Je n'avais pas évoqué l'ami Nietzsche depuis un certain temps. Trève d'infidélité : la "beat generation", les romantiques allemands, Tristan et Iseult,...
Il m'est arrivé récemment de relire quelques aphorismes du Gai Savoir. Le plaisir de retrouver un ami qu'on n'a pas vu de longue date. Je devrais me déplacer partout avec dans la poche un ouvrage du moustachu, prêt à dégainer à chaque instant, à me repaitre des sentences du philosophe au marteau. Je ne le lirais jamais assez, no pas temps pour en décortiquer la pensée mais pour la ressentir. Mon esprit y est attaché, mon corps également. Il mène à l'essentiel.
§ 294
Contre les calomniateurs de la nature. _ Ils me sont désagréables, les hommes chez qui tout penchant naturel se transforme aussitôt en maladie, en quelque chose qui dénature et déshonore,_ce sot eux qui nous ont incité à croire que les penchants et pulsions de l'hommes sont mauvais; ils sont la cause de notre grande injustice envers notre nature, envers toute nature!
[...]
La suite de l'aphorisme est plus essentiel que le début cité. A charge pour le curieux d'aller fouiner.
Relecture fugitive de quelques aphorismes du Gai Savoir de F.Nietzsche.
Celui-ci m'a semblé pouvoir s'appliquer encore de nos jours : extrait
§56
Le désir de souffrance. _ Si je pense au désir de faire quelque chose qui démange et aiguillonne continuellement les millions de jeunes Européens qui ne peuvent plus supporter tout cet ennui ni se supporter eux-mêmes, _ je me rends compte qu'il doit y avoir en eux un désir d'endurer quelque souffrance afin de tirer de leur souffrance une raison plausible d'agir, d'accomplir un exploit. La détresse est nécessaire! D'où le tapage des hommes politiques, d'où le grand nombre de "situations de détresse" fausses, inventées, exagérées dans toutes les classes possibles et l'aveugle complaisance disposée à y croire. ...
J'ai relevé tout particulièrement ce désir de souffrance, ce besoin de détresse auquel répondent les politiques en bons psychologues qu'ils sont... Ne serait-ce pas leur volonté de pouvoir qui les pousseraient à agir malgré eux en bons psychologues? Comprendre ce dont l'autre à besoin c'est déjà prendre un ascendant décisif sur lui. Celui dont le but est de diriger l'autre, déchiffre les âmes. Lire la suite ...
§ 147
Question et réponse. _ Qu'est-ce que les peuplades sauvages commencent aujourd'hui par emprunter aux Européens ? L'eau de vie et le christianisme, les narcotica européens._Et qu'est-ce qui les fait périr le plus vite ? _ Les narcotica européens.
F.Nietzsche - Le gai savoir
Historiquement exact me semble-t-il. Emprunt ou consentement forcé par séduction, c'est la seule nuance que j'apporterais à l'aphorisme. Le christianisme et l'alcool, deux vecteurs d'ivresse ... mais aussi sources d'assoupissements, de sommeil, d'insensibilisation, qui couvrent la réalité d'un aura onirique trompeur. Que ne peut-on voir à travers les yeux extasiés d'un chrétien...
Ces deux poisons par lesquels l'Europe se meurt doucement foudroient les peuplades sauvages qui les ont adoptés : la nocivité d'une substance varie suivant l'affinité de l'organisme avec cette substance.
Digression : c'est pour cette raison que l'alcool est typiquement européen, le hachich orientale. A chacun son ivresse bien que les transfuges soient possibles.
C'est reparti. Nouveau commentaire sur un aphorisme du Gai Savoir. J'ai choisi l'aphorisme 126 parcequ'il est court et parcequ'au premier abord j'avais une interprétation à en donner.
Donc voici la bête :
§126
"Les explications mystiques passent pour profondes; la vérité est qu'elles ne sont même pas superficielles."
Nietzsche ( quel nom calamiteux ) n'a aucune considération pour toute explication relative au mystère, pour toute explication fondée sur une croyance surnaturelle, sans support rationnel ( en un seul mot : mystique ). Une explication mystique est perçue comme profonde, son côté esotérique, abscons tenant lieu de profondeur. Elle n'est même pas l'inverse de ce pour quoi on la prend.
C'est une mise en garde. Un appel bien qu'indirectement formulé à ne pas qualifier de manière habituelle ces explications. Il y a supercherie. On confond superficialité et profondeur. Cet aphorisme est un constat de réaction. Nietzsche l'affirme de façon percutante mais ne nous le montre pas. A nous de nous en convaincre... ou pas.
Qui a une vision mystique du monde ? Lire la suite ...
Nietzsche... Je n'ai jamais compris ces aphorismes. Il parle une "langue" que je ne connais pas. Sa tournure d'esprit est trop éloignée de la mienne.
Mais "tout vient à point à qui sait attendre" et si aujourd'hui je ne lis pas dans Nietszche comme dans un livre ( et pourtant ... ), j'ai infléchi la tournure de mon esprit ( par je ne sais quel procédé ) de telle sorte que ses propos me semblent plus intelligibles.
Je me propose d'ouvrir le bal en commentant l'aphorisme 62 du "Gai Savoir". Enflamme du projet Nietzsche :
§62
"L'amour pardonne à l'aimé jusqu'au désir."
Mais qu'est-ce qu'il a bien voulu dire. Je comprends chaque mot de la phrase mais la phrase, je ne la comprends pas ou pas nettement. C'est un peu flou. C'est comme observer un objet à travers une nappe de brouillard qui rend ses contours et donc sa nature indistincte. Le brouillard ici c'est la phrase qui englobent les mots. L'objet que je veux percevoir est le sens de cette phrase dont les mots sont les contours. Lire la suite ...