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René Guénon - Critique du Monde Moderne

Portrait de fabou

Parmi les nombreuses, trop nombreuses voix qui se sont élevées contre le Monde Moderne, il y a celle de René Guénon ( 1886 - 1951) dont je vous laisse découvrir la biographie sur un site bien connu.

 

Quelques extraits tirés d'un de ses ouvrages - Le règne de la quantité et les signes des temps - pour faire sentir le personnage :

[...] ce que l'immense majorité des hommes actuels célèbrent comme un "progrès", c'est là précisément ce qui nous apparaît tout au contraire comme une profonde déchéance, car ce ne sont manifestement que les effets du mouvement de chute, sans cesse accéléré, qui entraîne l'humanité moderne vers les "bas-fonds" où règne la quantité pure.

ou bien :

Il est donc arrivé là ce qui est arrivé généralement pour toutes les choses qui jouent; à un titre ou à un autre, un rôle dans l'existence humaine : ces choses ont été dépouillées peu à peu de tout caractère "sacré" ou traditionnel, et c'est ainsi que cette existence même, dans son ensemble, est devenue toute profane et s'est trouvée finalement réduite à la basse médiocrité de la "vie ordinaire" telle qu'elle se présente aujourdh'ui.


Cette critique il l'exprime en particulier dans son l'ouvrage "Le règne de la Quantité et les Signes des Temps" où il oppose le monde moderne au monde traditionnel, la quantitié à la qualité, l'essence à la substance. Dans leurs expressions la plus pure, Essence et Substance sont les deux pôles opposés d'un cycle qu'on peut se représenter comme une expansion du Centre d'un Cercle ( Essence, Tradition, Qualité ) vers sa périphérie ( Substance, Monde Moderne, Quantité ). Je n'en dirais pas plus sur le contenu de l'ouvrage que je vous invite à lire, je me bornerais à reproduire quelques extraits qui m'ont particulièrement frappés au cours de ma propre lecture ( ma lecture n'est pas celle d'un autre, il y a donc nécessairement une totale subjectivitié dans le choix des extraits :

Il ny a qu'à jeter un regard autour de soi pour constater qu'on s'efforce partout de plus en plus de tout ramener à l'uniformité, qu'il s'agisse des hommes eux-mêmes ou des choses au milieu desquelles ils vivent, et il est évident qu'un tel résultat ne peut être obtenu qu'en supprimant autant que possible toute distinction qualitative; mais ce qui est encore bien digne de remarque, c'est que par une étrange illusion, certains prennent volontiers cet "unimorfisation" pour une "unification", alors qu'elle en représente exactement l'inverse en réalité[...]

Avec ce qu'on nomme Mondialisation de nos jours, c'est l'illusion de l'unification ( uniformisation ) qui tient lieu de réalité. Il est courant que des choses en apparence semblables soient opposées, mais seul un regard aiguisé est susceptible de dissocier clarté et obscurité des semblables en apparence. La puissance de l'illusion se jauge à la nature de ceux qu'elle emprisonne.

La conclusion qui se dégage nettement de tout cela, c'est que l'uniformité, pour être possible, supposerait des êtres dépourvus de toutes qualités et réduits à n'être que de simples "unités" numériques; et c'est ainsi qu'une telle uniformité n'est jamais réalisable en fait; mais que tous les efforts faits pour la réaliser, notamment dans le domaine humain, ne peuvent avoir pour résultat que de dépouiller plus ou moins complétement les êtres de leurs qualités propres, et ainsi de faire d'eux quelque chose qui ressemble autant qu'il est possible à de simples machines, car la machine, produit typique du monde moderne, est bien ce qui représente au plus haut degré qu'on ait encore pu atteindre, la prédominance de la quantité sur la qualité. C'est bien à cela que tendent, au point de vue proprement social, les conceptions "démocratiques" et "égalitaires", pour lesquelles les individus équivalents entre eux [...]

Où l'on retrouve exprimée la critique de la Démocratie que j'ai déjà remontée en d'autres occasions ( et sur laquelle je ne m'accorde pas encore tout à fait ).

[...] Dans la conception traditionnelle, ce sont les qualités essentielles des êtres qui déterminent leur activité; dans la conception profane, au contraire , on ne tient plus compte de ces qualités, les individus n'étant plus considérés que comme des "unités" interchangeables et purement numériques. Cette  dernière conception ne peut logiquement qu'aboutir à l'exercice d'une activité uniquement "mécanique", dans laquelle il ne subsiste plus rien de véritablement humain, et c'est bien là, en effet, ce que nous pouvons constater de nos jours; il va de soi que ces métiers "mécaniques" des modernes, qui constituent toute l'industrie proprement dite, et qui ne sont qu'un produit de la déviation profane[...]

Les sociétés fondées sur le "système" des castes doivent attribuer la fonction à l'individu suivant ses qualités essentielles, du moins suivant celles attribuées traditionnellement à son groupe.

