Je reviens de Jordanie où j'ai passé une longue semaine, de celle qui s'écoule lentement, donnant l'impression d'une durée supérieure à ma semaine traditionnelle.

J'en profite pour livrer quelques impressions touristiques :

3 gros points d'intérêt pour le touriste :

• Petra, cité nabatéenne creusée dans la pierre
• Wadi Rum, désert qui vous évoquera étrangerement le film "Lawrence d'Arabie" (normal le film a été tourné là)
• Jerash, pour les amateurs de vieilles pierres romaines

Le site de Jerash est enchassé dans la ville Jordanienne, ce qui ne facilite pas la projection dans l'Histoire : klaxons, gazs d'échappement, sirènes de police,... Pour ceux qui ont du temps à tuer où qui sont d'authentiques fanatiques de Rome et de son Empire. Les amateurs compléterons. Se payer un guide francophone sinon ça fait ballade au milieu des ruines romaines.

Le Wadi Rum, c'est ambiance désert et bédouins. C'est complétement mythique. Ne pas imaginer de grandes étendus parcourues par des dunes. Il y a du relief, des gorges, des petites vallées, ... Pas trop chaud, même en été : 38 ° max d'après le bédouin. Pour ceux qui sont pressés, le tour en 4*4 d'une journée reste acceptable. On est pas tout seul : le désert du moins sans qu'on s'y enfonce trop, est silloné de pistes parcourues par moult 4*4. Certains groupes de touristes ne viennent que 2h. Mieux que rien mais pas trop le temps de se recueillir. Enfin on fait selon ses moyens. Tout est estampillé Lawrence : un tas de pierre, la maison de Lawrence, une source, la source de Lawrence, un chameau qui passe, le chameau de Lawrence, j'ai même vu le gland de Lawrence : une excroissance de pierre à la forme caractéristique (ne manquait que le mea). Le soir c'est campement bédouin aménagé. Il y en a un tas à droite à gauche. Palabres avec le bédouin en anglais, avec nos autres amis touristiques. Avec un peu de chance un steward espagnol maniéré met immanquablement l'ambiance. Le bédouin - Ahmed - est en général disponible pour vous compter toutes sortes d'anecdotes. On y verra peut un peuple en train de mourrir. Il s'accroche mais ça va être dur : la mondialisation à l'oeuvre sous vos yeux. Ca vaut le détour. Les plus sensibles pourraient sentir comme un malaise à observer les derniers bédouins qui balladent le touriste en 4*4. Peuple fier mais qui souffre d'être déconsidéré par leurs compatriotes . Ce ne sont que des bergers illétrés etc... ( y'a-t-il quelque chose de mal à être illétré ou berger ou à ne pas être détenteur du dernier i-phone...?) On apprendra également l'existence de gitans jordaniens : tribu puissante puis matée. Le gitan n'a pas le droit de posséder de chameau ni de chevaux. Le port de l'épée lui est interdit. Son nom (Nouri?) signigie quelque chose comme : celui qui parle en tout sens... La tente du gitan est en périphérie de campement. C'est un citoyen de second zone (comme ici quoi). Autre "outcast", le bâtard : il porte sur ses épaules la faute de ses géniteurs. Maudit dès la naissance, il deviendra finalement ce que la société veut qu'il soit : un être abjecte. Le bédouin qui nous racontait cela reconnaissait le rôle des conventions sociales dans la marginalisation de ces individus qui a la naissance sont encore innocents. Comme un peu de mélancolie à la fin de cette conversion : le poids écrasant des conventions sociales. Au passage, petit regret que l'Occident considère l'Islam comme l'ennemi. Le choc des civilisations...

