"Il faut être déchiré par quelque chose qui nous dépasse pour penser"
— Peter Sloterdijk
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Aspiration, inspiration, expiration

Commentaires

Portrait de borniol

Du souffle

En yoga on parle de souffle de la vie qui coule au dedans, puis vers l'extérieur, de façon prolongé  et subtil lors de l'arrêt inspir/expir...   Mais c'est aussi une question d'inspiration (au sens imagination) car la maîtrise de la respiration mène au calme profond, c'est alors que le mental devient apte à la concentration... c'est le début de la méditation et l'éveil  ou plus grande maitrise  des sens. Pour ce qui est de l'aspiration, elle est essentielle : c'est une aspiration à la vie. C'est pour ca que ces mots s'imbriquent parfaitement. jolie pensée de poch qui coule

Transpiration sous le soleil de satan...

"J'aspire à l'inspiration avant d'expirer".
Comme ça, dans le maigre contexte que tu nous laisses fabou, j'ai associé instinctivement trouver l'inspiration à faire zazen.
J'imagine qu'il faut faire abstraction de son éducation pour procéder à l'extraction de ses sensations - sans se laisser aller à la distraction par les attractions (tentations) qui nous appesantissent, sous peine de devoir soustraire sa plus prolifique part à cette inspiration, voire de se rétracter après coup - en toute décontraction Smile

oui, borniol et fabou, spirare : le souffle, respirer. Le souffle c'est l'harmonie. Vos pensées semblent venir de là avec souplesse et facilité.
trahere : tirer, tirailler ; il me semble quant à moi que je dois toujours tirer pour extraire (ex: hors de - trahere) mes pensées, les exprimer.
C'est là toute la différence entre un vrai poch' et moi Wink

"C'est pour ca que ces mots s'imbriquent parfaitement. jolie pensée de poch qui coule" oui ; ce site ce n'est pas une communauté (j'en viens à déprécier ce mot trop connoté communautarisme, le nouveau mal) c'est une conspiration (con : avec - spirare) Cool

 

Portrait de fabou

Ce qu'on entend par là...

J'entendais par là -l'idée n'est pas très belle j'en conviens- que j'espérais (aspirais) trouver comme une idée transcendante (inspiration) avant de mourir (d'expirer). C'est une parole d'agnostique qui se cherche, en équilibre entre nihilisme et foi.

Mais j'aime vos interprétations qui respirent la bonne humeur. 

Portrait de zaza

Le souffle, porte d'entrée

Le souffle est guidé par la pensée et la pensée est guidée par le souffle...

Ce n'est pas d'oxygène qu'il s'agit , mais du contrôle de la respiration, fondamental pour la médecine chinoise depuis 3000 ans. Si cette respiration est agitée, inégale, saccadée, tout l'organisme basculerait dans l'anxiété. Posée, délibérée, régulière, elle entrainerait paix et repos de l'esprit...Tongue out

C'est l'une des portes d'entrée de la méditation et de tous les états transcendantaux. Peur, colère et désirs inutiles s'évanouissent sous la douceur de ce souffle que beaucoup disent Sacré Kiss

Portrait de borniol

Le souffle est source d'inspiration

De même  qu'il est possible de perséverer dans son être (conatus de Spinoza) par l'esprit  , les pensées et les idées d'ou viennent la connaissance des causes premières,  il est également possible de faire cette expérience par la matière et par le corps, ou ce sont d'autres corps (élements eau, air, ou énergies... ) qui créent de nouveaux rapports et parfois développe une puissance d'agir conforme à notre propre nature, et de même nature que les choses de l'univers qui l'entoure, toute deux comprise en rapport avec l'essence de Dieu (comme substance je vous rassure).

Mais Spinoza nous dit :

"Seuls des corps peuvent déterminer mon corps à se mouvoir, des idées déterminer mon esprit à penser : il n'y a de causalité qu'au sein de chaque attribut".

Pour Spinoza,  "L'esprit et le corps sont une seule et même chose, qui est conçue tantôt sous l'attribut de la pensée (esprit), tantôt sous l'attribut de l'étendue (corps)".  Il donne cette définition des modes et des attributs pour mieux distinguer les êtres de la substance  divine unique. Mais comme ces 2 modes sont issus d'une seule et unique substance divine" (Essence de Dieu au sens "Dieu est la Nature" ),.. ces 2 modes (corps et esprit) sont donc une seule et même chose. Cela nécessiterait un billet sur Spinoza et son éthique (et de ce qu'il nomme Dieu en particulier), car livré tel quel, cela paraît rapide et osé comme proposition. 

