée détient une part d'audience annuelle de plus de 10 %, elle doit accorder, à ses frais, un temps d'antenne à des tiers indépendants, c'est-à-dire d'autres groupes audiovisuels qui ont une audience faible. Cette « fenêtre » ne peut être inférieure à 260 minutes dont 75 à une heure de grande écoute (entre 19h et 23h30). Des programmes régionaux sont éligibles à ces fenêtres à raison de 150 minutes par semaine. Actuellement, ces fenêtres sont ouvertes par RTL, P7S1, et Vox (filiale de RTL). Bien sûr, cette disposition a fait l'objet de vives protestations, mais elle a fonctionné et fonctionne toujours, même si on peut trouver contestable que RTL diffuse ainsi Spiegel.tv, alors que le propriétaire de RTL, Bertelsmann, l'est aussi en partie (à 25 %) de Spiegel.tv. Il n'empêche que le dispositif permet à des programmes de petites chaînes et de chaînes régionales de toucher un large public./p /br h3 class='article_intertitres'Transparence sur la concentration des médias/h3 p/brLes autorités régulatrices des Länder publient conjointement, tous les trois ans, un rapport sur le développement de la concentration dans les médias et sur les mesures visant à assurer le pluralisme dans l'audiovisuel privé. Pour ce faire, elles tracent précisément les structures de propriété des groupes de médias dans une a href="https://www.kek-online.de/mediendatenbank#/" class="spip_out" rel="external"base de données publique/a – tout changement devant obligatoirement leur être notifié – puis elles calculent un « pouvoir d'opinion » pour chaque groupe en agrégeant les parts d'audience des différents médias détenus, pondérées par le poids du support (TV, radio, presse…) dans l'influence sur l'opinionspan class="spip_note_ref" [a href="#nb17" class="spip_note" rel="appendix" title="Ce poids est évalué chaque année par la KEK sur la base de questionnaires et (…)" id="nh17"17/a]/span. Enfin, un a href="https://medienvielfaltsmonitor.de/" class="spip_out" rel="external"tableau de bord de la concentration des médias/a est mis à jour régulièrement pour permettre à quiconque de suivre graphiquement la plupart des groupes et des médias, leurs détenteurs, leurs pouvoirs d'opinion respectifs... Bref, un travail comparable, moins beau graphiquement mais plus détaillé, à celui que font iLe Monde diplomatique/i et Acrimed avec la carte a href="https://www.acrimed.org/Medias-francais-qui-possede-quoi"« Médias français, qui possède quoi ? »/a, est réalisé outre-Rhin par des autorités publiques mandatées pour cela./p pOn notera que l'évaluation du « pouvoir d'opinion », même si son calcul est relativement complexe, est tout à fait pertinente pour mesurer l'influence, non pas d'un ou plusieurs médias, mais d'un groupe médiatique entier, avec toutes ses ramifications. Ce que le dispositif français ne permet de toute évidence pas./p /br div class='spip_document_16267 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/allemagne1.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH172/allemagne1-e0362.png?1763021363' width='500' height='172' alt='' //a /figure /div/br div class='spip_document_16266 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH489/allemagne2-25727.png?1763021363' width='500' height='489' alt='' / /figure /div p/brSelon le critère du « pouvoir d'opinion », tous médias confondus, les dix plus gros groupes de médias concourent pour 64,8 % à la formation de l'opinion allemande. Dans l'ordre : ARD (20,3%), Bertelsmann (11 %), ZDF (7,4%), Springer (6,8%), P7S1 (5,1%), Burda (3,5%), Funke (3,1 %), Madsack (2,9%), Medien Union (2,4%) et Bauer (2,3). Soit 27,7 % pour le public et 37,1 pour le privé. Ainsi, les médias hors des dix groupes majeurs contribuent-ils pour 35,2 % à la formation de l'opinion./p pEn résumé, la concentration des médias privés est du même ordre en Allemagne qu'en France dans le domaine de la presse, c'est-à-dire très forte ; elle est inférieure en Allemagne dans l'audiovisuel, surtout dans la radio, où elle est relativement faible, et aussi dans la télévision, à un degré moindre, alors que le service public de la radio et de la télévision attire plus de la moitié de l'audience./p p/brstrongJean Pérès/strong/p hr class="spip" / p/brstrongAnnexe : Panorama des concentrations/strong/p p/br- Concentrations dans la radiospan class="spip_note_ref" [a href="#nb18" class="spip_note" rel="appendix" title="Cf. Medienvielfaltsmonitor (Moniteur du pluralisme des médias)." id="nh18"18/a]/span/p pCela donne, pour la radio, un grand éparpillement des unités de diffusion et des propriétaires, parmi lesquels on retrouve les Springer, Madsack, Funke, SWMH (Südwestdeutsche Medien Holding), etc., mais chacun pour un pourcentage minime de la diffusion (entre 0,8 et 2%) dominée, rappelons-le, à plus de 50 % par le groupe public régional ARD./p pLe plus gros propriétaire privé à ce jour est le groupe Regiocast (6,5 %), qui possède 4 radios et participe à une douzaine d'autres dans divers Länder. Ses principaux actionnaires viennent du iNouveau journal d'Osnabrück/i (Basse Saxe) et sont accompagnés d'une flopée de petits actionnaires parmi lesquels on retrouve les grands groupes de presse ou leurs propriétaires à titre individuel. Le deuxième groupe est Bertelsmann (5,1 %), et le troisième Müller Medien (4,7 %), groupe familial fortement implanté en Bavière et en Autriche./p pLa radio la plus importante est Radio NRW de la Rhénanie du Nord-Westphalie (6 % de l'audience), qui alimente 45 stations de radio du Land. Son actionnaire principal à 59 % est Pressefunk Nordrhein Westfalie, lui-même possédé par le groupe Funke (21,7 %) suivi de Springer (12,4 %) suivi de DuMont Schauberg (9,9 %), et parmi les petits actionnaires, on retrouve la société d'édition du SPD ; son deuxième actionnaire est RTL, c'est-à-dire Bertelsmann, à 12,6 %. Radio NRW possède aussi, avec Antenne NRW, elle-même filiale à 100 % d'Antenne Bayern Gmbh, société bavaroise, une radio privée diffusée sur tout le pays : NRW1./p pDans la partie privée du paysage radiophonique allemand, les 4 premiers groupes (Regiocast, Bertelsmann, Müller, Nordwest Medien) occupent 19,2 % de l'audience, soit bien moins que les 4 premiers français qui en recueillent 46 %. Le paysage radiophonique privé allemand, relativement peu concentré en lui-même, peut être considéré comme une extension des groupes de presse, surtout quotidienne, dont la présence se manifeste par une véritable toile d'araignée de participations croisées./p p/br- Concentrations dans la télévisionspan class="spip_note_ref" [a href="#nb19" class="spip_note" rel="appendix" title="Cf. pour les données d'audience : Medienvielfaltsmonitor (Moniteur du (…)" id="nh19"19/a]/span/p pPour ce qui est de la télévision, le 1er janvier 1984, sous l'impulsion de la CDU (parti démocrate chrétien) et du chancelier Kohl, la première télévision privée, SAT1, est créée par une association d'une dizaine de groupes de presse, et surnommée pour cela « La chaîne des patrons de presse »span class="spip_note_ref" [a href="#nb20" class="spip_note" rel="appendix" title="Jacques Mousseau, « La télévision en République fédérale d'Allemagne », (…)" id="nh20"20/a]/span. On y reconnaît, entre autres, Springer, Burda, Holzbrinck, Bauer, Funke. Mais le SPD, partisan du monopole public, bloque la chaîne dans les Länder où il domine. En retour, la CDU bloque la perception de la redevance dans ses Länder. Situation pour le moins tendue, d'autant plus qu'à la concurrence public-privé et SPD-CDU s'ajoute celle entre groupes privés avec la diffusion dès le 2 janvier 1984 (lendemain du lancement de la première), d'une deuxième chaine privée, RTL+, chaîne luxembourgeoise émettant en Allemagne, dont Bertelsmann possède 40 % des actions./p pLes deux chaînes privées, SAT1 et RTL+, très déficitaires dans les premiers temps, se disputent farouchement les canaux analogiques distribués par la Bundespost, et les opportunités ouvertes par le satellite et le plan câble, alors que les foyers allemands s'équipent en récepteurs de télévision. La Convention d'État pour la réorganisation des médias, signée en 1986 par les représentants des 11 Länder apaise les tensions en répartissant les canaux entre les chaînesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb21" class="spip_note" rel="appendix" title="Jaques Mousseau, op. cit., p. 97." id="nh21"21/a]/span. Mais la guerre continue de faire rage dans le secteur privé, principalement entre les deux dominants, Bertelsmann et Springer./p pLa période de 1987 à 2002 où sera mise en place la télévision que nous connaissons aujourd'hui, sera dominée par l'ascension et la chute de Léo Kirch, surnommé le « nouvel Hugenberg », que nous avons évoquées a href="https://www.acrimed.org/De-Kirch-a-Springer-Partie-de-bonneteau-dans-les-medias-allemands"dans un article précédent/a, en raison de l'immensité de son empire médiatique./p pLes années qui suivent sont marquées par l'échec de Springer, qui rêvait d'un groupe de médias associant presse et télévision. Sa tentative de racheter la deuxième chaîne privée, ProSiebenSat1, ex propriété de Kirch, a été retoquée par la Commission de contrôle des concentrations (KEK) en 2005 pour la raison que cette chaîne lui aurait conféré une position dominante. Par la suite, cette deuxième chaîne privée, après un parcours chaotique entre fonds d'investissement anglais et américains, tombe en 2014 dans les bras de Berlusconi et sa société Mediaset. Laquelle, rebaptisée MediaForEurope (MFE) en 2021, devient l'actionnaire principal de la chaîne avec 29,9 % du capital. MFE ambitionne de devenir un acteur européen capable d'affronter les Gafam, notamment Netflix et Amazon. Avec 7 041 salariés (2024), P7S1 affiche un CA de 3,9 milliards d'euros (2024)./p pQuant au groupe Bertelsmann, après son a href="https://www.acrimed.org/Le-groupe-Bertelsmann-659"développement dans plusieurs domaines/a, édition, librairie (France Loisirs), musique (Ariola), presse magazine et quotidienne (Grüner + Jahr), cinéma (UFA), en 1997 il fusionne sa filiale l'UFA Film avec la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion (CLT), dont il est devenu l'actionnaire principal. Ensuite, la fusion de CLT-UFA avec l'anglais Pearson TV en 2000 marque le début de RTL Group. Malgré la crise d'endettement qui frappe les entreprises de médias au début des années 2000 (pour rappel, Vivendi et Kirch se sont effondrés en 2002), Bertelsmann, alors qu'il prend des a href="https://www.acrimed.org/Bertelsmann-recentrages-de-2003-2004"mesures de sauvegarde de son empire/a, continue de monter au capital de RTL Group. En 2013, ses parts s'élèvent à 75,1 %./p pDurant l'exercice 2019, RTL Group a réalisé un chiffre d'affaires de 6,7 milliards d'euros pour un bénéfice de 1,1 milliard d'euros. Les recettes proviennent essentiellement de la publicité (44 % télévision, 4 % radio), des productions audiovisuelles (22 %), des activités numériques (16 %) et des plateformes (6 %). RTL Group a réalisé 32 % de son chiffre d'affaires en Allemagne, 22 % en France, 16 % aux États-Unis, 8 % aux Pays-Bas, 4 % en Grande-Bretagne et 3 % en Belgique./p pSpringer doit se contenter de deux chaînes de télévision, Welt et N24 réalisant respectivement 0,1 et 0,3 % d'audience, alors que Bertelsmann et Berlusconi dominent largement la télévision privée./p pLes deux groupes publics ARD et ZDF, ainsi que les groupes privés Bertelsmann (RTL) et P7S1 sont les principaux groupes de télévision du pays. À eux quatre, ils détiennent 88 % des parts d'audience de la télévision./p pLes deux groupes privés, Bertelsmann-RTL et P7S1 détiennent à eux seuls 36,9 % de l'audience TV (contre 39,6 % en France pour Bouygues et Bertelsmann-M6). Tandis qu'en Allemagne, 5 groupes privés détiennent 45,4 % des audiences des chaînes généralistes, ils en détiennent 56,2 % en France. On constate donc une forte concentration des médias audiovisuels privés dans les deux pays, et plus accentuée en France./p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanCité dans Isabelle Bourgeois, « a href="https://shs.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2009-2-page-29" class="spip_out" rel="external"La télévision allemande, une indépendance structurelle/a », iLe Temps des Médias/i, n°13, hiver 2009-2010, p. 29./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanKlaus Wenger, a href="https://www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_1999_num_55_1_405735" class="spip_out" rel="external"« La radio, une contribution à la culture politique »/a, in iMatériaux pour l'histoire de notre temps/i, n°55-56, 1999, p. 78-82./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanArbeitsgemeinschaft der Rundfunkanstalten der BRD - Communauté de travail des organismes radiophoniques de la RFA./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanZweites Deutsches Fernsehen./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanKlaus Wenger, op. cit./p /divdiv id="nb6" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /span220 euros par an ; France : 138 euros en 2021./p /divdiv id="nb7" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanPour l'Allemagne : a href="https://medienvielfaltsmonitor.de/" class="spip_out" rel="external"Medienvielfaltsmonitor/a ; pour la France : a href="https://www.mediametrie.fr/system/files/2024-12/2024%2012%2030%20M%C3%A9diamat%20annuel%202024.pdf" class="spip_out" rel="external"Médiamétrie/a./p /divdiv id="nb8" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanLa publicité est interdite sur les chaînes publiques à partir de 20h, ainsi que les dimanches et jours fériés, et limitée à 20 minutes par jour. Contrairement à la pratique française, les parrainages sont également interdits./p /divdiv id="nb9" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh9" class="spip_note" title="Notes 9" rev="appendix"9/a] /spanIsabelle Bourgeois, op. cit., p. 31./p /divdiv id="nb10" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh10" class="spip_note" title="Notes 10" rev="appendix"10/a] /spanPar exemple, le mouvement a href="https://www-lsvd-de.translate.goog/de/ct/4742-Sitz-fuer-LSBTIQ-in-Rundfunkraeten-und-Medienanstalten?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"LGBTQI est représenté dans plusieurs conseils/a./p /divdiv id="nb11" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh11" class="spip_note" title="Notes 11" rev="appendix"11/a] /spanValérie Robert, iLa presse en France et en Allemagne. Une comparaison des systèmes/i, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2011./p /divdiv id="nb12" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh12" class="spip_note" title="Notes 12" rev="appendix"12/a] /spanKommission zur Ermittlung der Konzentration im Medienbereich - Commission de contrôle de la concentration dans le domaine des médias./p /divdiv id="nb13" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh13" class="spip_note" title="Notes 13" rev="appendix"13/a] /spanLe collège de l'Arcom comprend neuf membres : trois désignés par le président du Sénat, trois par le président de l'Assemblée nationale, deux respectivement par le Conseil d'État et la Cour de cassation, tandis que son président est nommé directement par le président de la République./p /divdiv id="nb14" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh14" class="spip_note" title="Notes 14" rev="appendix"14/a] /spanIsabelle Bourgeois, « a href='https://www.acrimed.org/journals.openedition.org/rea/4191'Les médias dans l'Allemagne unie. De l'unification démocratique à la normalisation du marché/a », iRegards sur l'économie allemande/i, n°98-99, 2010, p. 63-78./p /divdiv id="nb15" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh15" class="spip_note" title="Notes 15" rev="appendix"15/a] /span« a href="https://www.senat.fr/lc/lc302/lc3022.html" class="spip_out" rel="external"La concentration des médias/a », Étude de législation comparée n°302, juillet 2022, Sénat./p /divdiv id="nb16" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh16" class="spip_note" title="Notes 16" rev="appendix"16/a] /spanLe rachat de M6 par TF1 aurait porté l'audience cumulée des deux chaînes à 37,5 %, et encore davantage en comptant les autres chaînes des deux groupes sur la TNT. Mais du moment que le nouveau propriétaire, TF1, n'eut possédé que moins de 49 % du capital de la nouvelle chaîne, l'Arcom n'aurait rien eu à dire. C'est l'Autorité de la concurrence qui a opposé son véto pour entrave à la concurrence sur le terrain publicitaire./p /divdiv id="nb17" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh17" class="spip_note" title="Notes 17" rev="appendix"17/a] /spanCe poids est évalué chaque année par la KEK sur la base de questionnaires et fait l'objet d'un rapport dédié. En 2024, il est évalué à l'échelle nationale à : 35 % pour les sites d'informations en ligne, 28 % pour la télévision, 17 % pour la radio, 16 % pour la presse quotidienne, et 4 % pour les magazines (chiffres arrondis au plus proche)./p /divdiv id="nb18" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh18" class="spip_note" title="Notes 18" rev="appendix"18/a] /spanCf. a href="https://medienvielfaltsmonitor.de/" class="spip_out" rel="external"Medienvielfaltsmonitor (Moniteur du pluralisme des médias)/a./p /divdiv id="nb19" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh19" class="spip_note" title="Notes 19" rev="appendix"19/a] /spanCf. pour les données d'audience : a href="https://medienvielfaltsmonitor.de/" class="spip_out" rel="external"Medienvielfaltsmonitor (Moniteur du pluralisme des médias)/a pour l'Allemagne et a href="https://www.mediametrie.fr/system/files/2024-12/2024%2012%2030%20M%C3%A9diamat%20annuel%202024.pdf" class="spip_out" rel="external"Médiamétrie/a pour la France./p /divdiv id="nb20" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh20" class="spip_note" title="Notes 20" rev="appendix"20/a] /spanJacques Mousseau, « a href="https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_1988_num_77_1_1058" class="spip_out" rel="external"La télévision en République fédérale d'Allemagne/a », iCommunication et langages/i, n°77, 3ème trimestre 1988, p. 94./p /divdiv id="nb21" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh21" class="spip_note" title="Notes 21" rev="appendix"21/a] /spanJaques Mousseau, op. cit., p. 97./p /div/div
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Pesticides : quand les équipements censés protéger exposent davantage | Fabienne Goutille et Alain Garrigou

