Ci-dessous ce que j'écrivais de retour d'un voyage en Inde effectué en janvier / février 2004. Toujours troublant de relire de vieux écrits dont on avait oublié l'existence.
A 20 ans, on fait sa 1ère virée narco touristique à Amsterdam, a 30 ans l’envie nous vient de partir en Inde.
Les motivations ne sont plus les mêmes. Les questionnements sont maintenant authentiques. Le romantisme post adolescent nous a quitté. Le sens de l’existence nous échappe. Les certitudes ne sont plus. On souhaite sentir le monde plus intensément et savourer le miracle de l’existence.
Jeune homme nanti, l’ennui me guette couplé au sentiment de n’avoir pas su donné de saveur à mon existence. L’absence de valeurs humaines auxquelles raccrochées son existence et dans lesquelles on trouverait le sens de la vie fait planer le doute. Vais-je finir devant mon poste de télé, en privilégié mondial, la tête pleine des vides inoculés subrepticement à mes dépends ou par négligence coupable de ma part ?
Quand serais-je blaser de la vie sans en avoir rien connu ? Ce moment me guette, je le sens, oppressant, tapie dans les recoins obscurs de mon âme tourmentée de se savoir sans essence.
Ne souhaitant plus me perdre dans les chimères consuméristes qui ne m’apportent qu’un bien être physique, le temps de la reconstruction est venu. Voyager peut aider à cette reconstruction. L’Inde semble être la destination idéale car c’est le pays fantasmé par excellence, le pays de la perte de repères, celui où le corps et l’esprit errent dans l’ailleurs, un presque au-delà.
L’important ne sera pas la destination mais le voyage en lui-même. La destination ne sera jamais atteinte. Elle n’est pas géographique. Seul le temps du voyage compte. Partir me redonne un sentiment perdu, trop longtemps occulté : le sentiment de l’errance et la méditation qu’on en tire. L’Inde ou ailleurs, quelle différence ? Pour moi aucune.
L’Inde ce n’est pas encore le grand voyage, celui qu’on sait libérateur, signe d’une volonté jusqu’alors enfuie en nous, non révélée, visionnaire.
Le temps de ce voyage n’est pas encore venu pour moi. Peut-être ne viendra-t-il jamais ? De cela je ne suis pas maître. Ce que je sais c’est qu’une grande partie d’une telle route se fera à pied et que les efforts qui en découleront seront salutaires.
Je sens bien maintenant que l’imagination seule ne peut amener bien loin sans le déplacement du corps et ses contingences. C’est dans l’effort que je me retrouverais, un effort consenti qui me grandira et que je bénirais.
Voyager tel que je le fais depuis quelques années, c’est approché le Voyage que j’évoquais. Ca y ressemble sans l’être complètement mais au fil du temps je me libère de l’attraction qui m’aurait pu porter en terre. Cela participe d’une émancipation que j’aurais dû acquérir plutôt, inconscient que j’étais alors à mal employer la liberté naissante que donne la jeunesse en marche vers la maturité.
L’Inde… Pour beaucoup d’occidentaux, c’est un peu la terre mystique vers laquelle porter ses pas. On y trouvera une spiritualité qui fait cruellement défaut (à méditer) à son environnement immédiat où le vice tient lieu de vertu. Il est naturel de chercher ailleurs ce qu’on ne trouve pas autour de soi.
Le voyage sera intérieur avant tout. C’est avec cette idée en tête que je pars, accompagné de deux bons amis, vers ce pays que je me garde d’idéaliser : je pars en Inde pour y trouver l’Inde, l’image limitée que j’en aurais sur place et guère plus. Je laisserai les impressions venir à moi sans tenter de les instiller dans un terreau imaginaire fantasmé. Je ne pars pas en pèlerinage, je ne cherche pas à combler mes lacunes par ce que je pourrais trouver en Inde mais en moi, en Inde. La raison et le songe.
A la relecture de ces ligne, je sens le chemin parcouru depuis. Le voyage continue...
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souviens toi d'agonda
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