Comment, s'ils sont issus de la même essence divine mais de nature différente au sens attributs, ne peuvent-ils avoir de lien de cause l'un l'autre ?  Spinoza n'y répond pas du fait qu'il est impossible de déterminer les lois de la Nature qui agissent sur les corps ou âmes  (pour lui ce sont les affects les primats...) alors à defaut de preuve rationnelle, il s'abstient ! Et comme il est pas du genre à avancer quelques propositions qui ne soit pas totalement blindée et démontrée alors il se réserve...

"Personne n'a jusqu'à présent déterminé ce que peut le corps".  

C'est justement de cela dont parle Tchouang-Tseu dans ce qu'il nomme les régimes d'activité de l'esprit et du corps, et de ces passages subtils ou l'on sort de l'un pour rentrer dans l'autre et inversement. C'est le seul  "philosophe" que j'ai lu (c'est pourquoi je le cite souvent ces derniers temps), à tenter d'expliquer d'une autre manière,mais simplement, ces régimes d'activité de l'esprit et du corps et perceptions qui en découlent. Cela ui permet aussi d'accéder à des concepts semblables à ceux de Spinoza (mais moins intellectualisés) notamment sur les genres de connaissances, état de conscience de l'esprit, de l'arrêt  et calme profond de l'esprit (éternité et instantanétité), du vide et du langage, de musiques terrestre et céleste, réalité opposition et langage , de l'ignorance des causes, puis et surtout du Tout. Ces lectures parallèles de Spinoza et Tchouang-Tseu se rejoignent sur certains points.

Pour moi, le conatus dont parle Spinoza (effort qui caractérise l'essence des choses finies, dont la nécessité intérieure, à travers laquelle tout homme affirme son être et résiste à ce qui lui est contraire, définit sa vertu même : seul un être vaincu par des causes extérieures, plus fortes et contraire à son propre effort, peut ne plus dure, c'est à dire mourrir), peut se réaliser et dans l'esprit et dans le corps et avec des liens de causalité entre ces 2 modes. On peut en faire l'expérience. Le souffle est source d'inspiration. Le souffle bien que différent des pensées de par sa nature et ses attributs, agit sur le corps (même attribut matière) et peut déterminer l'esprit à penser.

Aussi, le souffle caractérisé par une notion ou essence  (de même nature que l'essence Divine dont parle Spinoza) dans un certain degré de puissance, peut produire des effets aussi puissants  sur d'autres corps et choses de même nature (éléments, énergie, vide, et matière et choses qui nous entourent) mais aussi en pensées, en tant que chose d'une autre nature mais caractérisé par cette même essence (divine) dont elle est issue. En conclusion, le souffle est source d'inspiration et de vie.

Zeph, pour ce qui est d'extraire les pensées, il s'agit la de méditation comme effet produit par la pratique du souffle ou autre technique. Mais ce n'est que l'effet : la méditation ou l'inspiration.  Ce n'est donc pas cela qu'il faut chercher, mais plutôt se concentrer sur la cause de la chose elle-même c-a-d le souffle et non sur les effets que l'on attend. Ces effets se produiront par nécessité par la suite. L'expérience que j'en ai, est que ces effets ne se produisent que si l'esprit se vide complètement et les pensées se déposent avec le temps, comme les particules  au fond d'un bocal rempli d'eau trouble. C'est alors, que l'on peut fixer son esprit sur une chose particulière, ou que naturellement notre esprit se détermine à penser une chose.

Le souffle est aussi une question d'énergie et d'essence, puisqu'il est source de vie. Ce vide est vivant car il est ce par quoi jaillit le souffle. Il est également constant car il permet la mutation tout en étant lui-même ce qui ne change pas.
Le vide est à l'origine du yin et du yang. Son souffle provoquera les transformations. Ce souffle est un, mais en circulation permanente. Il est par essence mutation. 
Pour ce qui est de la cause, première on peut se poser la question de qui est ce souffleur ?

Enfin bon, comme on a conclu lors de notre dernière soirée poch "Tout ça ne nous ramènera pas Mike Brant ! " :)

Pour revenir sur la même chose, le vide, la vie, la mort, le souffle...

"Le souffle qui est le vide peut se conformer aux objets extérieurs. C'est sur le vide que se fixe le Tao. Le vide, c'est l'abstinence de l'esprit". Tchouang-Tseu

Pour illustrer avec encore du Tchouang-Tseu :

N 'écoute pas avec tes oreilles mais avec ton esprit ; n'écoute pas avec ton esprit, mais avec ton souffle. Les oreilles se limitent aux sons, l'esprit aux représentations, tandis que le souffle forme un creux apte à accueillir le monde extérieur. [...]