Rezo.net - ven, 2025-11-14 10:43
Peu adaptés aux conditions de travail réelles des agriculteurs, les équipements censés les protéger des expositions aux pesticides se révèlent bien souvent inefficaces voire même néfastes. La discipline de l'ergotoxicologie tâche de remédier à cela en travaillant auprès des premiers concernés. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Conversation/a/b/div

IA et santé : alliée ou menace pour les patients handicapés ? | Malick Reinhard

Rezo.net - jeu, 2025-11-13 19:29
L#x27;IA s#x27;invite dans la relation médecin-patient. Outil d#x27;émancipation pour les uns, arme de gestion pour les autres, elle révèle nos valeurs, notamment à l'égard du handicap. Malick Reinhard analyse une (r)évolution à double tranchant qui humanise autant qu#x27;elle déshumanise la médecine. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Couper l'herbe sous les roues/a/b/div

Viral Persistence Timeline — The Unseen Journey | Sean Mullen

Rezo.net - jeu, 2025-11-13 19:26
Tracing viral persistence through a century of discovery div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Relevé sur le Net.../a/b/div

« Entrisme iranien » : l'actualité, ça se façonne

Acrimed : Action-Critique-Médias - mer, 2025-11-12 11:00
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L119xH150/entrismeiranparisien-dc762.png?1762938049' class='spip_logo spip_logo_right' width='119' height='150' alt="" / div class='rss_chapo'pEn mai, nous revenions sur la a href="https://www.acrimed.org/Entrisme-freriste-saturation-mediatique"saturation médiatique autour d'un rapport sur « l'entrisme frériste »/a. Six mois plus tard, c'est un nouveau rapport sur « l'entrisme iranien » qui est mis à l'agenda. Avec, pour le moment, un peu moins de succès…/p/div div class='rss_texte'pLes rapports sur « l'entrisme islamiste » se suivent et se ressemblent. Leur promotion médiatique également ! Souvenez-vous : il y a quelques mois, un rapport catastrophiste sur « l'entrisme des Frères musulmans » nous prévenait, à la Une du iFigaro/i, que l'organisation islamique avait infiltré les moindres aspects de notre société afin « id'imposer la charia en France/i ». Rebelote ces derniers jours avec un nouveau rapport, cette fois sur « il'infiltration en France de la République islamique d'Iran/i ». Décidément… À nouveau, c'est iLe Figaro/i qui se charge de la promotion de l'œuvre (29/10) : « Espions, agents d'influence, proxies... Ce rapport alarmant qui dénonce l'entrisme iranien en France »./p pCe nouveau rapport, pas plus scientifique que le précédent, est coordonné par un journaliste, le franco-iranien Emmanuel Razavi, qui collabore avec iValeurs Actuelles/i, iFranc-Tireur/i, iParis Match/i, Atlantico, et intervient régulièrement sur CNews, Europe 1 et Sud Radio. La commande du rapport est elle aussi bien située : l'exposé de 85 pages a été produit à la demande de « France2050 », un tout nouveau think tank présidé par un maire LR, a href="https://www.ldh-france.org/gilles-platret-apres-les-atteintes-aux-libertes-fondamentales-les-injures/" class="spip_out" rel="external"Gilles Platret/a : « iLe premier rapport du think-tank France2050 est un véritable pavé dans la mare politique et diplomatique/i », explique ainsi iLe Figaro/i./p pHélas, le pavé va faire « plouf ». Contrairement à son équivalent fonctionnel sur les Frères musulmans, qui s'était retrouvé partout dans la presse en un instant, le « rapport » sur l'infiltration de la République islamique d'Iran ne va pas connaître un immense succès médiatique, et seule la presse de droite et d'extrême droite va s'en faire l'écho. C'est d'abord iL'Express/i (29/10), qui nous apprend que les mollahs « ivisent particulièrement le milieu étudiant/i », puis le iJDD/i (30/10), qui évoque un « irapport choc/i » et une infiltration « id'ampleur qu'on ne veut pas voir/i ». Dans son papier, le iJDD/i mentionne notamment le président du centre Franco-Iranien de Paris, qui dirigerait selon le rapport un « iréseau d'influence/i » afin de « irecruter des agents/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Mais commet une erreur dans son prénom..." id="nh1"1/a]/span. iValeurs Actuelles/i entre dans la danse le lendemain (31/10) : « "La mécanique du chaos" : l'entrisme iranien en France dévoilé dans un rapport alarmant ». Europe 1 parle elle d'un rapport « iextrêmement inquiétant/i » et invite son auteur Emmanuel Razavi (31/10), quelques jours après son passage sur le plateau de CNews (29/10). Mais nous sommes deux jours après la publication du « rapport », et l'information est déjà en voie d'extinction./p pC'était sans compter iLe Parisien/i, qui, le 3 novembre, propulse le sujet en Une./p /br div class='spip_document_16277 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L462xH581/entrismeiranparisien-6abf7.png?1762937400' width='462' height='581' alt='' / /figure /div p/brDans son papier, le journaliste Thomas Poupeau amalgame dans le même élan le rapport sur « l'entrisme frériste », le dernier rapport sur l'entrisme des mollahs, et la commission parlementaire « isur de potentiels liens entre organisations politiques et réseaux islamistes/i », pour parler d'une menace globale : « L'islam radical à l'assaut de la France ? » À défaut d'éléments probants, le journaliste est quand même obligé d'indiquer dès le chapô que « ila menace est difficile à jauger/i »…/p pComment un obscur rapport d'un obscur think tank a-t-il pu faire la Une du iParisien/i ? Le curriculum du journaliste et coordinateur du rapport donne sans doute une piste ; les synergies idéologiques entre les médias Bolloré et les médias Arnault en suggèrent une autre. Quoi qu'il en soit, le pouvoir de prescription du iParisien/i sur les autres médias va jouer à plein… et « l'actualité » connaît une deuxième vie./p pCNews en remet une couche le jour même (3/11) : « Islam radical : un rapport alerte sur l'"infiltration" de l'Iran en France pour "exporter la révolution islamique" ». LCI n'est pas en reste, et c'est sa chroniqueuse Abnousse Shalmani qui se charge de nous dire « ila vérité sur l'infiltration de l'Iran en France/i » dans l'émission « 24h Pujadas » (3/11)./p /br div class='spip_document_16279 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/entrismeiranlci.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH281/entrismeiranlci-d9a98.png?1762937777' width='500' height='281' alt='' //a /figure /div p/briLe Point/i est au rendez-vous le lendemain (4/11), avec un article signé Bartolomé Simon et Erwan Seznec : « L'inquiétante stratégie d'influence iranienne en France dévoilée dans un rapport ». Le papier parle d'« iune "pieuvre" iranienne déployant ses tentacules via des réseaux d'influence/i », mais là encore, les journalistes sont obligés de modérer dès le chapô : « iUne mission d'enquête […] alerte sur les ingérences iraniennes. Elles sont difficiles à mesurer./i » Peu importe, BFM-TV pose aussi sa pierre à l'édifice en recevant Gilles Kepel. Dans sa première question, Apolline de Malherbe n'indique pas aux téléspectateurs la provenance du rapport, commandé par un think tank de droite à un journaliste de droite, et se contente de dire « iqu'il a été remis ce matin au Premier ministre et au président du Sénat/i » – ce qui, on le comprend, confère à ce travail une forme d'officialité./p /br div class='spip_document_16276 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/entrismeiranbfm.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH275/entrismeiranbfm-9d064.png?1762937400' width='500' height='275' alt='' //a /figure /div p/brAu bout de quelques minutes, l'interview dérive sur « il'islamo-gauchisme/i », qui serait né en Iran : « iC'est quoi l'islamo-gauchisme, qu'est-ce que vous appelez l'islamo-gauchisme ?/i » relance Apolline de Malherbe, intéressée : « iC'est l'alliance entre l'extrême gauche et les militants islamistes. C'est ce qui s'est créé en Iran […]/i », répond Kepel. Et Malherbe de résumer : « i[…] les islamistes chercheraient un peu comme les coucous à utiliser les nids politiques pour y mettre leurs propres œufs…/i » Sur CNews (4/11), c'est le chroniqueur Gilles-William Goldnadel qui complète le tableau : « iOn connaissait les liens de LFI avec le Hamas et la dictature algérienne, maintenant on accuse certains de ses membres d'être des agents de l'Iran./i » L'avocat ne se risquera toutefois pas à lâcher de noms…/p /br centerstrong***/strong/center p/brOn l'a vu, si le « rapport » sur l'entrisme iranien n'a pas réussi à « percer » la bulle médiatique droite-extrême droite, il a tout de même connu une belle floraison éditoriale dans celle-ci, et avec elle, son lot de commentaires outranciers. Il est intéressant d'observer sur ce cas les synergies entre les différents titres de la presse des milliardaires : l'actualité fut forgée par la presse Dassault (iLe Figaro/i), martelée par la presse Bolloré (iJDD/i, Europe 1, CNews), puis réanimée par la presse Arnault (iLe Parisien/i) alors qu'elle était en train de s'éteindre, sans avoir réussi à se répandre. Les rapports sur « l'entrisme islamiste » se suivent et se ressemblent, mais leur succès varie en fonction du reste de l'actualité ou du sérieux que peuvent leur conférer les journalistes…/p p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanMais commet une erreur dans son prénom.../p /div/div
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Internet Archive : la bibliothèque qui a survécu, mais à quel prix | Bruno Guglielminetti

Rezo.net - mar, 2025-11-11 08:55
img class='spip_logo spip_logos' alt="" src='https://rezo.net/local/cache-vignettes/L120xH20/arton249594-44ae2.png?1762844195' width='120' height='20' / « Nous avons survécu, mais cela a anéanti la bibliothèque », confie Kahle, fondateur du projet, à Ars Technica. L'Archive n'a plus de poursuites en cours, mais elle sort exsangue d'un conflit qui lui a fait retirer plus d'un demi-million de livres de sa plateforme Open Library. Ces pertes marquent la fin d'un chapitre fondateur de la numérisation libre des savoirs.

La concentration des médias en Allemagne : la presse écrite (2/4)

