Le dernier billet sur le Go commis sur ce site était un peu ésotérique, surtout pour le non initié d'autant plus qu'il présentait les choses de façon intentionnellement baroque. Je voudrais revenir à des choses plus fondamentales, plus simples, essentielles : les formes élémentaires et leur statut.
Un des points importants au Go d'après mon expérience et d'avoir une idée aussi juste que possible du statut de ses groupes de pierres. Un groupe de pierres peut être tout simplement vivant, mort ou l'un et l'autre à la fois au sens ou bien que vivant et non encore mort seul l'avenir et les capacités relatives des 2 joueurs décidera du statut définitif du groupe.
A noter que le voisinage d'un groupe influe sur son statut. Nous tâcherons d'illuster cela succintement.
Pour vivre, il faut 2 yeux, que ces 2 yeux aient été effectivement formés ou non :
Je voudrais dans ce billet sur le Go évoquer des situations para normales :
Ces 2 points semblent aller à l'encontre des règles élémentaires du Go. Vous verrez que suivant le point de vue qu'on adopte, la grille de lecture qu'on applique, il n'en est rien.
Commençons par la connexion sans connexion :
On a indiqué dans un billet passé que les pierres au Go se connectent entre elles à travers leurs libertés communes et forment ainsi des chaînes de pierres.
Nous allons observer 2 chaînes non physiquement connectées dont l'une profite des libertés de l'autre comme si elles étaient connectées mais unilatéralement.
Voici la scène :
Mettons des mots sur ce que nous observons. Noir encercle Blanc qui encercle Noir. Vous voyez la chaîne de pierres noires encerclées par les chaînes de pierres blanches. Comptons sur nos doigts :
Je vous ai parlé de shicho (chemin d'une liberté ou échelle), je vous ai parlé de connexion et bien je vous parlerais alors de pierres connectées grâce à un shicho favorable.
La situation de départ :
Des pierres noires solides, des pierres blanches flottantes (cela a un sens particulier que j'aurais je l'espère l'occasion d'expliciter) aux liens tenues entre elles (du fait de la proximité de la force noire), il faut réagir.
Croyez-le ou pas (quand j'ai vu ce coup pour la première fois je ne l'aurais pas conceptualiser et pourtant...) un coup pour blanc est le suivant :
Je ne vous ai pas parlé du shicho, du chemin d'une liberté, celui qui mène à la Mort, celui qu'il ne faut pas suivre.
Voici :
Dans cette situation blanc ne doit surtout pas pousser. Il faut qu'il fasse le deuil de sa pierr ... mais il pourrait néanmoins en tirer quelque avantage. Toute pierre sur le goban a son rôle à jouer. Certaines n'exprimeront jamais rien, n'accompliront rien mais d'autres moribondes pourraient renaître de leurs cendres, se mettre soudainement à briller avec intensité et rendre possible ce qui semblait jusqu'alors impossible. Cela peut être vrai d'une pierre prise en shicho : elle est encore sur le goban alors elle peut avoir un rôle à jouer. Elle reste menaçante. Méfiez-vous de l'eau qui dort. D'ailleurs, il y a de nombreux proverbes qui permettent d'assimiler certains principes du jeux et l'un d'entre aux dit :
Capturez le shicho dès que possible.
(d'après New Go proverbs illustrated - Milton N. Bradley) Lire la suite ...
C'est en sirotant un "le p'tit tannique coule bien" que je vous écris ce billet sur le Go encore assez lucide pour inclure des liens hypertextes (dingue ce mot "hypertexte"!).
Pour vous dire, vous écrire qu'il me faut revenir à des bases qui n'ont pas été posées dans la chaîne de ces billets sur le jeux de Go. En effet, il y a eu des choses évoquées qui parlent, sont censées parler à des joueurs qui ont déjà sombré, qui ont quelques parties au compteur, qui sont allés creuser à droite à gauche dans la littérature de langue française, anglaise sur le sujet, qui ont reçu des conseils d'autres joueurs plus aguerris qu'ils n'auront pas manqué de cotoyer dans la recherche insconsciente de leurs pairs, les amoureux du jeux.
