Ce qu'il y a de plus singulier dans la vie de l'homme, ce n'est pas sa soumission mais son opposition aux instincts. Il aspire à une vie surnaturelle.
— Henry David Thoreau
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TROUPE D'ELITE – un film capitaliste et non pas fasciste

Portrait de fabou

Le controversé ours d'or du festival du film de Berlin... 

L'histoire du film Troupe d'Elite: 

Un policier en passe d'être père de famille cherche à quitter le BOPE, unité spéciale de la police brésilienne. Il doit se trouver un remplaçant avant son départ.

Le film donne à voir le parcours d'une part de ce policier, de 2 nouvelles recrues de la police traditionnelle et d'un petit groupe d'étudiants membres d'une ONG intervenant dans une favela de Rio de Janeiro. 

Ces 3 entités (jeunes recrues, policier du BOP, ONG) sont liées :

Les 2 nouvelles recrues sont amis d'enfance et affectés à la même unité de police bien qu'à des services différents. L'un d'entre eux suis des études de droit en parallèle car il n'a pas encore choisi sa voie professionnelle. A l'université il rencontre cette fille membre d'une ONG implantée dans les favelas. Le flic du BOPE croisent par hasard le chemin des deux jeunes recrues encore intègres qui intégreront l'unité ultérieurement. Il croit repérer l'un d'entre-eux comme sont successeur potentiel. 

CRITIQUE PERSONNELLE DU FILM :

C’est pour moi un bon film, parce qu’il a suscité une réflexion au spectateur que je suis. C’est également un bon film pour des raisons cinématographiques pures : le sujet et la façon dont il est filmé couplé à l’ambiance musicale (presque toujours primordiale au cinéma) m’ont captivé. Mélange d’extrême violence sur fond de métal brésilien… 

Néanmoins je dois admettre que certains points m’ont dérangé :

  • Les membres de l’ONG sont présentés comme des « bo-bo » (terme explicitement utilisé dans le film, du moins en traduction) aux fausses bonnes intentions, avides de fumer les joints ou de sniffer la coke que leur donne en abondance les narcos de la partie de la favela où leur ONG s’est implantée.  

  • Ils sont incompétents : c’est l’un des policiers nouvelle recrue qui découvre qu’un des enfants ne fait pas ses devoirs parce qu’il a un problème de vue. C’est ce même policier qui offrira une paire de lunettes au gamin, la police se substituant alors à l’ONG dans son rôle de bienfaitrice. 

  • Ils sont donneurs de leçon, contempteurs aveugles de la police, des forces de l’ordre en général (Foucault cité).

  • Ils sont criminels, se livrant pour certains d’entre eux au trafic de marijuana au sein de l’université grâce à la relation privilégiée qu’ils entretiennent avec les narcos (pour s’installer dans les favelas les ONG doivent obtenir l’assentiment du chef narco local sans lequel rien n’est possible) . Ce faisant ils se font les complices directes du narco-trafic, ils permettent au narco-système de vivre. 

  • Ce sont des assassins potentiels : l’un d’entre eux livrera une information qui permettra aux narcos de tendre une embuscade à l’une des toute nouvelles recrues du BOPE. 

 

  • Ils sont manipulateurs de l’opinion public, organisant des défilés pacifistes alors qu’eux-mêmes se livrant au trafic de drogue génèrent indirectement de la violence
Bref, ce sont de doux rêveurs, déconnectés de la réalité sociale qu’ils prétendent modifier, promptes à sombrer plus ou moins consciemment du côté du crime pur.

Que les ONG doivent composer avec les caïds locaux pour s’implanter dans une favela est un fait qui me semble indiscutable, mais cela n’en font pas nécessairement des agents à la solde du crime organisé. Le film présente un cas particulier d’une ONG manifestement vérolée dont certains membres par lâcheté, manque de discernement, manque d’honnêteté intellectuelle ou par manque de questionnement sur leur engagement se livrent à des actes dont les motivations sont inversées par rapport à celles qu’ils s’imaginent : une forme d’insouciance coupable, de mensonge à soi-même, d’auto-absolution.

Mais ce cas particulier peut vite être généralisé par certains spectateurs cela d’autant plus qu’on se trouve plongé par ce film dans un environnement violent, menaçant à souhait, un environnement qui suscite la peur, cette peur pouvant amener à apprécier la sécurité que représente cette unité spéciale de la police brésilienne qui est dans le film présentée en opposition d’une part aux narcotrafiquants et d’autre part à l’ONG.  

