Le grain de vie puis le grain de pensée suucéderont au grain de matiére
— Teilhard de Chardin
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Médias

Ces spectacles « historiques » devenus des chevaux de Troie de l'extrême droite | Annabelle Martella et Sindbad Hammache

Rezo.net - jeu, 2025-09-25 11:43
img class='spip_logo spip_logos' alt="" src='https://rezo.net/local/cache-vignettes/L120xH80/arton249535-7e17e.jpg?1758793463' width='120' height='80' / « La Dame de pierre », « Murmures de la cité »… Ces spectacles narrent un récit simplifié de l'histoire de France et colportent un message identitaire. Ils sont mis en scène grâce à des soutiens politiquement marqués, dont Pierre-Édouard Stérin. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/basta"Basta !/a/b/div

Le genre de la dette | Agnès Labrousse

Rezo.net - jeu, 2025-09-25 09:23
Loin de la figure du banquier et du trader souvent mise en avant, ce sont des femmes pauvres qui, en gérant les dettes domestiques, sont des piliers du capitalisme financier dans les Nords comme les Suds. Elles incarnent une éthique du devoir, de la redevabilité et de la culpabilité. Elles déploient des savoir-faire complexes de calcul, de négociation et de planification pour jongler avec les dettes du ménage. C'est à elles qu'incombe l'ingrate charge mentale, émotionnelle, calculatoire et financière de la dette. L'enquête minutieuse menée par les auteur·ice·s montre que les femmes de la région de South Arcot, au nord du Tamil Nadu, remboursent 80% des dettes familiales. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"La Vie des idées/a/b/div

Héroïne, le temps des seringues | Hajer Ben Boubaker

Rezo.net - jeu, 2025-09-25 09:16
LSD explore l'impact de l'héroïne, fléau du XXe siècle en France, responsable de plus de 40 000 morts entre 1970 et 2004, dans les milieux populaires de Paris et sa banlieue. Réalisation Gilles Blanchard. br /Durée : 4 × 1h. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"France Culture/a/b/div

Des assistantes sociales démissionnent face à la politique répressive à l'encontre des allocataires du RSA | Didier Dubasque

Rezo.net - jeu, 2025-09-25 09:14
La transformation progressive de l'accompagnement social en une mécanique de surveillance et de contrôle broie de nombreuses personnes parmi les plus vulnérables. Entre juillet 2021 et fin 2024, dans le seul département du Finistère, le nombre d'allocataires du RSA a chuté passant de 18.000 à 14.700. Selon le journal Le Poher, des assistantes sociales ont préféré quitter le département pour aller travailler ailleurs. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Relevé sur le Net.../a/b/div

Drapeaux palestiniens : Franceinfo fait du CNews

Acrimed : Action-Critique-Médias - mer, 2025-09-24 17:04
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH83/franceinfodrapeau-0fb94.png?1758726255' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='83' alt="" / div class='rss_chapo'pAlors que l'État d'Israël poursuit sans relâche le génocide des Palestiniens, on se prend naïvement à espérer, chaque jour, un sursaut de la part des grands médias français. Mais chaque jour, l'éditocratie (ré)invente mille et une manières d'aggraver son cas. (Nouveau) naufrage sur Franceinfo./p/div div class='rss_texte'p« Palestine : le drapeau de la discorde » (22/09) ; « Drapeaux palestiniens : la querelle des frontons » (22/09) ; « Drapeau palestinien sur les mairies, pour ou contre ? » (20/09) ; « État palestinien : les drapeaux de la discorde » (16/09)… : depuis a href="https://www.acrimed.org/Surenchere-antisemite-Olivier-Faure-a-son-tour"l'appel d'Olivier Faure à pavoiser le drapeau palestinien sur les mairies/a en symbole de la reconnaissance de l'État de Palestine par la France, Franceinfo multiplie les plateaux de bavardage sur le sujet, légitimant l'un de ces faux débats dont raffole « l'info en continu », omniprésent au point de constituer la « polémique » (médiatico-politique) du moment./p pComme ailleurs dans l'audiovisuel, le temps d'antenne qu'elle occupe – au détriment de l'information sur le génocide en Palestine –, et l'énergie que lui consacrent les toutologues de tout poil – inversement proportionnelle à celle qu'ils dépensent pour condamner les crimes de l'État d'Israël – sont un symptôme. Cette hiérarchie à front renversé nous dit-elle tout ce que l'on a à savoir de l'état du débat public et de la déchéance professionnelle de ses principaux « animateurs » ? Oui… et non, puisqu'à ces faux débats répondent naturellement de vraies outrances. Le 22 septembre, l'émission « L'info s'éclaire » de Franceinfo était là pour nous rappeler que CNews compte de vaillants compétiteurs en la matière./p /br h3 class='article_intertitres'Acte 1 – « iForcer les populations sur place à applaudir le drapeau israélien/i »/h3 p/brDe nombreuses caméras sont braquées sur la mairie de Saint-Denis (93) lors du lever de drapeau palestinien, hissé sur le fronton sous les applaudissements d'Olivier Faure et de l'équipe municipale. Alors que ces images défilent en arrière-plan du plateau, le présentateur Axel de Tarlé tique d'emblée : « iY a pas le drapeau israélien./i » Et de revendiquer son droit au « en même temps » – « iEst-ce qu'on peut être l'un et l'autre ?/i » – déplorant « ique de plus en plus on nous demande d'être l'un ou l'autre et de choisir notre camp. Et c'est ça qui est dramatique dans cette affaire !/i » Alors que dans les jours et les semaines ayant suivi le 7 octobre 2023, des centaines puis des milliers de Palestiniens étaient déjà tués sous les bombes israéliennes, les commentateurs ne s'embarrassaient pas de telles considérations, qui imposaient alors d'être dans un (et un seul) camp. Reste cette idée de sujet pour une prochaine émission d'Axel de Tarlé : à quand le drapeau russe aux côtés du drapeau ukrainien sur le fronton des mairies ?/p /br div class='spip_document_16204 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/franceinfodrapeau2.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/franceinfodrapeau2-00530.png?1758725706' width='500' height='278' alt='' //a /figure /div p/brQuelques minutes plus tard, le journaliste propose d'écouter un extrait du discours du maire PS de la ville, témoignant de sa « isolidarité vis-à-vis des massacres en cours/i » à Gaza. C'est alors que l'éditorialiste Gilles Bornstein peine à contenir l'agacement que lui inspire la vue du drapeau palestinien sur la mairie de Saint-Denis :/p blockquote class="spip" pstrong- Gilles Bornstein :/strong On a entendu les applaudissements nourris quand le drapeau palestinien est monté [au fronton de la mairie]... J'aurais aimé qu'il [le maire Mathieu Hanotin] fasse applaudir les deux drapeaux. Parce que là, c'est évidemment très facile ! strongLà, il est devant son public/strong, il fait applaudir le drapeau palestinien. […] Si on soutient la position de la France, strongc'est pas le drapeau palestinien pour le drapeau palestinien, c'est le drapeau palestinien pour une solution à deux États/strong. Comme l'a dit Bernard Guetta [député européen macroniste et ancien journaliste sur France Inter, NDLR], et là je souscris : deux États, deux drapeaux. Le vrai courage aurait été de faire applaudir les deux drapeaux, de strongforcer les populations sur place à applaudir aussi le drapeau israélien et à montrer qu'elles ne sont pas pour une solution palestinienne mais pour une solution de coexistence, de cohabitation/strong. Faire applaudir le drapeau israélien en même temps que le drapeau [palestinien]./p pstrong- Axel de Tarlé :/strong Passer de la discorde à la concorde./p pstrong- Gilles Bornstein :/strong Passer de la discorde à la concorde parce que là, il dit, c'est pas une démarche de division, mais enfin… le seul drapeau hissé est le drapeau palestinien. strongFaire applaudir les deux drapeaux aurait vraiment été une démarche de concorde et j'insiste, obliger… enfin voilà… mettre les gens en demeure d'accorder leurs actes et leur parole et d'applaudir le drapeau israélien aussi/strong./p pstrong- Valérie Lecasble/strong (éditorialiste pour LeJournal.info) : C'est ce qu'a fait Karim Bouamrane qui est le maire [PS] de Saint-Ouen et effectivement, vous avez tout à fait raison, moi je suis d'accord là-dessus./p /blockquote pDans l'air du temps, recueillant l'approbation générale du plateau, la tirade de Gilles Bornstein est symptomatique du prêt-à-penser médiatique glorifiant le a href="https://www.acrimed.org/Gaza-une-inflexion-mediatique-en-trompe-l-oeil"faux « équilibre »/a. Elle recouvre également un racisme patent, qui s'exprime ici contre les habitants de Saint-Denis, a href="https://www.acrimed.org/Le-Figaro-a-Saint-Denis-Desinformation-sur-Seine"éternel épouvantail médiatique/a. L'État d'Israël perpètre-t-il un génocide, encore dénoncé comme tel tout récemment par a href="https://genocidescholars.org/wp-content/uploads/2025/08/IAGS-Resolution-on-Gaza-FINAL.pdf" class="spip_out" rel="external"l'Association internationale des chercheurs sur le génocide/a et par une a href="https://news.un.org/fr/story/2025/09/1157475" class="spip_out" rel="external"Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU/a ? Qu'à cela ne tienne ! Aux yeux de Gilles Bornstein, le « ivrai courage/i » consiste à « iapplaudir aussi/i » le drapeau de cet État./p pNon content de ne pas dire un seul mot des Palestiniens et de la situation à Gaza en cinquante minutes d'émission, l'éditorialiste prescrit à tour de bras. Il décrète quels symboles sont « acceptables » et quels autres ne le sont pas ; il définit la conduite « acceptable » qu'un maire se devrait d'adopter ; il décide des conditions « acceptables » et nécessaires à « la concorde » ; il spécifie, enfin, la (seule) manière « acceptable » de célébrer le drapeau palestinien : aligner cet hommage sur la politique gouvernementale de la dite « solution à deux États ». Soutenir la Palestine pour la Palestine ? C'est niet. Autant dire qu'avec Gilles Bornstein, le périmètre de la pensée autorisée est très restreint ! « iQui peut être contre cette solidarité ?/i » s'exclamait l'éditorialiste en réaction au « itémoignage de solidarité/i » du maire de Saint-Denis. Gilles Bornstein n'est peut-être pas « contre », mais au vu de ses obsessions – et de ses œillères –, il offre une excellente illustration des vraies-fausses préoccupations de l'éditocratie à l'égard des Palestiniens de Gaza…/p /br h3 class='article_intertitres'Acte 2 – « iVous savez qu'il y a 1 juif pour 10 musulmans en France […], ça veut dire que la population juive se sent agressée et c'est tout à fait normal/i »/h3 p/brVient ensuite le cas de Valérie Lecasble – éditorialiste pour le média « LeJournal.info », créé en 2023 par l'illustre Laurent Joffrin. Cette dernière est invitée à commenter les gesticulations de Bruno Retailleau, qui, la veille, incitait les préfets à « isaisir systématiquement la justice administrative/i » contre tout maire qui choisirait de dresser le drapeau palestinien (iLe Monde/i, 21/09). Légitimant l'action du ministre, la journaliste avance trois phénomènes pour expliquer cette hostilité à l'affichage de drapeaux palestiniens dans l'espace public : « icette histoire du 7 octobre/i », « ila présence en France de La France insoumise/i » – comprenne qui pourra ! –, mais aussi… « ila démographie française/i ». C'est-à-dire ? « iC'est-à-dire que les études le prouvent, on a de moins en moins d'enfants en France, mais la population qui est issue de l'immigration continue à avoir plus d'enfants que la population française./i » Mais encore ?/p blockquote class="spip" pstrong- Valérie Lecasble :/strong Ça veut dire que chez les jeunes, aujourd'hui, il y a une sorte d'identification…/p pstrong- Axel de Tarlé :/strong Alors… au risque d'essentialiser finalement, voilà, c'est-à-dire que chacun est renvoyé dans son camp selon ses origines…/p pstrong- Valérie Lecasble :/strong Mais c'est une catastrophe, on est tout à fait d'accord… La génération au-dessus qui était vraiment totalement intégrée et qui voulait être française… les gens voulaient être Français…/p pstrong- Axel de Tarlé :/strong On a une régression…/p pstrong- Valérie Lecasble :/strong On a une régression par rapport à ça./p pstrong- Axel de Tarlé :/strong Identitaire./p pstrong- Valérie Lecasble :/strong Une régression identitaire./p /blockquote pFranceinfo, ou CNews pour (et par) les nuls ? Et ce n'est pas terminé :/p /br centeriframe title="vimeo-player" src="https://player.vimeo.com/video/1121531747?h=a4a343838e" width="640" height="360" frameborder="0" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture; clipboard-write; encrypted-media; web-share" allowfullscreen/iframe/center p/br« iVous savez qu'il y a 1 juif pour 10 musulmans en France […], ça veut dire que la population juive se sent agressée et c'est tout à fait normal./i » Valérie Lecasble, candidate au prix « Racisme » inter-médias ? Il faudra donc l'intervention de Gilles Bornstein pour mettre le holà, sans quoi rien ni personne ne semblait prêt à enrayer cette longue (et « naturelle ») dégringolade. Peinant à justifier ses propos, Valérie Lecasble répond à la remontrance en prétendant réagir… à un sondage (a href="https://x.com/StefPalomba/status/1969038647660871881" class="spip_out" rel="external"bidonné/a) de l'Ifop pour le Crif diffusé un peu plus tôt à l'antenne, et dont il était (a href="https://x.com/StefPalomba/status/1969175194838220903" class="spip_out" rel="external"abusivement/a) tiré que « i31% des 18-24 ans estiment "légitime de s'en prendre aux Français juifs, au nom du conflit en cours à Gaza"/i ». On imagine donc la chaîne de raisonnement – jeunesse - immigration - arabes - antisémites – qui s'est construite dans son esprit entretemps…/p pComme à l'occasion de a href="https://www.acrimed.org/Mission-tourisme-balneaire-a-Gaza-debacle-a"précédentes séquences sur la même chaîne/a, cette débâcle en dit au moins aussi long sur l'impensé raciste structurant les plateaux de télévision (et la plupart des commentateurs du « cercle de la raison ») que sur les ravages du journalisme de commentaire, où le grand n'importe quoi est devenu la norme de l'expression publique. En témoigne d'ailleurs le conducteur sans queue ni tête de cette première partie d'émission initialement consacrée… aux drapeaux palestiniens, où l'on aura entendu pêle-mêle des élucubrations concernant les visées stratégiques d'Olivier Faure, qualifié de « ispeedy Faure/i » par Gilles Bornstein parce que « ic'est quand même pas facile d'aller plus vite que La France insoumise dans le soutien à la cause palestinienne/i » ; des louanges adressées à la mairie de Paris pour avoir projeté les deux drapeaux sur la tour Eiffel – « iC'est très beau/i » (Axel de Tarlé) – ; des questionnements sur le « irisque […] que des manifestations propalestiniennes dégénèrent et que ce drapeau palestinien soit le drapeau de la discorde/i » (Axel de Tarlé) ; la promotion d'une tribune parue dans iLe Figaro/i (20/09) appelant Emmanuel Macron à ne pas « ireconnaître un État palestinien sans conditions préalables/i » ; un reportage sur les universités et « ice climat dans lequel s'inscrit cette reconnaissance de l'État de Palestine, ce climat où les juifs de France peuvent parfois se sentir devenir des cibles/i » (Axel de Tarlé) ; quelques coups de boutoir contre LFI pour avoir « iprononc[é] des phrases qui peuvent friser l'antisémitisme [sic] ou être interprétées comme telles/i » (Valérie Lecasble) ; des indignations quant à « il'importation de ce conflit israélo-palestinien sur nos terres… euh… en France/i » (Axel de Tarlé) ; mais aussi une revendication de « ipédagogie sur la conception française de la laïcité/i » notamment pour « iles plus jeunes/i » (Frédéric Micheau), précédée d'un grand gloubi-boulga où se sont entremêlés drapeaux palestiniens, « imontée du fait religieux/i » et « imanifestation en soutien à Charlie Kirk/i » :/p blockquote class="spip" pstrongAxel de Tarlé :/strong Jean-François Colosimo, le spécialiste des religions, dit "il n'y a rien de tel pour cimenter une population que de mettre un peu de religion là-dedans". C'est ce à quoi on assiste, au fond ? Chacun est renvoyé à son camp ? Renvoyé à sa religion… et le monde est plus simple ?/p /blockquote pRideau./p /br centerstrong***/strong/center p/brRaconter n'importe quoi, H24 : tel semble être le projet de Franceinfo avec de telles émissions de commentaire. Diffusée deux fois par jour sur la chaîne publique low cost, « L'info s'éclaire » consacre le règne des toutologues et la mort de l'information, rivalisant ici avec ses concurrentes dans la course au talk-show le plus réactionnaire… et le plus en pointe dans la déshumanisation des Palestiniens. Dommage que l'émission n'ait attiré l'attention ni de la rédaction, ni des syndicats… et encore moins de la direction. « Palestine : le drapeau de la discorde ? » titrait tout du long le bandeau de la chaîne. Bientôt « Franceinfo : le média du déshonneur » ?/p p/brstrongPauline Perrenot/strong/p/div
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Répression sociale : des milliers de contrôles CAF déclenchés sur demande policière

Rezo.net - mer, 2025-09-24 09:52
Après avoir dénoncé les dérives de l'algorithme de notation utilisé par la CAF pour sélectionner les personnes à contrôler, nous abordons ici la question des contrôles CAF réalisés sur signalements policiers. Utilisée par la police comme arme de répression sociale et politique, cette pratique symbolise l'instrumentalisation par l'État des administrations sociales à des fins de contrôle. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"La Quadrature du Net/a/b/div

Thierry Cotillard, nouveau patron préféré des médias ?