Acrimed : Action-Critique-Médias - lun, 2025-11-10 13:21
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH101/concentrationallemagne-24772.png?1762773686' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='101' alt="" / div class='rss_chapo'pDécentralisation, indépendance vis-à-vis des groupes industriels et de l'État : le paysage médiatique allemand permet, par comparaison, de montrer que la situation française n'est pas une fatalité. Mais est-ce pour autant un modèle à suivre ? On fait le point. Cette deuxième partie se focalise sur le cas de la presse écrite./p/div div class='rss_texte'pLe marché de la presse allemande est à tous points de vue beaucoup plus important que le marché français. Il est le cinquième mondial et le premier européen. On y compte 319 journaux quotidiens (78 en France) avec un tirage de 12 millions d'exemplaires (7 millions en France). Le réseau de distribution est le plus dense du monde avec 116 000 points de vente (20 000 en France)span class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, La presse en France et en Allemagne. Une comparaison des (…)" id="nh1"1/a]/span. Les cinq plus gros groupes de presse figurent parmi les plus prospères du monde avec des chiffres d'affaires dépassant le milliard d'euros, alors que le premier groupe français, le groupe Sipa Ouest-France, affiche en 2022 un CA de 560 millions d'euros. Les magazines allemands ne sont pas en reste, plus nombreux, plus lus et plus rentables que leurs homologues français, surtout en matière d'information politique et générale, avec des publications comme iDer Spiegel/i ou iDie Zeit/ispan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, op. cit., p. 103-110." id="nh2"2/a]/span./p pLes journaux allemands bénéficient d'une forte adhésion de la population à la presse papier et aux informations régionales. De plus, la grande majorité des lecteurs sont abonnés (91 % contre 46 % en France) et reçoivent leur quotidien à domicile par portage, ce qui assure une grande souplesse de gestion aux entreprises de presse et un glissement plus facile vers un abonnement à la version numérique lorsque celui-ci est proposé. Ainsi, sur de telles bases, si la presse allemande connaît, comme les autres, une crise très importante depuis deux décennies, elle résiste mieux. Bien que les ventes de journaux aient été a href="https://www.media-perspektiven.de/fileadmin/user_upload/media-perspektiven/pdf/2022/2206_Roeper.pdf" class="spip_out" rel="external"divisées par deux en 27 ans (1995-2022)/a, elles restent très supérieures à celles des autres pays européens./p /br h3 class='article_intertitres'L'après-guerre et le retour des collaborateurs/h3 p/brÀ l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, les journaux français qui avaient collaboré, c'est-à-dire la grande majorité d'entre eux, furent mis sous séquestre et remplacés par les journaux de la Résistance. Le programme allemand était comparable : « iQuiconque s'était politiquement compromis depuis 1933 ne devait plus jouer de rôle dans la presse et, en règle générale, même les noms de journaux en usage avant 1933 ne furent pas réadmis. On voulait voir agir des noms entièrement nouveaux et des hommes neufs./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Erhard Becker, « La presse allemande depuis 1945 » in Henri Ménudier, (…)" id="nh3"3/a]/span Sous séquestre également, les journaux allemands furent attribués par les puissances occupantes sous forme de licences accordées à des individus non compromis avec le nazisme. Les Alliés contrôlaient, chacun à leur façon, les publications, tout en éditant aussi leurs propres journaux, dont certains continuèrent de paraître par la suite (iDie Welt/i, notamment, créé par les Britanniques). À la fin 1948, il y avait ainsi 140 journaux tirés à 14 millions d'exemplairesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Erhard Becker, op. cit." id="nh4"4/a]/span./p pEn 1949, les contrôles cessèrent et la liberté de la presse fut rétablie, ouvrant la voie à 400 publications supplémentairesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Erhard Becker, op. cit." id="nh5"5/a]/span. Parmi elles, nombre de journaux d'avant-guerre, compromis avec le nazisme, refirent surface. Certains d'entre eux avaient survécu à la fin de la guerre, grâce notamment aux lucratives petites annonces, mais surtout la plupart des imprimeries demeuraient leur propriété, leur conférant, en ces temps de fortes difficultés économiques, un avantage substantiel sur leurs concurrents. D'autant qu'à la fin des années 1940, la lutte contre les résidus du nazisme cédait peu à peu le pas, sur le plan idéologique, à la lutte contre le communisme soviétique, inaugurant la guerre froidespan class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="« Allemagne de l'ouest : naissance d'une presse "alternative" contre les (…)" id="nh6"6/a]/span. D'où un certain laxisme vis-à-vis des ex-collaborateurs. Quant à la zone occupée par les soviétiques, le contrôle centralisé de la presse passa sans transition des nazis aux nouvelles autorités./p p80 ans après, on constate que les détenteurs des 10 plus importants groupes de presse furent (eux-mêmes ou leurs aïeux) membres du NSDAP, le parti nazi, parfois à des postes importantsspan class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="Axel Springer, qui passe pour un des moins compromis, et qui fut un des (…)" id="nh7"7/a]/span ou bien ont participé à la propagande du régimespan class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="Pareillement en France : on pense à Prouvost, au trust Hachette, et surtout (…)" id="nh8"8/a]/span. En 2006, la plus vieille maison d'édition allemande, DuMont Schauberg, a défrayé la chronique en devenant actionnaire du journal israélien iHaaretz/i, le propriétaire du groupe étant le fils d'un zélé nazi. On constate ainsi, à partir de 1949, un retour en force des a href="https://de-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Altverleger?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"anciens propriétaires de journaux/a, voire anciens partisans des nazis, par un de ces retournements dont la classe dominante a le secret./p pDans les années suivantes, les concentrations dans la presse, comme dans l'ensemble de l'économie allemande (au cours de ce que l'on a appelé « le miracle économique »), se feront à un rythme quasi continu jusqu'à l'année 1976. Selon Manfred Kötterheinrichspan class="spip_note_ref" [a href="#nb9" class="spip_note" rel="appendix" title="Manfred Kötterheinrich, « Die Konzentration in der deutschen Presse », in (…)" id="nh9"9/a]/span, déjà entre 1954 et 1964 le nombre de quotidiens passe de 1 500 à 1 409 et celui des rédactions autonomes de 225 à 185./p /br h3 class='article_intertitres'Les rédactions autonomes de moins en moins nombreuses/h3 p/brUne bonne mesure de la concentration des journaux et de ses effets sur le pluralisme réside dans l'évaluation du nombre de rédactions autonomes. Par « rédaction autonome », on entend une rédaction qui couvre par ses propres journalistes l'ensemble des rubriques d'un journal. Les journaux achetés sont la plupart du temps privés de la couverture des questions de politique nationale et internationale, qui leur est livrée pour ainsi dire « clé en main » par le groupe propriétairespan class="spip_note_ref" [a href="#nb10" class="spip_note" rel="appendix" title="C'est ce qu'on appelle la « matrice » dans les années 1950 ou le « manteau » (…)" id="nh10"10/a]/span, et se voient cantonnés aux actualités locales, avec nombre de licenciements à la cléspan class="spip_note_ref" [a href="#nb11" class="spip_note" rel="appendix" title="Cas limite de cette tendance, le Westfalische Rundschau a vu sa rédaction (…)" id="nh11"11/a]/span. Même indépendants économiquement, de nombreux journaux achètent à d'autres les articles de politique générale, ne gardant qu'une rédaction locale. Un pluralisme de façade peut ainsi cacher de fortes concentrations internesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb12" class="spip_note" rel="appendix" title="Andrea Czepek définit les différentes modalités de cette perte d'autonomie (…)" id="nh12"12/a]/span./p pLe nombre de rédactions autonomes en Allemagne a chuté de moitié entre 1954 et 1976, période de fortes concentrationsspan class="spip_note_ref" [a href="#nb13" class="spip_note" rel="appendix" title="« Allemagne de l'ouest : naissance d'une presse "alternative" contre les (…)" id="nh13"13/a]/span. En 1976, pour y mettre un frein, notamment dans la Ruhr où le iWestdeutsche allgemeine Zeitung/i (WAZ) venait d'acheter de nombreux journaux, le gouvernement social-démocrate modifie la loi sur les concentrations./p pLes règles anti-concentration dans la presse allemande sont, comme en France, celles du droit commun de la concurrence. Dans les deux pays, l'autorité de la concurrence n'intervient que si les chiffres d'affaires cumulés des entreprises concernées sont supérieurs à un certain plafond : 150 millions d'euros pour la France, 500 millions pour l'Allemagne. Au-dessus de ce chiffre, c'est l'office des cartels (Bundeskartellamt) qui vérifie que le projet d'achat ne met pas une entreprise de presse en position dominante, voire de monopole, dans la ville ou la région concernée./p pMais la loi allemande contient depuis 1976 une disposition spécifique à la presse : le plafond de chiffre d'affaires pris en compte, pour les entreprises de presse, est divisé par 20. D'où une multiplication des contrôles à partir de cette date et une baisse sensible des concentrations pendant les années 1980 et 1990, à l'exception notoire de la phase de réunification, au cours de laquelle les groupes de presse de l'ouest achetèrent la plupart de ceux de l'est. On notera au passage que la régulation par le plafond de chiffre d'affaires est un puissant moyen de contrôle des concentrations./p pAinsi, en 1981, le projet de rachat du plus important groupe du pays (Springer) par le deuxième (Burda), qui aurait conduit ce dernier à une position ultra-dominante, a été retoqué par le Kartellamtspan class="spip_note_ref" [a href="#nb14" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, op.cit., p. 60." id="nh14"14/a]/span. Pour la même raison, le projet de vente, en 2004, du iBerliner Verlag/i à Holzbrinck, un très important groupe de presse, a href="https://de-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Berliner_Verlag?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"a été refusé/a. Exceptionnellement, si l'existence de l'entreprise rachetée est menacée, l'achat peut être autorisé, même s'il met l'acheteur en position dominante. C'est ainsi que la iFrankfurter Allgemeine Zeitung/i (FAZ) a href="https://de-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Frankfurter_Rundschau?_x_tr_sl=de_x_tr_tl=fr_x_tr_hl=fr_x_tr_pto=sc" class="spip_out" rel="external"a pu racheter/a le iFrankfurter Rundschau/i en 2013, bien que cela l'ait placée en position dominante dans le Land de Hesse./p pSuite aux mesures anti-concentrations, la baisse du nombre de rédactions autonomes a ralenti. Mais la crise économique que subit la presse dans les années 2000, notamment sur le terrain publicitaire, va provoquer, sous la pression des gros éditeurs, une libéralisation croissante des concentrations. Le plafond de CA n'est plus divisé que par 10 en 2005, puis 8 en 2013, et enfin 4 en 2021. C'est à cette période que, selon Valérie Robert, « iles groupes de journaux qui changent de mains sont de plus en plus gros, et [que] la presse suprarégionale n'est plus épargnée/i ».span class="spip_note_ref" [a href="#nb15" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, op. cit., p. 65." id="nh15"15/a]/span/p /br h3 class='article_intertitres'Une presse fortement concentrée/h3 p/brBeaucoup plus prospère que la française, la presse allemande était paradoxalement moins concentrée jusqu'à une période récente. Selon une évaluation de Valérie Robertspan class="spip_note_ref" [a href="#nb16" class="spip_note" rel="appendix" title="Op. cit., p. 61-63 et 72-73." id="nh16"16/a]/span portant sur l'année 2010, les dix premiers groupes de presse quotidienne allemands réalisaient 59 % de la diffusion totale, contre 84 % pour les dix premiers français. Ces dix premiers groupes détenaient 37 % des titres de presse en Allemagne, contre 76 % en France. Pour les magazines, la chercheuse compte, en 2010, que les 5 premiers groupes de presse représentent dans les deux pays 65 % de la diffusion totale, avec une concentration plus intense en France, puisqu'il y a deux fois moins de titres qu'en Allemagne. Mais, selon le Medienvielfalt monitorspan class="spip_note_ref" [a href="#nb17" class="spip_note" rel="appendix" title="Observatoire du pluralisme, qui publie chaque année des données actualisées (…)" id="nh17"17/a]/span, entre 2010 et 2024 la presse allemande a continué de se concentrer pour atteindre 87 % de la diffusion totale pour les 10 premiers groupes, et 73,5 % pour les 5 premiers groupes de magazines. Bien que plus diverse, la presse allemande est désormais aussi concentrée que la française./p pEffet de cette concentration, la presse quotidienne allemande est en position de monopole dans un nombre de plus en plus important de villes et de Länderspan class="spip_note_ref" [a href="#nb18" class="spip_note" rel="appendix" title="Pour rappel, en France, le monopole régional est la règle, à de rares (…)" id="nh18"18/a]/span. Particulièrement dans l'ancienne RDA, où les journaux du parti socialiste unifié (SED) furent achetés dans les premières années 1990 par les groupes de presse de l'ouest, perpétuant ainsi un monopole… devenu capitaliste. Comme le dit Michael Haller, journaliste et chercheur : « iC'est l'une des négligences des hommes politiques ayant mené la réunification à bien de ne pas avoir pluralisé les structures monopolistiques de l'époque de la RDA, les confirmant au contraire en appliquant les conditions de l'économie de marché. La conséquence est que, aujourd'hui, presque tous les journaux régionaux des nouveaux Länder sont des monopoles./i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb19" class="spip_note" rel="appendix" title="Michael Haller, « La presse en Allemagne », Communication Langages, (…)" id="nh19"19/a]/span Ce faisant, les journaux de l'est se greffaient sur une tendance déjà à l'œuvre à l'ouest depuis de longues années. Car dans l'économie de marché endogame de la presse allemande, la seule solution, toute relative, à la crise de la presse réside dans les concentrations, qui permettent de réduire les coûts par des économies d'échelle et des licenciements, au prix du pluralisme. Une carte dressée par Andrea Czepekspan class="spip_note_ref" [a href="#nb20" class="spip_note" rel="appendix" title="Andrea Czepek, op. cit., p. 143." id="nh20"20/a]/span des zones de monopole et des zones pluralistes prenant en compte les rédactions autonomes fait apparaître pour l'année 2009 une partition en à peu près deux parties, soit plus de la moitié de l'Allemagne sous monopole, et une partie où les habitants ont deux ou plusieurs sources d'information dans la presse quotidienne. Tendance qui s'est poursuivie avec la progression des concentrations./p /br div class='spip_document_16274 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/concentrationallemagne.