Après les conseils de lecture de cet été et pour prolonger le fameux Voyageur de Nietzsche [fn] Le voyageur de Nietzsche - billet de poch [/fn] l'hiver plus propice à la solitude et au repos est le bon moment pour préparer votre prochain été et vos prochaines aventures. Pour illustrer en musique ce billet de voyage en solitaire, il y a le choix ! et les poch on déjà pas mal contribué sur le désert et le voyageur. La musique et l'univers de Manset collerait bien à ce billet fidèle à Celui qui marche devant [fn]Celui qui marche devant - Gérard Manset et D. Lesueur[/fn] ... Mais comme les chansons qui accompagnent le voyage sont nombreuses, j'ai fais une petite playlist sur deezer pour accompagner le chemin
Playlist de voyage
Pour commencer et en attendant votre prochain voyage, vous pouvez voyager en lisant, vous vautrer et vagabonder sur les routes et dans les montagnes en compagnie de "clochards célestes" [fn] Les clochards célestes de Jack Kerouac [/fn], de Fous de Zen de Jack Kerouac (merci à Edhel pour ce conseil de lecture).
«- Et les anchois retourneront à la terre, insista Coughlin.
- Donne-moi la bouteille que je boive encore un coup. Hou-oo-ou ! (Japhy se releva d’un bond.) J’ai lu Whitman, et savez-vous ce qu’il dit ? Debout les esclaves, faites trembler les despotes étrangers. Il croit que telle doit être l’attitude du Barde, du Barde Fou inspiré par le Zen, sur les vieilles pistes du désert. Il croit qu’il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s’avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d’admettre qu’il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d’acheter toute cette ferraille dont ils n’ont que faire ; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles (tout au moins ces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d’ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelle huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal : travailler, produire, consommer. J’entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants, réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles et plus heureuses encore les vieilles, tous transformés en Fous du Zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rime ni raison, pratiquant la bonté, donnant l’image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants ; c’est cela que j’aime en toi, Goldbook, et en toi, Smith, venus tous deux de cette côte Est que je croyais morte. »
« [...] Le tout avait été digne des Fous du Zen et les patrouilles de police étaient passées trop loin de nous pour nous entendre. Pourtant, il y avait une morale à tout cela. Elle vous apparaîtra lorsque vous ferez un tour, la nuit, dans une petite rue de banlieue. Dans chaque maison, des deux côtés de la chaussée, brille la lampe dorée du living-room où l’écran de télévision met une tâche bleutée. Chaque famille regarde religieusement le même spectacle. Personne ne parle. Les cours sont silencieuses. Seuls quelques chiens aboient, étonnés d’entendre les pas d’un homme, étrangement dépourvu de roues. Alors vous comprendrez ce que je veux dire si vous constatez que tous les hommes commencent à penser la même chose au même moment et que les Fous du Zen sont retournés à la poussière, avec un dernier rire sur leurs lèvres mortes. Je ne dirai qu’un seul mot à ces amateurs de télévision, à ces millions et ces dizaines de millions d’hommes qui ne voient plus que par un seul oeil : ils ne font certes aucun mal à leur prochain en se servant de cet oeil unique ; mais Japhy non plus ne faisait de mal à personne... je l’imagine, errant, sac au dos, dans les rues d’une quelconque banlieue, apercevant tous ces écrans bleutés, tout seul, seul avec des pensées qui ne lui sont pas venues au moment où il a tourné un bouton.[...]
Et je me disais que peut-être ces clochards célestes m’apporteraient la lumière. »
« - Pourquoi restes-tu inactif toute la journée ?
- Je suis le Bouddha connu sous le nom de Tire-au-flanc. »"Nous devons être des vagabonds célestes, rompre avec le système et nous jeter à la rue afin de dire aux gens qu'est possible l'espérance". Jack Kerouac
Pour rester dans le Dharma, vous pouvez préférer errer sur les routes d'Inde en compagnie de Râm avec "Carnet de pèlerinage" [fn] Carnet de pèlerinage de Swâmi Râmdas [/fn](merci à Fabou pour celui-la). Vous trouverez des extraits ici et la
Si, vous préférez rester en France et vivre un voyage spirituel et initiatique, rien ne vaut la traversée cévennes à dos d'âne "Voyage avec un âne dans les cévènnes"[fn]Voyage avec un âne dans les cévènnes de Robert Louis Stevenson [/fn] de Robert Louis Stevenson
« Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants »
« Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre. »
« Ce qu’il faut aux hommes, ce n’est pas quelque chose avec quoi faire, mais quelque chose à faire, ou plutôt quelque chose à être.Il en est mille pour massacrer les branches du mal contre un qui frappe à la racine, et il se peut que celui qui consacre la plus large somme de temps et d’argent aux nécessiteux contribue le plus par sa manière de vivre a produire cette misère qu’il tache en vain de soulager.
Ne restez pas la à remplir le rôle d’inspecteur des pauvres mais efforcez-vous de devenir une des gloires du monde.
En général, les hommes, même en ce pays relativement libre, sont tout simplement, par suite d’ignorance et d’erreur, si bien pris par les soucis factices et les travaux inutilement rudes de la vie, que ses fruits les plus beaux ne savent être cueillis par eux.
Le luxe, en général, et beaucoup du soi-disant bien-être, non seulement ne sont pas indispensables, mais sont un obstacle positif à l’ascension de l’espèce humaine.
Nos inventions ont coutume d’être de jolis jouets qui distraient des choses sérieuses.
L’opinion publique est un faible tyran comparée à notre propre opinion privée. Ce qu’un homme pense de lui-même, voilà qui règle, ou plutôt indique son destin.