Acrimed : Action-Critique-Médias - mar, 2025-09-23 18:00
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH80/cotillard-26f8e.png?1758643201' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='80' alt="" / div class='rss_chapo'pConstruction médiatique du nouveau Michel-Edouard Leclerc, étude de cas./p/div div class='rss_texte'pDans les grands médias, l'ordre capitaliste et le a href="https://www.acrimed.org/Journalisme-economique-40-ans-de-catechisme"catéchisme libéral/a s'incarnent à travers des figures patronales. Le modèle en la matière est bien entendu Michel-Édouard Leclerc. « iC'est le roi de la comm' ! Il sature l'espace médiatique ! Il est partout !/i », s'exclamait Aurélie Casse dans « C à vous » (France 5, 22/05). Grand patron « ipréféré des Français/i », descendant d'une grande lignée d'entrepreneurs, défenseur du « ipouvoir d'achat/i », spécialiste de « ila consommation/i », il est l'incarnation de ces « dirigeants à visage humain » qui, une fois installés comme tels dans le paysage médiatique, occupent un espace démesuré et tiennent le rôle de « bon client ». Un recours accessible et « prestigieux » pour les journalistes, qui leur tendent volontiers le micro sur l'inflation, l'Ukraine, le déficit, les retraites, mais aussi les mouvements sociaux, l'intelligence artificielle, les vacances des Français… et ainsi de suite, réussissant le tour de force de convertir les tenants de l'ordre économique en « témoins neutres » de la société française !/p p« iAvec vos 800 magasins un peu partout en France, vous êtes un des meilleurs points d'observation de la consommation des Français. Alors justement, comment vous les trouvez les Français en cette rentrée 2025 […] ?/i », demandait ainsi Léa Salamé à Michel-Édouard Leclerc en clôture de son 20h inaugural, après avoir qualifié ce dernier de « igrand patron emblématique/i »… si ce n'est « il'un des plus emblématiques/i » ! La construction médiatique et hagiographique de l'héritier Leclerc et de sa « ibelle entreprise familiale/i » a atteint des proportions telles qu'il n'est pas rare de voir la presse se demander : « Présidentielle 2027 : Michel-Édouard Leclerc bientôt candidat ? » (iOuest-France/i, 20/05) ; « 2027, un patron à l'Élysée : et si c'était Michel-Édouard Leclerc ? » (France 5, 22/05) ; « "Je suis disponible pour la nation" : Michel-Édouard Leclerc candidat en 2027 ? Qu'en pensent les Français ? » (BFM-TV, 14/02) Voilà pour le maître…/p /br h3 class='article_intertitres'Cotillard mania dans les médias/h3 p/br… au tour de l'élève. À la faveur des mêmes procédés journalistiques, le patron du a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupement_Mousquetaires" class="spip_out" rel="external"groupe Mousquetaires (Intermarché)/a, Thierry Cotillard, parade en ce moment sur les plateaux. Au cours des dernières semaines, on l'aura vu ou entendu sur TF1, RMC, BFM Business, Radio Classique, mais aussi dans iLe Figaro/i, Capital, iSud Ouest/i, sur France Inter, dans l'émission « C à vous » (France 5)… et même dans le journal iL'Équipe/i. Les journalistes parlent également de lui en son absence, certaines de ses déclarations faisant l'objet de reprises dans la presse, comme ce 8 septembre, quand il s'inquiète de la mobilisation « Bloquons tout »… L'occasion d'une dépêche AFP – « iLe patron d'Intermarché a renforcé ses stocks par "crainte" des actions/i » (8/09) –, reprise de iLibération/i aux iÉchos/i, lesquels redoublent encore la portée du message de ce patron déjà omniprésent sur les antennes./p /br div class='spip_document_16198 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/cotillard.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH265/cotillard-ce78d.png?1758636759' width='500' height='265' alt='' //a /figure /div p/brAinsi donc, les procédés qui ont été utilisés pour élever Michel-Édouard Leclerc au rang d'égérie du patronat sont aujourd'hui décalqués pour fabriquer la stature – et le capital médiatique – de Thierry Cotillard. Ce n'est pas un hasard : Michel-Edouard Leclerc est le « imentor/i » de Thierry Cotillard, apprend-on dans un portrait particulièrement élogieux du patron d'Intermarché publié par le magazine professionnel a href="https://www.lsa-conso.fr/dans-la-vie-du-patron-des-mousquetaires-thierry-cotillard-l-homme-presse-portrait,458512" class="spip_out" rel="external"LSA Conso/a (25/12/2024), qui dépeint Cotillard comme un « ihomme pressé/i », désormais « ihabitué des médias/i », « iqui sait embarquer grâce à sa générosité communicationnelle/i ». Sic./p /br h3 class='article_intertitres'« iUn baromètre de l'état d'esprit des Français/i »/h3 p/brUne « générosité » que France Inter souhaite naturellement partager avec les auditeurs ! C'est la rentrée des classes sur la « première radio de France » et Thierry Cotillard est l'invité de la matinale (3/09). La première question que lui adresse Benjamin Duhamel en dit long sur l'idée que se font les intervieweurs de ces acteurs économiques : « iComme patron d'une entreprise de grande distribution, plus de 3 000 points de vente, 160 000 collaborateurs, strongvous êtes comme un baromètre de l'état d'esprit des Français/strong… Que voyez-vous chez les Français ?/i » Aux yeux de Benjamin Duhamel, Thierry Cotillard n'est pas le président d'un groupe qui affiche un chiffre d'affaires de 55,6 milliards d'euros en 2024, mais bien un « ibaromètre de l'état d'esprit des Français/i », un instrument fiable de mesure de « l'opinion », presque un sociologue. On retrouve là le procédé imade in/i Leclerc : le patron exerçant dans un secteur de l'économie auquel « les-Français » sont confrontés quotidiennement – la grande distribution – il en devient par transitivité un « ispécialiste des Français/i », à la « ifibre sociale/i » qui plus est !/p pAlors que Leclerc a pris pour habitude de se faire passer pour le héros du pouvoir d'achat, Cotillard a quant à lui choisi la carte de « ila précarité étudiante/i » et ne manque pas une occasion de le rappeler devant des journalistes conquis. Mais comme tout patron « télé » qui se respecte, Thierry Cotillard suit surtout le sens du vent (médiatique) : en février, au salon de l'agriculture, il lançait en grande pompe avec l'animatrice Karine Le Marchand et d'autres géants de la distribution une opération commerciale pour « isoutenir les agriculteurs/i », intitulée « L'amour est tout près ». Invité sur le plateau de « Quelle Époque ! » (France 2, 8/03) pour parler de cet « iengagement/i », Thierry Cotillard était reçu avec tous les égards par Léa Salamé : « iPourquoi vous avez dit oui [à Karine Le Marchand] ? Pourquoi vous vous êtes engagé ?/i » Léa Salamé se demandera tout de même s'il ne s'agit pas d'une « iopération de comm'/i », mais ne poussera pas jusqu'à se demander s'il est bien décent de faire passer un patron de la grande distribution pour un homme « iengagé/i » contre la précarité des agriculteurs./p /br div class='spip_document_16200 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/cotillard-lemarchand.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH281/cotillard-lemarchand-b9446.png?1758636759' width='500' height='281' alt='' //a /figure /div p/brCar bien entendu, cette (fine) couche de vernis social résiste mal aux (rares) incartades que s'autorisent les intervieweurs : « iAu cœur des débats Thierry Cotillard, il y a la question de la contribution des plus aisés à l'effort national […]. Est-ce que vous dites "on est prêts à faire un effort" ?/i », demande par exemple Duhamel sur France Inter. Cotillard le stoppe : « iÉcoutez, je crois que nous sommes tous prêts à faire des efforts mais franchement y'en a marre, y'en a marre de penser que la solution, c'est soit un impôt soit une taxe, parce qu'on fait partie des pays qui sont les plus taxés. Et puis, ça suffit ce concours Lépine de la nouvelle taxe !/i » Et le président des Mousquetaires d'enfiler les poncifs patronaux, à l'image du patron du Medef, depuis la « isurrèglementation/i » jusqu'aux « isurcouches administratives/i ». Tout est en ordre./p /br h3 class='article_intertitres'« iFaut-il un patron au pouvoir ?/i »/h3 p/br« iAlors moi, je ne suis pas au Medef/i », s'esclaffe-t-il pourtant sur le plateau de « C à vous », alors que l'éditorialiste Yaël Goosz regrette que le patronat « idans son ensemble/i » n'ait fait « iaucun compromis/i » lors du conclave des retraites, ce « iqui aurait pu donner de l'air à ce gouvernement Bayrou/i ». Nous sommes le 5 septembre, la chute du Premier ministre est annoncée dans les jours qui viennent, et le journaliste Mohamed Bouhafsi organise un plateau sur la crise politique et « iles-Français/i » qui « ise serrent/i » conséquemment « ila ceinture/i ». Choisi dans le rôle du petit père de la nation, Thierry Cotillard récite son imitation de Michel-Édouard Leclerc en adoptant un langage familier, censé, on l'imagine, le rapprocher « des-Français » ou de l'image qu'il s'en fait : « iLe seul pays qui est planté, c'est la France. Et c'est là où j'ai envie de dire vulgairement "T'as les boules" […]. On n'a pas cette culture du compromis, chacun reste sur ses positions jusqu'à bloquer le pays./i » La journaliste Amandine Bégot reconnaît là le discours de « stabilité » et de « compromis » si cher au petit monde médiatique. D'où cette question, tout à fait caractéristique de la fascination journalistique pour le patronat : « iFaut-il un patron au pouvoir ?/i »/p blockquote class="spip" pstrong- Amandine Bégot :/strong Près de 40% des Français veulent un Premier ministre apolitique ! Thierry Cotillard, est-ce qu'un grand patron ferait mieux ?/p pstrong- Thierry Cotillard :/strong C'est un raccourci, je sais qu'un de mes confrères pourrait être candidat…/p pstrong- Amandine Bégot :/strong On parle souvent de Michel-Édouard Leclerc, régulièrement les Français…/p pstrong- Thierry Cotillard :/strong Écoutez, je crois que c'est un autre exercice, mais une chose dont je suis sûr, c'est qu'on n'a pas assez de mixité entre les politiques […] et le monde de l'entreprise./p /blockquote/br div class='spip_document_16201 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/cotillard-begot.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/cotillard-begot-ad86b.png?1758636759' width='500' height='278' alt='' //a /figure /div p/brEn 2024 déjà, Jean-Michel Aphatie lui jouait le même air : « iVous allez finir ministre./i » (« Quotidien », TMC, 10/01/24) Quant à Michel-Édouard Leclerc, trois mois plus tôt, « C à vous » se posait la même question à son sujet – « 2027 : un patron à l'Élysée ? » – et la chroniqueuse Émilie Tran Nguyen jouait déjà la partition avec entrain : « iQuand on regarde les sondages, [il] y a 66% des Français qui feraient plus confiance à un chef d'entreprise pour réformer la France. [Il] y a même un sondage qui dit que les Français font plus confiance à Michel-Édouard Leclerc qu'à Jean-Luc Mélenchon pour faire des propositions efficaces pour la France !/i »/p /br centerstrong***/strong/center p/brEntre fin août et mi-septembre, Thierry Cotillard a en tout cas bénéficié de la surface médiatique d'un homme politique de premier plan : matinales, grands entretiens en iprime time/i, interviews dans la presse régionale, nationale, économique et même sportive… Il a pu donner son avis sur l'abaissement de la note de la dette publique de la France, « il'état d'esprit des Français/i », le mouvement « Bloquons tout », l'inflation, la précarité étudiante, l'instabilité politique ou encore sa stratégie de sponsoring du football et du rugby ! Comme toute parole émanant d'un acteur dominant dans le champ économique, les déclarations d'un grand patron sont extrêmement valorisées par les journalistes, qui leur confèrent une forme d'autorité et d'expertise incontestable. Au point que l'éditocratie, lassée de l'instabilité politique et ivre de bavardages insensés, envisage aujourd'hui l'un d'entre eux à la tête du pays, comme a href="https://www.acrimed.org/General-nous-voila-les-editocrates-avec-Pierre-de"elle jetait hier son dévolu sur un ex-chef d'état-major des armées/a pour y rétablir l'ordre… Grâce à cette complicité médiatique, et en appliquant le manuel de son « mentor », Thierry Cotillard a pu, en 15 jours, être tout à la fois un chef d'entreprise « iengagé/i », un « ibaromètre/i » de l'opinion des Français, et un fervent défenseur médiatique des intérêts de sa classe./p p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div
Catégories: Médias

The deeper story behind America's pending loss of free speech | Robert Reich

rezo.net - la sélection - mar, 2025-09-23 10:57
But the most intense pressure came from us — from Disney viewers and customers — who immediately began to cancel subscriptions to Disney+ and Hulu and threaten a broader consumer boycott. br /Some stars such as Tatiana Maslany (star of Marvel's Disney+ series “She-Hulk : Attorney at Law”) and Rosie O'Donnell urged people to cancel their subscriptions. br /But the consumer boycott seems to have begun almost immediately. br /According to Strength in Numbers, searches for “cancel Disney+” were higher than boycott movements from when Disney went “woke” in 2020-2022. According to search interest, the Disney boycott quickly became four times as large as any boycott over the last five years. br /Shortly after Kimmel's suspension was announced, Disney stock dipped about 3.5 percent and continued to trade lower in subsequent days. br /That loss in market value has amounted to about $4 billion. br /Investors knew consumers were upset. There's never one single reason for the ups and downs in the value of a particular firm's shares of stock, but the correlation here has been almost exact. br /The bottom line : We have extraordinary power. We're the vast majority. Like every other big corporation, Disney relies on us. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/spip.php?page=rubriqueid_rubrique=0"Substack/a/b/div

The deeper story behind America's pending loss of free speech | Robert Reich

Rezo.net - mar, 2025-09-23 10:57
But the most intense pressure came from us — from Disney viewers and customers — who immediately began to cancel subscriptions to Disney+ and Hulu and threaten a broader consumer boycott. br /Some stars such as Tatiana Maslany (star of Marvel's Disney+ series “She-Hulk : Attorney at Law”) and Rosie O'Donnell urged people to cancel their subscriptions. br /But the consumer boycott seems to have begun almost immediately. br /According to Strength in Numbers, searches for “cancel Disney+” were higher than boycott movements from when Disney went “woke” in 2020-2022. According to search interest, the Disney boycott quickly became four times as large as any boycott over the last five years. br /Shortly after Kimmel's suspension was announced, Disney stock dipped about 3.5 percent and continued to trade lower in subsequent days. br /That loss in market value has amounted to about $4 billion. br /Investors knew consumers were upset. There's never one single reason for the ups and downs in the value of a particular firm's shares of stock, but the correlation here has been almost exact. br /The bottom line : We have extraordinary power. We're the vast majority. Like every other big corporation, Disney relies on us. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/spip.php?page=rubriqueid_rubrique=0"Substack/a/b/div

L'explosion des prix des médicaments menace l'accès aux soins | Marion Courtassol

Rezo.net - mar, 2025-09-23 08:11
Le cas de l'anticancereux Keytruda, étudié par l'UFC-Que Choisir, illustre un modèle pharmaceutique financiarisé qui met à mal la soutenabilité du système de santé et l'accès équitable aux soins. De plus en plus d'acteurs s'y opposent et proposent des solutions pour mettre les médicaments à l'abri de la spéculation et des intérêts privés. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/spip.php?page=rubriqueid_rubrique=0"Le Nouveau paradigme/a/b/div

Chez France Travail, Frontex promet « de la chasse » de migrants pour recruter | Lina Rhrissi

Rezo.net - lun, 2025-09-22 22:32
Lors d'une visioconférence début septembre, un ex-officier de Frontex a voulu rendre le métier de garde-frontières attractif pour les « jeunes hommes ». Pour en recruter 500 d'ici janvier 2026, l'agence a baissé le niveau d'études requis au bac. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/dans-la-presse"StreetPress/a/b/div

Les résistants de la 25e heure au chevet de « l'âme d'Israël »