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH336/concentrationallemagne-d947c.png?1762773647' width='500' height='336' alt='' //a /figure /div centersmallAndrea Czepek, op. cit., p. 143./small/center p/brstrongJean Pérès/strong/p hr class="spip" / p/brstrongAnnexe : Petit panorama de groupes de presse/strongspan class="spip_note_ref" [a href="#nb21" class="spip_note" rel="appendix" title="La plupart des informations sur les groupes de presse sont issues de leurs (…)" id="nh21"21/a]/span/p p/brAssez représentatif des processus de concentration dans la presse, le groupe Madsack s'est construit autour du principal quotidien de Hanovre, le iHannover Anzeiger/i, fondé en 1893. En 1937, Erich Madsack, propriétaire du groupe, adhère au parti nazi, le NSDAP. En 1943, le gouvernement national-socialiste fait fusionner le iHannover Anzeiger/i avec le iQuotidien de Basse Saxe/i (iNiedersächsischen Tageszeitung/i), si bien qu'au moment du retour aux affaires de Madsack, en août 1949, il est le premier quotidien de la région. En 1973, deux autres journaux de Basse Saxe sont acquis. Ainsi, pendant 80 années, le groupe Madsack s'étend sur le seul Land de Basse Saxe par achats successifs de plusieurs quotidiens./p pAprès la chute du mur cependant, Erich Madsack achète à d'autres groupes de presse (Springer, FAZ, Bertelsmann) des quotidiens importants dans le Schleswig Holstein, et aussi dans les Länder d'ex-RDA de Saxe et du Brandebourg. Enfin et surtout, en 2009, il achète la presse quotidienne de Springer (iLeipziger Volkes Zeitung/i, iLübecker Nachrichten/i, iKieler Nachrichten/i, iSegeberger Zeitung/i), devenant ainsi un acteur majeur de la presse également dans le Land de Schleswig Holstein. Il poursuit encore son extension en 2011 en pénétrant le Land de Brandebourg par le rachat du iMärkische Allgemeine/i, quotidien le plus lu de la région, au iFrankfurter Allgemeine Zeitung/i. Et in fine, Madsack achète à Bertelsmann en 2024 le DDV Medien Gruppe, avec notamment le iSächsische Zeitung/i et le iMorgenpost Sachsen/i, lui assurant une position dominante en Saxe. Une vingtaine de quotidiens répartis sur cinq Länder lui appartiennent désormais. Parallèlement, Madsack a acheté des journaux d'annonces, fait développer des applications numériques, fait produire des films et des reportages pour la télévision, proposé des services : portage, logistique, centres d'appel, publicité, et même du co-voiturage. En 2024, il compte 900 000 abonnés aux quotidiens pour un chiffre d'affaires de 780 millions d'euros (2022). Un des principaux actionnaires du groupe Madsack, pour 23,5 %, est la Deutsche Druck und Verlagsgesellschaft (DDVG), groupe de presse dont le propriétaire se trouve être le SPD, parti socialiste allemand. La DDVG, 8e groupe de presse du pays, possède aussi ses propres journaux et imprimeries. En 2004, son rachat du iFrankfurter Rundschau/i, quotidien d'audience nationale, fit grand bruit. Le SPD se défend de toute intervention sur la ligne éditoriale de ses publications, mais, en 2005, certains de ses membres auraient incité le iFrankfurter Rundschau/i à une critique plus féroce de son concurrent de la gauche radicale, Die Linke./p pLe groupe Funke (Funke Medien Gruppe) a une évolution très comparable à celle de Madsack à partir d'un autre land, la Rhénanie du Nord Westphalie. Journaliste, Jakob Funke adhère au NDSAP en 1941, et devient chef de bureau à l'agence de presse nazie. En 1948, à Essen, naît le quotidien iWestdeutsche Allgemeine Zeitung/i (WAZ), qui demeure aujourd'hui le deuxième quotidien allemand, après iBild/i, avec 20 éditions régionales. Erich Prost, journaliste résistant allemand est son premier propriétaire avec Jakob Funke. Dans les années 1970, quatre autres quotidiens de la même région seront acquis. Après la chute du mur, Funke récupère plusieurs quotidiens de Thuringe qu'il associe dans le iFunke Medien Thuringen/i, un des plus gros groupes de presse dans l'ex-RDA. Sa plus importante opération est l'achat en 2013 à Springer, pour 920 millions d'euros, de deux nouveaux quotidiens, le iBerliner Morgenpost/i, un des principaux quotidiens de la capitale, et le iHamburger Abendblat/i, ainsi que des magazines de télévision et des féminins. Si bien qu'en 2024, le groupe compte une vingtaine de quotidiens répartis sur cinq Länder. Le groupe Funke dispose également d'un pôle magazines et de prises de participation à l'étranger. Il compte aujourd'hui une quarantaine de magazines dans les domaines de la télévision, du style de vie, de la féminité, de la cuisine, etc., ce qui fait de lui un des premiers groupes européens en la matière. Il s'étend à l'étranger à partir de 1987, lorsqu'il prend 50 % du premier quotidien autrichien, iDie Krone/i (810 000 exemplaires en 2012) et en 1988, 49,4 % dans le iKurier/i (108 000 exemplaires en 2019), également autrichien. Il est également actif en Hongrie, Albanie, Croatie, et Russie. Comme le groupe Madsack, il s'étend aux marchés connexes des petites annonces et des offres digitales à l'intention des femmes, dans les domaines de la santé et de l'habitat, et anime en outre des stations de radio dans la Westphalie du Nord et un portail de vidéos à la demande (VOD). Avec 5 400 salariés et 1 700 journalistes (et 14 000 livreurs) pour un chiffre d'affaires de 1,13 milliards d'euros (2022), Funke Medien Gruppe ambitionne rien de moins que de devenir le premier groupe de médias allemand./p pD'autres groupes de presse se sont constitués à partir de magazines comme le groupe Bauer, né de l'imprimerie à la fin du XIXe siècle. Pendant la guerre, son propriétaire, Alfred Bauer, fut membre du parti nazi, qui lui a permis d'augmenter la diffusion de ses magazines. Le groupe a cumulé au fil du temps quelque 60 magazines en Allemagne, et plus de 500 dans d'autres pays à partir de la fin des années 1980. Par exemple, il achète en 2007 le groupe britannique Emap (magazines et radios) pour 1,58 milliard d'euros, ou encore, pour 407 millions d'euros, le plus important détenteur de magazines en Australie. Il possède également les deux principaux quotidiens de Saxe Anhalt. C'est l'un des plus grands groupes de presse européen, avec 15 000 salariés dans 12 pays et 2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. En France, Bauer possède quelques publications (iTélécâble Sat Hebdo/i, les magazines féminins iMaxi/i, iMaxi Cuisine/i, iJeux de Maxi/i)./p pLe groupe Burda est également issu de l'imprimerie à Offenburg (Bade Wurtemberg), au début du XXe siècle. Il prospère dans l'acquisition de magazines, notamment sous le nazisme, dont Hubert Burda est membre du parti. Actionnaire de Springer en 1983 (25 %), il bénéficie de dividendes très importants, mais échoue à en prendre le contrôle en 1988. Dès lors, il se rabat sur les magazines à forte diffusion (iBunte/i, iPlayboy/i-édition allemande, iElle/i-édition allemande), et crée iFocus/i, grand concurrent du premier magazine d'information iDer Spiegel/i. À partir des années 2000, le groupe étend son domaine aux activités digitales, dont il tire aujourd'hui plus de la moitié de ses revenus. Comme le groupe Bauer, il développe son activité dans 12 pays, dont la France avec iLe Nouveau détective/i, et 6 autres magazines de la filiale Burda Bleu. Il emploie 12 000 salariés, édite 444 magazines pour un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros (2023)./p pUnique en son genre, le groupe Axel Springer doit l'essentiel de sa prospérité au quotidien à sensation iBild Zeitung/i, premier journal européen en tirage. Il tire encore, malgré une baisse constante, à presque un million d'exemplaires. Son édition du dimanche (iBild am Sonntag/i) est le deuxième magazine allemand, et celui dédié aux femmes (iBild der Frau/i) le 5e, au sport, le 6e. En outre, le groupe Springer possède iDie Welt/i, un des plus importants quotidiens d'information. Après avoir vendu une partie de sa presse à Funke, Springer reste détenteur d'une trentaine de magazines, et de sites comme l'américain Politico (son plus gros investissement, un milliard d'euros) ou le français Marmiton. Le fonds d'investissement KKR (pour « Kohlberg Kravis Roberts Co »), l'un des plus importants du monde, est devenu en 2019 l'actionnaire majoritaire du groupe qui, en septembre 2024, se divise en deux entités autonomes : KKR récupère les sites d'annonces et Springer reprend toute la partie presse. Il conduit depuis quelques années une conversion de son empire de presse vers le numérique – en particulier les sites d'information en ligne – qui constitue la plus grande part de ses recettes et de ses bénéfices, respectivement de 3,9 milliards et 750 millions d'euros (2023), pour un effectif de 18 000 salariés./p pQuant au géant allemand des médias et de l'édition, Bertelsmann (145 000 salariés, CA de 13,8 milliards d'euros en 2021), il est d'abord une maison d'édition née en 1835. Le groupe s'est fortement enrichi au cours de la Deuxième Guerre mondiale grâce à une coopération étroite avec le régime nazi. « iBertelsmann s'était spécialisé dans la publication d'ouvrages à la gloire de la Wehrmacht. Une cinquantaine d'ouvrages littéraires (sur 1 200 publiés à l'époque) contenaient des attaques antisémites massives/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb22" class="spip_note" rel="appendix" title="« Le passé nazi de Bertelsmann avéré », Libération, 10 octobre 2002." id="nh22"22/a]/span. Son activité dans la presse débute en 1970, alors qu'il est déjà un des plus gros groupes de communication du monde. En achetant l'éditeur Grüner+Jahr, il acquiert un certain nombre de magazines, parmi lesquels on compte l'un des plus importants, iStern/i, dans l'information politique et générale, et iBrigitte/i, magazine féminin qui était alors le plus fort tirage en Allemagne (800 000 exemplaires), ainsi que de nombreux magazines dans d'autres pays. Il devient ainsi un des plus importants groupes de presse magazine d'Allemagne. Il possédait en France le groupe Prisma Presse, une quarantaine de titres (iGeo/i, iGala/i, iFemme actuelle/i, iVoici/i, iCapital/i…) qu'il a vendus à Bolloré en 2021. D'une manière générale, le groupe veut faire le ménage dans sa presse magazine en ne gardant que les titres les plus importants. En février 2023, Bertelsmann annonce la suppression de 700 emplois dans le pôle magazine, soit le tiers des effectifs./p pOn aura remarqué la notable quantité d'investissements des groupes allemands dans des entreprises étrangères, y compris en France, alors que les médias français restent, à de rares exceptions près, centrés sur l'hexagone. Une question de capacité capitalistique, sans doute, mais aussi le fait que les médias français qui sont aux mains d'industriels se soucient peu d'exercer une influence politique dans des pays étrangers, alors que les allemands y voient une occasion d'étendre leur empire et d'augmenter leurs profits sans enfreindre les lois allemandes anti-concentrations./p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanValérie Robert, iLa presse en France et en Allemagne. Une comparaison des systèmes/i, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2011, p. 52-53./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanValérie Robert, op. cit., p. 103-110./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanErhard Becker, « La presse allemande depuis 1945 » iin/i Henri Ménudier, iL'Allemagne occupée 1945-1949/i, Presses Sorbonne Nouvelle, 1989, p. 97-103./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanErhard Becker, op. cit./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanErhard Becker, op. cit./p /divdiv id="nb6" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /span« Allemagne de l'ouest : naissance d'une presse "alternative" contre les géants », a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1977/05/BECKER/34244" class="spip_out" rel="external"iLe Monde diplomatique/i, mai 1977/a./p /divdiv id="nb7" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanAxel Springer, qui passe pour un des moins compromis, et qui fut un des premiers à recevoir une licence des puissances occupantes, n'était pas membre du NSDAP, mais il était tout de même membre, à partir de 1934, de la NSKK, organisme paramilitaire qui recrutait ses membres sur la preuve de leur origine aryenne, et qui participa à la déportation de juifs./p /divdiv id="nb8" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanPareillement en France : on pense à Prouvost, au trust Hachette, et surtout à Robert Hersant, a href="https://www.acrimed.org/Petite-histoire-des-ordonnances-de-1944-sur-la"collaborateurs notoires devenus des magnats de la presse/a./p /divdiv id="nb9" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh9" class="spip_note" title="Notes 9" rev="appendix"9/a] /spanManfred Kötterheinrich, « Die Konzentration in der deutschen Presse », iin/i Harry Pross (dir.), iDeutsche Presse seit 1945/i, 1965, p. 78-79./p /divdiv id="nb10" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh10" class="spip_note" title="Notes 10" rev="appendix"10/a] /spanC'est ce qu'on appelle la « matrice » dans les années 1950 ou le « manteau » plus tard. Cette politique est a href="https://www.acrimed.org/La-mutualisation-en-marche-dans-le-groupe-EBRA"également suivie en France par le groupe EBRA/a./p /divdiv id="nb11" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh11" class="spip_note" title="Notes 11" rev="appendix"11/a] /spanCas limite de cette tendance, le iWestfalische Rundschau/i a vu sa rédaction centrale et ses rédactions locales supprimées en 2013 par le groupe Funke, et ses 120 journalistes licenciés. Seul le titre perdure, alimenté par d'autres instances du groupe et d'anciens concurrents locaux./p /divdiv id="nb12" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh12" class="spip_note" title="Notes 12" rev="appendix"12/a] /spanAndrea Czepek définit les différentes modalités de cette perte d'autonomie des rédactions : br class='autobr' / 1. Un journal distribue plusieurs « éditions locales » qui ne diffèrent que par le contenu de leurs actualités locales.br class='autobr' / 2. Une entreprise de presse possède plusieurs journaux portant des noms distincts, mais une salle de rédaction centrale produit les actualités nationales et internationales pour l'ensemble des titres. Seule la couverture des actualités locales est effectuée séparément.br class='autobr' / 3. Les journaux sont indépendants les uns des autres sur le plan économique, mais ceux de plus petite taille achètent leurs actualités nationales et internationales à un plus grand journal et n'exploitent qu'une salle de rédaction locale.br class='autobr' / Andrea Czepek, « La concentration de la presse écrite et le pluralisme en Allemagne », in Franck Rebillard et Marlène Loicq (dir.), « Pluralisme de l'information et imedia diversity/i », iCulture communication/i, 2013, p. 139./p /divdiv id="nb13" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh13" class="spip_note" title="Notes 13" rev="appendix"13/a] /span« Allemagne de l'ouest : naissance d'une presse "alternative" contre les géants », a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1977/05/BECKER/34244" class="spip_out" rel="external"iLe Monde diplomatique/i, mai 1977/a./p /divdiv id="nb14" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh14" class="spip_note" title="Notes 14" rev="appendix"14/a] /spanValérie Robert, op.cit., p. 60./p /divdiv id="nb15" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh15" class="spip_note" title="Notes 15" rev="appendix"15/a] /spanValérie Robert, op. cit., p. 65./p /divdiv id="nb16" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh16" class="spip_note" title="Notes 16" rev="appendix"16/a] /spanOp. cit., p. 61-63 et 72-73./p /divdiv id="nb17" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh17" class="spip_note" title="Notes 17" rev="appendix"17/a] /spanObservatoire du pluralisme, qui publie chaque année des a href="https://medienvielfaltsmonitor.de/" class="spip_out" rel="external"données actualisées sur les médias/a./p /divdiv id="nb18" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh18" class="spip_note" title="Notes 18" rev="appendix"18/a] /spanPour rappel, en France, le monopole régional est la règle, à de rares exceptions près./p /divdiv id="nb19" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh19" class="spip_note" title="Notes 19" rev="appendix"19/a] /spanMichael Haller, « a href="https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_1999_num_121_1_2940" class="spip_out" rel="external"La presse en Allemagne/a », iCommunication Langages/i, n°121, 1999, p. 15-26./p /divdiv id="nb20" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh20" class="spip_note" title="Notes 20" rev="appendix"20/a] /spanAndrea Czepek, op. cit., p. 143./p /divdiv id="nb21" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh21" class="spip_note" title="Notes 21" rev="appendix"21/a] /spanLa plupart des informations sur les groupes de presse sont issues de leurs sites ou des sites des journaux associés et de leurs fiches Wikipédia./p /divdiv id="nb22" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh22" class="spip_note" title="Notes 22" rev="appendix"22/a] /span« a href="https://www.liberation.fr/culture/2002/10/10/le-passe-nazi-de-bertelsmann-avere_418043/" class="spip_out" rel="external"Le passé nazi de Bertelsmann avéré/a », iLibération/i, 10 octobre 2002./p /div/div
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Faire remarcher des tétraplégiques : enquête sur les dérives éthiques des implants cérébraux | Malick Reinhard