Un peu abrupte : où poser ses premières pierres? Le Goban est un Océan ou un Univers, le Ciel, le Cosmos, l'Abîme marine où les circonvolutions d'esprits malades hypnotisent le curieux happé par l'esthétique du Néant qui se révèle au détour d'un regard malencontreux : dans le coin et si vous êtes noir (rien à voir avec la pigmentation de la peau), en haut à droite. Lire la suite ...
Nommer les choses leur donne de la consistance. C'est l'objet de ce billet, donner de la consistance à ce qu'on peut voir sur un goban. Il n'y aura que peu de commentaires. L'objectif est de montrer, pas d'analyser.
Lors d'un précédent commentaire sur le Go j'avais indiqué que je parlerais du kô. Le sujet est vaste et je ne le maîtrise pas. Je peux néanmoins donner la définition formelle du kô, l'éternité.
Une des règles du jeux de Go est qu'il ne faut pas jouer un coup qui reproduise exactement la même position qu'une position ayant déjà existée au cours de la partie.
Plaçons nous dans la situation suivante :
C'est à noir de jouer. Il y a une pierre blanche en atari i.e. elle n'a plus qu'une liberté. Noir prend cette pierre :
Les fondamentaux : le but du jeux
Le but du jeux de Go est de circonscrire les plus grands territoires possibles.
Un territoire est une zone du goban délimitée par des pierres de même couleur a l'intérieur de laquelle toute invasion de l'adversaire le conduirait à sa mort. Un territoire n'en est un que par consentement mutuel. Si l'adversaire estime que la zone du goban que vous déclarez être votre territoire ne l'est pas alors il vous le démontrera en jouant.
Voici un exemple de territoire noir :
Noir entoure un territoire de 2 intersections i.e. 2 points : ce sont les intersections marquées d'un triangle noir. Il n'y a aucun moyen pour blanc de jouer dans ce territoire... en effet, le suicide est interdit au Go. Lire la suite ...
Nous parlons ici du jeux de Go et en particulier d'une de ces nombreuses facettes :
Tesuji, c'est le coup subtil, la botte de secrète, une façon d'arriver à ses fins de façon a priori inattendue. Le tesuji rend possible ce qui semblait impossible en toute première analyse.
Il y en a de différentes sortes, pour différents objectifs : connecter, séparer, capturer, isoler, sur-concenctrer,... Connaître leur existence ouvre des perspectives insoupçonnées. C'est un supplément d'âme qui vous rendra le jeux de Go bien moins austère. Il vous donne un don de seconde vue locale.
Je ne vous donnerais qu'un seul exemple pour illustrer ce billet : le tesuji est B1 (Hasami-tsuke : pince avec contact des 2 côtés) qui connecte les 4 pierres dans le coin (mortes) aux pierres amies à l'extérieur (merci le tesuji).
Je le répète, les tesuji vous aideront à apprécier davantage le Go.
Le jeux de Go, un point de détail :
niken, c'est une extension de 2 intersections entre 2 pierres amies. "ni" c'est 2, san c'est 3...
Ce billet pour montrer que 2 telles pierres sur la 3ème ligne sont connectées. C'est important au Go de juger de l'intensité des liens entre chaînes de pierres ( 1 pierre étant une chaîne particulière ). Inutile de lier des chaînes entre elles qui le sont déjà. Également, il peut y avoir nécessité à renforcer le lien entre chaînes.
Quand je dis qu'elles sont connectés, ce n'est pas bien sûr une règle absolue, sinon le Go serait bien fade. Disons que c'est une affirmation qui se vérifie en général.
Vous noterez que j'ai opté pour des photos de diagrammes et non pas pour le diagramme interactif. A cela une bonne raison : je voudrais inciter le lecteur à sortir son Goban et à jouer la séquence. Bon courage.
ps : vérifier par soir-même que N3 ( pierre noire numérotée 3 ) ne peut rien faire en l'état.