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Médias

Kaori Yamaguchi : “Il faut un débat public sur la question du maintien des JO”

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 18:22
À sept mois de l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, Kaori Yamaguchi, ancienne judoka et membre du Comité d’organisation japonais, reconnaît que le maintien des jeux risque d’être compromis, sans toutefois abandonner tout espoir.
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Appels Zoom et larmes de joie : le jour où l’Amérique a appuyé sur le bouton “Reset”

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 18:14
Les Américains sont fatigués et divisés mais, pour une majorité d’entre eux, l’investiture de Joe Biden a été ressentie comme le début d’une nouvelle ère. Le emNew York Times/emem /emest allé à leur rencontre et a décrit leur immense soulagement d’avoir vu Donald Trump quitter la Maison-Blanche.  
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Le port du masque FFP2 bientôt obligatoire en France ?

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 18:13
Face à l’évolution de la pandémie dans plusieurs États européens, le gouvernement français s’interroge. Doit-il suivre l’avis du Haut Conseil de la santé publique et imposer le port de masques médicaux, au plus grand pouvoir filtrant ?
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La presse iranienne divisée face à l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 17:44
Au lendemain de l’investiture de Joe Biden, la presse iranienne est partagée entre la joie de voir partir Donald Trump, celui qui a déchiré l’accord nucléaire avec Téhéran, et la méfiance envers son successeur.
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Double attentat meurtrier à Bagdad, signe du réveil de Daech

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 17:41
L’attentat terroriste meurtrier survenu ce 21 janvier dans la capitale irakienne rappelle brutalement que la victoire contre Daech n’a été que militaire. Les sunnites ne trouvent toujours pas de perspectives politiques, d’autant que la révolte de la jeunesse a été réprimée dans le sang par les forces pro-iraniennes au pouvoir.
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La loi sur l’islam en France vise à “effacer la religion et la culture des musulmans”

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 17:03
La presse progouvernementale conspue le projet de loi “confortant les principes de la République” et se félicite que deux fédérations turques aient refusé d’apposer leur signature à la “charte des principes” de l’islam.
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Le Mexique applaudit les premiers décrets de Joe Biden sur l’immigration

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 16:56
L’arrivée de Joe Biden à la présidence américaine, accompagnée de premières mesures sur l’immigration prises juste après son investiture, a été vivement saluée chez le grand voisin du Sud.
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Bakou veut “éblouir le monde” par la splendeur du Karabakh

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 15:50
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, lance un grand plan de reconstruction des territoires du Karabakh, qui ont été récupérés par son pays à l’issue du récent conflit armé avec l’Arménie.
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Inondations à Kalimantan, la faute à l’extraction minière ?

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 15:02
Au moins 21 personnes ont péri dans les inondations d’une ampleur inédite qui ravagent depuis plusieurs jours la région de Kalimantan du Sud, sur la partie indonésienne de l’île de Bornéo. Le gouvernement ferme les yeux sur les véritables causes de la catastrophe en désignant les pluies diluviennes. Les ONG environnementales dénoncent l’extraction massive de charbon et d’autres minéraux dans des anciennes zones de forêt et de marais.
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Macron a-t-il réussi à provoquer un début d’islam à la française ?

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 14:19
Avec la charte des principes de l’islam de France et la loi confortant les principes de la république, deux piliers d’une réforme de l’islam de France souhaitée par le chef de l’État ont vu le jour, note la presse étrangère, qui prévient : reste à voir s’ils constituent réellement les avancées espérées.
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À Portland et Seattle, les anarchistes manifestent contre l’investiture de Biden

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 14:17
Dans ces deux villes du nord de la côte Ouest, des militants anarchistes, antifas et pour la justice raciale ont tenu à signifier leur rejet du nouveau gouvernement Biden et de toute forme de gouvernement.
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L’improbable et touchante histoire des moufles de Bernie Sanders

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 13:54
Présent à Washington pour l’entrée de Joe Biden à la Maison-Blanche, l’ancien candidat à l’investiture démocrate a fait sensation sur les réseaux sociaux. Cela n’a pas échappé au emWashington Post,/em qui s’est penché sur les gants en laine arborés par le sénateur du Vermont.
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Avec le départ de Trump, “le rêve américain redevient possible”

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 13:51
Pendant quatre ans de présidence de Donald Trump, les États-Unis ont méprisé l’Afrique. Sous Joe Biden, ils devraient faire leur grand retour sur la scène internationale, estime cet éditorialiste burkinabé. Un soulagement pour l’Afrique.
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Football : “la honte” pour le Real Madrid de Zidane

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 13:30
Mercredi 20 janvier, le Real Madrid a chuté en Coupe du Roi face au modeste club d’Alcoyano, pensionnaire de troisième division espagnole, sur le score de 2-1. Ce revers plonge les champions d’Espagne dans la crise et menace l’entraîneur français Zinédine Zidane, d’après le quotidien sportif emAs/em.
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À New York, un pro-Trump manifeste contre l’investiture de Biden… tout seul

courrier internationnal - jeu, 2021-01-21 12:12
Alors qu’avait lieu sous haute surveillance la cérémonie d’investiture de Joe Biden et de Kamala Harris à Washington, c’est devant le Capitole de l’État de New York qu’un certain Mark Leggerio a choisi de manifester le 20 janvier. Tout seul, avec son drapeau, s’amuse emNBC News/em.
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Ernesto Laclau (1935-2014), arpenteur passionné du politique

