C'est reparti. Nouveau commentaire sur un aphorisme du Gai Savoir. J'ai choisi l'aphorisme 126 parcequ'il est court et parcequ'au premier abord j'avais une interprétation à en donner.
Donc voici la bête :
§126
"Les explications mystiques passent pour profondes; la vérité est qu'elles ne sont même pas superficielles."
Nietzsche ( quel nom calamiteux ) n'a aucune considération pour toute explication relative au mystère, pour toute explication fondée sur une croyance surnaturelle, sans support rationnel ( en un seul mot : mystique ). Une explication mystique est perçue comme profonde, son côté esotérique, abscons tenant lieu de profondeur. Elle n'est même pas l'inverse de ce pour quoi on la prend.
C'est une mise en garde. Un appel bien qu'indirectement formulé à ne pas qualifier de manière habituelle ces explications. Il y a supercherie. On confond superficialité et profondeur. Cet aphorisme est un constat de réaction. Nietzsche l'affirme de façon percutante mais ne nous le montre pas. A nous de nous en convaincre... ou pas.
Qui a une vision mystique du monde ?
C'est la première couche de l'interprétation ( le précis de philo pour le BAC en moins bien ). C'est un peu de l'archéologie.
Je creuse, j'entre sous-terre et j'écris que le mystère est absence de connaissance : cela est mystérieux parceque le savoir ne permet pas de le considérer autrement, comme quelque chose qu'on appréhende, dont on se sent proche de la rationnalité. Donc si une explication est mystique c'est qu'elle n'appréhende pas ce qu'elle explique, elle ne peut que l'évoquer en termes "magiques". Elle n'explique en somme rien, c'est une incantation, une prière, une invocation faite à une entité "au-delà", une entité de l'arrière-monde. Etant cela, elles ne sont même pas superficielles car elles embellissent ce dont elles rendent compte.
Et pourtant, Nietzsche tel que je le fantasme est plus un thaumaturge qu'un fou de la raison. Reste à creuser davantage.
Commentaires
Lire, comprendre, croire Nietzsche ?
That is my question du jour ...
http://pochpower.org/croire-ou-ne-pas-croire-en-nietzsche
Le lire peut-être
Il est vrai que les propos du philosophe allemand ont parfois quelque chose d’inquiétant, quelque chose qu’on ne peut pas toujours pointer du doigt, comme une présence obscure … Il s’agit peut-être de la folie du personnage qui transparait à travers ses raisonnements ( et la folie est inquiétante pour celui qui n’est pas fou ).
Ce qui est sûr c’est qu’avec sa généalogie de la morale il nous pousse à nous interroger sur l’origine des valeurs qui nous ont été inculquées ( consciemment ou pas ), ce qui est d’une manière générale une pratique salutaire ( pourquoi ? … on peut en discuter ).
J’ai pour principe de ne pas trop faire miens des raisonnements, des doctrines, des croyances qui n’auraient pas passé l’épreuve du temps à savoir qui n’auraient pas infusés doucement dans ma conscience, ça m’évite de changer de chapelle tous les quatre matins - ce qui est sans doute spirituellement et intellectuellement épuisant -.
Gérer l’engoument …
tjrs le meme plaisir à te lire
avec des phrases comme "et la folie est inquiétante pour celui qui n’est pas fou". excellent.
et dire que c'est avec des fous officiels (avec la carte et tout) que j'ai peut être passé les meilleurs moments de ma vie. si tu veux rire de bon coeur, en te dégageant justement de toutes les valeurs que critique Niche, passe du temps avec des fous. c'est une expérience de fou, justement.
Bref, suis asez d'accord avec vous 2.
il faut tout prendre avec circonspection meme si on a tendance a s'emballer sur le site poch, mais c'est aussi le jeu. (c'est le principe meme de la branlette intellectuelle: ne pas se retenir).
en tout cas, à la lecture de zarathoustra, c'est impossible de ne pas être emerveillé par certains passages (qui m'ont eux aussi laisser de bons souvenirs).
Apres, je suis loin de bien connaitre ce que dit le moustachu. et après une dure semaine, me sens pas le coeur à partir dans les grandes discussions sur Niche.
Apres, c'est un peu comme toute chose, faut y aller mollo pour bien faire. et je repense à ton éloge du doute, fabou.
la vie serait sans doute chiante sans doute.
Avancer droit comme une fleche (qui n'avance pas droit contrairement à ce qui est pensé, suffit de voir une fleche au ralenti) presente assez peu d'interet. La seule chose qui compte pour une fleche, c'est où elle arrive, et sa trajectoire n'est souvent qu'une gene. (mets toi a un metre d'une cible et mets toit a 50 m et tu comprendras).
C'est con quand meme pour une vie de considerer sa trajectoire comme une gène et de ne penser qu'à la cible. (d'autant plus que si la cible differe pour chacun, l'arrivée est quoiqui'il arrive la meme pour tous: du dechet organique, quant à l'ame...(je vous renverrais sur votre philosophe préféré).
par contre, croiser Nietzsche sur sa trajetoire, c'est quand meme pas mal, je pense. soit t'es déja proche de son état d'esprit, alors, t'es rassuré, soit t'es completement à l'ouest de sa pensée, dans ces cas là, t'es pas perdu comme le dis Mann (qui avait rien à voir avec les rastafari). dans le second cas, au pire tu te prends une bonne claque et ca te fait les pieds, dans c'est cas là, t'es perdu.
mais perdu pour quoi et pour qui ?
j'ai envie de dire il faut raison garder, donc je le dis.
sur ce, vais rejoindre mon aigle et mon serpent ;o)
Poster un nouveau commentaire