Si vous avez souffert, c'est juste que vous avez oublié que vous êtes une fleur, une feuille.
— Thich Nhat hanh
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Into the camping

Portrait de fabou

Rares doivent être ceux parmi nous (au sens large allons jusqu'au bord des frontières de notre monde occidentale) que ce film doit laisser insensibles. Celui que n’émeut pas ce film n’a pas ressenti la nostalgie de cette Nature (paradoxale car il ne l’a pas connue, mode de vie moderne oblige) qui pousse le « héros » vers les vastes espaces, vers toujours plus de dépouillement, du dépouillement des illusions et des mensonges dont il (on ?) s’est paré. L’indifférent a atteint un stade de l’évolution où la rupture avec la Nature (-faudrait préciser ce qu’est cette Nature-) est complète. Cette quête de l’être, ce retour au primordial, il n’en comprend pas les motivations. C’est pour lui au mieux une révolte de jeune adulte mal « gérée ». Pas de trace en lui de cette la lutte entre l’individu et sa Société, entre aspiration à être en soi et conformation sociale. Ce film ne lui dit rien…mais pour les autres…

 

La reconstruction du héros passe par ce retour au primordial, cette nature qu’il n’a jamais quittée puisque n’en ayant jamais fait partie… mais en lui survie cette atavisme primitif qui l’appelle et auquel il ne résiste pas.

 

A titre personnel, ce film a douloureusement réveillé la conscience que j’avais enfouie d’une certaine aliénation rampante à un ensemble de conventions sociales pesantes. Ma Société a fait de moi ce que je suis presque malgré moi. Qu’ai-je désiré vraiment de tout ce que je suis ? Quelle partie de moi elle a soumise pour qu’enfin je sois celui que je suis. Regretter, se lamenter, c’est creuser sa propre tombe dans le cimetière où nous errons, nous les titans technologiques et déicides. L’oubli sert la Vie (en nous aidant à supporter notre condition qui est la nôtre) mais jusqu’à quel point ? L’oubli est moteur de l’Evolution.

 

A défaut d’un retour physique à la Nature, on adoptera un état d’Esprit qui en est la métaphore. Ainsi on se retrouvera, se trouvera. Au-delà de la Nature, c’est le Néant (bien que n’ayant pas vu encore la fin du film je crois que ça finit en eau de boudin…comme la Vie quoi…).

Pour ceux à qui cela ne suffit pas, je préconise une immersion au camping…ou la rando…bref une forme de loisir qui pourrait vaguement faire penser à un retour temporaire dans la nature.

 

A l’âge que j’ai, ce film me réjouit sans honte, sans la honte de celui qui ressent ce qu’il sait être un sentiment dont on lui a enseigné qu’il ne devait plus le ressentir, comme le vieillard regardant passer les hommes dont le regard se pose sur une jeune femme…une sorte de nostalgie revigorante, les derniers soubresauts d’une longue, lente et silencieuse agonie indolore.

 

Il me faut ajouter cela : il est probable que nous ayons en quelques générations à peine accompli ce tour de force de passer le pont de corde qui nous menez des rives de la Nature vers celle de la technologie … et que nous ayons coupé la corde. Pas de retour, d’immersion possible. Une citation de qui vous savez :

 

« Européen, trop orgueilleux, du XIXe siècle, tu es en démence ! Ton savoir n’est pas l’accomplissement de la nature, il ne fait que tuer ta propre nature. »

 

et une autre :

 

« Quand aurons-nous totalement dédiviniser la nature ? Quand aurons-nous le droit de commencer à naturaliser les hommes que nous sommes au moyen de cette nature purifiée, récemment découverte, récemment délivrée ! »

 

Mais qu’elle est cette fine bouche qui nageant dans le bonheur ne peut s’empêcher de douter ? Pourquoi cette faim alors que l’on est rassasié ? Quel manque de foi ! C’est qu’avant de devenir Homme un pèlerinage doit être accompli … into the wild.

Avis de poch
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Commentaires

Portrait de fabou

Wild Thing

Entre temps, j'ai terminé le film. Comme pressenti, le jeune héros meurt de faim seule en Alaska...

J'ai eu envie d'en savoir plus alors dans la foulée je me lis le livre de Jon Krakauer portant sur ce fait d'hiver... Le bouquin fournit quelques détails complémentaires : le fait notament que l'article écrit par ce même Jon Krakauer ait fait coulé pas mal d'encre : ceux qui dépréciait la jeune victime, ceux qui l'encensaient. Bien que je me range (dans ma boîte) pour des raisons sentimentales et romantiques du côté des derniers, je pense qu'ils se trompent au même titre que les premiers en jugeant cette expérience à travers le miroir déformant de leur conscience. Les "contre" ont un instinct de conservation très fort qui imprime à leurs jugements comme une retenue pudique, les autres sont d'un naturel plus ascétique, moins "conservateur" qui leur font apprécier toutes les tentatives de libération par le danger, tentatives qu'ils ont presque hontes de ne pas avoir faites...

Après réflexion, après immersion salutaire dans le doute (i.e passage d'une logique binaire à une logique floue), je prône la suspension du jugement à propos de cet événement, de ce personnage. Ca démarche personnelle répondait à un besoin qu'il aurait été pour lui je pense dangereux de ne pas assouvir. On comprend dans le film et encore plus dans le livre que les relations qu'il entretenait avec ses parents sont pour l'essentiel responsable de sa tentative d'évasion. Eloge de la fuite, Eloge de la lutte, toujours le même dilemme... Il n'y a nul pour où nous pouvons nous fuir nous même.

Petite mention spéciale pour le réalisateur du film , Shawn Payne (othographe approximative du nom) qui montre par le choix de son sujet une certaine sensibilité qu'on ne rencontre plus guère.

A propos du bouquin : piètre, son seul mérite est de livrer quelques détails complémentaires au film. Pour le reste, il s'agit d'un petit livre sans envergure, qui traîte de ce sujet essentiel de façon bien trop nombriliste (l'auteur nous parle de sa propre expérience d'inadapté), bien trop médiocre...de la petite littérature...Ce n'en ai pas en fait. Il s'agit d'un article de journal étendu, où l'auteur se met en avant, comme c'est de coutume je crois savoir dans le monde (étrange) anglo-saxon. 

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