Acrimed : Action-Critique-Médias - lun, 2025-09-22 10:36
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH128/25eheure_logo-f3c89.png?1758530194' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='128' alt="" / div class='rss_chapo'pLes « débats » actuels sur « l'isolement », « l'image » et la « crédibilité » d'Israël ne sont pas sans rappeler une séquence médiatique structurante dans le développement de ce type de cadrage, qui polarise une grande partie de l'agenda. Au printemps 2025, tandis que le gouvernement français formulait quelques remontrances de façade à l'égard du gouvernement israélien, un certain nombre d'intellectuels et de personnalités se sont exprimés, en tant que juifs et juives, contre la politique de Benyamin Netanyahou. Encensées et largement amplifiées par les grands médias, ces prises de position eurent beau témoigner d'une désolation morale devant les massacres de Palestiniens, elles n'en ont pas moins assuré la continuité du cadrage politique imposé au lendemain du 7 octobre 2023, parfois au gré d'une réécriture frauduleuse de l'histoire, toujours en vue de la sauvegarde de « l'image » ou de « l'âme » de l'État d'Israël. Ou comment assurer la reproduction du (même) récit dominant et la reconduction du (même) monopole de la parole… en prétendant faire état d'un « changement ». Retour sur une séquence loin d'être achevée./p/div div class='rss_texte'pLe 10 mai 2025, sous les projecteurs et la bande-son haletante de « Quelle époque ! » (France 2), Léa Salamé livre une introduction que tout étudiant en journalisme se devrait d'étudier pour mesurer la puissance de deux a href="https://www.acrimed.org/Le-pouvoir-des-medias-entre-fantasmes-deni-et"pouvoirs fondamentaux des médias/a : le pouvoir d'agenda et le pouvoir de consécration./p blockquote class="spip" pstrongLéa Salamé :/strong On en vient maintenant à un sujet qu'on ne pouvait pas ne pas traiter cette semaine. Deux femmes puissantes, deux femmes influentes ont pris la parole en fin de semaine. Deux femmes dont la voix compte en France et dans la communauté juive. Anne Sinclair et Delphine Horvilleur ont écrit chacune un texte fort alors que la situation n'a jamais été aussi critique à Gaza./p /blockquote pCette mise en scène d'une actualité subitement présentée comme incontournable ne saurait faire oublier qu'à l'antenne de « Quelle époque ! », Gaza a surtout été un non-sujet, largement laissé hors-champ au cours des deux années passées. Aux arguties de la présentatrice affirmant « ne pas pouvoir ne pas traiter » le sujet en cette semaine de mai 2025, on opposera que la rédaction ia très bien pu ne pas le traiter/i pendant de trop nombreux mois : à titre d'exemple, la précédente émission abordant Gaza remonte au 24 novembre 2024… soit 5 mois plus tôt./p /br h3 class='article_intertitres'« Les voix qui comptent »… et les distinctions sélectives/h3 p/brQue nous vaut cette soudaine préoccupation ? Deux textes publiésspan class="spip_note_ref" [a href='#nb1' class='spip_note' rel='appendix' title='Sur Instagram (8/05) pour la première et sur le site Tenoua (7/05) pour la (...)' id='nh1'1/a]/span respectivement par la journaliste Anne Sinclair et l'écrivaine et rabbine Delphine Horvilleur, lesquelles ne sont pas en plateau ce jour-là. Leur médiatisation, confie Léa Salamé, s'explique du fait de la notoriété de leurs autrices, immédiatement qualifiées de « ivoix qui comptent en France et dans la communauté juive/i », et dont la parole est perçue, construite et légitimée comme un « événement » à part entière, d'une importance telle qu'il provoque un retour de Gaza à l'agenda après des mois de trou noir. Parcourir les précédentes émissions à la lumière d'un tel précepte nous renseigne donc sur les (rares) « voix qui ont compté » aux yeux de la rédaction, autant que sur les (nombreuses) voix qui à l'évidence ne comptent pour rien… et ont été par conséquent mises en sourdine. Sans surprise, le tableau général de l'émission se distingue par l'exclusion quasi systématique des collectifs, partis et personnalités qui, au cours des vingt mois précédents, ont porté avec constance les appels au cessez-le-feu, les recommandations des instances de la justice internationale, les demandes de sanctions contre Israël et les manifestations de solidarité concrète avec le peuple palestinien./p pSans doute leur parole était-elle moins digne d'intérêt que le « itexte fort/i » des deux personnalités célébrées par Léa Salamé… Alors que nous disent-elles ?/p blockquote class="spip" pstrongLéa Salamé :/strong Anne Sinclair a écrit sur son compte Instagram il y a deux jours : « Nous sommes meurtris, déchirés par l'action que mène le gouvernement israélien à Gaza. i[Léa Salamé effectue ici une large coupe non signalée par rapport au texte originel, NDLR.]/i Les Juifs n'affament pas les enfants. Les Juifs ont trop souffert pour ne pas supporter qu'on fasse du mal en leur nom. » La rabbine Delphine Horvilleur a elle aussi pris la parole dans la revue Tenoua pour dire stop à la politique israélienne de Netanyahou. Je la cite : « C'est précisément par amour d'Israël que je parle aujourd'hui. Par la force de ce qui me relie à ce pays qui m'est si proche, et où vivent tant de mes proches i[« prochains », dans le texte originel, NDLR]/i. Par la douleur de le voir s'égarer dans une déroute politique et une faillite morale. Par la tragédie endurée par les Gazaouis, et le traumatisme de toute une région. »/p /blockquote pPar un savant procédé de sélection, Léa Salamé choisit de mettre en relief les propos qui, au sein des deux textes en question, sont susceptibles d'incarner au mieux la compassion morale des deux autrices à l'égard des Palestiniens de Gaza : un angle compatible avec le cadrage médiatique « humanitaire » de la question palestinienne tel que toléré à l'instant T, qui valut accessoirement à de nombreuses voix l'excommunication médiatique durant des mois après le 7 octobre 2023. Sauf que les deux autrices sont loin de ne dire que ça…/p pAnne Sinclair, notamment, écrit dès la deuxième phrase de son post Instagram que « ila légitimité de cette guerre après le 7 octobre n'est pas à remettre en cause/i », tout en prenant un soin extrême à dédouaner l'État d'Israël, en pointant la « iresponsabilité absolue/i » du Hamas « ipour le mal qu'il fait à la population palestinienne en la gardant en otage et en l'exposant à sa place aux bombes et à la guerre qu'il aurait pu arrêter/i », et en bornant ses critiques à la seule « iforme des actions que mène l'armée israélienne à Gaza à la demande du gouvernement de Netanyahou/i ». Quant à Delphine Horvilleur, elle prend garde à ne jamais nommer, elle non plus, les crimes d'Israël pour ce qu'ils sont. Et pour cause, tant le cœur du texte ne porte pas tant sur le génocide en lui-même que sur son influence délétère sur le destin de l'État d'Israël, que Delphine Horvilleur « iappel[le] à un sursaut de conscience/i »./p pOn voit donc combien ces deux textes en disent iin fine/i beaucoup plus long que ce que Léa Salamé veut bien en montrer dans son introduction : par ses choix sélectifs confinant à une désinformation par omission, la présentatrice rend visible leur versant « humanitaire » pour mieux passer sous silence leur portée fondamentalement politique, laquelle non seulement ne contrevient en rien au a href="https://www.acrimed.org/Israel-Palestine-le-7-octobre-et-apres-1-un"récit médiatico-politique dominant édicté au lendemain du 7 octobre 2023/a, mais permet en outre d'en assurer la continuité acceptable sous une bannière « morale »./p /br h3 class='article_intertitres'Encenser les censeurs : à propos des « injonctions au silence »/h3 p/brDisqualifiées ou ignorées dans les médias les plus extrême droitiers assumant une ligne de soutien inconditionnel à l'État d'Israël – pour lesquels une « simple » compassion humanitaire à l'endroit des Palestiniens équivaut déjà à soutenir le Hamas… –, ces prises de position ont été très largement célébrées au sein des médias « respectables ». L'AFP publie une dépêche à succès sur « l'événement » ; iLe Monde/i valorise ces « ipersonnalités de la communauté juive française qui prennent position pour dénoncer la situation/i » (12/05) et le 9 mai, iLibération/i publie coup sur coup deux articles pour applaudir le « iréveil salutaire d'Anne Sinclair et Delphine Horvilleur/i » et mettre en valeur la première, qui « isort du silence pour dénoncer la "faillite morale d'Israël"/i ». Aucune critique substantielle ne leur est adressée, hormis « iune faute intellectuelle/i » consistant, écrit Thomas Legrand… à avoir « ilaissé à LFI le monopole de la radicalité de la critique des crimes d'Israël à Gaza et en Cisjordanie/i ». Il fallait oser, ia fortiori/i quand on mesure la « radicalité » des critiques en questionspan class="spip_note_ref" [a href='#nb2' class='spip_note' rel='appendix' title='Le Monde (12/05) n'hésite pas à donner cours au même type d'outrance au moment (...)' id='nh2'2/a]/span... « i[Elles] considèrent avec effroi que l'État hébreu "s'égare dans une déroute politique et une faillite morale". On ne saurait mieux dire/i », les félicite également iL'Obs/i (15/05). « i[L]eur colère/i » fait couler de l'encre jusque dans les pages du iMidi Libre/i et de iL'Indépendant/i (12/05), tandis que de France Info à France Culture en passant par France Inter, les journaux d'information les mettent à l'agenda – et à l'honneur –, France Inter saluant « ide nouvelles voix [qui] s'élèvent pour dénoncer la situation humanitaire à Gaza, des voix influentes au sein de la communauté juive en France/i », parmi lesquelles Delphine Horvilleur, dont la journaliste soutient qu'« ielle sort du silence/i ». (Journal de 13h, 9/05). « iElle a, pendant de longs mois, choisi la retenue/i », insiste iLe Point/i (9/05)./p pUn storytelling qui reprend mot pour mot celui des deux autrices, s'essayant elles-mêmes à justifier le « silence » qui aurait jusque-là caractérisé leur posture. « iNous nous sommes tus car l'antisémitisme qui gagne du terrain, sous couvert d'antisionisme, nous a contraints à faire bloc face à ceux qui nous insultent et crient leur haine du juif/i », déclare Anne Sinclair. « iJ'ai censuré mes mots face à ceux qui trouvent des excuses à une déferlante antisémite "ici" au nom d'une justice absente "là‐bas"/i », écrit Delphine Horvilleur, l'audace prenant un tour particulièrement cavalier lorsqu'elle explique avoir « iressenti souvent cette injonction au silence/i »./p pMais de quel « silence » parle-t-on ? Et à propos de quoi ? Dès le 25 octobre 2023 par exemple, Horvilleur n'hésitait pas à faire la Une de iL'Obs/i aux côtés de Kamel Daoud, où elle s'épanchait dans un entretien-fleuve pour affirmer que « icette guerre contre le Hamas est légitime/i », dire son accablement de ne « ipas trouv[er] de voix palestinienne en France pour dénoncer le Hamas/i », son dégoût face aux « ipositions indignes de La France insoumise et sa rhétorique qui nourrit l'antisémitisme/i », déclarer « iqu'on adore les juifs qui souffrent […] [m]ais dès qu'ils ont une armée, dès qu'on imagine une souveraineté juive, dans sa moralité et son immoralité que crée toute souveraineté, tout à coup, c'est insupportable/i », ou encore théoriser, a href="https://www.acrimed.org/Israel-Palestine-le-7-octobre-et-apres-2-doubles"comme d'autres commentateurs le firent par la suite/a, qu'« ihumainement, ce n'est quand même pas la même chose de se poser la question des dérives d'une armée et le fait que des gens soient entrés, maison par maison, dans des familles pour trucider des bébés et violer des femmes/i »./p pUn « silence » pour le moins bavard donc, qui préfigura de nombreuses interventions médiatiques au cours des mois suivants, des écrits dans la revue qu'elle dirige, la publication d'un essai (chez Grasset), mais aussi quelques campagnes de calomnie contre l'humoriste Blanche Gardinspan class="spip_note_ref" [a href='#nb3' class='spip_note' rel='appendix' title='Voir par exemple l'article de France Info (14/03/2024).' id='nh3'3/a]/span, « iles féministes d'ultra-gauche/i »span class="spip_note_ref" [a href='#nb4' class='spip_note' rel='appendix' title='« Delphine Horvilleur : "Israël ne peut pas se débarrasser de la question de (...)' id='nh4'4/a]/span et le mouvement de solidarité, ou encore des appels à « ipurger le Nouveau Front populaire/i » visant « ides gens/i » au sein de LFI qui, « ià commencer par son leader, à commencer par bon nombre de ses sbires/i », « iutilisent un langage de l'antisémitisme/i » et « isont tout aussi dangereux [que le RN]/i », tous deux porteurs de « ivaleurs abjectes et haineuses/i » (BFM-TV, 20/06/2024)./p pQuant à Anne Sinclair, elle eut elle aussi moult occasions de « sortir du silence », notamment lors de son passage dans a href="https://www.youtube.com/watch?v=VBunLTuM2kw" class='spip_out' rel='external'« C à vous » (France 5)/a, le 29 avril 2024, où elle déployait toute sa ferveur pour discréditer les étudiants mobilisés à Sciences Po en soutien de la Palestine – coupables de « icécité/i », d'« iignorance absolue/i » et de « iméconnaissance totale de la mémoire historique/i » – ; mettre en doute le bilan des morts à Gazaspan class="spip_note_ref" [a href='#nb5' class='spip_note' rel='appendix' title='Interrompant la journaliste Émilie Tran Nguyen qui mentionne 40 000 morts à (...)' id='nh5'5/a]/span ; et enjoindre de ne pas « i[mettre] en équivalence à la fois le massacre d'une barbarie sauvage qui a eu lieu le 7 octobre et une guerre. C'est une guerre, elle est cruelle, elle est dure, elle est violente, on a le droit de dire "assez", oui, peut-être, mais on ne met pas les deux en parallèle/i ». Sans oublier de calomnier toute position politique contraire à la sienne :/p blockquote class="spip" pstrong- Anne Sinclair :/strong L'antisionisme aujourd'hui est la forme moderne de l'antisémitisme./p pstrong- Patrick Cohen :/strong Tous les antisionistes ?/p pstrong- Anne Sinclair :/strong Tous les antisionistes./p pstrong- Patrick Cohen :/strong Tous ?/p pstrong- Anne Sinclair :/strong Tous./p /blockquote pAutant d'exemples qui ne sauraient donc faire oublier que si « injonctions au silence » il y eut autour de la question palestinienne, celles-ci furent en réalité infligées de façon systématique aux Palestiniens et à leurs soutiens (réels ou supposés), au fil d'une longue séquence de diabolisationspan class="spip_note_ref" [a href='#nb6' class='spip_note' rel='appendix' title='Lire « Maccarthysme médiatique », Médiacritiques n° 51, juillet-septembre 2024 (...)' id='nh6'6/a]/span – toujours en cours./p pAnne Sinclair et Delphine Horvilleur y ont pris toute leur part, de même que le dessinateur Joann Sfar, auteur lui aussi d'un post Instagram salué par la presse incitant à ne pas « ise taire face aux déplacements de populations forcés et au nettoyage ethnique qu'annonce le ministre Smotrich/i » (8/05). Ceci après s'être « ifait une spécialité de la diffusion de fausses nouvelles concernant les acteurs et actrices du mouvement de solidarité avec la Palestine/i » au cours des vingt mois précédents, mais également de grossières « iapproximations, contre-vérités et mensonges concernant l'histoire, l'actualité et les répercussions en France du conflit opposant Israël — et avant lui le mouvement sioniste — aux Palestiniens/i », ainsi que le détaille par le menu a href="https://www.blast-info.fr/articles/2025/cher-joann-sfar-boxing-day-30-SEOArjnPQxyyrUi5d6CgAA" class='spip_out' rel='external'son portrait paru sur Blast/a./p pMais qu'importe aux grandes consciences du journalisme : « iIl faut saluer cette prise de parole importante/i », décrète par exemple Thomas Legrand dans iLibération/i (9/05) à propos de Delphine Horvilleur. Ainsi vont les bâtisseurs du discours dominant, et ainsi se construit son hégémonie : prescrire l'amnésie et sommer que l'on entende ices/i voix, ici et maintenant. Celles qui ont participé à étouffer les contre-courants minorisés. Celles dont on doit retenir le nom. Celles dont on fait pour cela les gros titres. Celles que « la raison » commande d'applaudir. Celles dont les grands pontes du journalisme « ne peuvent pas ne pas parler », quand il leur fut pourtant si facile d'en piétiner ou d'en ignorer tant d'autres. Loin d'avoir accompagné une quelconque « sortie du silence », cette séquence de médiatisation ne fait donc ni plus ni moins que consacrer les acteurs que les grandes rédactions consacraient déjà hier… sur le dos des acteurs qu'elles invisibilisaient ou stigmatisaient déjà hier, et dont la parole reste confisquée./p pÀ ce titre, la marginalisation – ou la censure pure et simple – des a href="https://www.acrimed.org/Israel-Palestine-Le-plus-revoltant-c-est-la"personnalités juives et des collectifs juifs critiques d'Israël/a au cours des vingt mois qui ont précédé rendent d'autant plus problématique la référence médiatique constante à « la communauté juive » au cours de cette séquence. Dans la bouche de journalistes n'ayant eu de cesse a href="https://www.acrimed.org/Radicaliser-retour-sur-la-campagne-du-Monde"d'accuser l'opposition politique de gauche d'une prétendue « essentialisation des juifs »/a, une telle rhétorique ne manque décidemment pas de sel, tant elle laisse à penser qu'aucune voix juive n'avait jusqu'à présent critiqué Israël. Aucune voix juive… ou aucune voix juive telle que les tolère, à l'évidence, un espace médiatique qui ignore toute critique d'Israël jugée trop « radicale », l'assimile à de l'antisémitisme et exclut catégoriquement l'antisionisme du périmètre de l'acceptable et du diciblespan class="spip_note_ref" [a href='#nb7' class='spip_note' rel='appendix' title='Rappelons tout de même que l'hebdomadaire du « cercle de la raison », (...)' id='nh7'7/a]/span ?/p /br h3 class='article_intertitres'« Sauver l'âme d'Israël » : déviations et re-polarisation du débat public/h3 p/brTout au long du mois de mai, à la faveur des mêmes angles morts et du même effet de consécration, cette séquence de médiatisation a pris de l'ampleur et s'est étendue à d'autres figures publiques. « iComment critiquer un État en guerre sans nourrir l'antisémitisme ambiant ?/i » s'interroge par exemple iLe Figaro/i (27/05), qui titre sur « iles tourments de la communauté juive française/i » en affichant les portraits de Delphine Horvilleur et de quatre hommes publics qui se sont distingués par leurs interventions constantes en défense de l'État d'Israël – le grand rabbin Haïm Korsia, au centre du visuel du iFigaro/i ci-dessous, ayant par exemple déclaré sur BFM-TV (26/08/24) n'avoir « iabsolument pas à rougir de ce qu'Israël fait dans la façon de mener les combats/i » à Gaza, avant de poursuivre : « iTout le monde serait bien content qu'Israël finisse le boulot et qu'on puisse construire une paix enfin au Proche-Orient./i »span class="spip_note_ref" [a href='#nb8' class='spip_note' rel='appendix' title='Lire « En faisant l'apologie du génocide, Haïm Korsia met les Juif·ves en (...)' id='nh8'8/a]/span. Quant au président du Crif, Yonathan Arfi, il suffit de parcourir son interview dans iLe Parisien/i du 16 juin dernier – où il figure à la Une –, pour mesurer l'inflexibilité de son positionnement en « isoutien à Israël dans son droit à se défendre face à des menaces existentielles/i »./p /br div class='spip_document_16195 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH290/25eheure_1-26ab4.png?1758529118' width='500' height='290' alt='' / /figure /div p/brPour caricatural qu'il soit, le cadrage du iFigaro/i n'en reflète pas moins une certaine polarisation du débat public autour du « destin d'Israël », tant se sont multipliées à cette période les déclarations sensiblement identiques à celle de Delphine Horvilleur et d'Anne Sinclair, dont la presse s'est fait la (vaste) chambre d'écho. Le 8 mai, iL'Express/i publie ainsi la tribune de l'historien Marc Knobel intitulée « Face à la radicalisation d'Israël, les juifs ne peuvent plus se taire », lequel sera également signataire d'un article sur le site de Bernard-Henri Lévy – « Prendre la parole juive dans la tempête : Gaza, le Hamas, Israël et la responsabilité de dire » (La Règle du jeu, 13/05) – avant d'être interviewé par iLa Croix/i : « Gaza : "Le danger est réel de voir s'approfondir une fracture dans le judaïsme" » (16/05). Entre-temps, iLa Tribune dimanche/i médiatise un collectif d'intellectuels « irévoltés par le sort fait aux Palestiniens, inquiets pour l'âme d'Israël/i » (11/05) –, dont l'appel trouve un large écho médiatique. Dans la même veine, iLes Échos/i diffusent un texte du « géopolitologue » Dominique Moïsi – « Gaza : le suicide moral d'Israël » (16/05) – également très remarqué, et quelques jours plus tard (4/06), iLe Monde/i publie une tribune de l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmertspan class="spip_note_ref" [a href='#nb9' class='spip_note' rel='appendix' title='Ancien ministre sous le gouvernement d'Ariel Sharon, il devint Premier (...)' id='nh9'9/a]/span. Titrée « Israël commet bien des crimes de guerre à Gaza », il faut la lire en entier pour comprendre que l'appréciation ne vaut que « idepuis quelques semaines/i » seulement : « iJ'ai toujours affirmé avec force/i, écrit-il, iqu'Israël ne commettait pas de crimes de guerre à Gaza. Car si l'ampleur des pertes humaines était terrible, aucun responsable du gouvernement n'avait cependant donné l'ordre de s'en prendre aux civils de Gaza, sans discernement./i » Des déclarations qui lui vaudront d'être interviewé dans la matinale de France Inter (10/06), à l'antenne de RFI et dans les pages du iDauphiné Libéré/i (11/06), mais aussi sur France 24 (12/06) ou dans iL'Express/i (17/06)./p pCritiques du gouvernement israélien – quoique avec des nuances –, sensibles à la souffrance des Palestiniens de Gaza – quoique sur des registres différents –, ces prises de position ont en commun de reprendre la problématique à deux faces telle que la résumait Thomas Legrand dans iLibération/i (9/05) : « iQue faire pour que cesse le massacre et pour empêcher Netanyahou de continuer à dénaturer Israël ?/i » La première partie ne semblant jamais auto-suffisante, elle va toujours de pair avec la seconde, tantôt motivée par la crainte que se dégrade « l'image » d'Israël à l'international, tantôt que se « dénaturent » ce qui constituerait son « âme originelle » et « iles promesses qui furent celles de ses pères fondateurs/i », selon les mots du rédacteur en chef de iLa Dépêche/i, Jean-Claude Souléry, auteur d'un éditorial exprimant le souhait de « iretrouver enfin Israël dans le concert des nations/i » (27/05)./p pEn pleine guerre génocidaire, alors que l'existence même d'une question nationale palestinienne est en jeu, ces prises de position réorientent pour partie – si ce n'est majoritairement – le cadrage du débat autour d'Israël – et d'une « menace existentielle » –, continuant de ce fait d'entretenir la déshumanisation des Palestiniens, a href="https://blogs.mediapart.fr/muzna-shihabi/blog/030725/l-effacement-poli-des-voix-palestiniennes" class='spip_out' rel='external'la relégation de leur parole/aspan class="spip_note_ref" [a href='#nb10' class='spip_note' rel='appendix' title='Une ligne que nous avions déjà mis en lumière au sein du Parisien, où se sont (...)' id='nh10'10/a]/span... et l'invisibilisation de leur mémoire, en particulier celle du nettoyage ethnique de 1947-1949 – la Nakbaspan class="spip_note_ref" [a href='#nb11' class='spip_note' rel='appendix' title='Voir notamment Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, La (...)' id='nh11'11/a]/span. Nombre de commentateurs ont en outre produit un nouveau discours « auto-justificateur » permettant de réhabiliter d'une pierre deux coups « l'âme d'Israël » et la continuité du récit dominant imposé au lendemain du 7 octobre 2023 : se jouerait actuellement à Gaza une « deuxième guerre » qui, contrairement à « la première », n'est pas légitime, témoigne de la « dérive » de dirigeants « fanatiques », et justifie désormais, et désormais seulement, que des voix protestent contre. Tous, cependant, ne s'accordent pas sur « le commencement » de cette « nouvelle guerre », la plupart évoquant mars 2025, après qu'Israël a rompu le « cessez-le-feu », là où d'autres l'inaugurent plutôt en mai 2025…/p /br h3 class='article_intertitres'Les « ideux guerres/i » de Gaza, ou la réécriture de l'histoire « en train de se faire »/h3 p/br« iÀ partir de mars 2025, cette guerre n'est pas acceptable, n'est pas légitime dans l'État d'Israël/i », déclare ainsi l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert à l'antenne de France Inter, le 10 juin 2025, sans aucune autre réaction de la part de la journaliste Sonia Devillers… qu'un assentiment : « iC'est mars 2025, le changement ? Mars 2025./i » Et tant pis pour les plus de a href="https://www.ochaopt.org/content/reported-impact-snapshot-gaza-strip-18-march-2025" class='spip_out' rel='external'48 500 morts, dont plus de 13 300 enfants/a, (officiellement) recensés à Gazaspan class="spip_note_ref" [a href='#nb12' class='spip_note' rel='appendix' title='Selon le rapport de l'OCHA paru fin février 2025, à date du 31 janvier 2025, (...)' id='nh12'12/a]/span à cette période, lesquels ont pu une nouvelle fois être qualifiés de simple « idégât collatéral/i » en toute quiétude à l'antenne de la matinale la plus écoutée de France./p pLoin d'être l'apanage de l'ancien Premier ministre israélien, cette petite musique des « deux guerres » circulait déjà au sein des grands médias depuis plusieurs semaines. Le 26 mai sur France Culture, la sociologue Eva Illouz déclare par exemple face à Guillaume Erner que « icontinuer la guerre semble aujourd'hui complètement illégitime et injustifié. Et on passe aujourd'hui d'une guerre d'autodéfense à une guerre de conquête/i ». Aucune réaction du journaliste. Le lendemain dans iChallenges/i (27/05), le responsable de l'édito « Monde » affirme que « icette guerre défensive et existentielle s'est transformée en une guerre de conquête sans objectifs clairs sur l'état final recherché pour cette terre ravagée et exsangue/i », le tout corroboré par une citation de l'historien (et ancien ambassadeur d'Israël en France) Elie Barnavi : « iLa guerre de Gaza montre qu'une guerre juste peut se transformer en une guerre injuste./i »/p pLe même jour sur LCI (27/05), on ne s'étonne pas de trouver le trio Pujadas-Fourest-Elkrief en pleine représentation, bien décidé à véhiculer le mot d'ordre de cette réécriture de l'histoire. Introduisant la chronique de la journaliste de iFranc-Tireur/i, David Pujadas parle à deux reprises de « icette deuxième guerre de Gaza/i », laquelle « isuscite effectivement et de façon quasi unanime, cette fois, la révolte et l'indignation/i ». Insistant lourdement sur l'expression, Caroline Fourest affirme partager « il'émotion légitime contre cette deuxième guerre de Gaza/i », sans avancer la moindre date de son « déclenchement », et tout en la disant « ibeaucoup trop longue, beaucoup trop meurtrière et insupportable/i » ou en parlant d'une « iriposte qui n'a que trop duré et qui doit cesser/i ». Contradiction quand tu nous tiens ! Ruth Elkrief, enfin, souhaite s'assurer que le message est bien passé : « iCette deuxième guerre de Gaza est inacceptable, inadmissible, elle doit s'arrêter et il y a en Israël même des personnalités très fortes qui ont jeté des pavés dans la mare en dénonçant y compris l'activité, parfois, de l'armée israélienne, dans certains cas./i » « Dans certains cas »./p pOn continue avec iLibération/i (14/06), où le politiste médiatique Denis Charbit soutient que « ila guerre légitime a été absorbée par une autre guerre, une nouvelle guerre d'occupation, de récupération de territoire, et ça, on ne peut pas laisser faire/i ». Même tonalité au iFigaro/i (27/05) – qui nous apprend que « isi le conflit a débuté il y a plus d'un an et demi, […] il a récemment changé de nature, et pas seulement de degré/i » –, mais aussi à l'antenne de « C ce soir », où dans l'émission du 26 mai titrée « Israël : vers un isolement inédit ? », le philosophe Gérard Bensussan entonne le leitmotiv, sans contradiction là encore :/p blockquote class="spip" pstrongGérard Bensussan :/strong Au fond, il y a eu deux guerres de Gaza. […] La guerre menée à la fin du mois d'octobre 2023 est une guerre d'autodéfense, dont la légitimité ne paraît pas contestable, même si c'est une guerre atroce. […] La guerre qui a été entamée en mars [2025] est une guerre, une opération complétement erratique, sans but de guerre précisé. Et donc on a une sorte de fuite en avant de ce gouvernement, une fuite en avant criminelle, qui est condamnable./p /blockquote/br centerstrong***/strong/center p/brSingulière par son ampleur et l'effet de légitimation qui auréole les tenants de la parole publique en présence – intellectuels, « experts » et journalistes –, cette séquence médiatique est un cas d'école d'une réécriture de l'histoire « en train de se faire ». Polarisant l'attention autour du « destin » ou de « l'âme d'Israël », installant le récit d'une « dérive » soudaine de la « guerre à Gaza », elle assure la continuité du cadrage dominant édicté au lendemain du 7 octobre 2023. Trois nouveaux mythes ont alors vu le jour : 1/ Des personnalités influentes au sein de « la communauté juive » « sortent du silence » ; 2/ témoignent d'un « réveil » ou d'un « revirement » à propos des événements à Gaza ; 3/ où se joue dorénavant une « deuxième guerre » qui, contrairement à « la première », n'est pas légitime. Reconduisant le (même) monopole de la parole, les chefferies médiatiques enfoncent le clou de l'écrasement symbolique du mouvement de solidarité avec la Palestine dans le débat public : après des mois de maccarthysme (toujours en cours), elles accompagnent un nouveau renversement dans lequel les légitimateurs d'hier sont aujourd'hui célébrés comme les opposants-phare d'une même guerre génocidaire. La co-production du récit dominant donne alors toute sa mesure, qui détient le privilège de dire où et quand il est souhaitable que cette dernière s'arrête, aujourd'hui plutôt qu'hier ; de décréter quels acteurs sont légitimes pour le faire ; de formuler le contexte acceptable au sein duquel son histoire peut être racontée, et quel doit en être le commencement ; de sélectionner les termes permis ou proscrits ; de déterminer quelle position politique peut être valorisée, et quelles autres seront vouées à patauger dans les marges. Pour avoir raison d'une telle domination symbolique, restera alors à la charge des courants contestataires de faire valoir leurs voix hors des grands médias, contre les grands médias, comme ils y sont contraints depuis près de deux ans./p p/brstrongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id='nb1' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='appendix'1/a] /spanSur Instagram (8/05) pour la première et sur le site Tenoua (7/05) pour la seconde, un « imédia qui éclaire tous les sujets de bascule du débat public par le prisme de la pensée juive/i » selon sa présentation, et dont Delphine Horvilleur est la co-présidente./p /divdiv id='nb2' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='appendix'2/a] /spaniLe Monde/i (12/05) n'hésite pas à donner cours au même type d'outrance au moment d'expliquer que certaines personnalités ont tardé à parler de peur d'« ialimenter […], la "nazification des juifs et d'Israël par La France insoumise", selon les mots d'Alain Finkielkraut/i »… complaisamment relayés par le quotidien de référence./p /divdiv id='nb3' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh3' class='spip_note' title='Notes 3' rev='appendix'3/a] /spanVoir par exemple l'article de a href="https://www.franceinfo.fr/societe/antisemitisme/j-ai-pense-que-c-etait-un-sketch-on-vous-resume-la-polemique-entre-la-rabbine-delphine-horvilleur-et-l-humoriste-blanche-gardin_7129677.html" class='spip_out' rel='external'France Info (14/03/2024)/a./p /divdiv id='nb4' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh4' class='spip_note' title='Notes 4' rev='appendix'4/a] /span« Delphine Horvilleur : "Israël ne peut pas se débarrasser de la question de la vulnérabilité" », iPhilosophie Magazine/i, 24/04/2024./p /divdiv id='nb5' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh5' class='spip_note' title='Notes 5' rev='appendix'5/a] /spanInterrompant la journaliste Émilie Tran Nguyen qui mentionne 40 000 morts à Gaza, Anne Sinclair s'écrie : « i40 000… est-ce que vous êtes sûre de 40 000 ?/i »/p /divdiv id='nb6' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh6' class='spip_note' title='Notes 6' rev='appendix'6/a] /spanLire « Maccarthysme médiatique », a href="https://www.acrimed.org/IMG/pdf/mediacritiques51.pdf"iMédiacritiques/i n° 51/a, juillet-septembre 2024 et « Médias et Palestine », a href="https://www.acrimed.org/IMG/pdf/mediacritiques53.pdf"iMédiacritiques/i n° 53/a, hiver 2025. Voir également a href="https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/france-dans-les-medias-la-palestine-sans-les-palestiniens,8231" class='spip_out' rel='external'« France. Dans les médias, la Palestine sans les Palestiniens »/a, Orient XXI, 21/05./p /divdiv id='nb7' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh7' class='spip_note' title='Notes 7' rev='appendix'7/a] /spanRappelons tout de même que l'hebdomadaire du « cercle de la raison », iFranc-Tireur/i, titrait à sa Une « Juifs mais pas trop » à propos du collectif juif antisioniste Tsedek ! (11/12/2024)/p /divdiv id='nb8' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh8' class='spip_note' title='Notes 8' rev='appendix'8/a] /spanLire a href="https://tsedek.fr/2024/09/02/en-faisant-lapologie-du-genocide-haim-korsia-met-les-juif%c2%b7ves-en-danger/" class='spip_out' rel='external'« En faisant l'apologie du génocide, Haïm Korsia met les Juif·ves en danger »/a, Tsedek !, 2/09/24./p /divdiv id='nb9' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh9' class='spip_note' title='Notes 9' rev='appendix'9/a] /spanAncien ministre sous le gouvernement d'Ariel Sharon, il devint Premier ministre par intérim en janvier 2006 avant de lancer, quelques mois plus tard, l'offensive de l'armée israélienne au Liban./p /divdiv id='nb10' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh10' class='spip_note' title='Notes 10' rev='appendix'10/a] /spanUne ligne que nous avions déjà a href="https://www.acrimed.org/Gaza-une-inflexion-mediatique-en-trompe-l-oeil"mis en lumière au sein du iParisien/i/a, où se sont multipliées les publications sur Israël – « un pays déchiré » ; « les tourments d'un pays devenu paria », etc. –, reléguant les Palestiniens à l'arrière-plan./p /divdiv id='nb11' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh11' class='spip_note' title='Notes 11' rev='appendix'11/a] /spanVoir notamment Ilan Pappé, iLe nettoyage ethnique de la Palestine/i, La Fabrique, réed. 2024./p /divdiv id='nb12' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh12' class='spip_note' title='Notes 12' rev='appendix'12/a] /spanSelon le a href="https://www.ochaopt.org/content/west-bank-monthly-snapshot-casualties-property-damage-and-displacement-january-2025" class='spip_out' rel='external'rapport de l'OCHA paru fin février 2025/a, à date du 31 janvier 2025, 863 Palestiniens avaient par ailleurs été tués en Cisjordanie, entre autres exactions de l'armée et des colons./p /div/div
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« Bloquons tout » : haro sur les « ingénieurs du chaos »