Rezo.net - sam, 2025-11-08 16:42
Faire remarcher des tétraplégiques ? La promesse fascine le monde. Mais répond-elle à un besoin réel ou au fantasme des « valides » et à l'égo des chercheurs ? Dérives éthiques, discours contrôlés, gros sous… Enquête sur une science qui vise les étoiles, quand le quotidien, lui, reste sur terre. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/spip.php?page=rubriqueid_rubrique=0"Couper l'herbe sous les roues/a/b/div

Déluge de calomnies contre Mamdani, nouveau maire de New York

Acrimed : Action-Critique-Médias - ven, 2025-11-07 11:24
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH80/mamdani-e34f4.png?1762507500' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='80' alt="" / div class='rss_chapo'pMardi 4 novembre, le candidat démocrate Zohran Mamdani a été élu maire de New York. Un socialiste, qui plus est musulman, à la tête de la première place financière du monde ? Vent de panique dans l'éditocratie !/p/div div class='rss_texte'pLes mines sont défaites sur le plateau de Pascal Praud, mercredi 5 novembre (CNews, Europe 1). Le bandeau affiche « Un maire pro-palestinien élu à New-York » et le présentateur se lance dans le petit édito qui introduit chacune de ses émissions : « iL'élection de Zohran Mamdani à New York n'est pas une surprise…/i » soupire Praud, manifestement dépité, « ielle consacre un candidat socialiste […]. Mamdani est musulman, il se présente comme tel. […] Il condamne le 7 octobre du bout des lèvres, mais condamne aussi Israël, qu'il accuse d'apartheid…/i » Passée cette présentation sommaire, qui coche méthodiquement toutes les cases de la diabolisation, Praud tente, avec la même finesse d'analyse, une lecture sociologique de l'événement politique : « iLes bobos de New York ressemblent aux bobos de Paris/i » avance l'animateur, qui estime que cette « ijeunesse diplômée mais appauvrie […] est prête à tout, y compris la violence, pour faire changer les choses/i ». L'auditeur inattentif a peut-être perdu le fil à ce stade : la « iviolence/i » dont il est question ici est en réalité la victoire électorale d'un candidat démocrate dans une des villes les plus riches du monde./p /br h3 class='article_intertitres'« iUn candidat quasi-ouvertement antisémite/i »/h3 p/brLa suite de l'émission est à l'avenant : l'ancien député RN et chroniqueur Gilbert Collard affirme que « ic'est un vote qui va vers un candidat affiché comme antisémite/i ». « iOui, bien sûr/i, confirme Pascal Praud, iparce qu'il y a aussi ce vote communautaire !/i » Voilà l'analyse du vote « ibobo/i » complétée par un vote « icommunautaire/i » [des New-Yorkais musulmans, NDLR] que Pascal Praud relie tout naturellement à la question de l'antisémitisme. Le « ivote communautaire/i » et « iantisémite/i » attribué aux musulmans est un tel « ça va de soi » sur le plateau de CNews que personne ne le conteste : « iComme en France, l'antisémitisme est devenu un outil de conquête du pouvoir/i », abonde plutôt Éric Naulleau, qui voit deux visages chez Mamdani, l'un « isémillant/i » et l'autre « iinquiétant/i ». Mamdani est à la fois « ile représentant du communautarisme radical musulman/i », selon Gilbert Collard, et un militant pour les droits des personnes trans. Une contradiction apparente que Naulleau résout, comme d'habitude, par le soupçon de dissimulation de sa vraie nature, qu'il est devenu commun de prêter à n'importe quel musulman : « iIl y a de la taqiya chez cet homme, il faut bien le dire…/i »/p p« Un maire antisémite à New York ? », se demandait déjà Bernard-Henri Lévy dans son « bloc-notes », quelques jours plus tôt (iLe Point/i, 29/10). Le point d'interrogation ne portait pas sur l'antisémitisme de Zohran Mamdani, qui ne fait aucun doute dans son papier, mais plutôt sur l'éventualité de sa victoire : « iLes jeux, bien sûr, ne sont pas faits/i, écrit le « philosophe », mais « ice serait une date noire pour les Juifs de New York/i ». « iSa victoire serait un signal d'alerte pour les juifs new-yorkais ?/i », demande le journaliste Steve Nadjar sur Radio J (3/11). « iBien sûr, bien sûr,/i lui répond Christophe Barbier, imais d'ailleurs, une partie de la communauté juive est favorable à ce candidat, parce qu'ils voient le démocrate, avant de voir l'antisioniste soupçonné, et soupçonné à juste titre !/i » Soupçonné de quoi ? Barbier ne le dira même pas, puisque c'est un autre « ça va de soi ». Dans iLe Point/i, Frantz-Olivier Giesbert explose de rage (5/11) :/p blockquote class="spip" pL'ignardise et le panurgisme sont devenus les deux mamelles de notre époque. C'est ainsi que, selon les sondages, 16 % des Juifs de New York s'apprêtaient, avant le vote de mardi, à voter pour Zohran Mamdani, candidat quasi ouvertement antisémite à la mairie de la ville. Si ce n'est pas de l'inconscience ou de la haine de soi, c'est de la bêtise./p /blockquote pL'éditorialiste du iPoint/i, qui pense voir un candidat « iquasi ouvertement antisémite/i », se croit donc autorisé à prescrire un comportement électoral en fonction d'une appartenance religieuse, et parle de « ihaine de soi/i » pour les juifs qui ne s'y conformeraient pas. Des esprits taquins pourraient voir dans cette mobilisation de la figure du « juif honteux » un trope antisémite classique. Mais FOG n'est pas le seul à se permettre cette audace. Dans un trop long (et laborieux) portrait, iCauseur/i prévient : « iSi beaucoup de juifs de New York […] partagent certaines positions progressistes, l'élection de Zohran Mamdani à la mairie, [aura] des conséquences inévitables au sein, et peut-être à l'encontre, de cette communauté./i » Le magazine d'extrême droite décrit Mamdani comme un « imarxiste-léniniste/i », « iun narcissique déraciné de naissance/i », « iqui n'est chez lui nulle part/i »… Et les esprits les plus taquins pourraient voir ici un autre trope raciste, d'ailleurs souvent dirigé contre les juifs. Le journal iFranc-Tireur/i cotise également (29/10), avec un « portrait qui fâche », dans lequel Mamdani est décrit comme un « iproche des mouvements fréristes/i », qui « iaffiche fièrement son islamogauchisme/i », « iprototype chimiquement pur de la gauche woke et pastèque/i », et « icandidat intifada/i », rien que ça. Des éléments qui seront recyclés à l'antenne de LCI par Abnousse Shalmani (5/11), qui parle elle aussi d'un « iproche des frères musulmans/i », qui « iporte avec morgue le discours antisioniste et antisémite/i », derrière une façade sympathique : « iEn résumé, Mamdani ratisse large tout en sourire et en volonté de faire payer les riches pour assurer une vie paradisiaque aux pauvres… Je rappelle pour les distraits que cette grande idée a souvent fini dans des charniers…/i »/p p« iFrériste/i », « iquasi ouvertement antisémite/i », « iislamogauchiste/i », « imusulman/i » : la chroniqueuse Céline Pina en avait assez pour conclure et va décrocher haut la main, et en un seul tweet, la palme de l'ignominie raciste : « iNew-York s'est donné à un islamiste/i », écrit-elle en partageant un montage qui rapproche une photo de Mamdani et les attentats du World Trade Center, surmonté de ce commentaire : « 2001, n'oublions jamais – 2025, nous avons oublié ». Un dérapage authentiquement raciste, qui consiste (parce qu'il est musulman) à assimiler Mamdani à un terroriste./p /br div class='spip_document_16271 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/celinepina.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH593/celinepina-402f1.png?1762505959' width='500' height='593' alt='' //a /figure /div p/brL'œuvre a eu l'air de plaire à sa consœur, Tristane Banon, chroniqueuse régulière sur France Info et membre de la clique iFranc-Tireur/i, qui s'est empressée de la repartager… avant de la retirer face au tollé, tout en réitérant son amalgame raciste : « iJ'ai retiré mon post, car si l'image est trop forte, et choque même ceux qui savent parfaitement les accointances de Zohran Mamdani avec l'islamisme, c'est qu'elle est mauvaise. Il faut savoir admettre ses erreurs…/i » La petite sphère printaniste s'était visiblement repassé le motspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Caroline Fourest étant également de la partie. Lire « En France aussi, la (…)" id="nh1"1/a]/span, puisque l'inénarrable Florence Bergeaud-Blackler ira aussi de sa comparaison avec le 11 septembre : « iLa victoire de Zohran Mamdani est celle de la vision d'Edward Said, du postcolonialisme et de l'antisionisme. Certains s'en réjouissent, les tours jumelles retombent./i »/p /br h3 class='article_intertitres'« iCe serait un jour noir pour les juifs de New York./i »/h3 p/brMais « l'antisémitisme » de Mamdani n'est pas une évidence que dans les éditos bourrins des chaînes d'infos, dans les blocs-notes des magazines réactionnaires de milieu de semaine, ou dans les tweets de fin de soirée d'une éditorialiste d'extrême droite. C'est un lieu commun que l'on peut également entendre dans des salons plus feutrés, comme dans « C ce soir », l'émission de France 5 présentée ce soir-là par Camille Diao (4/11). La séquence vaut le coup d'être citée en longueur, puisqu'elle déplie (et démonte, pour une fois) l'un des petits arrangements avec la vérité sur lesquels s'appuie l'éditocratie pour peindre Mamdani en candidat « quasi ouvertement antisémite » :/p blockquote class="spip" pstrong- Laure Adler :/strong Il a dit des choses très ambiguës quand même sur Israël, il a fait des déclarations quand même absolument consternantes…/p pstrong- Lumir Lapray/strong (« activiste ») strong :/strong Lesquelles ?/p pstrong- Laure Adler :/strong Ben, quand il a parlé du « talon de la police de New York qui était lacée par l'État d'Israël », je ne sais pas comment il faut comprendre ça si ce n'est comme une remarque antisémite ! En tout cas plus qu'ambiguë…/p pstrong- Lumir Lapray :/strong Alors j'avoue que je n'ai pas…/p pstrong- Laure Adler :/strong Si si, ben alors j'vous montrerai, mais ça a été dans tous les journaux, à la Une de tous les journaux…/p pstrong- Gallagher Fenwick/strong (journaliste américain) strong :/strong La citation exacte c'est « iQuand le pied de la NYPD est sur votre cou, la chaussure qui est sur ce pied est lacée par l'armée israélienne…/i »/p pstrong- Laure Adler :/strong Et ben vous appelez ça comment ?/p pstrong- Gallagher Fenwick :/strong C'est une réalité. C'est qu'il y a une coopération entre la police new-yorkaise, qui fait des entraînements avec l'armée israélienne. Ils collaborent ensemble régulièrement sur des exercices, ce sont des faits, qui sont documentés, qui sont connus… Il s'est expliqué à de multiples reprises sur cette citation…/p /blockquote pLa réponse installe un silence sur le plateau : les « iUnes des journaux/i » qui qualifiaient Mamdani d'antisémite sur la base de cette affirmation étaient apparemment parvenues jusqu'à Laure Adler… mais pas les multiples explications de l'intéressé à propos de cette citation reprise à l'envi, qui se fondait donc sur des faits a href="https://documentedny.com/2018/09/12/report-criticizes-nypd-collaboration-with-israel/" class="spip_out" rel="external"parfaitement établis/a./p pCe qui n'empêchera pas BHL de répéter ce demi-mensonge à l'antenne de RTL (5/11) : « iVous dites que Zohran Mamdani est un antisémite, qu'est-ce qui vous fait dire ça ?/i », lui demande Anne-Sophie Lapix. « iSes propres déclarations !/i » répond BHL en étouffant un sourire, « ipar exemple, […] quand il déclare que lorsqu'un New-Yorkais sent sur la nuque la botte d'un policier du NYPD, cette botte a été lacée par l'armée israélienne/i ». Cette fois, l'interprétation fallacieuse ne rencontrera pas de contradiction./p pDans un salon encore plus feutré, la matinale de France Culture, une autre intox venue d'Amérique est arrivée aux oreilles de Guillaume Erner, qui la reprend à son compte dans sa première question à son invitée, la chercheuse Ludivine Gilly (5/11) : « iLe communiste Mamdani, je dis communiste, parce que c'est comme ça que le qualifie Trump…/i » – et que c'est donc une raison suffisante pour le répéter. Erner se fait ensuite l'écho d'autres « icritiques virulentes/i » portées contre Mamdani par ses adversaires : « ianti-police/i », « iantisémite supposé/i ». Où l'on remarque que l'assaut éditorial contre le nouveau maire de New York n'est en fait qu'un pâle décalque de celui qu'a pratiqué pendant des mois la presse américaine, où le « isurnom de communiste [est une insulte]/i », rappelle iLe Monde/i (5/11)./p p« iMême le très démocrate "New York Times" a publié des articles peu flatteurs et n'a pas endossé sa candidature/i », résume sobrement Solveig Godeluck dans iLes Échos/i (3/11), qui rappelle que le tabloïd de Rupert Murdoch iThe New York Post/i « ia appelé à voter contre "le socialiste radical, antisémite"/i » et « ia pilonné le candidat avec des couvertures/i ». Le jour de la victoire du candidat socialiste, le tabloïd ne s'est d'ailleurs pas embarrassé de subtilités et a titré « The Red Apple », en plaçant une faucille et un marteau entre les mains de Zohran Mamdani dans un montage grossier./p /br div class='spip_document_16270 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/newyorkpost.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH553/newyorkpost-b1348.png?1762505959' width='500' height='553' alt='' //a /figure /div centersmalliNew York Post/i, 5 novembre 2025./small/center p/brQuelques jours plus tôt, le iWall Street journal/i avait publié une tribune de BHL (29/10), qui y avait répété son adage : « iCe serait un jour noir pour les juifs de New-York./i »/p /br centerstrong***/strong/center p/brLe torrent de boue qui a déferlé dès que l'élection du candidat socialiste à la mairie de New York a semblé se préciser n'était pas inédit. En juillet déjà, alors que Mamdani remportait la primaire démocrate, le magazine iRolling Stones/i, remarquait (2/07) : « iPour obtenir l'investiture démocrate à la mairie de New York, le jeune musulman progressiste a été confronté à une déferlante de désinformation haineuse./i » L'article du magazine new-yorkais, connu pour son top 100 du rock'n'roll, était sobrement a href="https://www.rollingstone.com/politics/politics-features/zohran-mamdani-misinformation-antisemitism-1235376681/" class="spip_out" rel="external"titré/a : « Démontage de toutes les con*eries concernant Zohran Mamdani ». Il est amusant d'y retrouver toutes celles entendues dans le débat français : « iMamdani n'est pas un communiste/i », « iMamdani n'a aucun lien avec le 11 septembre ni avec le terrorisme/i », « iMamdani n'a jamais rien dit ou fait d'antisémite/i » liste le magazine, en repartageant son enquête (4/11). De la même façon, le service Checknews de iLibération/i (6/11) a href="https://www.liberation.fr/checknews/le-nouveau-maire-de-new-york-zohran-mamdani-est-il-proche-des-freres-musulmans-20251105_JVS5EX4ENBF7RPMLTPJ3KYJTMA/" class="spip_out" rel="external"s'est attelé au démontage/a du « portrait qui fâche » de iFranc-Tireur/i et aux rumeurs de proximité avec « les frères musulmans » qui étaient, surprise, le résultat d'amalgames et d'approximations. Une nouvelle fois, on a pu constater que le « débunk », s'il était salutaire sur le fond, était cependant impuissant pour empêcher une nouvelle déferlante. Nous le savons à force de le documenter : ce n'est pas le « bullshit » qui arrête l'éditocratie./p p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanCaroline Fourest étant également de la partie. Lire « a href="https://www.mediapart.fr/journal/politique/061125/en-france-aussi-la-peur-du-grand-mechant-mamdani" class="spip_out" rel="external"En France aussi, la peur du grand méchant Mamdani/a », Mediapart, 6/11./p /div/div
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Zohran Mamdani, après son élection à la mairie de New York

Rezo.net - jeu, 2025-11-06 20:32
L'arrivée de Zohran Mamdani, membre des Démocrates socialistes d'Amérique (DSA) à la mairie de New York va susciter beaucoup d'attentes, espérons qu'elles ne soient pas déçues et qu'elles contribuent à une authentique contre-offensive face à Trump, au 1% et à l'extrême-droite en général. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/cadtm"CADTM/a/b/div

Israël/Palestine : « La colonisation reste le grand impensé du cadrage médiatique »

