« Si tu peux marcher, tu peux danser. Si tu peux parler, tu peux chanter…»
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19 septembre : résolution

Commentaires

Portrait de borniol

servitude affective et liberté

Servir qui ? je dirais en premier lieu nos affections ... et vous voilà libres !

J'aime bien la définition que Spinoza fait de la liberté, qui est une puissance d'agir s'il y a connaissance des causes et non des effets des choses extérieures et qui déterminent chez nous les affects / sentiments / passions... Celui qui agit par crainte, n'agit pas par raison... et celui qui agit ou plutôt réagit à la servitude des ces affects passions, agit souvent dans l'ignorance ... la liberté n’est rien d’autre que la vie selon la raison, seule manière d’être la cause adéquate de ses propres actes.

[...] Il n'est pas question ici de libre arbitre,  conçu comme un pouvoir absolu de choisir en dehors toute autre détermination. Spinoza considère ce libre-arbitre comme une illusion : les hommes se croient libres parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent dans un sens plutôt que dans un autre. À une illusoire liberté de choix, Spinoza oppose la liberté comme augmentation de la puissance d’agir, en prenant le terme agir dans son sens précis : un être est actif quand il est déterminé uniquement par son utile propre, c’est-à-dire quand il est la cause adéquate de ses propres actions, ce qui suppose qu’il a des idées adéquates (cf.  IIIe partie, proposition 1). Il est passif quand au contraire ce sont les affects qui le déterminent. [...] 

http://denis-collin.viabloga.com/news/explication-de-la-proposition-lxxi...

Mais il va un peu plus loin dans ce qu'il considère comme une chose libre. Cette lettre de Spinoza nous décrit bien ce qu'il entend par la nature de la Liberté. Attention à l'interprétation de ce que Spinoza appelle Dieu ... c'est la substance divine infinie, qui est le même que le monde ou la Nature. 

Vraie et fausse liberté selon Spinoza

J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité.

Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans son mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.

Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent.

Lettre 58 à Schuller,

Origine et devenir du préjugé du libre arbitre

La suite ici dans l'Appendice de L'Ethique I.

http://www.spinozaetnous.org/modules.php?name=Tutoriaux&rop=navig&did=47...

-- Topette

Portrait de fabou

Que fais-tu ? Comment le fais-tu ?

Comment mets-tu fin à ta servitude ? Qu'elle est cette servitude à laquelle tu souhaites mettre fin ?

Comment cela se traduira-t-il ? Cela prendr-t-il effet immédiatement ou sur moyen, le long terme ? 

Bref, plein de questions que je me pose en lisant ta résolutiondu 19 septembre 2008.

 

La liberté c’est très surfait ;-)

Tentative de réponse à fabou

 

« servir qui, servir quoi ? »

Nos affections, oui j’y pensais.

Mais aussi à des tas d’autres choses qui remplissent la vie, du plus près du corps : comme une addiction, au plus large : adhésion à une religion, un système.

C’est pour cela que j’ai rapporté cette pensée comme une résolution plutôt que comme une citation ; parce que c’est un peu comme les résolutions du 1er janvier, on les oublie, on les repousse (à l’été prochain, à l’hiver suivant) ou on ne les applique pas parce qu’elles sont inapplicables par essence (l’amour asservit ; doit-on s’en passer pour autant ?) et qu’on ne peut rejeter en bloc toutes ses servitudes.

 

D’abord être libre pourquoi faire ?

On est bien d’accord que l’on imagine le cas où l’on n’est pas contraint physiquement, ni moralement (ou alors de façon insidieuse) ; liberté d’expression, de culte etc.…

Borniol tu dis avec Spinoza que la liberté nous donne une puissance d’agir. Soit. Pour faire quoi ? Et après ? So what ?

Par exemple, si je choisis de rejeter la religion parce que dieu ou l’être suprême ou yhwh ou jah n’existe pas, je me sens plus libre, plus proche de la Vérité ; j’ai franchi une étape par rapport aux croyants : je suis plus près de la vérité ; et alors ? j’en fais quoi ? elle m’apporte quoi cette liberté ? un sentiment d’urgence – urgence de faire - de faire quoi (marabout-bout d’ficelle)?

 

Faute de répondre, on retombe dans d’autres servitudes, qui s’installent insidieusement, ou consciemment et puis, baste, on laisse faire, car on ne peut rester libre, libre de toute entrave.