Acrimed : Action-Critique-Médias - mer, 2025-09-17 17:42
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH78/haro-8fe68.png?1758123749' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='78' alt="" / div class='rss_chapo'pLe cadrage et les dispositifs médiatiques, très proches des préfectures, déployés a href="https://www.acrimed.org/Le-message-est-clair-debloquez-tout-hostilite"avant/a et a href="https://www.acrimed.org/Bloquons-tout-un-journalisme-sous-escorte"pendant/a la mobilisation sociale du 10 septembre, n'auraient pas été complets sans les traditionnels partis pris et autres interrogatoires journalistiques./p/div div class='rss_texte'p« 10 septembre : bloquer tout pour gagner rien ? » Dès le matin du 10 septembre, LCI tient son analyse du mouvement social, placardée sur un bandeau. En dépit du succès de la journée, une large partie de la presse lui emboîte le pas le lendemain : « iTiède mobilisation/i », décrète iLa Nouvelle République des Pyrénées/i ; « iune faible mobilisation/i » titrent iLa Presse de la Manche/i et iLe Télégramme/i tandis que iCorse Matin/i évoque « iune mobilisation qui fait pschitt/i ». « iEn fait, le flop, il est venu de la récupération/i, considère quant à lui Christophe Barbier sur LCI. iOn a moins vu "Bloquons tout" que "Cassons tout ce qu'on peut" !/i » Ni tiède, ni faible, ni même violente, la mobilisation est tout simplement inexistante au iParisien/i, dont l'édition du 11 septembre remporte haut la main le prix de la désinformation en ne mentionnant le mouvement « Bloquons tout » ni en couverture, ni dans les pages intérieures. Ruth Elkrief, néanmoins, corrige le tir trois jours plus tard : « iHeureusement, le fameux mouvement Bloquons tout n'a rien bloqué du tout/i, se réjouit-elle. […] iBloquer un pays qui est déjà bloqué, ce serait risible si ce n'était pas tragique. Apparemment, les Français l'ont compris./i » (iLe Parisien/i, 14/09) « iLe raz-de-marée insurrectionnel que les adeptes du "grand soir" appelaient de leurs vœux n'a pas eu lieu/i », confirme iLe Figaro/i (11/09), décrivant toutefois les actions organisées la veille comme « iune multitude de banderilles plantées dans les flancs du pays, […] orchestrées par les professionnels du chaos/i »./p pAlors, « chaos » ou « échec » ? L'éditocratie opte tantôt pour l'un, tantôt pour l'autre, mobilisant indistinctement l'un et l'autre… pour décrédibiliser la gauche. Si La France insoumise fait principalement les frais d'un traitement (classiquement) caricatural, d'autres militants politiques et syndicaux se frottent aux traditionnels interrogatoires médiatiques par temps de mobilisation sociale, sur fond de clameur catastrophiste./p /br h3 class='article_intertitres'« iUn mouvement orchestré par les vociférateurs/i »/h3 p/brLes commentateurs avaient lancé les hostilités avant même que le moindre blocage ait eu lieu. Le 10 septembre ? Le « itriomphe de la haine et du ressentiment/i » prophétisait André Comte-Sponville une semaine avant le début du mouvement (iL'Express/i, 4/09), tandis que sur RMC, la « grande gueule » Jérôme Marty s'emballait par avance contre La France insoumise : « iCe mouvement et la violence qui risque d'en découler, aujourd'hui, est attisé par un parti d'extrême gauche qui est en train de bordéliser la France et qui veut que les Français se foutent sur la gueule en fomentant la haine !/i » La radio ne boudait aucun moyen à sa disposition : « "Bloquons-tout" : l'ultra-gauche est-elle en train de tout gâcher ? », titrait le sondage des « Grandes Gueules » publié sur les réseaux sociaux. La veille au soir (8/09), les lieutenants de BFM-TV fourbissaient eux aussi leurs armes face à Manuel Bompard (LFI). « iC'est la bordélisation du pays ! C'est ça que vous voulez ?/i », s'insurgeait Yves Thréard. « iC'est le chaos/i », renchérissait Apolline de Malherbe, tandis que le journaliste du iPoint/i, Charles Sapin, transpirait à grosses gouttes : « iVous n'appelez pas […] au vote des Français, vous appelez à la mobilisation de la rue. On se demande, en vous écoutant, si vous voulez conquérir les institutions ou les faire tomber./i » Bref, dans une large partie des médias, les mots d'ordre résonnaient à l'identique : « iultra-gauche/i » et « istratégie du chaos/i » ; Jean-Luc Mélenchon ou l'« iingénieur du chaos/i »./p pLa violence médiatique est encore montée d'un cran le jour J et dans la semaine qui a suivi : à la télégénie des poubelles en feu ont répondu les outrances des chiens de garde. Les chaînes d'information en continu, notamment, ont émis tel un disque rayé : LFI - extrême gauche - ultra-gauche - black bloc - casseurs - violence. Mais au grand prix de la haine, si de nombreux médias concourent, aucun n'arrive à la cheville de CNews (10/09) :/p blockquote class="spip" pstrongYoann Usai :/strong [Jean-Luc Mélenchon] est au milieu de ses électeurs, à savoir les incendiaires, les casseurs, les black blocs, les islamo-gauchistes, les antisémites, les palestinistes, comme je les appelle ! […] Il est là comme un poisson dans l'eau à regarder la France être dégradée, être saccagée, ça lui plaît, il adore ça ! Et il va jeter encore un peu plus d'huile, notamment de l'huile antisémite, mais pas seulement, sur le feu tout au long de la soirée, pour que les dégradations soient le plus importantes possible./p /blockquote pLes caméras rivées toute la journée sur les poubelles en feu, la télé Bolloré est en roue libre et instrumentalise sciemment le moindre bris de vitrine pour faire campagne :/p blockquote class="spip" pstrong- Gauthier Le Bret :/strong [Un second tour] RN-LFI, vous faites quoi ?/p pstrong- André Vallini (ancien sénateur PS) :/strong Je vote blanc, je l'ai déjà dit à Pascal Praud./p pstrong- Gauthier Le Bret :/strong Oui, mais peut-être que ces images peuvent vous convaincre de changer d'avis./p /blockquote pBFM-TV peut également compter sur de fervents propagandistes. Au soir du 10 septembre, faisant fi des appels pacifistes lancés par Jean-Luc Mélenchonspan class="spip_note_ref" [a href='#nb1' class='spip_note' rel='appendix' title='« Les méthodes d'action doivent être non violentes, pacifiques. Ne faites rien (...)' id='nh1'1/a]/span, Yves Thréard soutient que les députés insoumis « iappellent à la casse/i » et « iappellent à détruire/i » (BFM-TV, 10/09). Sur LCI (11/09), Christophe Barbier ne lésine pas non plus sur les comparaisons outrancières : « iLFI se considère comme strongune sorte de phalange/strong, qui mène la bataille des urnes bien sûr, mais qui peut mener aussi la bataille des rues./i » Dans iLe Point/i (11/09), tandis qu'Étienne Gernelle disserte sur la « irhétorique insurrectionnelle/i » de LFI, Franz-Olivier Giesbert étrille un « imouvement orchestré par les vociférateurs, "gréviculteurs" et fondus du Grand Soir/i », tout en qualifiant les insoumis de « iprophètes de bistrots/i » et d'« iingénieurs du chaos/i ». Dans les pages du iTélégramme/i (10/09), Hubert Coudurier donne un bon point à Marine Le Pen – qui « in'est pas du genre factieuse [et] s'était d'ailleurs tenue à distance du mouvement des gilets jaunes/i » – pour mieux accabler « iJean-Luc Mélenchon, qui prône la stratégie du chaos/i ». Même rhétorique au iMonde/i – dont l'éditorial du 11 septembre évoque un « iJean-Luc Mélenchon enfermé dans une stratégie du chaos/i » – ou au iJDD/i de Bolloré, lequel fustige des « ileaders [insoumis] véhéments/i », adeptes de la « istratégie du chaos permanent/i » et désireux de « ibordéliser l'Hexagone/i » : LFI « ise coupe de l'arc républicain/i » ajoute l'hebdomadaire (14/09). Dans sa chronique pour iLa Tribune dimanche/i (14/09), Apolline de Malherbe dirait même plus. Le 10 septembre ? « iUn mouvement politique et pas "populaire". Le peuple de gauche, de cette gauche-là, n'est plus vraiment le peuple tout court./i » « iCe qui est insupportable, c'est que des politiques encouragent cette sauvagerie/i, tempête encore Alba Ventura sur TF1 (11/09). iComme LFI, Jean-Luc Mélenchon et ses troupes […], certains écolos, certains communistes… écoutez ça me laisse perplexe, et je reste polie ce matin./i »/p pSuivant ce sentiment, les éditorialistes cherchent à s'assurer que le mouvement recueille le moins de soutien possible au sein du champ politique. Félicité dans la presse pour être « ienfin sorti de sa posture protestataire/i », selon les mots d'Ève Szeftel (iMarianne/i, 11/09), le PS polarise l'attention à cet égard. Sur RTL (11/09) par exemple, après un rappel insistant du nombre d'interpellations, Thomas Sotto teste la fidélité de Boris Vallaud au mouvement :/p blockquote class="spip" pstrong- Thomas Sotto :/strong Marine Tondelier dit : « la réponse maintenant, elle sera dans la rue ». Vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce que vous encouragez ce matin le mouvement « Bloquons tout » ? On sait que le PS était assez réservé sur le sujet.../p pstrong- Boris Vallaud :/strong Je dis qu'aujourd'hui il y a un mouvement social auquel on va être attentif.../p pstrong- T. S. :/strong Mais que vous soutenez ou pas ?/p pstrong- B. V. :/strong ... dans ce qu'il dira.../p pstrong- T. S. :/strong Que vous soutenez ?/p pstrong- B. V. :/strong C'est un mouvement citoyen et je redoute toujours la récupération./p pstrong- T. S. :/strong La récupération… on accuse beaucoup LFI d'avoir récupéré.../p pstrong- B. V. :/strong Le rôle d'un représentant politique c'est d'être à l'écoute [...]/p pstrong- T. S. :/strong [...] Mais vous le soutenez, vous le condamnez, vous le craignez ce mouvement ?/p /blockquote pEt gare à la réponse ! Car bien sûr, refuser de « condamner » vous condamne… à ne pas avoir bonne presse./p /br h3 class='article_intertitres'Interviewer la gauche… et braquer à droite toute/h3 p/brDes jours durant en effet, les soutiens déclarés de la mobilisation sociale vont être tantôt disqualifiés, tantôt sommés de justifier leur participation au 10 septembre. Comme la députée insoumise Danièle Obono face à Olivier Truchot, sur BFM-TV (10/09) : « iEst-ce que finalement, vous n'avez pas un peu détourné cette journée […] et peut-être empêché d'autres de venir manifester et se rassembler ?/i » Ou encore son collègue Louis Boyard, dans la même émission le lendemain (11/09) face à Alain Marschall : « iEst-ce [que] LFI, c'est l'artisan du chaos ? Cette extrême gauche qui agite et qui secoue le pays ?/i » Sur France Info, dans l'émission « Tout est politique » (11/09), Manon Aubry est cuisinée à la même sauce par la présentatrice Sonia Chironi : « iLa France n'a pas été bloquée, n'a pas été paralysée. Vous allez me dire que c'est un succès, mais je vais vous dire : c'est quand même un demi-échec ? Ou un demi-succès ?/i » À ses côtés, Nathalie Saint-Cricq pose des questions tout aussi innocentes avec la clarté et l'éloquence qu'on lui connaît :/p blockquote class="spip" pstrong- Nathalie Saint-Cricq :/strong Quand Jean-Luc Mélenchon considère que finalement le bordel est une bonne solution... y'a eu la déferlante de la rue et un certain nombre d'appels en considérant que c'est par la rue que ça passe. Est-ce que vous trouvez que vous ne contribuez pas à un climat de violence politique… [coupée]/p pstrong- Manon Aubry :/strong Madame Saint-Cricq…/p pstrong- Nathalie Saint-Cricq :/strong … qui peut être dangereux ? De toute façon, je l'ai déjà demandé à Jean-Luc Mélenchon, il m'a déjà répondu ! Mais je veux juste… Est-ce que y'a pas un risque finalement d'attiser un certain nombre de choses ?/p /blockquote pPlutôt que d'interroger les soutiens du mouvement sur le mouvement en tant que tel – les actions menées, les revendications des participants, etc. –, la plupart des intervieweurs se contentent de les invectiver ou de les faire réagir à des déclarations venues de députés et ministres de droite ou d'extrême droite, entretenant de ce fait le cirque médiatico-politique de la « petite phrase »… et la droitisation du débat public./p pSur BFM-TV (10/09), Marc Fauvelle amorce ainsi l'interview d'Olivier Besancenot (NPA-L'Anticapitaliste) avec les propos des « ideux invités précédents, de la majorité présidentielle et du Rassemblement national, disant que ça a été un déferlement de violences aujourd'hui orchestré pas par vous, pas par le NPA, mais par les insoumis/i ». Il en va de même pour Antoine Léaument, interrogé plus tôt sur la même chaîne, en duplex d'une manifestation devant un dépôt Amazon à Brétigny-sur-Orge. L'occasion d'informer sur la grève ? Que nenni ! La présentatrice Pauline Simonet est obnubilée par Bruno Retailleau : « iQu'est-ce que vous répondez au ministre de l'Intérieur, vous l'avez entendu ? Il vous accuse finalement de semer le chaos et de détourner ce mouvement !/i » ; « iCe que dit le ministre, c'est ce que c'est un mouvement qui est né sur les réseaux sociaux et que finalement vous avez récupéré avec l'objectif de semer le chaos, de semer… finalement… la discorde !/i » Jean-Luc Mélenchon, reçu sur France 2 par Caroline Roux (11/09), a droit au même traitement en guise d'apéritif : « iJe ne sais pas si vous avez entendu à l'instant Jordan Bardella, qui se présentait comme l'homme de l'ordre républicain, vous renvoyant du côté de l'homme du chaos. Que lui répondez-vous ?/i »/p pÀ l'inverse, les élus de droite ou d'extrême droite défilent sans être sommés de se positionner sur des thématiques portées par la gauche. Sur le plateau de BFM-TV (10/09), le député RN Jean-Philippe Tanguy est invité comme tout le monde à commenter les propos de Bruno Retailleau, lequel « isalue la mise en échec de ceux qui voulaient bloquer le pays/i », dixit la présentatrice. On voit alors combien un même dispositif ne produit pas les mêmes effets ! Le cadrage sécuritaire lui convenant parfaitement, le député d'extrême droite est dans ses petits chaussons pour répondre : « iOui, je pense surtout que le mouvement s'est mis en échec tout seul à partir du moment où Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de syndicats ont voulu le récupérer./i » La présentatrice Julie Hammett relance : « iJe rappelle qu'au Rassemblement national, vous avez pris vos distances avec le mouvement qui a été très très vite récupéré par Jean-Luc Mélenchon […]./i » Terrassé par tant d'hostilité, Jean-Philippe Tanguy ne peut que savourer les bienfaits du prêt-à-penser anti-LFI régnant sur les plateaux : « iOn voit le résultat : ça n'a pas marché, c'est un échec./i » Et Julie Hammett acquiesce. BFM-TV, ou le grand bain réactionnaire./p /br h3 class='article_intertitres'Plateaux télé : un pluralisme au beau fixe/h3 p/brAccusés d'avoir « idétourné/i » le mouvement et de semer le « ichaos/i », invités à se positionner par rapport aux déclarations de l'extrême droite, les soutiens de la mobilisation sociale font également les frais des pires dispositifs médiatiques, très souvent seuls face à tout un plateau hostile. Ce fut particulièrement spectaculaire dans le cas de Denis Gravouil, délégué confédéral CGT, reçu dans l'émission « BFM Grand soir » (10/09). À ses côtés : l'ancien policier devenu chroniqueur télé Bruno Pomart, l'ancien patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, les deux éditorialistes libéraux Hedwige Chevrillon (BFM Business) et Jean-Marc Sylvestre (Atlantico), Bruno Jeudy, directeur de iLa Tribune Dimanche/i, et la journaliste-présentatrice Julie Hammett. Six contre un : le pluralisme est assuré ! Au total, sur les 27 minutes qu'il passera en plateau, Denis Gravouil n'aura la parole que 5 minutes et 30 secondes, la plupart du temps recouvert par un brouhaha de protestation. Un bilan à comparer aux 9 minutes laissées à Geoffroy Roux de Bézieux, écouté dans un silence de cathédrale et relancé par la présentatrice quand il avance l'idée d'augmenter « il'intéressement et la participation/i » des salariés dans l'entreprise – chose qui ne sera pas faite lorsque Denis Gravouil proposera plutôt « id'augmenter les salaires/i »./p pLas… Pour les responsables syndicaux, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs sur le PAF. Pas même sur le service public, comme en témoigne le plateau sur lequel intervient la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, en deuxième partie de l'émission « L'Événement » (France 2, 11/09). Face à elle, cinq commentateurs plus habitués aux plateaux TV qu'au monde ouvrier. L'inénarrable Franz-Olivier Giesbert, l'omniprésent Jérôme Fourquet (Ifop) ; la directrice éditoriale de l'Institut (patronal) Montaigne, Blanche Léridon ; Ève Szeftel, récemment placée à la tête de iMarianne/i par Denis Olivennes ; et, ilast but not least/i, le médiatique Antoine Foucher, à la tête d'un cabinet de conseil en tant que « spécialiste des questions sociales » après avoir été – défense de rire… directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, entre 2017 et 2020. Le tout sous le haut patronage de Caroline Roux, qu'on ne pourra jamais soupçonner de faire pencher le curseur d'un plateau vers la gauche. Bilan des courses ? Six contre un, et ibis repetita/i : entre les injonctions de Caroline Roux à « itrouve[r] des compromis/i » ou « iamorcer des discussions/i » avec le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu et les interruptions d'un Giesbert au sommet de sa forme (et de sa morgue), les prises de parole de Sophie Binet furent non seulement de courte durée, mais aussi passablement chahutées./p /br centerstrong***/strong/center p/brDépeints sur toutes les télés et dans la plupart des journaux en « iingénieurs du chaos/i », les soutiens politiques et syndicaux du mouvement social n'auront eu que peu d'espace pour contrebalancer ia posteriori/i un traitement journalistique déjà très défavorable à la mobilisation du 10 septembre. Le dispositif médiatique déployé en amont s'est refermé sur lui-même en aval, comme un piège, par de longues séances d'interrogatoires centrées sur les enjeux sécuritaires. Un traitement qui participe, de fait, à une vaste tentative d'étouffement de la contestation, en complicité avec le pouvoir./p p/brstrongPauline Perrenot/strong et strongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id='nb1' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='appendix'1/a] /span« iLes méthodes d'action doivent être non violentes, pacifiques. Ne faites rien d'autre que des choses qui soient maîtrisées et calmes/i », déclarait par exemple Jean-Luc Mélenchon au 20h de France 2 (8/09)./p /div/div
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Pétition contre l'immigration : la machine Bolloré au service de Philippe de Villiers

