Ce qu'il y a de plus singulier dans la vie de l'homme, ce n'est pas sa soumission mais son opposition aux instincts. Il aspire à une vie surnaturelle.
— Henry David Thoreau
Acheter Poch et dons de poch   Suivre les poch sur Facebook Suivre les poch sur Twitter Regarder les films de poch    Popup pour Ecouter la radio des poch

Les fils de pub- sous le vernis l'ordure

Portrait de fabou

J'observe une publicité indiquant que le véritable luxe c'est d'être là, à savoir dans la cité médiévale de Carcassonne qu'on me montre baignée de la chaude lumière mordorée (oh oui) d'un couché de soleil. M'étant moi-même rendu plusieurs fois dans cette ville à des fins touristiques entr'autres, je me faisais la remarque que cette affiche omettait l'essentiel, que ce paradis était un enfer, un dysneyland moyennâgeux et cauchemardesque [1]. Je me dis alors que toute publicité communique ainsi, sur le mode de l'omission mensongère, du regard biaisé et partial, du mensonge.

J'ai souvent ressenti un malaise face aux messages délivrés par la pub, messages inquiétants grimés sous une apparence vaguement artistique (la pub étant subversion de l'Art) ou mieux et plus commercial, humouristique. Sous le vernis, l'ordure. Aujourdh'ui je ne vois plus sur les façades de nos cités qu'abjections. Par habitude le dégoût s'est transformé en indifférence encore feinte comme on peut le lire. Ce qui est sûr c'est que je n'ai plus besoin de réfuter n'importe quel chantre de la pub (pas besoin de chercher pour en trouver, ça coure les soirées) pour asseoir ma conviction viscérale : la pub est une atteinte à la Vie et il serait temps de tempérer l'empressement qu'ont certains à vouloir l'étaler partout, jusque sur des endroits insoupçonnés de nous, dans les replis les plus secrets de notre intimité mentale afin que nul n'échappe à son conditionnement.

Je suis parano et manque de réalisme? J'achète! Sur un mur pisseux une pub m'a venté cette façon d'être.

[1] j'emmène partout avec moi mon petit enfer personnel.

Avis de poch
(3 votes)

Login or register to tag items

Commentaires

Portrait de borniol

Société du spectacle

Tu m'as l'air bien remonté ces temps-ci :) Alors je te rassure, nous sommes en pleine actualité et je partage tes humeurs, ta paranoïa et ton réalisme. Et c'est une chance pour ceux, pour qui ce dégoût s'est transformé en habitude puis en indifférence. Malheureusement cela n'empêche pas que cela remonte à la surface dans certains cas et nous fasse cracher notre venin... c'est  bien légitime !. Malheureusement, tout le monde n'a pas cette chance, cette auto-défense intellectuelle ou ce sens critique, surtout pour ceux qui n'ont jamais connu de tels abus, et même pour ceux qui vivent en plein dedans, difficile de résister et de garder son esprit imperméable face à ce conditionnement contraint. Bienvenue dans le monde des socionévroses.

Ainsi tu ne manque pas de réalisme quant à la façon dont tu décris  avec recul et dégoût ce qui souvent est du l'ordre du mensonge, du conditionnement..., mais la réalité veut que nous vivions dans une "société du spectacle" qui vit son âge d'or, et la pub, comme les médias, naturellement surfent sur cette bonne vague et en sont devenus des acteurs  et instruments incontournable pour la faire grossir et aujourd'hui tenter de la maintenir. C'est pourquoi, ca ne me choque pas que certains s'empressent de l'étaler encore plus, et trouverons demain de nouvelles méthodes encore plus choquante. tout cela suit une même logique et est de même nature

Voila pourquoi, il faudra s'y faire d'autant plus que l'on risque d'y être soumis à des échelles encore plus intime dans le futur. Le jour ou elle ne s'étalera plus annoncera sans doute la fin de la "société du spectacle", mais on n'en est pas encore la. 

