« Aujourd'hui j'ai rien branlé... Vivement demain »
— Grisette 2008
Acheter Poch et dons de poch   Suivre les poch sur Facebook Suivre les poch sur Twitter Regarder les films de poch    Popup pour Ecouter la radio des poch

Gai savoir ou savoir Gay - aphorisme 265

Portrait de fabou

On ne s'essouffle pas, le sentier est encore long.

§265

Ultime scepticisme _ Que sont donc en fin de compte les vérités de l'homme ? Ce sont les erreurs irréfutables de l'homme.

Encore un aphorisme court. Celui-ci m'a l'air tout à fait limpide. Je paraphrase : l'homme appelle vérité des erreurs dont il n'a pu établir qu'elles l'étaient. L'homme use d’une logique qui veut que puisque ce n'est pas faux - au sens démontré comme étant faux - cela est vrai.

Après réflexion, cette aphorisme me pose un problème de logique, il n'avait que l'apparence de la limpidité. Le terme "vérité" est à lire en un sens relatif : c'est ce qui est admis comme telle. L'erreur irréfutable est ce qui est admis comme vérité ( au sens précédent ). Passons à la logique :

A = B où B est la vérité et B l’erreur i.e la vérité est une erreur où vérité et non vérité ( erreur ) sont la même chose, ce qui semble incohérent mais une relecture rapide de l'aphorisme m'ouvre les yeux : Nietzsche n'écrit pas "vérité" mais les "vérités des hommes", ce qui relativise le terme, d’autre part il n’écrit pas « erreur » mais « erreur irréfutable ». Ces nuances doivent être ce qui lèvent l’apparente incohérence de l’aphorisme.

L’incohérence est l’égalité des deux opposés « vérité » et « erreur ». Comment les nuances apportées par Nietzsche corrigent-elles cette incohérence apparente ?

Les « vérités de l’homme » n’en sont pas nécessairement dans l’absolu. Elles ne le sont que tant qu’on a pas démontré qu’elles étaient des erreurs. L’ erreur est à prendre dans son sens premier : erreur qui en est une et qui le restera non pas comme les « vérités de l’homme » qui pourraient se transformer en erreur. Qu’est-ce qu’une « erreur irréfutable » ? Qu’est qu’une erreur réfutable ? C’est une vérité et donc ce n’est pas une erreur ( si on croit au principe du tiers exclu ) et donc la formulation « erreur irréfutable » désigne une erreur absolue… ce qui me fait penser alors que le sens donné au mot « erreur » dans cette aphorisme n’est pas « premier », absolu comme je l’indiquais ci-dessus.

Ce qui me fait penser que je me suis égaré dans un labyrinthe de réflexions stériles. Je n’ai pas la clé de cet aphorisme. Il m’échappe finalement. Je crois qu’il doit être interprété à la lumière de la formule d’introduction « ultime scepticisme ». J’ai l’impression d’avoir réfléchi, écrit dans le vide. Un coup pour rien. Je vous fais part tout de même de ce raté. Il y en aura peut-être beaucoup d’autres. Ils constituent le terreau de ma réflexion globale d’être humain, de poch’.
Avis de poch
(2 votes)

Login or register to tag items

Commentaires

Portrait de borniol

A douter des mots, j'en ai mal aux neurones...

Si ce que tu dis n'est pas vrai ou si tu te trompes incontestablement en le prouvant, alors ce que tu dis est vrai, et voila donc ou est la vérité...

"Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent et non ceux qui se vantent de l'avoir trouvé". Condorcet

Finalement je pense que tu te rapproche de la vérité quand tu dis "Je crois qu’il doit être interprété à la lumière de la formule d’introduction « ultime scepticisme »" et Personnellement, j'ai plutôt tendance à douter des mots quand il s'agit à travers eux de trouver la vérité... On se perd alors dans la signification des mots (vérité, erreur, irréfutable) et c'est bien la l'incohérence de Nietzsche, quand il utilise ces 3 mots en une seule phrase pour décrire et définir ce que sont les vérités des hommes. Ce qui est irréfutable, c'est que les erreurs sont des étapes qui nous rapprochent de la vérité, mais est-ce le seul chemin pour y parvenir ?