Acrimed : Action-Critique-Médias - mer, 2025-09-17 08:43
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L105xH150/devilliers-65cc7.png?1758091434' class='spip_logo spip_logo_right' width='105' height='150' alt="" / div class='rss_chapo'pPour imposer une pétition xénophobe initiée par Philippe de Villiers à l'agenda médiatique, il a d'abord fallu le iforcing/i de l'empire Bolloré, puis le relais complaisant de médias « grand public ». Retour sur une séquence de co-construction médiatico-politique d'une « actualité » réactionnaire (et désormais ordinaire)./p/div div class='rss_texte'pDepuis une dizaine de jours, l'empire médiatique Bolloré – le iJDD/i, Europe 1 et CNews en tête – tente de mettre à l'agenda journalistique la pétition lancée par Philippe de Villiers demandant un « référendum sur l'immigration ». C'est d'abord dans le iJDD/i, dimanche 7 septembre, que a href="https://www.blast-info.fr/articles/2025/cher-philippe-de-villiers-boxing-day-47-Dm-YuNv6QxGrQBnoQ9SsIg" class='spip_out' rel='external'le fondateur du Puy du Fou/a annonce le lancement de sa pétition dans un grand entretien : « Pour sauver la France, il faut un référendum ». Reprise immédiate par le site d'Europe 1 (7/09) : « "Nous sommes en train de changer de peuplement" : Philippe de Villiers lance une pétition pour un référendum sur l'immigration », mais aussi par iValeurs Actuelles/i (7/09) et iLe Figaro/i (7/09). Deux jours après, Europe 1 se réjouit : « iDéjà 300 000 signatures/i ». Hélas, la pétition ne perce pas le plafond de verre de cette presse réactionnaire et vivote en circuit fermé – dans la sphère Bolloré. Pas découragée, CNews lance un tutoriel quelques jours plus tard – « "Exigeons un référendum sur l'immigration" : comment signer la pétition nationale lancée par Philippe de Villiers » (13/09) –, promu à grands renforts d'articles sur le site, de sujets diffusés à l'antenne et de discussions en plateau. Alexandre Devecchio se fend quant à lui d'une chronique sur Europe 1 (13/09) : « iLa gauche, censée représenter le peuple, a peur de la souveraineté populaire/i ». Sur X, Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du iJDD/i, prend part à l'agitation et fait une comparaison bien peu rigoureuse : « iLes médias qui avaient dopé la pétition sur la loi Duplomb ignorent celle de Philippe de Villiers. Et pourtant, vous la signez à un rythme bien plus impressionnant !/i »/p pUne poignée d'articles franchissent alors le seuil de la sphère Bolloré, témoignant de la capacité de ses influenceurs à faire pression sur les chefferies médiatiques mainstream, aussi chagrine soit la tonalité de ces premières reprises. C'est par exemple le HuffPost qui explique, le 12 septembre, « pourquoi cette pétition de Philippe de Villiers n'a pas la même valeur que celle contre la loi Duplomb » : « iLe site mis en ligne par le polémiste d'extrême droite est tellement faillible qu'il est possible de signer plusieurs fois la pétition./i » Idem sur France Info (12/09). De nombreux commentateurs sur les réseaux sociaux soulignent également le fait que cette pétition est un « piège à adresses mails », utile à Philippe de Villiers pour assurer la promotion de son prochain livre, à paraître chez Fayard./p pHeureuse coïncidence, les éditions Fayard dépendent du groupe Hachette Livre, lui-même filiale du groupe Lagardère, lequel est contrôlé par Vincent Bolloré. Mieux : pour signer la pétition sur le site dédié, il est proposé de consentir « ià ce que Philippe de Villiers communique mon adresse email à la société Lagardère Media News afin qu'elle m'adresse des informations, offres, bons plans et avantages promotionnels pour les titres JDD et JDNews./i » Une affaire rondement menée !/p /br h3 class='article_intertitres'Du coup de pouce de l'AFP… aux gros sabots du iFigaro/i /h3 p/brPas refroidi par ces manœuvres qui confinent à la tromperie, un relais politique de taille va apporter son concours à l'opération médiatique de l'empire Bolloré : Laurent Wauquiez. Sur X, le 15 septembre, le député LR annonce en grande pompe sa signature de la pétition. Coup de chance, le tweet du député LR est sélectionné par l'AFP ! L'info méritait sans nul doute une dépêche : elle tombe à 10h02, entraînant avec elle de nombreuses reprises qui permettent à la pétition de sortir pour de bon de la galaxie Bolloré. L'information « Wauquiez signe la pétition de De Villiers » est dans iLa Croix/i, iLe Parisien/i, sur France Info, mais aussi dans iMidi Libre/i, 20 Minutes, et même sur le site d'Ici Hérault (ex-France Bleu). Certains des papiers soulignent que le site lancé par Philippe de Villiers est bien curieux et que l'on peut signer la pétition plusieurs fois ; mais pas tous. Comme dans une partie de la presse régionale, le lendemain, alors qu'elle relate le meeting du RN à Bordeaux et le soutien apporté sur scène par Bardella à la pétition. Le même article – « Le RN déjà en campagne » (15/09) – est publié à l'identique dans cinq titres (au moins) du groupe Ebra, dont iLe Progrès/i et iL'Est Républicain/ispan class="spip_note_ref" [a href='#nb1' class='spip_note' rel='appendix' title='Mais aussi dans Le Bien Public, Le Journal de Saône-et-Loire et les (...)' id='nh1'1/a]/span, se contentant de noter que « ila pétition lancée par Philippe de Villiers […] dépassait dimanche soir les 830 000 signataires/i »./p pDans ce marasme, la palme de la désinformation est sans doute pour iLe Figaro/i, qui publie un article tapageur annonçant le million de signatures : « Référendum sur l'immigration : la pétition lancée par Philippe de Villiers dépasse le million de signatures » (15/09). Si le papier souligne (derrière un ipaywall/i) que le chiffre est « idifficile à certifier/i », iLe Figaro/i maximalise son impact en diffusant sur ses réseaux sociaux un grand visuel, avec une photo de Phillipe de Villiers, regard pénétré, et le chiffre « 1 million » en énormes caractères, accompagné du commentaire suivant : « iCe chiffre a été atteint plus vite que pour la pétition pour la loi Duplomb/i »./p /br div class='spip_document_16190 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH716/devilliers-6539e.png?1758091434' width='500' height='716' alt='' / /figure /div p/brIl est à noter que d'autres médias « grand public », tenant habituellement un rôle non négligeable dans la diffusion des cadrages et des préoccupations de l'extrême droite, ne plongeront pas aussi éhontément dans l'opération de l'empire Bolloré (et du iFigaro/i). Une fois n'est pas coutume, BFM-TV publie par exemple une analyse plutôt correcte : « iLiens avec l'extrême droite, pas de vérification... Pourquoi la pétition de Philippe de Villiers sur l'immigration est incomparable avec celle sur la loi Duplomb/i » (15/09)./p pReste que par intérêt – idéologique et financier – bien compris, iLe Figaro/i est prêt à jeter à la mer les principes les plus élémentaires du journalisme pour se faire le relais d'« événements » politico-médiatiques montés de toutes pièces par l'extrême droite et le groupe Bolloré. Il n'y a pas à dire : un agenda médiatique, ça se travaille !/p p/brstrongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id='nb1' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='appendix'1/a] /spanMais aussi dans iLe Bien Public/i, iLe Journal de Saône-et-Loire/i et les iDNA/i./p /div/div
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« Surenchère antisémite » : Olivier Faure à son tour calomnié