Un individu sociable n’est pas libre, il est toujours sous l’influence de ses relations avec autrui ; il n’y a qu’un ermite ou un voyageur qui soit libre.

Je pensais en écrivant la citation au discours de la servitude volontaire, que j’ai relu il y a quelques mois (suite à un passage par l’université populaire de Caen).

Onfray faisait le parallèle entre les idées développées par La Boétie à l’époque, et nos gouvernements actuels, qu’il appelle à rejeter en bloc pas par pure fantaisie d’anarchiste mais parce qu’ils nous mèneront dans une société où il fera moins bon vivre, parce que nous avons le devoir de nous y opposer : la désobéissance civile ; on peut imaginer qu’il met en application à son niveau : exemple : il a quitté l’Education Nationale.

Très bien mais : La Boétie pensait que le peuple subissait ses gouvernants parce qu’il avait l’habitude de cet état* (plutôt que par peur de la sanction : manifestations matées) ; je ne crois pas que ce soit le cas aujourd’hui (en effet, nous n’avons pas l’habitude de cet état  - car récent – où nos libertés sont rétrécies); je pense que la non réaction vient de :

 

soit 1. la confiance quasi-innée dans le message, dans l’information reçue (parce que sensible à l’autorité : si ça vient d’en haut, alors c’est vrai) ; comme les messages envoyés distillent une idéologie qui nous laisse dans la torpeur : « le bonheur c’est consommer ». au secours je n’ai plus mon pouvoir d’achat ni de chat pour y participer ; qu’à cela ne tienne, voici venir le nouvel opium : la laïcité positive (au secours bis) : « la recette pour le bonheur : il faut mettre de la spiritualité dans vos vies » (trad. :cette vie ci va être bien pourrie pour vous, alors pour que vous l’encaissiez sans broncher, si vous pouviez penser qu’il y en a une meilleure à suivre, ça va aider) … je me demande comment va réagir le bon peuple ? à quel degré va t-il penser que c’est trop chaud, et sauter hors du bain ? Je ne me mets pas hors du lot, je suis dedans, pas plus futée que le premier quidam venu pour faire quelque chose de constructif – Onfray pense qu’on peut être constructif individuellement, que la somme des individus fera un collectif ; commencer par un ; mais des « un » isolés s’additionnent-ils ? Ils vivent côte à côte.

La Boétie lui-même après avoir bien expliqué le mécanisme d’asservissement et pourquoi celui-ci perdurait (je vous invite à le lire, c’est très bien écrit et assez condensé ; ou alors le lien wiki ! en très gros : les ignorants suivent, car réceptifs à l’idéologie ; les autres « les bourgeois » servent le système, collaborent, en se faisant la courroie de transmission des désirs du tyran, pour tenter de devenir son égal - entreprise vouée à l’échec), n’a pas de solution à proposer, si ce n’est le recours à la prière : que Dieu réserve un sorts aux tyrans et à leurs complices – les pires (je dérive encore mais qui était pire : Hitler ou celui qui donnait l’ordre de gazer ? très bon livre que j’ai souvent évoqué : Terestchenko un si fragile vernis d’humanité).

 

soit 2. Incapables de surseoir à un avantage, un gain même médiocre dans l’optique d’éviter une perte plus importante ; ils se comportent bien finalement comme tous ces actionnaires (si l’on estime que la plaie est le système financier actuel), les « bourgeois » ; pourquoi ne mangerais-je pas même si c’est une miette alors que les autres bâfrent ? Un tien vaut mieux que deux tu l’auras etc. ; je ne juge pas, j’essaie de comprendre

Après avoir été dans le peuple (les ignorants sensibles à l’idéologie) selon La Boétie (cas 1.), nous voilà dans les « bourgeois », les collabos (cas 2.) Désespérant, on aurait envie de devenir tyran ;-)

 

Bon, si je ne peux me libérer du système, alors je me libère de moi-même :

Si ce soir je suis « très » dualiste, mon esprit va décider de ne plus servir mon corps, je ne vais pas avoir faim, pas dormir, débarrassée de cet encombrant fardeau, ma pensée sera plus libre, plus aboutie, plus claire … peuh , pas vraiment ; cela m’a permis de faire beaucoup de choses, de tapoter longuement sur le clavier pour aligner ces mots, finir un livre en suspens depuis quelques semaines, faire ceci et cela : pas la moindre fulgurance au rendez-vous, pas d’inspiration avant que d’expirer… la liberté totalement improductive ; heureusement , j’ai décidé de ne plus servir ce modèle qui m’a été proposé, j’ai décidé de devenir moniste. ;-)

 

« que fais tu ? quand ? »

….