Ces hommes réduits à de simples "unités" numériques, on veut les loger, nous ne dirons pas dans des maisons, car ce mot serait impropre, mais dans des "ruches" dont les compartiments seront tous tracés sur le même modèle, et meublés avec ces objets fabriqués "en série", de façon à faire disparaître, du milieu où ils vivront, toute différence qualitative[...]

Constat ô combien véridique, je n'ai qu'à observer mon propre intérieur pour en trouver une parfaite illustration. La sérialisation ne touche pas seulement l'habitat. Nous la trouvons à l'oeuvre aujourd'hui jusque dans l'Art, du moins ce qu'on nomme ainsi, qui n'en est que le pâle reflet dégénéré. La littérature elle-même n'est pas en reste. Ces domaines comme bien d'autres méritent les guillements autour des mots qui continuent de les désigner. Pour ma part, n'en ayant connu que ces dérivés, je n'ai plus qu'à rêver des souches dont ils sont issus. Il semble que tout ai pris un double sens et que le sens originel s'efface.

Sans transition :

Où se situe René Guénon, qui est-il ?

[...] ceux des modernes qui se considèrent en dehors de toute religion sont à l'extrême opposé des hommes qui, ayant pénétré l'unité principielle de toutes les traditions, ne sont plus liés exclusivement à une forme traditionnelle particulière.

Et de citer Mohyiddin idn Arabi :

Mon coeur est devenu capable de toute forme : il est un pâturage pour les gazelles et un couvent pour les moines chrétiens, et un temple pour les idoles, et la Kaabah du pélerin, et la table de la Thora et le livre du Qôran. Je suis la religion de l'Amour, quelque route que prennent ses chameaux; ma religions et ma foi sont la vraie religion.

Un pâturage pour les gazelles...

Qu'on se réfère à sa biographie.

Dans la même veine que précédemment :

De l'anonymat, de l'infra-humain, cet anti übermensch Nietzschéen :

Dans un tel individu, en effet l'aspect qualitatif ou essentiel a presque entièrement disparu [...]; et comme cet aspect est précisément celui qui est désigné comme nâma, cet individu n'a véritablement  plus de  "nom" qui lui soit propre, parcequ'il est comme vidé des qualités que ce nom doit exprimer; il est donc réellement "anonyme" mais au sens inférieur de ce mot. C'est là l'anonymat de la "masse" dont l'individu fait partie et dans laquelle il se perd, "masse" qui n'est qu'une collection de semblables individus, tous considérés comme autant d'"unités arithmétiques pures et simples; on peut bien compter de telles "unités", évaluant ainsi numériquement la collectivité qu'elles composent,et qui, par définition, n'est elle-même qu'une quantité; mais on ne peut aucunement donner à chacune d'elle une dénomination impliquant qu'elle se distingue des autres par quelque différence qualitative.

Je passe sur le chapitre intitulé "L'illusion des statistiques" et qui me concerne tout particulièrement.

Pour les promeneurs solitaires :

On peut dire véritablement que certaines aspects de la réalité se cache à quiconque l'envisage en profane et en matérialiste, et se rendent inaccessibles à son observation...

Déclaration qui n'a plus que l'attrait du mystère pour le profane que je suis.

Ou bien :

[...] mais il est d'ailleurs vrai que, les communications du domaine corporel avec le domaine subtil s'étant réduites en quelque sorte au minimum, il faut pour pouvoir les constater, un plus grand développement des mêmes facultés qu'autrefois, et ce sont justement ces facultés qui, bien loin de se développer, ont été au contraire en s'affaiblissant généralement et ont fini par disparaître chez la "moyenne" des individus humains, si bien que la difficulté et la rareté des perceptions de cet ordre en ont été doublement accrues, et c'est ce qui permet aux modernes de tourner en dérision les récits des anciens.

De la Nature ( je pense à un certain poch' en particulier en recopiant le passage suivant ) :

[...] il est vrai qu'ils se vantent constamment de "dompter les forces de la nature", mais ils sont certes bien loin de se douter que, derrière ces forces mêmes, qu'ils envisagent exclusivement en un sens corporel, il y a quelque chose d'un autre ordre, dont elles ne sont réellement que le véhicule et comme l'apparence extérieure; et c'est cela qui pourrait bien quelque jour se révolter et se retourner finalement contre eux qui l'ont méconnu.

Puis le propos devient hors de portée non pas parcequ'il est exprimé en des termes abscons, parcequ'il fait appelle à des conceptes complexes nécessitant une lente imprégniation préalable, mais parcequ'il appelle à des facultés de compréhension, à certaines formes de sensibilité dont je ne sais qu'une chose, à savoir que j'en suis totalement dépourvues.

René Guénon exprime donc une critique du monde moderne. Je n'en ai connu de plus profonde, d'aussi sévère, d'aussi radicale, poussé à l'extrême.

Avis de poch
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