"Un doigt peut être pointé sur la lune, mais la lune n'est pas au bout du doigt. Les mots décrivent la vérité, mais la vérité n'est pas contenue dans les mots. Chercher l'illumination par les mots signifie se perdre dans un monde verbal et ainsi ignorer la vérité".

Tsai Chih Chung, ZEN

-- Topette

Portrait de fabou

Paroles de sagesse

Ce sont des paroles de sagesse.

Et :

Je ne cherche pas la Vérité dans les mots... Ne suis même pas sûr de chercher la Vérité, qui pour moi est une "notion limite" - à préciser dans un prochain billet peut-être -.

Tu l'auras remarqué, la forme a presque plus d'importance que le fond, mais cette vieille dichotomie, je crois qu'elle n'a plus de sens pour moi aujourd'hui.

Sur cette aphorisme, je crois que je me suis enduit d'erreur. Pas grave je passe à côté de celui-ci. A charge pour d'autres de me remettre sur les rails.

Portrait de borniol

disjonction et sagesse chinoise

N'ayant plus grand chose à voir avec la tentative de compréhension de cet aphorisme si ce n'est le lien entre dialectique, philosophie et sagesse, et disjonction du vrai et du faux, j'en ai profité pour explorer le net à la recherche de "Sagesse ou philosophie selon les sagesses chinoises" et plutôt que de le mettre en commentaire, en ai fait un billet.

[...]

Si la vérité n'a pas " pris " en Chine comme elle a " pris" en Grèce c'est sans doute parce que la pensée chinoise a " choisi " la disponibilité, a évité l'enfermement dans le piège logique, en ne s'attachant pas plus à la non-disjonction qu'à la disjonction. Un commentateur de la pensée taoïste (Guo Xiang ) écrit : " Une fois qu'on a banni la disjonction du vrai et du faux, on bannit aussi ce bannissement <de la disjonction> : bannissant cela et, à nouveau, bannissant cela même <la non-disjonction>, au point d'atteindre au non-bannissement ; dès lors, il n'y a plus bannissement ni, non plus, non-bannissement, et la disjonction s'en va d'elle-même ". La sagesse se dégage de la contradiction sans chercher à la surmonter, elle ne s'attache pas plus à la disjonction qu'elle ne la quitte

[...]

 

-- Topette

Portrait de fabou

Pensée de logicien

En relisant mon billet sur l'aphorisme 265 du Gai Savoir de F.Nietzsche, je me rends compte que ma pensée du moment était celle d'un logicien. Ce n'est pas un compliment que je me lance. Appréhender les choses sous l'angle de la logique, c'est appliquer une grille de lecture étroite, c'est creuser l'ornière dans laquelle on glissera presque voluptueusement, rassurer de pouvoir simplifier outrageusement le foisonnement du réel. C'est un vieux réflexe de simplification, d'apparaiement, d'unification, d'agrégation, de voir le semblable et de gommer le particulier. Utile si ça ne devient pas une habitude de paresse.
Portrait de borniol

Sans erreurs pas de vérité, pas de vérité sans erreurs

la pensée logique est souvent nécessaire à la connaissance et aux besoins de l'esprit, - elle fait partie intégrante de notre façon de voir  et d'interpréter les choses - mais comme tu le dis si bien, c'est une grille de lecture étroite, comme celle parfois du langage. Selon Tchouang-Tseu (le personnage du jour :),  il faudrait  toujours pouvoir revenir à l'état précédent dans un esprit "non-fait" (le sans-forme, sans images ou idées ) pour favoriser la rencontre avec la chose et lui permettre d'y accéder directement,    sans firoritures (à la connaissance) ou par l'expérience ou le souffle :). Etat de conscience bien subtil ...

Ca me fait penser à une parabole sur la vacuité, mais elle pourrait s'appliquer aussi à la pensée logique ou non ... un homme pour rejoindre la rive opposée de la rivière à besoin d'une barque, mais une fois sur l'autre rive, il n'en a plus  besoin ..

-- Topette

Poster un nouveau commentaire