Acrimed : Action-Critique-Médias - mar, 2025-09-16 17:58
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH83/faure_cnews-629a6.png?1758038318' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='83' alt="" / div class='rss_chapo'pDe la « polémique » sur X à la stigmatisation médiatique./p/div div class='rss_texte'pLa « polémique » et les accusations en antisémitisme n'ont pas traîné. Ce 14 septembre, le tweet d'Olivier Faure – « iLe 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l'État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies/i » – fait aussitôt l'objet de réprimandes sur le réseau social./p pPrécisément, c'est un échange avec a href="https://www.arretsurimages.net/articles/julien-bahloul-ex-de-tsahal-simple-habitant-de-tel-aviv-pour-bfmtv" class='spip_out' rel='external'l'ex-militaire israélien, ancien journaliste sur i24 News et habitué des plateaux de BFM-TV/a Julien Bahloul, qui lance les hostilités : « iLe 22 septembre est le soir du nouvel an juif, Rosh Hashana. Apparemment [Olivier Faure] cherche à dépasser Melenchon sur son propre terrain puant./i » (Julien Bahloul, X, 14/09) La réponse d'Olivier Faure – « iTant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le nouvel an juif et l'an 1 d'un Etat palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort/i » (X, 14/09) – lui vaudra les calomnies de plusieurs figures médiatiques./p pLe dessinateur Xavier Gorce par exemple : « i[Olivier Faure] n'est jamais en retard d'une lâcheté ni d'une infâmie. […] C'est juste minable./i » (X, 15/09) Mais aussi Sophia Aram, qui parle de « itweet infâme/i » (X, 15/09). « iLa surenchère antisémite devient ignoble/i » accusait déjà Jacques Attali la veille (X, 14/09), quand Denis Olivennes y voyait « iun appel à la haine contre tous les Juifs/i » (X, 14/09)./p pEt la « polémique » de percer le mur médiatique… Dans iLe Point/i (15/09), Marc Knobel revient sur un tweet « irévélateur [...] des ambiguïtés et dérives relativistes de la gauche face à l'antisémitisme/i ». Au passage, Olivier Faure est mis en cause pour « iune tendance persistante à minimiser la lutte contre l'antisémitisme ou à justifier, par calcul politique, certains discours exclusivement hostiles à Israël/i ». Et cette (fausse) question, renouant avec la pensée automatique : « iLa recherche permanente d'équilibres, et parfois l'obsession pour la préservation des alliances ou de simples calculs électoraux prennent-elles trop souvent le pas sur la clarté des principes, au détriment d'un engagement républicain résolu contre l'antisémitisme ?/i »/p pLa réponse est apportée dans les matinales, le lendemain (16/09). Par Renaud Dély, sur Franceinfo :/p blockquote class="spip" pstrongRenaud Dély :/strong On a l'impression […] qu'il a quelque chose à se faire pardonner, et que le parti socialiste demeurerait donc toujours un peu sous influence, si ce n'est sous sujétion, j'allais dire sous soumission, aux insoumis. Donc non seulement c'est malheureux sur le fond, et je vois pas ce que ça apporte […], mais de surcroît c'est, disons, politiquement assez inquiétant quant à la capacité des socialistes à s'affranchir de la domination des insoumis./p /blockquote pOu par Christophe Barbier qui, dans le même registre à l'antenne de LCI, divague sur les stratégies supposées du député socialiste :/p blockquote class="spip" pstrongChristophe Barbier :/strong Ne pas laisser à La France insoumise le monopole du démarchage électoral des citoyens musulmans et de tous les citoyens français sensibles à la cause palestinienne, ni le monopole du recrutement dans la jeunesse radicalisée. […] Faure a finalement montré qu'il était soumis aux insoumis./p /blockquote pSonia Mabrouk, quant à elle, pose tout simplement la question à Marine Le Pen (CNews/Europe 1) :/p blockquote class="spip" pstrongSonia Mabrouk :/strong Autre sujet, Marine Le Pen, et il crée une vive polémique, une grande indignation […]. Cette polémique est suscitée par le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure, qui appelle à hisser le drapeau palestinien le 22 septembre, je le rappelle, jour de la reconnaissance par la France de l'État de Palestine. Olivier Faure qui estime également que ceux qui ne peuvent pas fêter cela et le nouvel an juif, qui arrive concomitamment, seraient des semeurs de mort et de haine. Que veut-il ? Que veut Olivier Faure ?/p /blockquote pAussi la voie de l'outrance était-elle toute pavée : « iIl veut ce que veut toute la gauche française et européenne, c'est-à-dire refaire des Juifs des parias […]/i », assène Marine Le Pen… sans que Sonia Mabrouk n'esquisse la moindre réaction. Le RN, arbitre des élégances en matière de racisme : Orwell est dépassé./p /br div class='spip_document_16188 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/faure_cnews.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH278/faure_cnews-0fd27.png?1758037239' width='500' height='278' alt='' //a /figure /div p/brDe a href="https://www.acrimed.org/Conflit-israelo-palestinien-calomnies-mediatiques"Jean-Luc Mélenchon/a à a href="https://www.acrimed.org/Polemique-de-Villepin-la-fabrique-mediatique-de-l"Dominique de Villepin/a, les cabales pour antisémitisme se suivent et se ressemblent, plus ou moins délirantes, plus ou moins grossières, plus ou moins envahissantes. En plus de disqualifier encore et encore toute marque de soutien au peuple palestinien (et tout discours dénonçant le a href="https://news.un.org/fr/story/2025/09/1157475" class='spip_out' rel='external'génocide perpétré par Israël/a), les médias et les journalistes qui alimentent ces dites « polémiques » se rendent-ils compte que, tels des apprentis sorciers, ils ne cessent de dévoyer la lutte contre l'antisémitisme ?/p p/brstrongMaxime Friot/strong/p/div
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Élisée Reclus, l'anthropocène avant l'heure | Roméo Bondon

Rezo.net - mar, 2025-09-16 15:24
Dès 1860, alors que le carbone n'a pas encore envahi l'atmosphère et que le plastique n'existe pas, le géographe et militant anarchiste Élisée Reclus décrit les humains comme des agents géologiques qui modifient le climat. Tout au long de son œuvre monumentale, il parvient à rendre le monde plus familier tout en déployant l'idée d'une condition terrestre. div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"Terrestres/a/b/div