Petra :

Vieille cité nabatéene creusée dans la roche. Les intempéries font fondre les façades. Certaines sont bien conservées néanmoins. Les salles sentent l'urine. Petra, pissotière à bédouins. Certains coins des alentours ressemblent à des décharges : le plastic c'est fantastique. Les gamins vendent des cartes postales. S'ils vous identifient comme français vous aurez droit à "ça roule ma poule". Tous les 2m sur le parcours principal, c'est stand de babioles en tout genre. Ai personnellement déjà vu les mêmes petits trucs en vente sur les stands d'autres pays. Des usines en Chine doivent produire ce genre de petits souvenirs qu'on retrouve après sur les stands de nos vide-grenier. Pour en revenir à Petra, après le circuit classique, il est vivement recommendé d'aller voir un peu hors des sentiers battus et des grands flux afin de s'impreigner d'une atmosphère particulière, celle d'une cité fantôme. Ce qui reste de la ville permet d'imaginer ce qu'elle devait être au temps de sa grandeur. Se renseigner sur son histoire pourrait rendre la visite plus agréable. On remarquera le système d'irrigation astucieux... En fin de journée, c'est le retour des morts vivants exténués d'avoir gambadé à droite à gauche et gravient des tas d'escaliers taillés dans la pierre. Ne pas se laisser tenter par un retour en calèche tape-cul du tonnerre. A côté des zombies qui trainent les pieds, les bédouins font chevauchent au galop leurs cheveux bouclés dans le vent. Deux mondes se côtoient. Le plus vivant n'est pas celui qui survivra nécessairement. 

Autre :

En allant vers la frontière iraquienne il y a le Qasr Amra (château) où des femmes nues sont peintes sur les murs (chose rare en terre d'Islam). L'autoroute du désert est hallucinante surtout si vous écoutez du Julio Iglesias à la radio. Idée poch' : amenée une petite table pliante et pique-niquer au milieu de nul part. 

Amman, ignoble future mégalopole islamique. Encore loin du Caire mais en prend la route. Enfer de la circulation. Accès en transport en commun recommendé. C'est une ville récente donc pas de souks, pas de monuments. Pas grand chose à voir. On peut s'en passer sauf si on aime à respirer les bouffées de gaz d'échappement qui font passer l'aire du périphèrique parisien pour celui des alpages.

Les jordaniens : ceux auxquels j'ai eu à faire (affaire?) sont plûtot prévenants. Le bédouin dans le Wadi Rum m'a laissé une forte impression. J'ai pris un type en stop du coup j'ai un pied à terre dans sa maison en parpaings sur les rives de la mer morte. Détail frappant : le jordanien semble être un grand fan de son roi qu'on trouve partout représenté jusque sur les pare-soleil des véhicules. La tenue militaire semble assez prisée également : les écoliers, les éboueurs, certains qui travaillent dans l'agriculture,...

Les jordaniennes : voilées pour l'énorme majorité, moyen orient oblige. Certaines semblent posséder de belles formes... N'ai pas vérifié (à mon âge et vu mes engagements se seraient suicidaire). C'est stricte dans la rue mais à la télé, c'est clip de chaudasses et compagnie.

Les touristes : plutôt décontractés et du 3ème âge mais pas seulement. Pas mal de français, reconnaissables à leur tenue d'un magasin de sport bien connu. Pourquoi le touriste s'habille-t-il toujours comme s'il faisait une randonnée longue durée alors qu'il ne fait que se ballader? Quelques spécimens se plaignent de ce qu'ils croisent trop de leurs congénères. C'est sûr qu'à Petra c'est blindé de gens comme nous. Il ne faut pas en être surpris. Le touriste qui se plaint du touriste, c'est un grand classique... de touriste. Dans les aéroports, attention aux vieux : il vous gratte dans la queue à la ni vu ni connu. De vrais renards du désert.

Nourriture : le plus important. C'est bon. Beaucoup de riz, des légumes dans du vinaigres, des grillades, des galettes ou des crêpes de pain. C'est costaud comme alimentation mais en vacances en Jordanie on se dépense bien alors... L'alcool peut se trouver, la bière notament ( la philadelphia, pas terrible ). Ai appris qu'un jordanien qui veut ouvrir un magazin de spiritueux doit nécessairement être associés à un chien de chrétien.

L'avion : éviter la place à côté du type qui flippe en avion et qui vous tient la grappe pendant toute la durée du vol = pas de repos pendant 5H, 3 petites bouteilles de rouge (la 4ème refusée par l'hôtesse : "c'est fermé monsieur"). Le hasard a bien fait les choses, le gars en question (jordanien expatrié à San Francisco) était intéressant et bien sympathique. Il a malheureusement pris ce que j'appelle la "mentalité américaine". Manquait un peu de l'aplomb du bédouin.

Retour en France :

On atterit très vite : 1000 personnes à la douane et 2 douaniers. Welcome in France.