Acrimed : Action-Critique-Médias - jeu, 2025-11-06 11:36
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH75/tsedek-9fc85.png?1762421806' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='75' alt="" / div class='rss_chapo'pEntretien avec Elie Duprey, porte-parole du collectif Tsedek./p/div div class='rss_texte'p/brstrongAcrimed : Qu'est-ce qui a motivé la création de Tsedek en juin 2023 ? Peux-tu nous parler de ses objectifs et des grands principes de a href="https://tsedek.fr/" class="spip_out" rel="external"son manifeste/a ?/strong/i/p pstrongElie Duprey :/strong Tsedek naît après une décennie 2010 qui a connu d'importants bouleversements aussi bien dans le mouvement de soutien à la Palestine que dans l'antiracisme politique. Est apparue une critique radicale de ce qu'avaient été les principales organisations de l'antiracisme en France, incarnées notamment par SOS Racisme. Au cours de cette décennie, la seule organisation juive à avoir participé à ces mobilisations a été l'Union juive française pour la paix, dans la continuité de laquelle on s'inscrit. La plupart de nos fondatrices et fondateurs sont d'ailleurs d'anciens militants de l'UJFP. Pourquoi a-t-on décidé de créer un nouveau collectif ? Il y a des raisons générationnelles et aussi parce qu'à nos yeux, l'UJFP était avant tout un mouvement antisioniste tandis que nous, on se pense avant tout comme un mouvement antiraciste. Il y a une autre distinction entre nous et l'UJFP, qui tient à la logique communautaire que nous revendiquons, l'UJFP étant une organisation beaucoup plus laïque. Comme on s'est constitués peu de temps avant le 7 octobre 2023, on a été amenés à beaucoup intervenir sur l'actualité en Palestine, mais l'idée est qu'on porte aussi des combats qui aillent au-delà de la seule dénonciation du sionisme./p p/brstrongVotre collectif est beaucoup intervenu publiquement sur la Palestine depuis deux ans mais les grands médias n'ont pas beaucoup – voire pas du tout – fait connaître vos positions. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur vos rapports aux rédactions et sur cette quasi-absence de médiatisation ?/strong/p pIl faut déjà différencier selon les différents types de médias. Pour ce qui est des grands médias mainstream, les grandes chaînes d'info ou les grands journaux, on fait l'objet d'une invisibilisation quasi complète, à l'image de la gauche radicale et du mouvement de soutien à la Palestine de manière générale, qui ne sont évoqués que pour être diabolisés, criminalisés. Sauf erreur de ma part, je crois qu'on n'a eu qu'une seule invitation de notre porte-parole sur BFM-TV. C'était en visio, il a parlé 30 secondes, il a été coupé et pour finir, son micro a été baissé. Ceci dit, au vu de la radicalité du discours qu'on porte, qui n'a tout simplement pas droit de cité, on n'attend pas grand-chose des grands médias. L'antisionisme y est quasiment absent et on voit bien que des positions comme celles de La France insoumise, qu'on peut juger satisfaisantes sur la dénonciation du génocide, mais assez modérées sur l'antisionisme, sont déjà très criminalisées dans ces espaces-là. Donc nous qui portons des positions plus radicales, ce n'est pas surprenant qu'on soit invisibilisés. On a aussi reçu plusieurs invitations sur i24News, auxquelles on n'a pas donné suite parce qu'on estimait que le dispositif ne serait sans doute pas propice à ce qu'on avait envie d'exprimer... Pour ce qui est des « gros » médias indépendants, ça dépend un peu des cas, certains nous invitent régulièrement comme Blast et Le Média. Mais pour ce qui est de Mediapart ou d'Arrêt sur images, c'est plus ponctuel et c'est toujours dans des dispositifs de débat contradictoire : on ne va jamais nous laisser la parole pour exprimer nos positions, on est toujours face à des voix juives qu'on qualifierait de « sionistes de gauche ». Enfin, on a quand même accès à des médias indépendants « de niche » : on est par exemple très proches de Paroles d'honneur sur Twitch. Enfin, j'insiste sur le fait que si Tsedek est invisibilisé, c'est quand même peu de choses au regard de l'invisibilisation d'autres collectifs, au premier rang desquels Urgence Palestine. Le fait que Mediapart – dont je parle singulièrement parce que j'en attends plus que de BFM-TV – n'ait pas une seule fois invité le porte-parole d'Urgence Palestine est, par exemple, très significatif. Surtout quand dans le même temps, ils produisent quantité d'émissions et d'articles sur « la solitude des juifs de gauche ». C'est aussi quelque chose qui participe du racisme anti-palestinien et de l'invisibilisation des Palestiniens./p p/brstrongComment vous l'expliquez ?/strong/p pLes Palestiniens ne sont généralement perçus que comme une cause humanitaire, c'est-à-dire comme des gens dont on peut déplorer le fait qu'ils soient affamés, mais qu'on ne considère pas comme des acteurs à part entière, dotés d'une agentivité propre. Quand on pense au degré de haine que suscite Rima Hassan dans les médias, alors que c'est une juriste en droit international, d'un calme olympien, modérée, ça nous donne une idée de la perception qu'ils peuvent avoir d'un mouvement comme Urgence Palestine, qui incarne une position plus radicale. Il n'en reste pas moins que c'est le principal mouvement au cœur des mobilisations en faveur de la Palestine en France, créé et animé par des membres de la diaspora palestinienne. Le fait qu'on ne les voie nulle part, y compris dans des médias de gauche, c'est un vrai problème politique. Et le fait qu'on parle plus de Tsedek que d'Urgence Palestine l'est également./p p/brstrongPeux-tu nous en dire un peu plus sur vos rapports avec les « gros » médias indépendants et ce que vous reprochez aux dispositifs dans lesquels vous êtes parfois intervenus ?/strong/p pSur Mediapart, le dispositif était très défavorable. C'était une émission qui s'est tenue pas très longtemps après le 7 octobre 2023 et l'un de nos camarades est tombé dans un traquenard si j'ose dire : un « quatre contre un », avec des personnes très hostiles face à nous. Mediapart est un média important au sein de la gauche et pour nous, il y a un enjeu à y aller, donc c'était tout à fait logique qu'on réponde favorablement à cette émission. Mais on n'avait pas conscience que le dispositif serait aussi déséquilibré. D'après ce qu'on sait et de ce qu'on comprend, il y a quand même des différences de ligne au sein de la rédaction dans la manière dont ils nous perçoivent. Certains sont en accord avec ce qu'on porte, tandis que d'autres sont beaucoup plus réservés, davantage sur une ligne « sioniste de gauche ». Il y a eu, ensuite, un article qui présentait les différentes facettes des « juifs de gauche », une catégorie confuse de notre point de vue, qui n'a pas grand sens, mais que Mediapart affectionne tout particulièrement. On avait accepté de répondre aux questions pour un premier papier là-dessus. Dernièrement par contre, Mediapart nous a de nouveau sollicité pour répondre à des questions sur « le sentiment d'abandon des juifs de gauche », dont je parlais précédemment, et on leur a dit que le cadrage ne nous convenait pas, mais qu'on était prêts à s'exprimer sur un cadrage plus pertinent. Ils n'ont pas donné suite./p p/brstrongEt s'agissant d'Arrêt sur images ?/strong/p pL'émission qu'on a faite était plus équilibrée. On était face au rabbin Émile Ackermann, qui ne partage pas nos positions, et Paul Aveline, le journaliste en plateau. Mais on a aussi eu des petites tensions avec ce média à la suite de a href="https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/antisemitisme-analyse-dun-deni-a-gauche" class="spip_out" rel="external"leur émission sur l'antisémitisme à gauche/a, qu'on a jugée problématique eu égard au cadrage, à la composition du plateau, et qui a donné lieu à a href="https://www.youtube.com/watch?v=F_qt3E3LxmI" class="spip_out" rel="external"une réaction de notre part dans une émission sur le média Paroles d'honneur/a. Et par ailleurs, c'est vrai que nous n'avons pas eu de dispositif comparable à celui dont a bénéficié Arié Alimi, un des membres fondateurs de Golemspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Un collectif créé au lendemain du 7 octobre 2023, qui se définit comme un « (…)" id="nh1"1/a]/span, qui incarne le sionisme de gauche, c'est-à-dire un entretien seul en plateau face à un journaliste, comme ce qu'on a pu avoir sur Le Média./p p/brstrongPour en revenir aux médias mainstream, si vous n'y avez pas la parole, en revanche, on parle régulièrement de vous… et en général de manière assez péjorative./strong/p pAprès une première phase d'invisibilisation, il y a eu effectivement toute une séquence où on nous a consacré un certain nombre de papiers dans iMarianne/i, iL'Obs/i, iFranc-Tireur/i, notamment lorsqu'on a organisé avec les camarades de l'UJFP un colloque à l'occasion des 80 ans de la libération d'Auschwitz sur le fait génocidaire à travers l'histoirespan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="On peut retrouver la retransmission de ce colloque sur la chaîne YouTube de (…)" id="nh2"2/a]/span. Ce colloque a donné lieu à beaucoup d'articles en très peu de temps, comme un article assez ignoble dans iMarianne/i signé Rachel Binhas, qui travaille aussi pour iValeurs actuelles/i et CNewsspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="« "Gaza va supplanter Auschwitz en termes de cruauté absolue" : quand des (…)" id="nh3"3/a]/span. Dans iL'Obs/i, il y avait eu auparavant un article de Brigitte Stora et une interview de Jonas Pardo et Samuel Delorspan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="« Des juifs "innocents" ou la caution juive des antisémites, par Brigitte (…)" id="nh4"4/a]/span, tous deux membres de Golem. On a demandé à iL'Obs/i a href="https://tsedek.fr/2024/12/14/droit-de-reponse-a-jonas-pardo-paru-le-14-decembre-2024/" class="spip_out" rel="external"un droit de réponse, qu'on a obtenu/a, et un autre à iMarianne/i, qui ne nous l'a pas accordé. Dans toute cette séquence médiatique, soit on a nié notre judéité – iFranc-Tireur/i a titré « Juifs mais pas trop ! » à notre propos, ce qui est à nos yeux un titre antisémite –, soit on nous a accusés d'être des « cautions juives des antisémites », des « Juifs de service », des « Juifs d'exception », etc. Suite à ça, on a publié a href="https://www.lemediatv.fr/articles/2025/les-juifs-antisionistes-sont-ils-encore-des-juifs-mise-au-point-sur-la-campagne-antisemite-qui-nous-vise-K2b5tUlRTtqO-OrKub43Aw" class="spip_out" rel="external"une tribune dans Le Média/a et iL'Humanité/i, dont l'enjeu était de faire apparaître ce qu'on appelle l'arc sioniste, qui va du « sionisme de gauche » jusqu'au suprémacisme assumé en passant par le sionisme plus institutionnel comme peut l'incarner le Crif./p p/brstrongEt à part publier des papiers pour vous attaquer, est-ce que les grands médias ont rendu compte du colloque en question sur les 80 ans de la libération d'Auschwitz, de ce qui y a été dit, des intervenants ?/strong/p pNon, effectivement. La seule intervention du colloque qui a suscité un commentaire de leur part était un échange entre Eyal Sivan et Rony Brauman autour de leur documentaire sur Eichmann, qu'on avait projeté en introduction du colloque. Au cours de cet échange, Rony Brauman a prononcé une phrase qui a été coupée, montée, etc., et reprise partout pour montrer à quel point on était des négationnistes. C'est notamment le cœur du papier de iMarianne/i que de dire que Rony Brauman salit la mémoire d'Auschwitz. Mais je ne pense pas qu'ils se soient embêtés à regarder ce qui s'est dit dans le reste du colloque, et de fait, ils n'en ont pas parlé. Ils ont juste pris cet extrait qui a tourné sur les réseaux sociaux et ils l'ont commenté, comme ils font généralement./p p/brstrongOn a aussi remarqué que vous étiez régulièrement cités dans des articles évoquant des « polémiques », souvent outranciers et confus, portant sur le mouvement de solidarité avec la Palestine. On pense à ces titres de pseudo enquêtes sur « les réseaux à l'œuvre derrière les mobilisations propalestiniennes » ou « la nébuleuse qui défie la République ». Qu'est-ce que vous pensez de ce type de cadrage et de la couverture qui vous y est réservée ?/strong/p pÇa illustre assez bien la manière dont la question palestinienne est abordée dans les médias dominants depuis le 7 octobre 2023, en termes de « choc des civilisations », de lutte du « bien » contre le « mal », de « la seule démocratie de la région contre les terroristes du Hamas ». Cette vision de la situation en Palestine est vraiment liée aux dynamiques propres au champ politique français. Ce sont des dynamiques qui sont antérieures mais qui se sont accélérées depuis le 7 octobre 2023. On assiste à une recomposition du champ politique avec, d'un côté, l'exclusion de la gauche du champ républicain, LFI étant qualifiée de « premier parti antisémite de France », notamment en raison de son soutien à la Palestine et plus généralement, de sa lutte contre l'islamophobie, et, de l'autre côté, la réinscription de l'extrême droite dans cet arc républicain « raisonnable ». C'est comparable à ce qui est arrivé autour de Corbyn au Royaume-Uni : une campagne qui a permis de délégitimer la gauche et, au contraire, de légitimer l'extrême droitespan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire « Du Labour de Corbyn à LFI de Mélenchon, les médias contre la gauche (…)" id="nh5"5/a]/span. Tout le traitement de la question palestinienne est informé par ces enjeux intérieurs de recomposition du champ politique français, même s'il y a eu différentes phases. Dans les mois qui ont suivi le 7 octobre 2023, qui a été présenté comme un « pogrom antisémite » et comme « le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah », prévalait uniquement la condamnation du Hamas et le refus de toute politisation, de rappel du contexte, de réinscription de cet événement dans l'histoire plus large de la colonisation de la Palestine. Et puis, au fur et à mesure que la monstruosité des crimes israéliens était de plus en plus évidente, qu'il était de plus en plus difficile de nier qu'un génocide est mené par Israël, il y a quand même eu une évolution./p p/brstrongPar bien des aspects, le changement est très relatif et finalement assez cosmétique…/strong/p pOui, oui, quand je dis « évolution », je ne dis pas qu'il y a une amélioration ! La question de la colonisation reste notamment le grand impensé du cadrage médiatique. Mais en tout cas, j'ai l'impression que les arguments moraux qui étaient très présents au début sur « le droit d'Israël à se défendre » sont quand même moins systématiquement rabâchés comme des évidences. On est passés d'« Israël démocratie attaquée par l'hydre terroriste » à « la vilaine extrême droite israélienne qui commet des exactions très regrettables ». Aujourd'hui, le soutien inconditionnel à Israël, qui était une exigence pour l'intégralité des champs politique et médiatique français à l'exception de LFI le 8 octobre, ne peut plus être affirmé en ces termes. Il y a quand même la critique de Netanyahou, la dénonciation de l'extrême droite israélienne avec la mise en lumière, à mon avis très excessive, des mouvements de contestation de Netanyahou au sein même de la société israélienne./p p/brstrong« Très excessive » en quel sens ? Peux-tu développer un peu plus cette question de la médiatisation des mobilisations au sein de la société israélienne ?/strong/p pElles sont mal médiatisées ! Régulièrement, les manifestations contre Netanyahou sont présentées comme la preuve que la société israélienne n'est pas réductible à sa politique criminelle alors qu'en réalité, la plupart de ces manifestations sont des protestations contre la manière dont Netanyahou mène la guerre, pas contre la légitimité de la guerre, et encore moins contre la colonisation de la Palestine ou le sort réservé aux Palestiniens. Ce qui est beaucoup reproché à Netanyahou par ceux qui manifestent – parfois massivement – en Israël, c'est de ne pas avoir su protéger Israël, d'avoir laissé commettre le 7 octobre 2023 et de ne pas avoir été en mesure de faire revenir les otages israéliens vivants. Les médias en France évoquent « les gentils » qui sont pour la paix d'un côté contre « les méchants suprémacistes » (Netanyahou, Smotrich et Ben Gvir) de l'autre./p p/brstrongComment expliques-tu cette déformation du réel, alors qu'il existe des interlocuteurs très au fait des réalités de terrain au sein de la société israélienne ? Des chercheuses comme Karine Lamarche et Nitzan Perelman-Becker par exemple, mais aussi des journalistes comme Sylvain Cypel, qui a été rédacteur en chef du iMonde/i, pour ne citer qu'eux : autant d'interlocuteurs accessibles, qui s'expriment, écrivent des livres, interviennent publiquement et tiennent un discours alternatif…/strong/p pJe pense que le cœur de cet aveuglement médiatique, c'est le refus de penser la question palestinienne comme une question coloniale. Pas colonial dans le sens où la Cisjordanie et Gaza sont des territoires colonisés, mais au sens où l'intégralité d'Israël et du processus sioniste sont des projets coloniaux. Ça n'est dit dans aucun média mainstream. Or, c'est impossible de penser la situation si on ne garde pas ça à l'esprit. Et c'est pour ça que les positions antisionistes n'ont droit de cité nulle part : la position acceptable la plus radicale, c'est celle qui est en faveur de la solution à deux États, donc qui déplore les excès de la colonisation en Cisjordanie et à Gaza, mais qui ne touche pas au cœur du projet israélien, qui est la constitution d'un État suprémaciste juif sur une partie de la Palestine historique. La personnalité qui a les positions les plus radicales et qui est de temps en temps invitée dans les médias, c'est Rony Braumanspan class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire « Israël-Palestine : "Le plus révoltant, c'est la différence de (…)" id="nh6"6/a]/span. D'ailleurs, il y a quelques jours, quand il a mis sur le même plan le Hamas et le gouvernement israélien sur un plateau télé, ça a provoqué un scandale instantané et les journalistes en plateau étaient traumatisés de ce culot./p p/brstrongOn voulait aussi connaître votre point de vue sur le concept de « civilisation judéo-chrétienne », qui a été beaucoup mobilisé à l'appui du récit médiatique dominant, dans la même veine que le « choc des civilisations » que tu évoquais un peu plus tôt./strong/p pPour le comprendre, il faut faire un détour par le concept de « philosémitisme », très pertinent pour percevoir ce qui se joue en France et en Occident de manière plus générale. Ce qu'on entend par philosémitisme, c'est une forme d'altérisation des Juifs qui est inverse de celle de l'antisémitisme traditionnel. Alors que l'antisémitisme construit une figure du Juif dangereux, qui menace les valeurs de la blanchité et de la chrétienté, le philosémitisme construit une figure du Juif comme compatible avec les valeurs de la blanchité. C'est un mécanisme que l'on peut voir à l'œuvre dans d'autres formes de racisme, par exemple lorsqu'on qualifie les populations asiatiques de « travailleuses » et « discrètes » par rapport à d'autres : c'est aussi une forme de racisme. Le fait de constituer des minorités modèles, c'est même un classique du racisme. Le philosémitisme a existé avant la seconde guerre mondiale de manière ponctuelle, avec notamment le décret Crémieux [promulgué en 1870, NDLR] qui a accordé la nationalité française aux Juifs d'Algérie, tout en maintenant les Algériens musulmans sous le régime de l'indigénat, avec l'idée de diviser pour mieux régner. Mais c'est vraiment devenu le mode de relation privilégié de l'Occident à la question juive après la seconde guerre mondiale pour qu'il parvienne à digérer sa participation au génocide des Juifs. Et sur un plan géopolitique, ça s'est exprimé par un fort soutien à Israël, jusqu'à aujourd'hui, et, pour en revenir à votre question, par la mise en avant de « la civilisation judéo-chrétienne », alors même que c'est l'Occident qui, pendant des siècles, a minorisé, racialisé, persécuté et génocidé les Juifs. Dans cette « civilisation judéo-chrétienne », les Juifs se trouvent donc ralliés à l'Occident face à un nouvel ennemi commun, qui est évidemment le monde musulman./p p/brstrongDans les grands médias, on entend aussi beaucoup parler du « nouvel antisémitisme ». Qu'est-ce que ça signifie et même si tu viens d'esquisser un début de réponse, peux-tu expliquer davantage comment ça s'imbrique avec le concept de philosémitisme ?