« Bloquons tout » : un journalisme sous escorte policière

Acrimed : Action-Critique-Médias - lun, 2025-09-15 12:21
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH84/10septembre_retailleau-20327.jpg?1757931693' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='84' alt="" / div class='rss_chapo'pL'angle sécuritaire a largement dominé le traitement médiatique du mouvement social « Bloquons-tout », organisé partout en France le 10 septembre. Défilé de policiers sur les plateaux télé, focalisation sur les « iviolences/i », décompte en direct sur les chaînes d'information en continu du nombre d'interpellations : retour sur un cas d'école de journalisme de préfecture./p/div div class='rss_texte'pPréparer les esprits au « chaos » est l'une des pratiques structurantes du journalisme de préfecture à l'approche d'un mouvement social. La mobilisation « Bloquons tout » n'a pas fait exception. De scénarios noirs en notes des renseignements, en passant par les outrances de l'éditocratie, « l'information » avant le 10 septembre s'est écrite sur a href="https://www.acrimed.org/Le-message-est-clair-debloquez-tout-hostilite"le ton de la peur des jours durant/a. À mesure que les « ipythies médiatiques des violences/i » (a href="https://www.arretsurimages.net/articles/avant-le-10-septembre-les-pythies-mediatiques-des-violences" class='spip_out' rel='external'Arrêt sur images, 10/09/a) se répandaient de plateaux en colonnes de journaux, la pression montait. « iLes black blocs débarqueront de toute l'Europe/i, annonçait sur RMC (9/09) la militante identitaire – et chroniqueuse de la chaîne – Juliette Briens. iUn mercredi en France quoi ! […] L'armada sera de sortie, des feux de poubelles, des feux de voiture ! […] Le chaos est bon à toutes les occasions dans ce pays !/i » Nous n'en étions pourtant qu'aux prémices d'une nouvelle séquence exemplaire de journalisme de préfecture : le jour J, la co-production de l'information avec la police allait atteindre des proportions spectaculaires./p /br h3 class='article_intertitres'L'info au rythme de la préfecture/h3 p/brIl est 6h30 ce mercredi 10 septembre et BFM-TV prévient déjà : « iLe pays est quadrillé par les forces de l'ordre./i » Le bandeau appuie le propos du présentateur avec le chiffre annoncé la veille par le ministère de l'Intérieur : « 80 000 forces de l'ordre mobilisées ». Dans la foulée, la journaliste Perrine Storme lance « iles premières images de la manifestation/i ». En l'occurrence, ce sont des images… d'interpellations : une dizaine de personnes plaquées contre un mur ou maintenues assises par des policiers, porte d'Italie à Paris. Retour plateau, le journaliste Dominique Tenza fait état d'une « itrentaine d'interpellations, les premières donc/i » : c'est le début du décompte qui va rythmer la journée./p pSur toutes les chaînes d'information, les bandeaux défilent pour nous informer, minute par minute, du nombre d'interpellations. Une pratique que les médias n'interrogent plus, devenue le principal thermomètre journalistique pour suivre en direct le cours d'une mobilisation sociale./p /br div class='spip_document_16182 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH630/10septembre_franceinfo-9f800.png?1757931693' width='500' height='630' alt='' / /figure /div p/brAux yeux des chefferies éditoriales, cette pratique présente d'emblée plusieurs « avantages » : « objectiver l'événement », avec un chiffre évolutif provenant de sources qu'il ne s'agit pas de contester – la police ou le ministère de l'Intérieur. Et « meubler l'antenne » à peu de frais, en déléguant de fait une partie de la production de l'information – en l'occurrence, à la police ou au ministère de l'Intérieur. Participant de la co-production de la peur, la pratique est en outre un puissant ressort du journalisme de démobilisation, au service de la communication du pouvoir. « iLe ministère et les autorités alimentent régulièrement les rédactions, notamment du nombre d'interpellations/i », rapporte benoîtement la cheffe du service politique de BFM-TV Marie Chantrait, en milieu d'après-midi. « iBruno Retailleau ne cesse de communiquer sur les incidents, le bilan des interpellations pour prolonger cette idée d'un ministère en action/i », remarque à son tour iLe Parisien/i (11/09), sans pour autant préciser les conditions du succès de cette « idée » : des médias aux ordres. Un rôle d'ailleurs parfaitement tenu par BFM-TV, exemplaire en la matière./p pIl est 6h50 quand de nouvelles images arrivent sur le plateau. Ce sont encore des images d'interpellations. Nous sommes cette fois porte de Bagnolet, à Paris, et la reporter sur place commente : « iPrésence musclée des forces de l'ordre, une dizaine de camionnettes de police, les forces de l'ordre sont très présentes. Ils se détachent par petits groupes pour interpeller des personnes qui pourraient être menaçantes. Vous voyez, on voit la Brav-M, qui fait des interpellations tout autour de la porte de Bagnolet…/i »span class="spip_note_ref" [a href='#nb1' class='spip_note' rel='appendix' title='Sur Franceinfo, un événement éclaire ces arrestations d'une autre lumière : (...)' id='nh1'1/a]/span/p /br div class='spip_document_16181 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/10septembre_bfm.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH281/10septembre_bfm-84cce.jpg?1757931693' width='500' height='281' alt='' //a /figure /div p/br200 interpellations à 10h35, 295 à 13h, 400 à 19h…. Ces chiffres défilent inlassablement sur les bandeaux et structurent les discussions en plateaux, qui y voient la marque d'un ministère « ien action/i », « iefficace/i », et non pas la mesure de l'intensité de la répression. Comme les bandeaux ne suffisaient pas, les chiffres sont aussi relayés sur le compte X de la chaîne : au cours de la journée, pas moins de vingt tweets donnent le décompte des interpellations, soit plus d'un par heure… BFM-TV s'avère plus efficace que les services comm' des préfectures !/p /br h3 class='article_intertitres'« La police vous parle à toute heure »/h3 p/brÀ cela s'ajoute l'omniprésence de Bruno Retailleau, dont les moindres faits et gestes sont médiatisés. Dès 7h30, BFM-TV diffuse des images muettes de l'arrivée du ministre à Rungis, devant un plan de sécurité et entouré de hauts gradés. La journaliste-présentatrice rappelle à sa place les consignes « id'extrême fermeté/i » et les « idizaines d'interpellations/i » déjà menées. Et le cirque continue. Dominique Tenza : « iVous découvrez en direct ces images à Toulouse, avec un feu aux abords de la gare, et là encore, juste à côté, un véhicule de police. Conformément aux consignes données par Bruno Retailleau, les forces de sécurité sont déployées sur le terrain au moindre incident./i » Quelques heures plus tard, c'est au tour de Julien Arnaud de « teaser » : « iBruno Retailleau dans quelques instants va s'exprimer, il y a un affichage important depuis ce matin pour montrer que la situation est tenue./i » Et BFM-TV s'en assure. Aussi la conférence de presse du ministre démissionnaire est-elle diffusée en direct et en grande pompe : « priorité au direct », sur toutes les antennes./p /br div class='spip_document_16184 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/jpg/10septembre_retailleau.jpg' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/jpeg" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH281/10septembre_retailleau-f0a40.jpg?1757931693' width='500' height='281' alt='' //a /figure /div p/brLe cadrage est « co-produit », la composition des plateaux aussi. Peu après 8h, le lieutenant-colonel Coiffard, porte-parole de la gendarmerie nationale, est le premier d'une très longue série de représentants des « forces de l'ordre », syndicalistes policiers et porte-parole, qui vont se succéder toute la journée sur BFM-TV. Entre 8h et 19h, ils ne seront pas moins de neuf à défiler en plateau. 9h06 ? Éric Henry, délégué national Alliance Police. 10h19 ? Fabien Vanhemelryck, secrétaire général Alliance Police. 11h20, Olivier Hourcau, délégué Alliance Police, pour changer. La journée peut se compter en heures, en nombre d'interpellations ou bien en porte-parole d'Alliance Police, reçus en toute déférence par les intervieweurs. À 13h27, voici Agathe Foucault, porte-parole de la police nationale. Puis à 13h51, Yves Assioma, superviseur national Alliance Police, ça faisait longtemps. À 14h04, un chroniqueur plus permanent s'installe, Maurice Signolet, ancien commissaire divisionnaire, en plateau jusqu'à 15h30. À 16h50, le lieutenant-colonel Coiffard est de retour ! Enfin à 17h50, Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de la Police nationale, en plateau jusqu'à 19h. La police vous parle en direct toute la journée sur BFM-TV. Cet entre-soi donne lieu à d'interminables causeries qui, pour ordinaires qu'elles soient, n'en participent pas moins du climat médiatique anxiogène, entre normalisation du maintien de l'ordre et surenchère répressive. Exemple avec cet échange entre trois acteurs interchangeables, en l'occurrence deux journalistes et un syndicaliste policier :/p blockquote class="spip" pstrong- Apolline de Malherbe :/strong On voit ce jeune qui monte sur une voiture de police, pourquoi on l'arrête pas à ce moment-là ?/p pstrong- Éric Henry (Alliance Police) :/strong Cette scène est extrêmement choquante évidemment pour mes collègues. La première des choses c'est déjà d'assurer leur intégrité physique, leur sécurité, puisque comme vous le voyez, ils sont en sous-nombre face à des jeunes qui sont excités, déterminés à s'en prendre à eux […]. On est en difficulté pour […] éviter une surenchère et que…/p pstrong- Apolline de Malherbe :/strong Ce qui est très compliqué comme vous dites, c'est qu'ils sont à la fois en nombre partout en France, mais parfois en sous-effectif dans des petits points en particulier.../p pstrong- Stephan Bureau :/strong Est-ce que ce n'est pas l'objet justement que de provoquer une réaction – parce qu'on voit tout le monde avec son téléphone à la main – et d'avoir l'image ?/p pstrong- Apolline de Malherbe :/strong Il faut donc beaucoup de sang-froid…/p pstrong- Stephan Bureau :/strong Exactement, parce que les policiers, dans le fond, on les provoque dans l'espoir qu'il se passe quelque chose et qu'on puisse documenter ce quelque chose./p pstrong- Éric Henry :/strong […] Si jamais y'avait une sortie d'armes parce que leur intégrité physique voire leur vie est en danger… dans l'hypothèse… enfin… si les conditions n'étaient pas réunies par rapport à l'utilisation d'une arme inappropriée, derrière, c'est le tourniquet administratif et judiciaire. […] Ce qu'on va appeler une bavure policière, avec toutes les conséquences et la reprise par certains partis politiques, qui sont les mêmes incubateurs de ce « cassons tout », « bloquons tout », et derrière, la mise à mal de l'institution policière et tous les clichés qu'on connaît./p /blockquote pOu comment légitimer en direct, et par anticipation, la « bavure policière ».../p pUne ambiance permise par le dispositif : outre les interviews politiques et les chroniqueurs maison, les « invités policiers » seront – quasiment – les seuls à intervenir en plateau ce jour-là. Ordinaire pour cette a href="https://www.acrimed.org/Sainte-Soline-et-mega-bassines-sur-BFM-TV-la"« télé-préfecture »/a, la journée se conclura en apothéose avec un dixième invité « police »… et non des moindres : l'ancien préfet de Paris Didier Lallement, réputé pour avoir (durement et massivement) réprimé le mouvement des Gilets jaunes et reçu conséquemment avec tous les égards par Marc Fauvelle : « iJe vous rappelle les chiffres au niveau national, 175 000 participants, 473 interpellations dans toute la France. Et puis également autres chiffres, 267 incendies de voie publique, et 13 policiers blessés. Didier Lallement, bonsoir.../i »/p /br h3 class='article_intertitres'Des « bons » mots (de la police) aux « bons » chiffres (du ministère)/h3 p/brVerrouillé de A à Z, le cadrage sécuritaire se double d'un recours permanent au lexique policier. Outre les traditionnels « iéléments radicaux/i » pour désigner (et criminaliser) les manifestants – une expression omniprésente à l'antenne de CNews, notamment –, on entend parler de « ifauteurs de troubles/i », de « icasseurs/i », d'« iultra-gauche/i », de « imaîtrise des individus masqués/i », de « ipoints de fixation/i », de « ijournée à haut risque/i », d'« iactions violentes/i » recensées en « izone gendarmerie/i » ou en « izone police/i », mais aussi de « idébordements/i » ou de « idispersion/i » indistinctement selon l'énonciateur, policier… ou journaliste, tous deux reconvertis en gardiens de l'ordre./p pTotalement normalisé dans les récits journalistiques, le point de vue policier ne subit aucun accroc. En particulier lorsqu'un plateau est sous bonne garde de Dominique Rizet, l'inénarrable « consultant police-justice » de BFM-TV. Tout au long du 10 septembre, a href="https://www.acrimed.org/Medias-et-violences-policieres-aux-sources-du"ce grand professionnel à l'« iobjectivité totale/i »/a, selon ses mots, s'est une nouvelle fois illustré par une série de prescriptions langagières. Alors que les gaz lacrymogènes pleuvent sur les images qui défilent derrière lui, il tempère : « iCette expression de "gazer les manifestants", c'est pas très joli. Puis ça rappelle une triste époque./i » Quelques minutes plus tard, tandis que le plateau observe une violente charge policière dans le quartier des Halles, à Paris, Dominique Rizet indique les mots à éviter… et ceux qu'il faut leur préférer pour décrire la situation :/p blockquote class="spip" pstrongDominique Rizet :/strong Les manifestants ne voulaient pas reculer donc les policiers ont fait… on appelle ça un bond offensif. Et pas des charges. […] La police aime pas qu'on… Donc des bonds offensifs, pour éloigner les manifestants. Donc on les écarte et puis ensuite, il y a cette strongdistribution de gaz lacrymogène/strong qui dissuade les plus tenaces./p /blockquote pComme on « distribue » des bonbons, en somme./p pAux bons mots s'ajoutent les bons chiffres. Et en la matière encore, BFM-TV n'en démord pas : la voix du ministère est sacrée. Peu après 17h, alors que le bilan qu'annonçait ce dernier à la mi-journée (29 000 manifestants) est aisément contestable au vu des défilés massifs filmés par les manifestants eux-mêmes partout en France et diffusés sur les réseaux sociaux, les journalistes s'empressent de communiquer leurs conclusions (tirées d'avance) :/p blockquote class="spip" pstrong- Amandine Atalaya :/strong Si vous voulez un ordre d'idée avec ce chiffre dont on dispose pour l'instant de 29 000 manifestants…/p pstrong- Olivier Truchot :/strong C'est très faible !/p pstrong- Amandine Atalaya :/strong Il est très faible ! Et qui va être ajusté mais… Pour avoir un ordre d'idée par exemple, le 1er mai 2025 […], c'est 157 000 personnes selon la police, 300 000 selon les syndicats, ça fait cinq fois moins pour l'instant. Et par rapport aux grandes manifestations des retraites, […] les grandes journées, c'était 600 000 selon la police et 2 millions selon les manifestants, on est à vingt fois moins ! […]/p pstrong- Olivier Truchot :/strong Donc en termes de mobilisation physique, c'est pas très impressionnant./p pstrong- Amandine Atalaya :/strong Vraiment je suis purement factuelle ! On ne peut pas dire que ce soit un succès en termes de nombre de personnes dans la rue aujourd'hui./p /blockquote pTellement « factuelle » que moins d'une heure et demie plus tard, elle sera sévèrement contredite par… le ministère de l'Intérieur, qui réactualise son décompte en évoquant 175 000 manifestants. Un bilan qui plus est contesté par d'autres sources – inaudibles le jour J à l'antenne de BFM-TV –, a href="https://www.cgt.fr/actualites/france/mobilisation/10-septembre-une-premiere-etape-reussie-encore-plus-forts-le-18-pour-gagner" class='spip_out' rel='external'à l'instar de la CGT/a, évoquant « iplus de 250 000 personnes/i » dans les rues partout en France. Un naufrage qui n'est pas sans rappeler celui d'une autre experte ès journalisme : Géraldine Woessner, la rédactrice en chef du iPoint/i. Sur la base des 29 000 manifestants annoncés par le ministère de l'Intérieur, cette dernière décréta « iun flop mémorable/i » sur X, à 16h27. Deux heures plus tard, son inconscient déontologique lui commanda cette légère modification : « iUpdate, avec le chiffre à 17 heures : 175 000 participants./i » Un « flop mémorable », c'est le cas de le dire. Reste que cette propension à s'abreuver uniquement aux sources officielles, dont la communication n'est ia priori/i pas contestable aux yeux des rédactions, aura une nouvelle fois appuyé le récit de « l'échec de la mobilisation »… que les éditocrates souhaitaient tant voir advenir./p pAvides de spectacle, les principales télévisions se sont ruées comme de coutume sur la moindre étincelle. Aussi, lorsque peu après 16h, des reporters captent des images d'un restaurant en feu à Paris, c'est la cohue. Et certaines envoient valser la rigueur. CNews au premier chef, qui l'assure sur X dans un post toujours en ligne : « iLes manifestants ont mis le feu à une brasserie et à un immeuble dans le centre de Paris, à Châtelet./i » Sauf que patatras : en plus des témoignages de manifestants – qui évoquent immédiatement un départ de feu causé par une grenade lacrymogène –, la procureure de Paris évoque à demi-mot la responsabilité de la police une heure plus tardspan class="spip_note_ref" [a href='#nb2' class='spip_note' rel='appendix' title='« En l'état de nos informations, il pourrait s'agir d'un départ de feu (...)' id='nh2'2/a]/span, ce que a href="https://www.leparisien.fr/paris-75/bloquons-tout-a-paris-la-piste-de-lincendie-provoque-par-la-police-au-restaurant-de-chatelet-se-precise-11-09-2025-7JANFHFYQFDFRJSIOFRXMXOEPU.php" class='spip_out' rel='external'confirmera le parquet de Paris le lendemain/a./p /br div class='spip_document_16185 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/10septembre_cnews.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH279/10septembre_cnews-496e9.png?1757931693' width='500' height='279' alt='' //a /figure /div p/brMais à l'instant T, le feu n'échauffe que trop les esprits échaudés de CNews : « iVoilà à quoi ça mène !/i, s'indigne la présentatrice Nelly Daynac. iDes responsabilités sans doute d'un cocktail molotov qui a été lancé comme ça. Ou euh… Non mais enfin… ou d'une poubelle qui a été brûlée à proximité./i » Une journaliste appelle-t-elle timidement à la vigilance ? Le plateau passe la recommandation par pertes et profits :/p blockquote class="spip" pstrong- Yoann Usai :/strong L'incendiaire, lui, va probablement rentrer tranquillement ce soir chez lui ! Sauf s'il a été interpellé mais ia priori/i, il y a peu de chance qu'il le soit./p pstrong- Nelly Daynac :/strong Et il sera peut-être fier de son œuvre !/p pstrong- Yoann Usai :/strong Il sera fier de son œuvre naturellement, il va dormir bien au chaud ce soir. […]/p pstrong- Nelly Daynac :/strong Ce sont des pyromanes en fait, vous le disiez tout à l'heure. Des incendiaires./p pstrong- Yoann Usai :/strong Des criminels ! Des criminels !/p pstrong- Nelly Daynac :/strong Des criminels qui prennent plaisir, comme ceux qui mettent le feu aux forêts l'été et se délectent sans doute après de ce qu'ils ont causé comme méfaits./p /blockquote pSans doute l'Arcom se délectera-t-elle d'une telle séquence…/p pPoussant la désinformation à son paroxysme, CNews n'est toutefois pas la seule chaîne à s'être ralliée aussi spontanément que naturellement à la thèse des « manifestants incendiaires ». Sur Franceinfo, un reporter parle d'« iun restaurant […] qui a été pris pour cible/i » avant de faire marche arrière moins d'une demi-heure plus tard, évoquant « iplusieurs charges de la police à l'aide de grenades lacrymogènes/i » dont « iune […] a atterri sur des végétaux et sur la façade de ce restaurant/i ». Même tentation sur LCI, où en dépit des avertissements de la présentatrice, le consultant Guillaume Farde ne résiste pas à livrer les conclusions qui « s'imposent » :/p blockquote class="spip" p- strongMarie-Aline Méliyi :/strong On est sûr du coupable ? Parce qu'on se disait qu'il fallait un peu de prudence pour savoir si c'était directement lié à ce mouvement…/p pstrong- Guillaume Farde :/strong En tout cas, c'est en marge de. Et sans évidemment présumer des conclusions de l'enquête […], il y a un mode opératoire et des précédents. Ça, on peut au moins le dire. Le mode opératoire, c'est que l'ultra-gauche signe sa présence par le recours à l'incendie volontaire./p /blockquote pLa suspicion est jetée et la désinformation fait son œuvre. Au 20h de TF1 également, où la rédaction, pourtant en possession ia minima/i des déclarations de la Procureure – diffusées trois heures plus tôt –, laisse éhontément planer le doute : « iÀ Paris en marge d'affrontements, la façade d'un immeuble, en flammes. Le feu est parti de ce restaurant. Une enquête est en cours/i », se contente de relater la voix-off, au terme d'un sujet axé sur les violences…. des manifestants. Grossier, le sous-entendu confine à la manipulation. Et concerne de nombreux autres médias : à la Une de iLa Voix du Nord/i, sur les écrans des chaînes d'info ou pour illustrer les gros-titres des 20h, les images de ce restaurant en flammes sont largement surexposées sans être pour autant systématiquement remises en contexte ni commentées pendant leur diffusion. Comment un téléspectateur non averti, baignant par ailleurs dans un récit médiatique polarisé par l'inventaire des « violences » des « casseurs », peut-il interpréter ces images autrement qu'étant de la responsabilité des manifestants ?/p /br h3 class='article_intertitres'Violences policières nulle part, célébration de l'ordre partout/h3 p/brCar une chose est sûre : des chaînes d'information aux 20h en passant par les grandes radios, le terme « violence » n'est rattaché qu'aux personnes mobilisées. Tout au long de la journée, alors que des vidéos de violences policières sont diffusées sur les réseaux sociaux – captées y compris par les reporters des médias mainstream –, aucun média audiovisuel, à notre connaissance, n'en fait réellement état. Des journalistes indépendants et a href="https://x.com/violencespolice" class='spip_out' rel='external'le compte X « ViolencesPolicières.fr »/a ont beau recenser des dizaines de preuves à charges, les vidéos ne sont pas diffusées par les grands médias, et encore moins répertoriées au registre des « violences » par les commentateurs./p pEn lieu et place, les commentateurs célèbrent l'action du ministère de l'Intérieur. Outre le fait qu'aucun questionnement critique n'ait droit de cité concernant le dispositif militarisé du maintien de l'ordre (effectifs totalement exubérants, armes de guerre utilisées, surveillance de masse par drones, etc.), on assiste à la chronique satisfaite de la répression. En amont, pendant et en aval de la journée de mobilisation./p pSur Franceinfo la veille du 10 septembre, la description du « dispositif » policier mis en place par Bruno Retailleau a tenu lieu d'information « en continu ». Interroger sa politique agressive et la criminalisation du mouvement social ? Hors sujet pour le service public, où la journaliste « Société » Audrey Goutard remplit plutôt le rôle de porte-parole du ministère de l'Intérieur : « i80 000 policiers vont être mis sur le terrain […], mobiles, adaptables, qui sont là pour deux points : la capacité de s'adapter et la capacité de répondre immédiatement s'il y a des actes de violence avec des interpellations. Répression, répression, répression. C'est le mot d'ordre, effectivement, de Bruno Retailleau face à cette violence/i »… à ce stade imaginaire. Même tonalité au 20h de France 2 (9/09), que Samuel Gontier a qualifié d'« iode à la répression/i » anticipée (a href="https://bsky.app/profile/samuelgontier.bsky.social/post/3lyget3bp3c2d" class='spip_out' rel='external'Bluesky, 9/09/aspan class="spip_note_ref" [a href='#nb3' class='spip_note' rel='appendix' title='Lire aussi « Mobilisation du 10 septembre : un "échec" et des "violences" sur (...)' id='nh3'3/a]/span), notamment en réaction à cette pépite signée Léa Salamé – « iPlus mobiles, mieux renseignées, comment les forces de l'ordre ont appris des Gilets jaunes à être plus efficaces/i » – qui valut à la présentatrice a href="https://www.acrimed.org/Le-20h-de-France-2-en-passe-de-gagner-le-concours"son premier communiqué syndical/aspan class="spip_note_ref" [a href='#nb4' class='spip_note' rel='appendix' title='Lequel, soit dit en passant, dénonce le parti pris de la rédaction « du côté (...)' id='nh4'4/a]/span déplorant que « iFrance 2 se met[te] […] explicitement du côté de la police/i »./p pLe 10 septembre sur LCI, les journalistes se délectent en continu d'images de CRS saturant les rues et les écrans. « iUn dispositif conséquent/i, s'enthousiasme la présentatrice Marie-Aline Méliyi, ivous le voyez à Paris, pour contenir les individus qui ont envie de semer le chaos et le désordre. Christophe Miette, vous êtes secrétaire national SCSI-CFDT, syndicat des cadres de la sécurité intérieure, on voit l'intérêt d'avoir anticipé avec un dispositif conséquent./i » Ce n'était pas une question…/p /br div class='spip_document_16183 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" a href='https://www.acrimed.org/IMG/png/10septembre_lci.png' class="spip_doc_lien mediabox" type="image/png" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH141/10septembre_lci-8db8f.png?1757931693' width='500' height='141' alt='' //a /figure /div p/brOu encore un peu plus tôt :/p blockquote class="spip" pstrong- Marie-Aline Méliyi :/strong Valérie Nataf, on voit en tout cas, la preuve par l'image, jusqu'ici et on espère qu'il n'y aura pas de débordement, que le dispositif très important mis par Bruno Retailleau fait ses preuves./p pstrong- Valérie Nataf :/strong Oui, absolument. Il tient toutes ses promesses./p /blockquote pAlléluia./p pAu 20h de TF1, le soir-même, la rédaction parle d'une « stratégie efficace » en énumérant ses bienfaits : « i80 000 policiers et gendarmes déployés, des véhicules blindés sont même entrés en action pour déblayer. Les blocages, comme celui-ci à Marseille, sont presque instantanément débloqués par les forces de l'ordre./i » Sur BFM-TV, la cheffe du service police-justice Pauline Revenaz s'enthousiasmait dès 8h du matin : « iLes forces de l'ordre sont extrêmement mobilisées et très réactives !/i » N'en jetez plus !/p pAu vu de la tonalité générale, on ne s'étonnera pas de retrouver les mêmes rengaines sur les ondes des matinales le lendemain. Ainsi de CNews, qui commence très fort, dès 6h, avec un sondage CSA réalisé en collaboration avec deux autres titres Bolloré, Europe 1 et le iJDD/i : « iFaites-vous confiance à la justice française pour punir les auteurs de violences (vols, agressions, meurtres) ?/i » Thomas Bonnet, journaliste politique, se fend d'une analyse « d'actualité » : « iOn verra désormais quelles seront les condamnations pour ceux qui hier s'en sont pris aux forces de l'ordre, ont dégradé du mobilier urbain, strongmais on est malheureusement obligés d'anticiper et de se dire qu'elles vont sans doute être encore une fois assez légères/strong./i » La presse Bolloré est en campagne pour des condamnations plus lourdes./p pSans doute en manque de parole policière, Apolline de Malherbe sollicite un délégué Alliance Police sur RMC pour mieux refaire le film : « iComment s'est déroulée la journée globalement ? Le ministre de l'Intérieur s'est réjoui que les bloqueurs n'arrivent pas à bloquer/i », se félicite d'entrée la journaliste. Presqu'en même temps sur RTL, Thomas Sotto lance la grande interview : « iIl est 8h17, blocages, incendies, tentatives d'intrusion, routes et trains bloqués, quel est le vrai bilan de la journée "Bloquons tout en France " ? Pour le savoir, Marc-Olivier Fogiel, vous avez invité ce matin le patron de la gendarmerie, Hubert Bonneau./i » Fogiel : « iMerci mon général, merci d'être là./i »/p /br div class='spip_document_16187 spip_document spip_documents spip_document_image spip_documents_center spip_document_center' figure class="spip_doc_inner" img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L500xH421/10septembre_rtl-5d9da.png?1757931694' width='500' height='421' alt='' / /figure /div p/brEn face, Europe 1 se charge de faire entendre la préfecture. L'invité de Sonia Mabrouk est Laurent Nuñez, préfet de police de Paris. Première question de Mabrouk :/p blockquote class="spip" pstrongSonia Mabrouk :/strong Au lendemain du mouvement "Bloquons tout", qui ressemblait davantage à un mouvement "Cassons tout", qui a donné lieu à des violences, des heurts, entre forces de l'ordre et groupuscules masqués avec slogans antifa, propalestiniens, on va en parler, mais d'abord : de quel bilan définitif vous disposez ce matin aussi bien en termes d'interpellations, de gardes à vue, et aussi de policiers ou de forces de l'ordre blessés ?/p /blockquote pEt sur TF1, dans la matinale de Bruce Toussaint, l'éditorialiste Alba Ventura dépeint un pays à feu et à sang : « iCe qui a sauté aux yeux, ce sont ces scènes de violences. On a vu à Rennes un bus incendié, des barrages sur les routes, tentatives d'intrusion à la gare du Nord, à la gare Marseille Saint-Charles ce sont des bouteilles de verres qui ont été jetées, des pillages et puis tous ces gens cagoulés, en capuche, venus semer le chaos et affronter les forces de l'ordre… Bloquons tout a été noyauté par l'extrême gauche, l'ultra gauche, accompagnées des casseurs de banlieues./i »/p pC'est sans doute cela, « l'ensauvagement » médiatique./p /br centerstrong***/strong/center p/brSi les reportages et l'exposé des revendications n'ont pas fait systématiquement défaut, l'angle sécuritaire aura outrageusement dominé le traitement journalistique du 10 septembre. Et le journalisme de préfecture a paradé sur toutes les ondes : au ministère de l'Intérieur, le cadrage ; aux syndicalistes policiers, le commentaire en direct ; à la Préfecture, l'analyse des événements. « iC'est pas une manifestation populaire, ce sont des actes de délinquance qui sont extrêmement graves, qu'il faut traiter comme des actes de délinquance/i », résume Nicolas Bouzou sur LCI. Dépolitiser et criminaliser la contestation sociale : a href="https://www.editionstextuel.com/livre/repression" class='spip_out' rel='external'telle est la tâche des acteurs répressifs/a, auxquels les médias dominants apportent tout leur concours./p p/brstrongPauline Perrenot/strong et strongJérémie Younes/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id='nb1' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='appendix'1/a] /spanSur Franceinfo, un événement éclaire ces arrestations d'une autre lumière : juste avant 7h, l'interpellation par la police du syndicaliste Aurélien Boudon (Sud-Santé) est diffusée en direct à la radio, alors qu'il répond à une interview téléphonique… depuis la porte de Bagnolet./p /divdiv id='nb2' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='appendix'2/a] /span« iEn l'état de nos informations, il pourrait s'agir d'un départ de feu involontaire lié à l'intervention des forces de l'ordre/i », déclare-t-elle en conférence de presse. Une sortie qui indignera d'ailleurs Dominique Rizet sur BFM-TV : « iC'est pas très fin […]. Les experts en incendie ne se sont pas encore prononcés et dire ça alors que les manifestations sont en cours, qu'il y a encore des gens qui courent dans les rues de Paris… Imaginez… C'est peut-être pas le moment de dire ça… !/i »/p /divdiv id='nb3' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh3' class='spip_note' title='Notes 3' rev='appendix'3/a] /spanLire aussi « a href="https://www.telerama.fr/television/mobilisation-du-10-septembre-un-echec-et-des-violences-sur-toutes-les-chaines-7027346.php" class='spip_out' rel='external'Mobilisation du 10 septembre : un "échec" et des "violences" sur toutes les chaînes/a », iTélérama/i, 12/09./p /divdiv id='nb4' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh4' class='spip_note' title='Notes 4' rev='appendix'4/a] /spanLequel, soit dit en passant, dénonce le parti pris de la rédaction « idu côté de la police/i » tout en reprenant lui-même sans recul des expressions pour le moins problématiques d'un point de vue journalistique, comme « icasseurs/i » ou « ivoyous/i »./p /div/div
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Ovidie, autrice : « Il y a plein de gens qui n'ont pas de rapport sexuel et c'est le secret le mieux gardé du monde »