Arrêté de servir la pensée unique, en prenant conscience de ses implications dans mon quotidien, ma santé et aller découvrir d’autres schémas de pensée (premier cas où la liberté a été profitable)

Arrêté de servir la peur – éternel recommencement.

En fait, je crois bien qu’à chaque fois que j’ai été libre, j’ai surtout fait des conneries, donc dans un moment de lucidité, je me suis fait des liens, forts (le plus fort : faire un enfant), qui sont autant de garde-fous. La liberté, non merci ;-)

 

La liberté rend-elle heureux ? ça peut se résumer à : le savoir (la connaissance) rend-il heureux (vieux débat : rien que sur poch, suffit de voir les résultats à la recherche savoir + connaissance)? Si la réponse est non, et si la liberté c’est savoir, alors elle ne rend pas heureux.

 

-         Mettre en musique : Asa – jailer -> http://www.youtube.com/watch?v=0pfiwtl3OhM

-         Beaucoup décryptent le système, l’analysent, le décortiquent, mais quand il s’agit de l’assainir, l’imagination n’est plus au rendez-vous ; en voici un bon exemple ->
http://video.google.com/videoplay?docid=-5195608655837933655&hl=fr

-         La Boétie -> http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_de_La_Bo%C3%A9tie

 

* ou culture de la soumission

 

PS : retour sur Spinoza : plutôt que de rechercher la liberté (vaine quête), mieux vaut aspirer à l’augmentation de sa puissance d’agir. Très séduisant à lire, mais je ne vois pas d’application… Quelqu’un pour proposer un mode d’emploi : » la liberté (ou augmenter sa puissance d’agir) à quoi ça sert ? »
Portrait de fabou

la nécessité d'une résistance

 

Liberté... c'est un mot comme Amour, étrangement familier mais dont le sens nous échappe lorsqu'on s'en approche, comme un mirage. C'est cela la liberté...un mirage, comme toute notion qui se vit davantage qu'elle ne s'exprime dans le langage.

Néanmoins mon ressenti sur la liberté à travers mon expérience :

Etre libre, c'est prendre conscience de sa servitude. Savoir que pour une grande part nos désirs sont suscités activement car dans l'assouvissement de ces désirs il y a  de la richesse, ce que certains qualifient de richesse, ceux-là même qui suscitent nos désirs et vers qui nous nous tournons pour les assouvir. Notre individualité, notre spécificité d'individu pour peu qu'elle existe (ça reste à voir) se marie mal avec ce système qui dans un souci d'efficience cherche à faire adopter un comportement de masse : plus simple de répondre à 1000 désirs identiques qu'à 1000 désirs distincts. Donc être libre, c'est sans regret se foutre de voir ou de ne pas voir "bienvenue chez les ch'ti", c'est sans regret n'en avoir rien à carrer des bleus et de leur ballon avec toute la machine médiatique derrière, devant, partout à 360 ° dans toutes les dimensions, c'est ne pas s'enflammer pour tel homme politique incarnant je ne sais quel changement foireux...plus généralement c'est refuser tout ce qu'on me sert avec une feinte bienvaillance.La liberté est un refus permanent.

C'est effrayant de voir comment aujourd'hui et ici il est si simple de n'être rien, rien qu'un pantin, la tête remplie d'une pensée pré-fabriquée par les mass-media, les attitudes feintes, les orgasmes simulés. Celui qui est libre est apatride. Il n'appartient à aucune nation. Il ne sait pas pourquoi il est français, il considère le catholicisme comme aussi saugrenue que l'hindouisme, il est chez lui en touriste permanent, espèce d'anthropologue en goguette éternelle. Ce décor qu'on a monté et dans lequel il évolue, il le prend pour ce qu'il estet rien de plus. Ce qui le fascine c'est ce soleil et ce fleuve, et cet insecte et ce vent, et la pluie sur son visage, la chaleur, le froid, son corps qui ressent, son esprit qui formule des pensées, ces émotions...