/strong/p pC'est absolument central dans le traitement de l'antisémitisme, au point qu'il en efface toute autre forme. Le « nouvel antisémitisme », c'est une théorie raciste qui avance l'idée que l'antisémitisme traditionnel porté par l'extrême droite et les nationalistes n'existerait plus et qu'aujourd'hui, la principale menace qui pèserait sur les Juifs serait le fait de l'immigration post-coloniale et de ceux qui les défendent, c'est-à-dire globalement la gauche et les mouvements antiracistes. C'est un concept qu'Israël met en avant depuis les années 1970, mais ça a été largement popularisé depuis les années 2000 au niveau international, et notamment en France par des intellectuels réactionnaires comme Taguieff, Finkielkraut, etc. Et là, on a vu que depuis le 7 octobre 2023, la question de l'antisémitisme, qui est devenue absolument centrale dans le débat médiatique, est intégralement informée par l'idée de ce « nouvel antisémitisme ». Je pense par exemple à une réaction très saisissante il y a quelques jours : quand l'arbre planté en hommage à Ilan Halimi à Épinay-sur-Seine a été abattu, alors qu'on n'avait aucune information sur qui avait commis cet acte, ni dans quel esprit, plein de personnalités ont fait d'emblée le lien avec la question palestinienne, en disant que les droits des Palestiniens ne pouvaient justifier un tel acte. La mise en avant de ce « nouvel antisémitisme » permet de totalement passer sous silence la persistance de l'antisémitisme traditionnel de l'extrême droite./p p/brstrongTu évoquais à l'instant la centralité de la question de l'antisémitisme dans les médias, alors venons-y justement. C'est difficile d'en parler comme d'un tout parce qu'au cours des deux dernières années, moult événements ont propulsé cette question à la Une de l'agenda, mais globalement, quel regard portez-vous sur la couverture journalistique de cette thématique ?/strong/p pDu point de vue du traitement médiatique, un problème réside dans le fait qu'on manque de données fiables pour mesurer l'antisémitisme. Dans le même temps, tous les médias parlent « d'explosion » de l'antisémitisme. Les chiffres qui circulent dans la presse sont issus du ministère de l'Intérieur, qui reprend lui-même les données du SPCJ, le Service de protection de la communauté juive. Or, quand on regarde un peu dans le détail, ces statistiques ne sont vraiment pas fiables. Un tag « Free Palestine » est considéré comme un acte antisémite par exemple. Donc de ce point de vue, je ne dirais pas qu'on parle « dans le vide » mais en tout cas, c'est difficile d'avoir un discours très informé sur cette question. Ensuite, il y a un problème essentiel dans la manière dont les médias présentent l'antisémitisme. D'une part, en le distinguant systématiquement du racisme alors que pour nous, militants antiracistes, l'antisémitisme est un racisme spécifique comme l'est la négrophobie, l'islamophobie, la romophobie, etc., et, d'autre part, en produisant quasi systématiquement un discours moral et dépolitisé à ce sujet. L'antisémitisme n'est jamais pensé en termes de structures qui produisent des comportements. On en est bien souvent réduit, dans le discours médiatique mainstream, à dénoncer des tropes, des figures, l'emploi de idog whistles/ispan class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="Selon la définition qu'en donne Wikipédia, l'expression désigne « des propos (…)" id="nh7"7/a]/span, et à mettre tout et n'importe quoi sur le même plan : par exemple, l'assassinat d'Ilan Halimi ou les meurtres de Mohammed Merah d'un côté, et le fait de dire « camper à Tel-Aviv » à propos d'un déplacement de Yaël Braun-Pivet en Israël de l'autre./p p/brstrongVous avez régulièrement tenu des positions totalement à contre-courant du discours ambiant et des « polémiques » permanentes sur le sujet. Y compris au moment de l'emballement médiatique autour du visuel avec Cyril Hanouna, produit par La France insoumise pour appeler à la manifestation antiraciste du 22 juin 2025./strong/p pDe notre point de vue, cette séquence a été un naufrage médiatique catastrophique. Tout et n'importe quoi a été dit. Sur LFI, dans une sorte d'acmé de la campagne de délégitimation qui vise ce mouvement, et sur l'antisémitisme lui-même. Tous les médias ont en effet raconté que le visuel de Cyril Hanouna était la reprise d'une affiche nazie, sans jamais interroger le contexte d'énonciation. Or, de quoi parle-t-on ? D'un côté, d'un visuel appelant à une manifestation contre l'extrême droite et ses relais ; de l'autre, d'une affiche du « Juif éternel » qui avait iin fine/i pour objet de génocider les Juifs. Convenons que les deux n'ont donc rien à voir ! L'objectif fondamental de ce type de séquence médiatique, ce n'est pas de parler de l'antisémitisme, c'est de criminaliser la gauche./p p/brstrongDans et par des médias qui sont eux-mêmes producteurs et/ou diffuseurs de représentations antisémites. On peut penser par exemple à a href="https://www.acrimed.org/Polemique-de-Villepin-la-fabrique-mediatique-de-l"« l'affaire » de Villepin/a, au traitement complaisant de Yann Moix, etc. Mais plus généralement, au fait que se consolide au sein du champ journalistique un pôle d'extrême droite extrêmement puissant – des médias Bolloré à iValeurs actuelles/i, hebdomadaire où se sont d'ailleurs historiquement « recyclées » plusieurs personnalités qui a href="https://www.acrimed.org/Valeurs-actuelles-une-legitimation-mediatique-de"travaillaient auparavant… à iMinute/i/aspan class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="On se rappelle également le pamphlet contre l'historien Benjamin Stora." id="nh8"8/a]/span./strong/p pOui, on peut aussi penser au salut nazi d'Elon Musk, qui n'a pas du tout été traité comme tel. Dans la lignée de ce que vous décrivez du paysage médiatique, il faut souligner l'invisibilisation totale de l'antisémitisme d'extrême droite dans les médias. À l'occasion des dernières législatives, quelques médias avaient creusé dans le passé des candidats RN et on a assisté à des choses folles, comme une déclaration selon laquelle « ile gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb9" class="spip_note" rel="appendix" title="Voir « Législatives : le Rassemblement national et ses candidats racistes, (…)" id="nh9"9/a]/span. Autre fait notable dans le même registre : l'invisibilisation des enquêtes de Streetpress ou d'Arte Radio qui ont révélé des propos antisémites abjects (parmi d'innombrables propos racistes) au sein de la police, dans des groupes ou sur des boucles WhatsApp, c'est-à-dire un milieu où le degré d'infiltration de l'extrême droite la plus radicale est très important. Il y a donc un impensé total quand on parle de l'antisémitisme dans le débat public, et une identification de l'antisémitisme aux Noirs et aux Arabes. L'éditorialiste de LCI, Pascal Perri, a quand même parlé d'un « iantisémitisme couscous/i »… Ça rejoint un autre point, qui est que telle qu'elle est donnée à voir, la surmédiatisation de la question de l'antisémitisme est une manière d'invisibiliser les autres formes de racisme qui prospèrent en France, et qui sont d'ailleurs, de notre point de vue, plus déterminants : l'islamophobie, la négrophobie, la romophobie. Le temps que les médias consacrent à l'expression « camper à Tel-Aviv », c'est autant de temps qu'ils ne consacrent pas à Bruno Retailleau criant « À bas le voile ! », deux semaines avant l'assassinat d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. Le spectacle constant de ce deux poids, deux mesures est absolument délétère, également pour la lutte contre l'antisémitisme puisqu'il produit du ressentiment contre les Juifs, c'est une évidence./p p/brstrongQuelle approche permettrait selon vous de lutter contre cette dépolitisation et de mieux traiter la question de l'antisémitisme d'un point de vue journalistique ?/strong/p pLe plus important serait de penser et de réinscrire la question de l'antisémitisme dans la question du racisme. iA fortiori/i compte tenu du contexte qu'on évoquait, c'est-à-dire celui d'une extrême droitisation des champs politique et journalistique. Dans un tel contexte, tous les racismes croissent, les affects racistes croissent, il y a une libération de la parole et des actes racistes à tous les niveaux. Il est donc « logique » que l'antisémitisme croisse également. On ne peut pas non plus faire l'impasse sur la question du traitement de Gaza. Il est évident que le génocide commis aujourd'hui par Israël nourrit l'antisémitisme en France, puisque à longueur de médias s'exprime iin fine/i cette idée que c'est au nom des Juifs que sont commis les crimes d'Israël. C'est un discours véhiculé aussi bien par les institutions représentatives des Juifs de France que par les commentateurs mainstream, mais aussi par les Israéliens eux-mêmes : quand on passe son temps à répéter qu'Israël représente les Juifs, ça produit nécessairement de l'antisémitisme, surtout quand quelqu'un comme le grand rabbin Haïm Korsia dit sur un plateau de télévision que « itout le monde serait bien content qu'Israël finisse le boulot/i » à Gaza…/p p/brstrongOn constate par ailleurs que ce sont toujours les mêmes organisations communautaires, comme Golem, Nous vivrons, l'UEJF ou le Crif, qui sont sollicitées dans les médias pour traiter ces questions. Comment pourrait-on faire pour changer ça ?/strong/p pD'abord, compte tenu de l'exclusion de toute parole un tant soit peu radicale du champ médiatique mainstream, ça ne nous surprend pas que la position « acceptable » soit celle de Golem par exemple, qui est un peu l'équivalent fonctionnel du PS dans les médias, c'est-à-dire quelque chose d'assez mou qui ne remet pas en question les structures. Après, si l'on s'interroge sur le monopole de telle ou telle parole, il faut poser la question de la représentativité de cette parole au sein de ce qu'est la communauté juive aujourd'hui en France. On n'a pas d'outils statistiques sur lesquels s'appuyer et donc on ne peut avoir que des sentiments ou des intuitions, mais au vu de ce qu'on constate, la réalité, c'est que notre position est marginale au sein de la communauté juive française, il ne faut pas se raconter d'histoires./p p/brstrongVous avez publié le 21 mai dernier un texte vraiment percutant titré a href="https://tsedek.fr/2025/05/21/diner-au-coeur-de-la-mecanique-negationniste/" class="spip_out" rel="external"« Dîner au cœur de la mécanique négationniste »/a : la description fictionnelle d'un dîner de famille juive, où les convives discutent de la situation en Israël/Palestine, mais qui aurait pu tout aussi bien être celle d'un plateau de télévision ordinaire tant le panel des points de vue représentés reflète peu ou prou celui des émissions de « débat » traditionnelles. Certains personnages incarnent d'ailleurs des toutologues et des personnalités médiatiques comme Caroline Fourest, Raphaël Enthoven, Joann Sfar et Delphine Horvilleur, dont la prise de parole, début mai, a vraisemblablement déclenché l'écriture de votre texte. Pouvez-vous nous en parler, qu'avez-vous voulu mettre en lumière à travers ce texte ?/strong/p pSinclair, Sfar ou Horvilleur ont été présentés partout comme des grandes consciences humanistes. Pourquoi ? Parce qu'après des mois et des mois de silence sur les crimes israéliens, ils ont commencé à prendre la parole pour dénoncer la famine à Gaza notammentspan class="spip_note_ref" [a href="#nb10" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire « Les résistants de la 25e heure au chevet de "l'âme d'Israël" », (…)" id="nh10"10/a]/span. Mais à chaque fois, pour le dénoncer au nom de leur amour d'Israël, ce qui est très significatif de notre point de vue. Comme je le disais tout à l'heure, il faut comprendre qu'à mesure que se poursuit le génocide, l'évidence des crimes israéliens est bien trop claire et pour toute une partie de la population, le soutien pur et simple et inconditionnel d'Israël n'est plus possible. Pour continuer à absoudre le sionisme de ces crimes, il faut donc pouvoir dire, d'une certaine manière, que tout est la faute de l'extrême droite israélienne, des suprémacistes, de Netanyahou, etc. C'est un discours porté par « le sionisme de gauche ». Or, la Nakba, le nettoyage ethnique de 1948, n'a pas été commis par des suprémacistes d'extrême droite, mais par la gauche travailliste. Laquelle, et c'est une constante dans l'histoire, a poursuivi la colonisation de la Palestine, elle aussi, et a commis des crimes contre les Palestiniens, elle aussi. Le problème inhérent à tous les discours pseudo humanistes, omniprésents, et très valorisés dans les médias, c'est de se draper dans une idée abstraite de « la paix », à nos yeux très dépolitisée. Tsedek, notre nom, veut dire « justice » : nous mettons beaucoup plus l'accent sur l'idée de justice que sur la question de « la paix ». « La paix » en vigueur le 6 octobre 2023 était-elle une situation acceptable ? Non./p p/brstrongPour rester sur la question des discours négationnistes, il est tout de même stupéfiant que le fait de tenir publiquement des propos comme « iIl n'y a AUCUN journaliste palestinien. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d'otages avec une carte de presse/i », n'ait toujours aucune incidence sur le capital médiatique de celles et ceux qui les tiennent, Raphaël Enthoven en l'occurrence, que l'on retrouve à la télé tous les quatre matins.../strong/p pÇa rejoint un élément qui est apparu très nettement au cours des deux dernières années : toutes celles et ceux qui se targuent d'être de grandes consciences humanistes comme Enthoven sont les premiers à porter un racisme anti-palestinien furieux. Omniprésent dans les discours médiatiques, ce racisme se traduit très simplement : une vie palestinienne ne vaut pas une vie israélienne. Caroline Fourest l'a exprimé, François Hollande l'a exprimé. Et bien d'autres. Le degré d'acceptation du racisme anti-palestinien en France est saisissant. On l'aura aussi vu très clairement au moment de l'annonce de la mort des deux enfants Bibas, otages enlevés le 7 octobre 2023. La médiatisation et l'émotion suscitée ont été d'une intensité exceptionnelle, à un moment où il y avait plus de 20 000 enfants palestiniens tués, qui n'avaient droit quant à eux à aucune Une de journal, aucun nom, aucune identité propre. Ils n'étaient pas ces adorables bambins roux dont on a reproduit la photo sur les chaînes de télévision. Ils sont juste des statistiques et des corps sous les décombres. Le racisme anti-palestinien et la déshumanisation des Palestiniens ont été essentiels dans la poursuite du génocide. Et les grandes consciences dont on parle y ont participé./p p/brstrongEst-ce que tu as connu un état des médias différent, où l'antisionisme n'était pas présenté comme de l'antisémitisme et où le soutien à la cause palestinienne n'était pas systématiquement disqualifié ?/strong/p pJe pense qu'il y a une vraie évolution depuis les années 2000. Mais c'est perceptible aussi au sein du champ politique, c'est-à-dire que la position traditionnelle de la droite française – qui était une position gaullienne, pas antisioniste mais la ligne que peut incarner un Villepin aujourd'hui, ou qu'incarnait Chirac à l'époque – a totalement disparu, notamment suite au mandat Sarkozy qui a constitué une sorte d'alignement complet de la diplomatie française sur les positions étatsuniennes. Je pense qu'il y a eu une vraie bascule à ce moment-là et que le champ médiatique a suivi. Au moment de la guerre en Irak, le niveau d'opposition à la rhétorique du choc de civilisation était incomparablement plus élevé au sein du discours dominant qu'il ne l'est aujourd'hui, par exemple au moment de traiter le génocide à Gaza. Mais je ne pense pas qu'il y ait une spécificité du champ médiatique par rapport au champ politique de ce point de vue, les deux sont très liés. Et le niveau de racisme ayant droit de cité dans les médias mainstream est incomparable avec ce que c'était il y a vingt ans./p p/brstrongLa couverture récente de la reconnaissance de l'État de Palestine par la France a donné lieu à moult « débats » sur les solutions politiques, dans la lignée de ce qu'on entend depuis deux ans sur le sujet. Qu'avez-vous observé de particulièrement marquant ?/strong/p pLa première chose à dire, c'est que la priorité est d'arrêter le génocide, c'est-à-dire arrêter de vendre des armes à Israël et prendre des sanctions. Tsedek soutient en ce sens le mouvement BDS, essentiel pour faire pression sur Israël. S'agissant du discours médiatique sur les solutions politiques, il est le reflet de la position dominante au sein du champ politique français, qui défend la dite « solution à deux États ». Or, pour nous, c'est une manière de ne pas parler réellement de solution politique sur place. La manière qu'ont les médias d'aborder tous ces sujets est totalement idéaliste, en ce sens que les débats ne comportent généralement aucune réflexion sur la réalisation matérielle de telle ou telle solution politique. Qu'est-ce que signifie concrètement un État palestinien sur le terrain ? On ne sait pas. Qu'est-ce que signifie une solution à deux États qui impliquerait nécessairement des déplacements de populations ? Lorsqu'en 2005, Ariel Sharon a annoncé le retrait israélien de Gaza, il a eu le plus grand mal à faire partir les 5 000 colons qui s'y trouvaient. Il y a aujourd'hui 400 000 colons en Cisjordanie, armés, surarmés, protégés, et unis par des liens forts avec l'armée israélienne. Quand bien même un État palestinien verrait le jour, comment vont partir ces colons ? Quel média s'interroge là-dessus ? Enfin, on perd souvent de vue l'essentiel : deux populations vivent sur un même territoire, l'une subit l'oppression coloniale, et cette oppression se traduit par la colonisation, l'apartheid et le génocide. Face à cela, les débats auxquels nous assistons sont la plupart du temps stériles parce qu'ils passent à côté de la seule question qui importe, au-delà évidemment de l'urgence qu'il y a à arrêter le génocide et à porter secours aux Palestiniens : l'abolition des structures coloniales de l'État israélien et la lutte pour l'égalité des droits de chacun./p p/brPropos recueillis par strongBlaise Magnin/strong et strongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanUn collectif créé au lendemain du 7 octobre 2023, qui se définit comme un « imouvement des Juifves de gauche contre l'antisémitisme d'où qu'il vienne/i »./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanOn peut retrouver la retransmission de ce colloque sur la chaîne YouTube de Paroles d'honneur : la journée du a href="https://www.youtube.com/watch?v=b5Utu2Aprk8" class="spip_out" rel="external"25 janvier/a et celle du a href="https://www.youtube.com/watch?v=a-3V84iMHig" class="spip_out" rel="external"26 janvier/a./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /span« "Gaza va supplanter Auschwitz en termes de cruauté absolue" : quand des chercheurs et des assos juives réécrivent l'histoire », iMarianne/i, 28/01./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /span« Des juifs "innocents" ou la caution juive des antisémites, par Brigitte Stora », iL'Obs/i, 9/12/2024 et « "Il ne faut pas opposer la lutte contre l'antisémitisme et la solidarité avec les Palestiniens" », iL'Obs/i, 28/12/2024./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanLire « a href="https://www.acrimed.org/Du-Labour-de-Corbyn-a-LFI-de-Melenchon-les-medias"Du Labour de Corbyn à LFI de Mélenchon, les médias contre la gauche/a », Acrimed, 26/08/2024./p /divdiv id="nb6" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /spanLire « a href="https://www.acrimed.org/Israel-Palestine-Le-plus-revoltant-c-est-la"Israël-Palestine : "Le plus révoltant, c'est la différence de traitement"/a », Acrimed, 12/05/2025./p /divdiv id="nb7" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanSelon la définition qu'en donne a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dog_whistle" class="spip_out" rel="external"Wikipédia/a, l'expression désigne « ides propos politiques qui semblent anodins au grand public mais adressent un message spécifique à un groupe ciblé pour en obtenir le soutien sans provoquer d'opposition par ailleurs/i »./p /divdiv id="nb8" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanOn se rappelle également le a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/20/une-diatribe-de-valeurs-actuelles-contre-l-historien-benjamin-stora-suscite-l-emotion_6019853_3212.html" class="spip_out" rel="external"pamphlet contre l'historien Benjamin Stora/a./p /divdiv id="nb9" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh9" class="spip_note" title="Notes 9" rev="appendix"9/a] /spanVoir « Législatives : le Rassemblement national et ses candidats racistes, antisémites et complotistes », iLibération/i, 17/06/2024. Le candidat a été par la suite réhabilité. Voir « Législatives 2024 : le RN réhabilite le candidat du Morbihan désavoué après un tweet jugé antisémite », France 3 Bretagne, 23/06/2024./p /divdiv id="nb10" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh10" class="spip_note" title="Notes 10" rev="appendix"10/a] /spanLire « a href="https://www.acrimed.org/Les-resistants-de-la-25e-heure-au-chevet-de-l-ame"Les résistants de la 25e heure au chevet de "l'âme d'Israël"/a », Acrimed, 22/09/2025./p /div/div
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La concentration des médias en Allemagne : panorama (1/4)