Rezo.net - sam, 2025-09-13 19:15
“Arrêter le sexe avec les hommes, ce n'est pas juste arrêter le coït, c'est arrêter tout ce que cela implique d'être une femme et de constamment lutter pour rester désirable. C'est un boulot à temps plein que d'être un sexe à convoiter, entre le temps qu'on passe à s'épiler, à se faire de la médecine esthétique, à se couvrir les cheveux gris parce qu'on a peur de ne plus être coté à l'argus...c'est un temps infini que moi, j'avais envie de récupérer.” div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"France Culture/a/b/div

Sarah Michelle Gellar posts masked selfie on set of Buffy

Rezo.net - sam, 2025-09-13 18:17
'I will wear a mask in my shower if that means I don't get this again' said Sarah Michelle Gellar after recovering from COVID-19 div class='source'Source: ba href="https://rezo.net/sources/releve-sur-le-net"The Canary/a/b/div

Affaire Thomas Legrand : le journalisme politique malade de son corporatisme

Acrimed : Action-Critique-Médias - jeu, 2025-09-11 17:35
img src='https://www.acrimed.org/local/cache-vignettes/L150xH79/affairelegrand-3da7d.png?1757604922' class='spip_logo spip_logo_right' width='150' height='79' alt="" / div class='rss_chapo'pAnalyse d'un déni./p/div div class='rss_texte'pLes 5 et 6 septembre, le média d'extrême droite iL'Incorrect/i publie trois courtes vidéos, tournées en caméra cachée et diffusées après montage (on devine de nombreuses coupes). On y voit discuter, autour d'une table de restaurant, deux journalistes – Thomas Legrand (France Inter, iLibération/i) et Patrick Cohen (France Inter, France 5) – et deux cadres du PS – Pierre Jouvet (secrétaire général du parti) et Luc Broussy (président du conseil national). Il s'agit, en l'occurrence, d'une a href="https://www.acrimed.org/Polemiques-autour-du-dejeuner-presidentiel-l"pratique ordinaire du journalisme politique français/a : des rencontres « en off » entre commentateurs et professionnels de la politique, caractérisées par un évident entre-soi (on le voit, par exemple, à l'usage du tutoiement par Thomas Legrand) et un certain mélange des genres (ici, Thomas Legrand donnant des conseils en stratégie politicienne aux cadres du PS)./p pLa séquence a circulé à grande échelle, notamment en réaction à deux passages dans lesquels Thomas Legrand laisse entendre qu'il use de son fauteuil d'éditorialiste pour mener campagne contre Rachida Dati et en faveur de Raphaël Glucksmann – ce qui, au vu de sa passion historique pour « la gauche de gouvernement », de la ligne toujours « raisonnable » de ses éditos et de celle de son journal, n'était un mystère pour personne. C'est néanmoins en raison d'une phrase prononcée contre la ministre de la Culture (« iNous, on fait ce qu'il faut pour Dati, Patrick et moi/i ») qu'il sera suspendu de France Inter, à titre conservatoire, dès le lendemain (6/09)./p /br h3 class='article_intertitres'Le journalisme politique : un problème/h3 p/brÉgrener les partis pris, a href="https://www.acrimed.org/Quand-les-medias-avouent-traficoter-le-capital"traficoter le capital politique des élus/a… : les journalistes politiques, éditorialistes et autres intervieweurs ont des préférences politiques et celles-ci transparaissent dans leur façon de travailler. Il ne s'agit pas là du scoop du siècle, leur prétention à l'« objectivité » et à la « neutralité » ne pouvant plus convaincre qu'eux-mêmes (et encore). Pataugeant dans le microcosme politico-médiatique, ils sont pour la plupart sociologiquement proches des professionnels de la politique, dont ils partagent en grande partie les préoccupations, les questionnements et les manières d'appréhender les rapports sociaux, au point d'apparaître régulièrement – à l'antenne comme en privé, visiblement… – comme des acteurs politiques à part entière. Nulle surprise, dès lors, à les observer se comporter tantôt en conseillers de prince, tantôt en ingénieurs en stratégie politique, fidèles à la feuille de route du journalisme de prescription qui préside à leur pratique du métier. Rien de plus banal, enfin, que de constater leur propension à se vivre comme d'authentiques faiseurs de roi et à faire étalage de leur influence et du pouvoir (supposés) de leur média sur les publics. Pour se donner de l'importance ? « iLe marais centre-droit centre-gauche, on ne les entend pas beaucoup, mais ils écoutent France Inter. Et ils écoutent en masse/i », se félicite en tout cas Thomas Legrand./p pBref, a href="https://www.acrimed.org/+-Le-journalisme-politique-+"comme nous avons coutume de l'écrire/a, le journalisme politique tel qu'il est pratiqué est un problème. Pour y remédier, la profession pourrait faire preuve d'autocritique et envisager des solutions. L'une d'entre elles consisterait à repenser le métier de fond en comble : du reportage et de l'enquête plutôt que du commentaire, de la transparence plutôt que du off, du fond plutôt que des sondages et de la comm'. Du journalisme plutôt que de l'éditorialisme, en somme : ce serait là un garde-fou nécessaire – quoique insuffisant – contre le mélange des genres, et la voie vers une information de qualité. Reste une deuxième porte de sortie, en forme de pis-aller : prendre acte du rôle ipolitique/i des éditorialistes et garantir alors les conditions d'un réel pluralisme des expressions et des courants d'idées dans les médias audiovisuels, ia fortiori/i de service public – on en est loin./p /br h3 class='article_intertitres'« Circulez, il n'y a rien à voir »/h3 p/brLas, l'indécrottable corporatisme de la profession ne veut ni de l'une, ni de l'autre. Si ce n'est quelques exceptions (ici a href="https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/a-thomas-legrand-le-complotisme-reconnaissant" class='spip_out' rel='external'Daniel Schneidermann/a ou a href="https://x.com/jmaphatie/status/1964674686396125419" class='spip_out' rel='external'Jean-Michel Aphatie/a), tous se sont rués pour défendre un Thomas Legrand « idont l'honnêteté n'a jamais été remise en cause/i » (SNJ Radio France, 6/09) et « idont l'intégrité ne saurait être remise en cause/i » (iLibération/i, 7/09). De soutiens lénifiants en inventaires des pratiques (forcément) irréprochables de Thomas Legrand – dont a href="https://www.acrimed.org/+-Thomas-Legrand-+"Acrimed a d'ailleurs régulièrement rendu compte/a –, l'autocritique n'a nulle part sa place. Ici, la morgue : « iMON DIEU !!! Des journalistes parlent avec des sources de la situation électorale du pays !!!/i », s'amuse par exemple le journaliste du iMonde/i Abel Mestre, feignant de ne pas voir le fond du problème (X, 6/09). Là, un débat classé sans suite, au prétexte que les procédés sont contraires à la déontologie journalistique ou que les vidéos proviennent d'un média d'extrême droite – lesquels sont banalisés depuis des décennies par les médias mainstream, abreuvés jour après jour par des contenus d'extrême droite…/p p« Longue vie (à l'antenne) à Thomas Legrand et Patrick Cohen : nous avons bien besoin d'eux », proclame encore iLe Nouvel Obs/i sous la plume de François Reynaert (8/09), outré que l'on reproche à Thomas Legrand « id'avoir fait son métier de journaliste politique/i ». C'est-à-dire ? « i[C]'est-à-dire discuter, échanger des propos, prendre des cafés ou des déjeuners avec des politiciens. Un journaliste économique passe son temps à voir des responsables économiques, un rubricard religieux (je l'ai été) partage des repas avec des gens d'Eglise (mais ne bouffe pas le curé), un journaliste politique rencontre des politiques./i » Avec des professionnels flanqués d'un tel sens de l'éthique, et si ambitieux quant au rôle et à la vocation du journalisme, l'information politique a de beaux jours devant elle !/p pBref, syndicats de journalistes et confrères ne voient pas le problème et font bloc… laissant ainsi le terrain de la critique aux médias d'extrême droite, CNews en tête, qui se sont jetés sur l'occasion pour nourrir leur fantasme d'un paysage médiatique noyauté par la gauche, crier au complot et dispenser des leçons de maintien journalistique. « iDu pain bénit pour les contempteurs attitrés des antennes publiques/i », observe ainsi iLe Monde/i (8/09) au moment de recenser les outrances d'une Marine Le Pen ou d'un Éric Ciotti, constituant elles-mêmes du pain bénit pour les gardiens de l'ordre journalistique : au terme de deux articles sur cette « affaire », si iLe Monde/i s'indigne des cris d'orfraie de l'extrême droite, il n'esquisse pas le début du commencement d'une critique à l'égard de la corporation./p /br centerstrong***/strong/center p/brQu'on ne s'y trompe pas : au vu des remaniements structurels et de la droitisation à l'œuvre au sein de France Inter, la mise à l'écart de Thomas Legrand vise moins à redorer « l'éthique » d'une antenne – comme le revendique sa directricespan class="spip_note_ref" [a href='#nb1' class='spip_note' rel='appendix' title='Comme l'indique Le Monde (6/09), Adèle Van Reeth a justifié la mise à l'écart (...)' id='nh1'1/a]/span – qu'à livrer d'énièmes gages à l'extrême droite et envoyer un énième signe de déférence au pouvoir en place – Rachida Dati, en l'occurrence. Un sort en outre fort injuste pour ce pauvre Thomas Legrand, alors que les pratiques incriminées sont si largement partagées : s'il saute, alors tous les éditorialistes devraient sauter aussi ! Reste que deux semaines après a href="https://www.acrimed.org/Universite-d-ete-de-LFI-retour-sur-l-affaire"« l'affaire Pérou »/a, voilà la profession de nouveau prise en flagrant délit de deux poids, deux mesures et de corporatisme aveugle. Deux séquences qui éclairent d'une lumière crue les pratiques du journalisme politique sans qu'aucune ligne ne bouge : surtout, ne changez rien./p p/brstrongMaxime Friot/strong et strongPauline Perrenot/strong/p/div hr / div class='rss_notes'div id='nb1' pspan class="spip_note_ref"[a href='#nh1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='appendix'1/a] /spanComme l'indique iLe Monde/i (6/09), Adèle Van Reeth a justifié la mise à l'écart de Thomas Legrand « ien estimant que "[s]es propos […] peuvent prêter à confusion et alimenter la suspicion quant à l'utilisation de [leur] antenne à des fins partisanes" […]. "Il est de ma responsabilité de protéger la chaîne de toutes ces accusations qui sont particulièrement délétères pour le travail que vous réalisez au quotidien à l'antenne comme sur le terrain"/i »./p /div/div
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