En attendant, tu peux continuer ton autodéfense et te rassurer en lisant Michel Bounan (conseil de lecture d'edhel, décidément on tourne en rond :) qui nous immerge dans la réalité de la folie humaine qu'il raconte dans  "la folle histoire du monde". Il  y décrit justement  (sur la fin) la société du spectacle, et des socio-névroses hystériques qui vont avec. Certains de ses points de vue restent critiquables ou manquent d'exemples, il va parfois assez vite en besogne..  Son recul et son analyse peuvent laissent un goût amer et pessimiste mais c'est juste "la fin des illusions". Ce n'est pas une fiction, mais un récit percutant en forme de cercle qui débute par l’extermination de l’Amérindien et s’achève par la destruction agrochimique (et/ou fissible) de notre planète.

Quelques extraits :

 « Les chimériques revendications de la classe laborieuse ont été satisfaites au moyen d’images et de leurres que la nouvelle organisation technicienne pouvait créer en abondance [...] Le spectacle n’est rien d’autre que l’ensemble des compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien. Il est la réponse la plus sage à la folie de leur projet social. Il est le mensonge qui répond le mieux à l’absurdité de leurs revendications ; »

 « Partout et toujours le spectacle propose un tel héros, porteur de valeur dont chacun est privé dans l’actuel mode de production, et incitant simultanément ses admirateurs à des conduites qui leur interdisent définitivement de se les approprier ; »

 « La fondamentale duplicité du spectacle et de ses héros ambigus se retrouve dans la nouvelle classe dominante chargée d’organiser la production d’un tel spectacle [...] La matière première qu’elle a pour tâche de recueillir, transformer, gérer, restituer sous formes d’images, est constituée par les désirs, toujours insatisfaits - de liberté, de dignité - de ceux qui sont économiquement condamnés à faire fonctionner le système, au prix même de leur liberté et de leur dignité [...] Dans les pays modernes, la classe gestionnaire se présente donc d’abord comme porte-parole des désirs et revendications collectives ; et simultanément, comme créatrice de structures matérielles et politiques censées satisfaire ces désirs et ces revendications. »

« L’histoire de l’humanité n’est donc pas seulement celle de son développement technique, ni même celle de ses institutions et de ses révolutions. Elle est aussi et surtout l’histoire de ses folies collectives, de ses différentes névroses qui ont marqué sa rupture de plus en plus importante avec la Nature.»

La Folle Histoire du Monde

Pour continuer à se rassurer on peut aussi lire Debord, Thoreau, Stiegler ou Marcuse ... et les poch :)

Quelques liens sur internet complémentaires : 

-- Topette

Portrait de fabou

Etre inactuel est un Art

Je crois que je suis en permanence bien remonté parcqu'après réflexion je me suis rendu compte au fil des années de mon existence que j'étais beigné dans un univers - celui de notre société française contemporaine - qui ne m'inspire au mieux que du mépris [1]: c'est pour moi assez risible de constater que ce qu'on nous invite à devenir (qui derrière ce "on"? un système puis des personnes) n'est que médiocrité matinée de valeurs douteuses. Probablement un effet secondaire de la sérialisation des individus et de leurs désirs. Ce qui sauve c'est l'instant où l'on s'efforce d'être en soi. A compter de cet instant (qui arrive ou pas), tout redevient possible. Nous sélectionnons alors avec minutie par affinités secrètes, par réaction, par instinct de survie ce que nous ingérons. Après cette immersion en nous-même, nous pouvons alors approcher de nouveau le collectif.

A propos du fait d'être remonté : des sentiments tels que colère, dégoût, ressentiment etc... par impuissance peuvent se muer en indifférence. D'abord technique de fuite, elle peut devenir technique de résistance... dans la fuite. Etre inactuelle est un Art.

[1] l'engouement m'a toujours paru suspect, comme une façon de combler un vide. En lieu et place, le mépris me semble bien plus positif et personnel.

Poster un nouveau commentaire