Si ta main est abondante, sois généreux comme le dattier; mais si elle n’a rien a donner, soit un azad, ou homme libre, comme le cyprès. »
"Je suis allé dans les bois parce que je voulais vivre délibérément. Je voulais vivre intensément et extraire la moelle de la vie. Réduire à néant tout ce qui n'était pas la vie. Et ne pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n'avais pas vécu." David Henri Thoreau
- Cette réflexion sur le cheminement relate 6 itinéraires réalisés à pied et totalisant 2500 km entre des lieu-dit dont la toponymie illustre en quoi la géographie nous renseigne sur notre présence au monde. J'ai marché entre "la Vie" et "la Mort", entre "l'Enfer" et "le Paradis", entre "la Haine" et "l'Amour", entre "l'Ombre" et "la Lumière"... : tous ces lieux existent en France. Je les ai rejoins à pied, les ai photographié et en ai interrogé les habitants.
« Il existe une dizaine de "Bout du Monde" en France. J'ai décidé d'aller voir s'il est difficile d'aller au Bout du Monde, si l'on peut en revenir ; peut-on y habiter ? y est on heureux ? faut-il en avoir peur ? le Bout du Monde est-il un cul de sac ; est-ce au bord du vide ? à l'autre bout du monde ? et si le Bout du Monde, c'était ici...»
Puisqu'il est question de voyage et de grands espaces, de retour aux sources, à la nature, et vu que ca gèle toujours dehors, profitez-en pour aussi vous vautrer devant "Into The Wild" [fn] Into The Wild de Sean Penn [/fn], film lui même inspiré par le roman "Voyage au bout de la solitude" [fn]Voyage au bout de la solitude de John Krakauer [/fn] de John Krakauer, ou devant "Une histoire vraie" de David Lynch.., ou devant "Dead Man" [fn] Dead Man de Jim Jarmush - Dead man sur Film de culte [/fn] de Jim Jarmush, ou le voyage est rythmé par la poésie de Blake et les accords détachés improvisés, lancinants et hypnotiques de Neil Young. A ce propos, les premiers titres de la playlist, vous les aurez peut-être reconnus, sont tirés des bandes originales de ces 3 films.
"Aucun oiseau ne s'élève trop haut s'il vole de ses propres ailes". William Blake
Mais attention, ces trips solitaires ont peut-être amenés ces personnes au cheminement et à une vie simple en accord avec soi-même, mais de la à dire que c'est la le bonheur... rien de moins sûr, si l'on pense que le bonheur ne vaut que s'il est partagé. Alors faites plutôt votre poch :) immergez-vous dans ces oeuvres et voyagez par l'esprit.. c'est déjà pas mal, comme cela vous ne serez jamais bien loin pour venir le partager ici !
Vous avez sûrement d'autres bonnes idées pour passer l'hiver ?
-- Topette
Commentaires
je rajoute ma pierre
en complétant la playlist:
une bonne occasion pour découvrir qq musiciens: terakaft dans le genre tinariwen, et se souvenir pas forcément de ce coin, mais d'un autre ou d'ici. je constate que cette playlist vire quand meme au blues.surprenant de voir comment cette musique s'accorde au voyage. (peut être simplement parce que crée par des exilés).
pas un temps à trainer dehors, cieux frisquets. le clochard connait bien le blues. enfin j'imagine...
en meme temps, je lis la folie nous parle du sage. la folie du voyage. combien de fous rencontrés en voyage ?
des vieux sages d'ailleurs completement fous. combien de folie dans les rues ? combien de sage dans le désert ? ou l'inverse. la sagesse n'est elle pas dans ...(ha merde, j'aurais pas du m'absenter au milieu de ma phrase, j'ai oublié ce que je voulais dire, on ne saura jamais où est la sagesse ).
ca me revient, n'est elle pas dans l'humeur ? n'est elle pas différente suivant les cultures et suivant les humeurs ? quelle constance a cette chose si proche de la folie ? voyage-t-elle ? (la je suis obligé de mettre ce lien). bref tout ca pour dire, "suivant les humeurs".le blues. souvent associé au voyageur. folie du blues, du voyage, de la fuite.
qui maitrise le blues, maitrise la vie. c'est mon avis (pour la rime).
une phrase de la fin du bouquin, clochard celeste, fait assez le lien avec tout ca: de mémoire "si tu commences à te donner la réplique, c'est pas bon".
sacré trip, clochard céleste.
bordel de merde !
loin de l'idée du promeneur solitaire
Voilà un autre type qui marche, qui marche et traverse les états-unis à pieds, mais accompagné d'un photographe de son appareil photo, 1 ipad et 1 mètre à mesurer, combiné pour réaliser le montage vidéo ci-dessous. La google carte du trajet avec des détails sur le montage et les différentes étapes.
Coté musique on retrouvera nos chers hippies que l'on a découvert il y a peu...
Loin de l'idée que je me fais de la marche, ce qui est intéressant ici est la technique de prise des photos :
Sam, director, using the IPad to place Mike in the right position...
Measuring the exact distance that Mike has to be from the camera every shot...Freeze frame! Mike must hold that exact position while Peter, Director of Photography, takes the picture..
Dans le même genre, mais sans bouger, au pas de ma porte, j'ai posé mon pied photo direction le ciel et les nuages et ai pris 300 clichés toutes les 5sec, avec un bouquin dans les mains... J'ai fais aussi la même chose avec une nuit de pleine Lune. Suffit maintenant de les jouer en animation accélérée, bientôt sur les écrans de poch.
Dans le genre animation, un autre artiste illustre à sa manière l'évolution de la vie. Je cherchais à faire un résumé impossible ou donner un point de vue du livre de Theilhard de Chardin - le phénomène humain, faudra encore patienter ... alors en attendant :
-- Topette
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