Que la réponse policière au problème posé par la main-mise du crime organisé sur les favelas de Rio soit une nécessité est admissible par beaucoup. Qu’elle soit la seule est discutable. La réponse policière règle un symptôme d’une maladie plus profonde. La réponse caritative me semble aller davantage en profondeur : éduquer à enfant pour qu’une fois adolescent ils résistent à la conformation de son milieu me semble une démarche nécessaire afin de rompre un jour le cercle de la violence. Où alors ils faut bombarder les favelas mais elles sont nécessaires au système… 

 

Le film ne présente pas du tout ce point de vue en plaçant police et charité sur le même plan alors que la police agit dans l’instant, l’ONG sur la durée. Pire L’ONG est dépeinte comme une organisation quasi-criminelle alors que le BOPE est idéalisé (ses méthodes violentes sont nécessaires dans l’environnement dans lequel évolue cette unité : elles sont justifiées et absoutes. Leur violence est une question de survie et d’efficience - voir la scène où une des membres de l’ONG fournit au BOPE l’identité de la compagne du narcotrafiquant en fuite  contre la promesse qu’il ne lui sera fait aucun mal …

Quelques remarques éparses : 

Les trafiquants sont une des entités du film mais ils sont en arrière plan. On voit néanmoins une scène où l’un d’entre eux se sachant condamner car ayant tuer un des membres du BOPE fait ses adieux à sa femme et son enfant. Ils restent humains, des humains ignobles certes mais humain tout de même, jusqu’à avoir femme et enfant (ce qui peut accentuer leur dimension "bestiale".

La police classique de Rio n’est qu’une organisation corrompue à l’extrême composant avec ceux contre qui elle doit lutter (livraison d’armes, …). Elle se livrent aux raquettes des commerçants, les différentes unités se partageant le territoire comme une vraie mafia. 

La critique a qualifié ce film de fasciste. Il ne l’est pas, c’est un film capitaliste et non pas fascite. [ A développer ultérieurement ]. 

Conclusion :

Un bon film mais dangereux car certains spectateurs y trouveront une illustration salutaire des idées malsaines dont ils sont porteurs.

Avis de poch
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Commentaires

Salut, Juste un petit

Salut, Juste un petit commentaire pour féquenter pas mal de personnes travaillants ou aillant travailler pour les ONG, il ne faut pas se voiler la face. Les ONG envoient très souvent sur le terrain des gens qui n'ont pas les compétences et qui apprennent sur le terrain. Ces volontaires travaillent très dur et du mieux qu'ils le peuvent mais effectivement le reste du temps c'est sexe, drogue ect...Et au vu de la population locale, elle accepte l'aide tout en voyant des gens qui en un mois (perdiem de 500 dollars et 600 euros d'indemnité, ils st nourris logés, blanchits et ont des cuisiniers ect...) gagnent plus qu'eux en un an et font bcp la fête. C'est pire chez les ONUsiens Souvent, ils le disent eux-même que le travail est tellement difficile que c'est une façon de s'évader. PA
Portrait de fabou

katmandou, trop naze, ibiza, has-been, le darfour ça l'fait!!

S'évader mais de quoi? De ce monde dans lequel ils se sont plongés? Mais s'ils encaissent mal ils choisissent une activité plus en adéquation avec leur caractère. Besoin de se dopper, de faire la chouille à outrance au milieu de la misère humaine... c'est la grande classe ! Les nantis s'encanaillent dans les bouges du tiers-monde et en plus ça donne bonne conscience. Ok, c'est le système qu'on promeut qui fout la dèche partout où il s'exporte (et il a vocation à s'exporter jusqu'au confin de l'univers pour peu qu'il s'en donne les moyens, question de survie, de mode de fonctionnement) mais on vient quand même panser les plaies comme ça on est quitte. C'est pas nous les méchants et eux les gentils (les pauvres, les indégènes, ceux qui crèvent de faim au milieu des conflits militaires), seulement il ne faut pas venir remplacer une ignominie par une autre. Maintenant c'est fait. Les ONG c'est de la vaseline post empapouatage.

Après petit bémol à ce propos virulent : quand la date de décés d'un humain est reportée à plus tard grâce à l'intervention d'une ONG, ça reste plutôt positif (là encore ça peut se discuter... en tout cas en ce qui me concerne on me dit, tu crèves demain au lieu de tout à l'heure, je dis -pour l'instant- banco tournée générale). La fin justifie les moyens.

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