Dans cette lutte mentale de tous les instants (l'idéal étant qu'elle devienne quasi inconsciente, "naturelle") on perçoit comme la lueur floue de cette liberté.

Pas de philosophie contemplative, pas de retrait intérieur, juste la nécessité d'une résistance...sans s'interdire une halte salvatrice.

Merci pour ta réponse.

 

ps :

Une telle attitude amène nécessairement à une forme d'isolement social. Un ermite dans la foule. Cela ne scie pas à tout un chacun. La servitude volontaire est parfois un remède pour certains qui dès lors ne doivent pas mettre en oeuvre un quelconque plan d'évasion qui leur serait plus nuisible que bénéfique.

 

 

Portrait de borniol

à quoi ça sert

La réponse est dans ta réponse. ca sert à ça.. à répondre parfaitement et judicieusement. Après on ne sait pas forcément ou tout celà nous mènera et si l'on y trouvera plus ou moins de liberté qu'avant... Toujours est-il que celà s'expérimente, c'est le coté pratique de l'éthique de Spinoza, ou de la finalité de l'expérience en Yoga.. Certains l'expérimentent dans la création de logiciels libres, peut-être que c'est une autre voie de la liberté vu sous d'autres principes. Et ca sert à ça, a faire fonctionner, mettre des cerveaux en connexion, parfaire et simplifier, s'adapter à la Darwin, et faire un outil libre de mise en reseau que l'on nomme Internet. Les logiciels libres en sont la pierre angulaire. Si cela du génère du bien ou du mal, je dirais que c est comme tout, il y a plutôt du bon et du mauvais...

Suis sorti du sujet, mais dur de reprendre une correspondance de poch qui date de 2 ans...

-- Topette

Portrait de borniol

tu en demandes beaucoup

Tu en demandes beaucoup car c'est à peu près tout le but de l'Ethique de Spinoza : l'établissement de la liberté, et ensuite son déploiement. Et tout ca est très pratique même si ici ce ne seront que des mots (toujours  plus facile à dire qu'à faire), sa philosophie est une méditation de la vie dans l'action et l'expérience, donc très pratique. et pas besoin d'être philosophe pour le lire et le comprendre

Alors les moyens pour y arriver ? il les explique dans toute son éthique : en premier lieu comprendre et connaître les causes des choses pour justement ne pas être sous l'influence des relations avec autrui., ou de ses propres affects .. Alors ca ne veut pas dire du tout couper tout lien avec autrui, l'éthique de Spinoza est le contraire d'un ascétisme.. il se méfie  des solitaires qui n'obéissent qu'à eux-mêmes, c'est même très louche pour lui.

Dans la vie de tous les jours, tu es sans cesse soumis à des corps extérieurs qui agissent sur le tien., et celà génère des affects.. Tu ne peux y échapper...

Donc tu as raison quand tu dis que la recherche de la liberté selon Spinoza est une quête vaine. En fait ce n'est pas dans cette optique qu'il faut voir la chose.. .Tout commence, parce que, selon lui tu es  un "mode", c'est  à dire une essence, et une essence est un degré de puissance... alors l'augmentation de puissance d'agir, kesako ? so what ? comme tu dis

Je vais m'aider de Gilles Deleuze, et Robert Misrahi pour présenter la chose sous 2 angles complémentaires et y ajouter ma sauce.

Gilles Deleuze - Spinoza philosophie pratique

[...] Lorque le "mode" arrive à former des idées adéquates , ces idées sont ou bien des notions communes qui expriment sa convenance interne avec d'autres modes existants (2ème genre de connaissance), ou bien l'idée de sa propre essence qui convient nécessairement du dedans avec l'essence de Dieu et toutes les autres essences (3ème genre de connaissance). Des affects ou sentiments actifs qu'il nomme actions (au contraire des passions) découlent nécessairement de ces idées adéquates, de telle manière qu'ils s'expliquent par la propre puissance du mode. Alors le mode existant est dit libre : ainsi, l'homme ne naît pas libres, mais le devient ou se libère, et le livre IV de l'éthique trace le portrait de cet homme libre ou fort. [...]

