"Invitez un sage à dîner, il est votre trouble-fête par son morne silence ou des dissertations assommantes. Conviez-le à danser, vous diriez que c'est un chameau qui se trémousse. Entraînez-le au spectacle, son visage suffira à glacer le public qui s'amuse, et on l'obligera à sortir de la salle, comme on fit au sage Caton pour n'avoir pu quitter son air renfrogné.[...] Il ne rendra service ni à lui-même, ni à sa patrie, ni à ses amis, parce qu'il ignore tout des choses ordinaires et que l'opinion et les usages courants lui sont absolument étrangers."
— Erasme - Eloge de la Folie
Commentaires
Faire impression en société? Professer la mort de Dieu!
L'autre soir, avec mon bon edhel je me revois professer devant un parterre de joyeux musulmans la mort de Dieu en bon alcoolique mondain et pseudo-nietszchéen.
Ce qui me sauve c'est que je ne suis pas en mesure de structurer mon propos à la façon d'un professeur (comme un cours) sinon ça serait non pas la philosophie à coup de marteau (cf Nietzsche... toujours lui) mais la philo à coup de massue, de celle qui assome bien. L'incohérence du propos passe pour de la déconnade, du coup à l'extrême on me prend pour un marrant de première, le gus rigolo quoi, presque "fun".
Donc pour faire impression en société, professer la mort de Dieu. Effet ou non-effet garanti. A essayer au repas de Noêl également pour faire animation entre le foigue et la dinde.
truc de ouf :)
On ne s'est pas concerté fabou, mais je viens hier de commencer à lire ce bouquin (sans prétention nous dit Erasme, comme un divertissement, mais ca sent l'ironie). Le titre m'avait interpellé après ton élode du doute sauf que la c'est la folie qui en est le personnage principal... A croire qu'on lit tous des trucs de fous :).
Il y a beaucoup de citations sur la folie et la sagesse ou l'union des 2...
"Le fou se croit sage et le sage se reconnaît fou". Shakespeare
"On ne peut voir la lumière sans l'ombre, on ne peut percevoir le silence sans le bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie". C.G Jung
Ou encore,
"Qui a conscience de sa folie n'est pas bien fou". Du sage Tchouang-Tseu
Dès que je le termine, si je le finis... j'y reviendrais
-- Topette
Jung Nietzsche : attraction répulsion
Encore lu sur le net ..
[...]
Nietzsche avait terminé le Zarathoustra en 1885, alors que Jung était âgé d'une dizaine d'années. La rumeur, dans le milieu universitaire, en faisait un personnage peu sympathique sur lequel on colportait des anecdotes concernant plus la personne que les idées. Il était violemment contesté par les étudiants "compétents" en philosophie, et très mal vu par des professeurs qui, le plus souvent ne l'avaient même pas lu, ou très partiellement. Il me semble, à la lecture de certaines réactions sur les blogs., que cela n'a pas beaucoup changé de nos jours. Le fait d'entendre parler d'un philosophe aussi rejeté par ses semblables aurait du attirer le jeune Jung mais, dit-il, "j'hésitais à le lire, m'y sentant insuffisamment préparé".
L'explication la plus vraisemblable de la méfiance de Jung envers Nietzsche doit avoir son origine dans le regard lucide qu'il posait déjà sur sa propre fragilité psychique. Il devait être conscient que la présence en lui de deux personnalités représentait une menace de dissociation et de schizophrénie. L'impression d'angoisse concernant le sentiment de secrète parenté qu'il ressentait avec Nietzsche est ainsi exprimée dans Ma vie (p; 136):
J'avais comme une angoisse secrète de lui ressembler au moins quant au "secret" qui l'isolait dans son milieu. Peut-être -qui sait ? -avait-il eu des aventures intérieures, des visions dont par malheur il aurait voulu parler, mais qui n'avaient malheureusement été comprises de personne. Évidemment c'était un être hors série ou du moins qui passait pour tel, pour un lusus naturae, un jeu de la nature, ce que je ne voulais être à aucun prix. J'avais peur de découvrir que moi aussi j'étais comme Nietzsche, "un être à part".
Il ne faut surtout pas croire, à cette lecture, que le jeune Jung avait la vanité de se comparer au philosophe Nietzsche. Il avait, au contraire, un sentiment de petitesse envers quelqu'un d'aussi cultivé, et qui avait atteint de "vertigineuses hauteurs". Cela ne faisait que conforter son idée que les "excentricités" permises à ce personnage extraordinaire lui étaient interdites.
Après un temps de résistance, un phénomène moteur de de vie de Jung, " l'intense curiosité " à laquelle il ne sut jamais résister (comme je le comprends) balaya ses craintes et il se "décida à lire".
[...]
Le billet d'Ariaga sur son blog "dans les pas de Jung et des Alchimistes Philosophes de la Nature"
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