Peux-tu revenir à l'état de nouveau-né, fait dire Tchouang-Tseu à Lao-Tseu interrogé sur l'art de protéger  le vie. Le bébé vagit tout le jour sans en avoir la gorge enrouée, tant son harmonie est parfaite. Il serre le poing tout lejour sans en avoir des fourmis, car il sait concentrer ses forces. Il peut fixer son regard tout le jour sans ciller parce que le dehors n'existe pas por lui. Il marche sans savoir ou il va, et s'immobilise sans savoir ou il est. Il ballotte au gré des choses et se laisser porter sur la vague.[...]


Autre extrait pour illustrer :

La femme de Tchouang Tseu étant morte, Houei Tseu s’en fut lui offrir ses condoléances. Il trouva Tchouang Tseu assis les jambes écartées en forme de van et chantant la mesure sur une écuelle.

- Houei Tseu lui dit
« Que vous ne pleuriez pas la mort de celle qui fut la compagne de votre vie et qui éleva vos enfants, c’est déjà assez, mais que vous chantiez en battant l’écuelle, c’est trop fort ! »

- Tchouang Tseu
« Du tout, au moment de sa mort, je fus naturellement affecté un instant, mais réfléchissant sur le commencement, je découvris qu’à l’origine elle n’avait pas de vie ; non seulement elle n’avait pas de vie, mais pas même de forme ; non seulement pas de forme, mais même pas de souffle.

Quelque chose de fuyant et d’insaisissable se transforme en souffle, le souffle en forme, la forme en vie, et maintenant voici que la vie se transforme en mort. Tout cela ressemble à la succession des quatre saisons de l’année.

En ce moment, ma femme est couchée tranquillement dans la grande maison. Si je me lamentais en sanglotant bruyamment, cela signifierait que je ne comprends pas le cours du destin. C’est pourquoi je m’abstiens. »

--

Topette

Portrait de borniol

Car c'est au souffle qu'elle est liée

Noyés dans l'histoire des Dieux de L'Inde, bercés par les carnets de pélerinage de Ramdas et sa folie de Rama (merci à toi fabou pour ce conseil de lecture), ou plongés dans les textes du Ramayana et des Upanishads, on peut dire que l'on a pas mal bouquiner lors de notre petit périples au Rajasthan... Faut dire que ces lectures s'y prêtaient à merveille !

Pushkar, et son lac sacré ou Brahmâ s'est marrié, était un endroit idéal et propice à l'inspiration sur l'Etre, Cela, le Soi ou l'Ame, l'Ultime réalité, l'Absolu, Essence subtile ou substance unique, ou "ce n'est Cela", c 'est comme on veut... 

Upanishad 6.8 Chândogya : Tu es Cela

Uddalaka Aruni s'adressa à son fils : "Apprends de moi, mon cher Shvétakétu, ce que c'est que le sommeil. Quand ici-bas, un homme dort, on dit,

"il est en fait uni à l'Etre, il s'est résorbé en lui-même et c'est pour cela qu'on dit de lui : il dort. Il s'est résorbé en lui-même.

" Et de même qu'un oiseau, un fil à la patte, vole de-ci de-là, ne trouvant où se réfugier, finalement se pose là même ou le fil est lié, "

" De même, mon cher, notre pensée vole de-ci de-là et ne trouvant où se réfugier, finalement se pose sur le souffle même, car c'est au souffle qu'elle est liée.

...

"Là, mon cher Shvétakétu, considère que ton corps est un plant qui a poussé. Ce plan ne peut-être dépourvu de racine. Et cette racine, où serait-elle sinon dans l'eau ?

"de la même façon, lorsque l'eau est le plant, sache que le feu est la racine, et lorsque le feu est le plant, sache que l'Etre est la racine.

"Toutes les créatures, ici-bas, ont l'Etre pour racine, l'Etre pour refuge, l'Etre pour support.

"Et comment ces trois divinités que sont le feu, l'eau, la nourriture se combinent triplement en l'homme, je te l'ai déjà expliqué. Sache seulement que lorsqu'il meurt, sa voie passe dans la pensée, sa pensée dans son souffle, son souffle dans le feu et le feu dans cette divinité suprême qu'est l'essence subtile.

"L'univers tout entier s'identifie à cette essence subtile, qui n'est autre que l'Ame ! Et toi aussi, tu es Cela, Shvétakétu !"

....

-- Topette

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