Donc pour résumer, la liberté découle de cette puissance d'agir, mais ce n'est pas la  simple recherche de la liberté qui te permet une quelconque puissance d'agir. Encore selon lui :

[...] L'homme est libre quand il entre en possession de sa puissance d'agir, c'est à dire quand son conatus (effort de persevérer dans son être)  est déterminé par des idées adéquates d'ou découlent des affects actifs, lesquels s'expliquent par sa propre essence. Toujours la liberté est liée à l'essence et à ce qui en découle, non pas à la volonté et à ce qui la règle. [...] Ce qui définit la liberté, c'est un "intérieur" et un "soi" de la nécessité. [ ...]

A cela il faut ajouter la Raison. Pour Spinoza, l'homme libre est aussi celui conduit par la Raison, et ses désirs (qui ne peuvent  être excessifs) qui suivent de sa propre nature, de sorte qu'il peut les comprendre par elle seule, sont ceux qui se rapportent à l'esprit constitué d'idées adéquates . Et ces désirs (affects actifs ou actions), qui se définissent par la puissance de l'homme, autrement dit par la Raison, sont toujours bons car manifestant  toujours notre propre puissance. Au contraire des autres désirs (affect passifs ou passions), qui se rapportent à des idées inadéquates, en tant qu'ils sont définis non par la puissance de l'homme mais par celle des choses extérieures. Ces derniers manifestent une impuissance et  une connaissance mutilée et sont bons ou mauvais.

On voit que tout le système spinoziste repose sur les affects (Livre II & III de l'éthique). Alors en quoi cette connaissance des affects peut-elle conduire à la liberté ?

Voici une autre façon complémentaire de voir les choses, mais on en revient toujours au même.

Robert Misrahi - Spinoza

[...]  Pour Spinoza, il n'existe pas de faculté de "vouloir" qui aurait le pouvoir de vaincre une passion par la simple connaissance. Mais s'il n'existe pas de "volonté", alors la liberté ne saurait être constituée par une quelconque puissance de choix qu'on appelerait libre arbitre. La liberté n'est pas la toute puissance d'une conscience qui serait indifférente d'abord puis choisirait selon son gré entre plusieurs décisioins possibles, quitte à s'informer auprès de la Raison. Cette thèse cartésienne du libre arbitre est totalement rejetée par Spinoza. La liberté ne saurait donc être ni la maitrise volontariste des passions, ni l'indifférence souvenraine avant l'engagement pratique dans l'action. Pour Spinoza, ce ne sont la que préjugés et illusions... la défintion de la liberté véritable doit au contraire tenir compte et de la nature entière de l'homme et de la totalité infinie dans laquelle s'inscrit cette réalité humaine, à savoir la Nature. Or nous savons que cette Nature est rigoureusement définie par des lois nécessaires. C'est ce déterminisme universel (série d'idées de l'attribut pensée et série des évenènements du corps dans l'attribut  étendue, comme chaine causale), qui permet à Spinoza d'élaborer sa doctrine des affects [...] Dans ces conditions, la liberté ne saurait être un pouvoir spécifique de décision, qu'elle soit indifférente ou éclairée. Désireux de construire une liberté qui ne contredise pas la Nature entière, Spinoza en propose une définition radicalement neuve et pourtant cohérente avec le Système. Cette liberté est l'autonomie. Ce principe est énoncé avec fermeté : "On dit qu'une chose est libre quand elle existe par la seule nécesssité de sa nature (comme Dieu), et quand c'est par soir seule qu'elle est déterminée à agir (Comme Dieu et comme l'homme libre)". Spinoza ajoute "... mais on dit nécessaire ou plutôt contrainte la chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir seselon une loi particluère et déterminée". Ici sont simultanément définies et l'aliénation et la liberté : celle-ci apparaît bienc omme étant l'autonomie d'une action, c'est à dire le développement d'une action ne découlant que de l'essence de l'être considéré. Pour mieux définir cette liberté-autonomie, Spinoza introduit le concept de "cause adéquate". "J'appelle cause adéquate celle qui permet, par elle-même, de percevoir clairement et distinctement son effet". La cause inadéquate est donc celle qui ne permet pas de comprendre son effet par elle seule.  Ainsi on voit que la liberté, selon Spinoza est la causalité adéquate, c'est à dire en effet la plénitude de l'autonomie dans l'action effective. Cette autonomie, il l'appelle action : "Je dis que nous agissons lorsqu'il se produit en nous ou hors de nous quelque chose dont nous sommes la cause adéquate, c-a-d [...] lorsque, en nous ou hors de nous, il suit de notre nature quelque chose qui peut être clairement et distinctement compris par cette seule nature" Et il ajoute : "Mais je dis au contraire que nous sommes passifs lorsqu'il se produit en nous ou lorsqu'il suit de notre nature, quelque chose dont nous ne sommes que la cause partielle". [...] Pour un individu donné, ayant une nature et une essence données, la liberté consiste à agir par lui-même et selon ses propres normes. Cettte autonomie pratique est une action au sens strict, tandis que l'aliénation, la dépendance à l'égard d'une cause extérieure, est le fait d'être passif et de déployer une passion. Liberté ou nécessité signifient donc, dans l'ordre de l'existence, autonomie ou aliénation, action ou passion, causalité personnelle intégrale ou causalité personnelle partielle. On comprend alors que la liberté véritable consiste ici à instaurer une causalité adéquate et autonome. C'est dans cette perspective que peut maintenant intervenir le rôle de la connaissance et sa fonction libératrice. [...] Seule la connaissance réflexive et organisée est en mesure de discerner ce qui est, dans l'action, issu de l'agent ou issu du monde extérieur ; et pour ce faire, elle doit être en mesure de connaître en effet l'essence de l'individu. Seule une telle connaissance permettra de dire ce qui exprime cette essence (cette action) et ce qui s'en écarte (la servitude des passions). Mais la connaissance d'une essence singulière repose sur la connaissance antérieure des affects en général 