Acrimed : Action-Critique-Médias - mar, 2025-11-04 16:58
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH111/allemagne_1-35260.png?1762268328' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='111' alt="" / div class='rss_chapo'pDécentralisation, indépendance vis-à-vis des groupes industriels et de l'État : le paysage médiatique allemand permet, par comparaison, de montrer que la situation française n'est pas une fatalité. Mais est-ce pour autant un modèle à suivre ? On fait le point. Cette première partie tente de dresser un panorama historique et économique des médias allemands./p/div div class='rss_texte'/br h3 class='article_intertitres'La décentralisation des médias/h3 p/brAu sortir de la guerre de 1939-1945, l'Allemagne vaincue fut divisée en quatre zones d'occupation par l'Union soviétique, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. L'organisation administrative du pays est prise en main par les puissances occupantes, notamment le contrôle des médias, jusqu‘en 1949 pour la presse, et jusqu'en 1955 pour la radio et la télévision./p pPar opposition au centralisme nazi, c'est une structuration décentralisée qui est promue, un État fédéral composé de 16 régions, les Länderspan class="spip_note_ref" [a href="#nb1" class="spip_note" rel="appendix" title="Le Land allemand correspond aux régions françaises, mais avec une autonomie (…)" id="nh1"1/a]/span. La gestion des médias audiovisuels et le contrôle de leur concentration font ainsi partie des prérogatives régionales, ce qui fait une grande différence avec le système centralisé français. Surtout lorsque l'on constate que cette gestion et ce contrôle sont exercés avec une forte représentation de la société civile./p pPar ailleurs, de longue tradition, il n'y a pas outre-Rhin de distinction, comme en France, entre presse quotidienne nationale et presse quotidienne régionale : tout y est régional. Même les grands journaux comme la iWest Deutsche Allgemeine Zeitung/i, la iFrankfurter Allgemeine Zeitung/i ou la iSüddeutsche Zeitung/i sont des journaux régionaux, comme le rappelle leur dénomination, fabriqués dans leur région, mais qui ont une audience nationale et sont commercialisés dans tout le pays. On les appelle « supra-régionaux ». Ainsi, c'est toujours à partir d'une forte implantation régionale que la plupart des grands groupes de presse se sont constitués, comparables en cela à des groupes français régionaux comme iOuest-France/i ou iSud Ouest/i, avant de se développer plus largement. Cet ancrage local explique en grande partie la résistance de la presse allemande à la crise des dernières décennies./p /br h3 class='article_intertitres'Indépendance des médias vis-à-vis des groupes industriels/h3 p/brL'accaparement des médias privés par des milliardaires dont l'activité principale se déploie dans d'autres secteurs – industries de l'armement, du bâtiment, du transport, de la banque, des télécommunications, du luxe, etc. –, caractéristique du paysage médiatique français, paraît très improbable outre-Rhin. Cela notamment en raison du « tabou Hugenberg », du nom de l'industriel, président du conseil d'administration du fabricant d'armes Krupp, détenteur d'un empire médiatiquespan class="spip_note_ref" [a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Alfred Hugenberg, lui-même dirigeant d'un parti d'extrême droite, possédait (…)" id="nh2"2/a]/span, qui joua un rôle décisif dans l'accession du nazisme au pouvoirspan class="spip_note_ref" [a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire le chapitre qui y est consacré dans Les Irresponsables. Qui a porté (…)" id="nh3"3/a]/span. Le « tabou Hugenberg » interdit tacitement à tout industriel, et plus largement à tout investisseur étranger aux médias, d'en posséder. C'est une règle non écrite, qui a souffert quelques exceptions au cours de l'histoirespan class="spip_note_ref" [a href="#nb4" class="spip_note" rel="appendix" title="Entre 1962 et 1974, la société Bosch (électroménager) contrôlait le journal (…)" id="nh4"4/a]/span, mais qui demeure, dans l'ensemble, effective, même si Springer, le groupe dominant de la presse, s'assoit dessus à l'occasion, et n'hésiterait sans doute pas à la briser à nouveau si ses intérêts étaient en jeu./p pSelon Valérie Robertspan class="spip_note_ref" [a href="#nb5" class="spip_note" rel="appendix" title="Autrice de La presse en France et en Allemagne. Une comparaison des (…)" id="nh5"5/a]/span, l'absence des groupes extérieurs aux médias dans l'écosystème médiatique ne découlerait pas seulement du « tabou Hugenberg », mais relèverait surtout d'une « ilogique de branche, celle d'entrepreneurs de presse qui considèrent que leur métier a ses spécificités et que le principal critère lors d'un rachat est la compétence du repreneur/i »span class="spip_note_ref" [a href="#nb6" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, La presse en France et en Allemagne, p. 69." id="nh6"6/a]/span./p pToujours est-il qu'à ce jour, aucun groupe industriel ne possède de média en Allemagne, et les groupes médiatiques n'investissent pas l'industrie. Tout au plus ont-ils parfois des activités secondaires dans les services (d'enseignement, postaux, annonces, informatique) mais jamais dans l'industrie. La distinction avec la situation française, où les grands médias privés appartiennent à des industriels et sont soumis à leurs stratégies, est patente./p /br h3 class='article_intertitres'Indépendance des médias vis-à-vis de l'État/h3 p/brL'organisation générale du système médiatique allemand se veut également indépendante de l'influence étatique. Cette dernière est entendue ici au sens très large : influence de l'État fédéral, mais aussi celle des organes – gouvernement et parlement – des Länder, et celle des partis politiques. Elle fut définie après-guerre par une volonté de rupture totale avec le système de propagande nazi, qui avait mis à son service l'audiovisuel étatisé et centralisé et instauré la censure dans toute la presse ; et aussi en opposition, après la guerre et jusqu'à la réunification, au contrôle bureaucratique de type soviétique sur les médias est-allemands./p pUne telle disposition, imposée par les Alliés, n'est forcément pas du goût des détenteurs du pouvoir qui durent s'y plier à plusieurs reprises. Ainsi, le chancelier Adenauer en 1961 voulut créer une chaîne de télévision contrôlée par l'État, mais la cour constitutionnelle s'y opposa, et il dut renoncer (alors qu'au même moment en France, la RTF, qui deviendra ORTF, monopole d'État, contrôlait la radio et la télévision)span class="spip_note_ref" [a href="#nb7" class="spip_note" rel="appendix" title="Lire « L'audiovisuel public allemand, entre autonomie et dépendance », La (…)" id="nh7"7/a]/span./p pL'année suivante éclate l'affaire du iSpiegel/ispan class="spip_note_ref" [a href="#nb8" class="spip_note" rel="appendix" title="Voir « L'affaire du Spiegel », Cinq colonnes à la une, INA, 7/12/1962." id="nh8"8/a]/span, le premier magazine d'information politique, accusé par le ministre de l'Intérieur Strauss de haute trahison. Les locaux du magazine sont perquisitionnés, tandis que son directeur et plusieurs journalistes sont incarcérés. Motif : divulgation de documents « secret défense » qui révélaient la vulnérabilité militaire de l'Allemagne en cas d'offensive soviétique. L'affaire fit grand bruit en Allemagne et dans le monde. Face aux vives protestations des autres journaux, y compris la presse Springer qui aida matériellement le iSpiegel/i, et surtout celles de la population allemande qui manifesta nombreuse pour la défense de la liberté de la presse, Strauss dût démissionner. Le chancelier Adenauer, fortement discrédité par cette affaire, démissionna également quelques mois plus tard./p pEn 2013, c'est le président de la République, Christian Wulff, qui est conduit à démissionner à la suite de la révélation d'une intervention de sa part auprès du journal iBild/i visant à étouffer une affaire de prêt immobilier douteux. Là encore, a href="https://www.arretsurimages.net/articles/allemagne-pression-presidentielle-sur-bild" class="spip_out" rel="external"les médias et l'opinion publique ont fait bloc/a contre cette atteinte à la liberté de la presse par des membres de l'État./p pDans le même esprit, les aides directes de l'État à la presse qui sont attribuées en France aux journaux d'information politique et générale et qui contribuent largement à leur financement, d'une façon d'ailleurs a href="https://www.acrimed.org/Aides-a-la-presse-2022-le-gateau-pour-les-grands"parfaitement inégalitaire/a, n'existent pas en Allemagne et y seraient considérées comme une atteinte à l'indépendance de ces journaux, inscrite à l'article 5 de la constitution fédéralespan class="spip_note_ref" [a href="#nb9" class="spip_note" rel="appendix" title="« Liberté d'opinion : Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement (…)" id="nh9"9/a]/span « iJe préfère encore les faillites des journaux à l'achat de leur indépendance au moyen des subventions/i », déclarait, en 2019, le patron de la maison d'édition Axel Springerspan class="spip_note_ref" [a href="#nb10" class="spip_note" rel="appendix" title="Le Monde, 16/12/2019." id="nh10"10/a]/span. Il existe cependant en Allemagne quelques aides à la presse comme un taux réduit de TVA et des tarifs postaux préférentiels, des remboursements de taxes, ou encore des prêts à taux réduits consentis par le ministère de l'Économie. Avec la crise de la presse et les mouvements de concentration, un débat récurrent repose la question de cette aide de l'État. Le philosophe Jürgen Habermas, par exemple, y est favorable, ainsi que le parti socialiste (SPD) et les syndicats de journalistesspan class="spip_note_ref" [a href="#nb11" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, op. cit., p. 30-34." id="nh11"11/a]/span, alors que les partis situés plus à droite, CDU-CSU (démocrate chrétien) et FDP (libéral) y sont hostiles. Diverses propositions émergent de ces débats, et la seule qui a été adoptée à ce jour est une subvention de 40 millions d'euros par an d'aide au portage, en 2019. Mais ces aides restent très faibles en comparaison de celles que l'État français accorde aux journaux (plusieurs centaines de millions d'euros d'aides directes chaque année, et plus d'un milliard en comptant les aides indirectes, selon le ministère de la Culture)./p pLa volonté d'indépendance vis-à-vis de l'État et des groupes industriels est presque concomitante et rappelle le programme du Conseil national de la résistance en France à la Libération, pour des médias « indépendants de l'État et des puissances d'argent ». Le programme français était plus ambitieux, mais il a a href="https://www.acrimed.org/Petite-histoire-des-ordonnances-de-1944-sur-la"fait long feu/a. Celui de l'Allemagne s'est en partie réalisé, et il faut reconnaître qu'il est toujours vivant, même si l'indépendance des médias vis-à-vis de l'industrie ne veut pas dire indépendance vis-à-vis de toutes les puissances d'argent, comme on va le voir./p /br h3 class='article_intertitres'Conséquence de l'autonomie : la rentabilité obligée/h3 p/brCette double indépendance vis-à-vis des groupes industriels et de l'État, bien que certainement bénéfique sur le plan de la liberté éditoriale, a aussi une contrepartie : les médias privés allemands ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et sur les lois du marché médiatique, pour se maintenir et se développer ; ce qu'Isabelle Bourgeois appelle leur développement par « endogamie »span class="spip_note_ref" [a href="#nb12" class="spip_note" rel="appendix" title="Isabelle Bourgeois, « Les médias dans l'Allemagne unie », in Allemagne, les (…)" id="nh12"12/a]/span. Pas de Bolloré, de Niel, d'Arnault ou d'autres « philanthropes » intéressés pour combler des déficits chroniques ; pas non plus de ces aides de l'État qui peuvent constituer pour les journaux français un soutien substantiel, et pour certains la condition de leur existence. C'est dire que la rentabilité des entreprises médiatiques allemandes sur le marché est vitale, les places chères et la concurrence féroce pour l'audience et les recettes publicitaires. Si chères que la concurrence féroce s'est parfois transformée en solidarité des acteurs nationaux installés, afin d'entraver l'entrée d'un acteur extérieur. Comme lorsque le « gratuit » norvégien i20 Minutes/i, en 1999, chercha à se lancer à Cologne : les quotidiens locaux, détenus par les patrons de presse Springer et DuMont Schauberg, éditèrent alors concomitamment deux « gratuits » concurrents, qui captèrent la plus grande partie de la publicité et contraignirent i20 Minutes/i à abandonner le terrain. Le danger écarté, les deux « gratuits » cessèrent de paraître…span class="spip_note_ref" [a href="#nb13" class="spip_note" rel="appendix" title="Valérie Robert, op. cit., p. 95." id="nh13"13/a]/span/p pCette autonomie économique du secteur des médias se décline différemment selon qu'il s'agit de la presse, entièrement privée, ou de l'audiovisuel, où les groupes privés doivent compter avec un puissant service public./p p/brstrongJean Pérès/strong et strongFlorian Werlé/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id="nb1" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh1" class="spip_note" title="Notes 1" rev="appendix"1/a] /spanLe Land allemand correspond aux régions françaises, mais avec une autonomie bien plus grande. Le Land dispose d'une constitution, d'une assemblée et d'un gouvernement. Il a des pouvoirs étendus en matière de police, d'éducation, de culture, y compris les médias./p /divdiv id="nb2" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh2" class="spip_note" title="Notes 2" rev="appendix"2/a] /spanAlfred Hugenberg, lui-même dirigeant d'un parti d'extrême droite, possédait sous la république de Weimar (1918-1933) la moitié des journaux ainsi qu'une agence de presse, une agence de publicité, une maison d'édition, et une société de production./p /divdiv id="nb3" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh3" class="spip_note" title="Notes 3" rev="appendix"3/a] /spanLire le chapitre qui y est consacré dans iLes Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ?/i, Johann Chapoutot, Gallimard, 2025, p. 85-102./p /divdiv id="nb4" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh4" class="spip_note" title="Notes 4" rev="appendix"4/a] /spanEntre 1962 et 1974, la société Bosch (électroménager) contrôlait le journal de Stuttgart ainsi que six journaux et quelques feuilles locales du Bade-Würtenberg. De même, la Deutsche Bank fut actionnaire à deux reprises du groupe de médias Springer. Ce sont surtout les fonds d'investissement étrangers qui ont inquiété les milieux de la presse allemande : à partir de 2005, le fonds britannique Mecum investit dans la presse allemande et constitue le 10e groupe médiatique du pays, avant de revendre ; les fonds américains Hellman Friedman et KKR furent actionnaires de Springer, même majoritaire dans le cas de KKR./p /divdiv id="nb5" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh5" class="spip_note" title="Notes 5" rev="appendix"5/a] /spanAutrice de iLa presse en France et en Allemagne. Une comparaison des systèmes/i, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2011, ouvrage très complet, qui contient de nombreuses et précieuses informations sur la période antérieure à 2011./p /divdiv id="nb6" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh6" class="spip_note" title="Notes 6" rev="appendix"6/a] /spanValérie Robert, iLa presse en France et en Allemagne/i, p. 69./p /divdiv id="nb7" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh7" class="spip_note" title="Notes 7" rev="appendix"7/a] /spanLire « a href="https://larevuedesmedias.ina.fr/laudiovisuel-public-allemand-entre-autonomie-et-dependance" class="spip_out" rel="external"L'audiovisuel public allemand, entre autonomie et dépendance/a », La revue des médias, 6/01/2016./p /divdiv id="nb8" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh8" class="spip_note" title="Notes 8" rev="appendix"8/a] /spanVoir « a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf93014273/l-affaire-du-spiegel" class="spip_out" rel="external"L'affaire du Spiegel/a », Cinq colonnes à la une, INA, 7/12/1962./p /divdiv id="nb9" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh9" class="spip_note" title="Notes 9" rev="appendix"9/a] /span« Liberté d'opinion : Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, par l'écrit et par l'image, et de s'informer sans entraves aux sources accessibles au public. La liberté de la presse et la liberté d'informer par la radio, la télévision et le cinéma sont garanties. Il n'y a pas de censure. »/p /divdiv id="nb10" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh10" class="spip_note" title="Notes 10" rev="appendix"10/a] /spaniLe Monde/i, 16/12/2019./p /divdiv id="nb11" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh11" class="spip_note" title="Notes 11" rev="appendix"11/a] /spanValérie Robert, op. cit., p. 30-34./p /divdiv id="nb12" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh12" class="spip_note" title="Notes 12" rev="appendix"12/a] /spanIsabelle Bourgeois, « Les médias dans l'Allemagne unie », in iAllemagne, les chemins de l'unité/i, CIRAC, 2011./p /divdiv id="nb13" pspan class="spip_note_ref"[a href="#nh13" class="spip_note" title="Notes 13" rev="appendix"13/a] /spanValérie Robert, op. cit., p. 95./p /div/div
Catégories: Médias

« Quand la CAF et le Fisc traquent les militant.e.s » : « Le Média » a enquêté sur une répression administrative d'État - L'Humanité

Rezo.net - lun, 2025-11-03 06:37
Peu de temps après avoir porté plainte ou après une prise de parole dans les médias, tous ont rencontré des problèmes administratifs avec la Caisse d'Allocations Familiales (CAF), France Travail ou le Fisc : contrôles fiscaux, rappels d'aides sociales avec parfois des sommes faramineuses à rembourser… Et s'il y avait un lien avec leur militantisme ? div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/l-humanite"L'Humanité/a/b/div

This Physicist Says We Don't Take COVID Seriously Enough | Andrew Nikiforuk

Rezo.net - dim, 2025-11-02 15:32
Yaneer Bar-Yam, a complexity scientist and one of the founders of the World Health Network, summarized what the science now says about COVID infections, whether they appear mild or severe. Every infection increases the risk for heart attacks, strokes and heart disease; for new-onset diabetes; for cognitive decline and dementia; for deregulating the immune system; and for reactivating viruses like Epstein-Barr or shingles. An epidemic of shingles, for example, is now afflicting young Chinese adults who have just recovered from a bout with COVID. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/en-anglais"The Tyee/a/b/div
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