Ainsi on retombe sur la connaissance des affects, et de l'essence singulière à chaque être, qui est la mise en évidence de ce qu'il appelle le Désir  (ou appétit) ou  conatus : déploiement autonome et adéquat de sa propre activité. Le seul obstacle à l'autonomie est l'emprise de l'imagination (issue d'une connaissance erronée), source de toutes les illusions passionnelles.  C'est la qu'il faut employer la Raison et la réflexion  pour dissoudre les faux biens et le dogmatisme des valeurs, morales, et des biens. "Il ressort donc de tout cela que nous ne nous efforçons pas vers quelque objet, nous ne le voulons, ne le poursuivons ni ne le désirons pas parce que nous jugeons qu'il est un bien, mais au contraire, nous ne jugeons qu'un objet est un bien, que parce que nous nous efforçons vers lui, parce que nous le voulons, le poursuivons et le désirons"

Je ne me suis pas trop étaler sur la Joie qui est pour lui un affect permettant l'augmentation de la puissance d'agir et la tristesse, diminution de celle-ci

A quoi ca sert tout ca ? peut-être à comprendre et avoir des idées adéquates d'ou naitrons.... etc..

-- Topette

Portrait de borniol

complément : Nécessité et liberté chez Spinoza

Plusieurs numéros de la très bonne revue multitude (ou tous les numéros sont numérisés et disponibles en ligne, sauf ceux de l'année passée) se sont inspirés de la pensée de Spinoza.

n°2 Multitude : Nécessité et la liberté  chez Spinoza

Ca n'a plus grand chose à voir avec le sujet de ce billet, mais j'en profite pour faire le lien vers un autre article passionnant de cette même revue "Insecte et insectes. Bergson et Jung chez Deleuze" sur la nature instinctive de la conscience...

-- Topette

Portrait de borniol

Livres audio : pas que pour les paresseux

Pour le poch paresseux ou en position horizontale dans son canapé, rien ne vaut une bonne lecture. Mais, on ne peut rouler sa clope et surtout fermer les yeux sans perdre le fil... sauf si quelqu'un se vous le lit.

Mediatexte.fr : "site qui a pour objectif la recherche de solutions éditoriales originales, pour ouvrir à tous (déficients visuels, dyslexiques, personnes manquant de temps ou d’argent) les portes de la lecture. Il se veut un laboratoire d’initiatives collaboratif et bénévole, ouvert et libre, tentant - sans exhibitionnisme moral - d’œuvrer dans l’intérêt de tous."

Il y a pas mal d'auteurs et d'oeuvres traduites, nietzsche, shopenhauer, epictete,  Descartes, kant, ... et plein d'autres dont justement le discours de la servitude volontaire d'Etienne de la Boetie :

-- Topette

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