Mouvements.info - dim, 2014-06-29 10:22
div class='rss_texte'p class=spipstrong class=spipPar Fabrice Flipo et Federico Tarragoni, LCSP Université Paris Diderot./strong/p p class=spipEngagé dans les débats de son temps, E. Laclau aura marqué la pensée politique au XXe siècle. Sa mort soudaine à Séville en avril nous prive d'une intelligence claire et dévouée à la cause des plus démunis. Argentin de naissance, E. Laclau a relevé le défi de penser une politique pour le temps présent à partir de Marx, des maîtres de la French theory, Althusser, Lacan, Foucault et Derrida, de l'histoire de la politique latino-américaine et des injonctions de l'actualité. Auteur d'une analyse remarquable de la politique latino-américaine à l'aide du concept gramscien d'hégémonie, E. Laclau a proposé une théorie générale des identités et des subjectivités politiques, avec l'ambition de refonder la question de l'émancipation. À cheval entre philosophie, linguistique, psychanalyse et sciences sociales, cette théorie générale était chargée de répondre à une interpellation pressante de l'actualité : quels mécanismes de formation d'une subjectivité politique peut-on identifier à une époque de fragmentation des identités sociales, de déplacement des idéologies, de dislocation du sujet ouvrier, porteur du conflit de classes ? L'émancipation était la perspective directrice de ce questionnement. Repensée à partir du programme progressiste des populismes latino-américains « classiques » (en particulier le péronisme) et contemporains (à partir de la « révolution bolivarienne » au Venezuela), elle irriguait le projet d'une démocratie radicale opposée au néolibéralisme triomphant des années 1980. C'est à ce programme de recherche, entre théorie et engagement, qu'Ernesto Laclau a initié avec Chantal Mouffe plusieurs générations de chercheurs au Centre for Theoretical Studies in the Humanities and Social Sciences de l'Université d'Essex (UK)./p p class=spipProgramme doublement fécond : d'abord pour la philosophie critique, ensuite pour les sciences sociales en quête de nouveaux prismes d'analyse pour problématiser le politique. Le projet de Laclau rejoint le programme de la philosophie politique après Marx, mais essaie d'en dépasser les apories. La principale difficulté du matérialisme dialectique de Marx demeure de pouvoir identifier le moment de la subjectivité, en tant qu'il est le moteur de l'action politique : casse-tête théorique souvent réduit abusivement au problème de la « conscience de classe » auquel Laclau a répondu brillamment en proposant une analyse de la manière dont des subjectivités hétérogènes peuvent s'unir et faire peuple, de manière radicalement contingente, au travers notamment de ce qu'il a appelé des « chaînes d'équivalence », qui agrègent les revendications entre elles. Dans cette approche l'économique n'est pas gommé mais il se trouve articulé à d'autres dimensions de la domination, telles que la racialisation ou le genre. Le marxisme peut trouver ici un nouvel élan, allégé de son économisme, sans que pour autant la dimension économique ne soit évacuée de l'analyse. Il redevient une machine de guerre pour questionner la philosophie politique et ouvrir des alternatives politiques à l'aune des mécanismes sociaux observables./p p class=spipC'est ce double apport, pour la philosophie et les sciences sociales, qu'il faudra retenir pour i class=spipPolitics and Ideology/i in Marxist Theory (1977), i class=spipHegemony and Socialist Strategy/i (co-écrit avec C. Mouffe en 1985, traduit en français en 2009) et i class=spipOn Populist Reason/i (écrit en 2005, traduit en français en 2008)./p p class=spipSoulignons encore que Laclau, avec Chantal Mouffe, a notamment contribué à refonder les notions de « populisme » et « d'hégémonie ». Alors que le premier est souvent utilisé comme anathème, désignant l'attitude d'hommes ou de femmes politiques instrumentalisant le soutien populaire pour parvenir à leurs propres fins, Laclau a souligné que cette condamnation faisait aussi le jeu de politiques qui se désintéressent du peuple, estimant en creux qu'il n'a pas les compétences nécessaires pour émettre des opinions pertinentes sur son propre destin. La dénonciation du populisme devient ainsi un outil permettant de vider la politique de son contenu conflictuel, nourrissant une haine de la démocratie : à savoir l'idéal d'un gouvernement des élites. Le peuple, et ses manifestations (revendications etc.), se retrouve alors considéré comme étant en état de minorité, ayant besoin de la tutelle des autorités pour pouvoir s'organiser. Laclau a soutenu au contraire qu'une politique démocratique ne peut pas se passer d'une forme de « populisme » qui consiste à articuler les « demandes sociales » et même plus généralement que le peuple en tant qu'entité politique instituante n'existe que dans ces moments de reconfiguration des institutions, ce que ces dernières sont incapables d'accomplir de leur propre fait, étant prises dans leur propre inertie. L'acte de nomination en particulier fait émerger de nouvelles totalisations et par la suite de nouveaux arrangements institutionnels. Un tel mouvement n'est pas seulement rhétorique, il reconfigure l'espace symbolique et social. Si Laclau reprend à Gramsci son concept « d'hégémonie », qui désigne la capacité qu'ont les groupes dominants d'obtenir des masses qu'elles agissent conformément à leur volonté, par toutes sortes de moyens (contrôle du cadre symbolique etc.), il l'extrait du cadre strict de la lutte des classes, dans laquelle s'affrontent deux identités, pour le généraliser à tout type d'articulation entre le tout et la partie. L'hégémonie devient ainsi le moment au cours duquel une particularité sociale ou symbolique prend une dimension universelle et politique (i class=spipLa raison populiste/i, p. 89). Pour qu'une relation hégémonique devienne possible, il faut qu'une « force sociale particulière assume la représentation d'une totalité qui lui est radicalement incommensurable » (i class=spipHégémonie et stratégie socialiste/i, p. 22). Les références à Sartre, Serge Moscovici (Psychologie des minorités actives, 1979) et Jacques Lacan permettent de situer ce passage. Un rôle privilégié est dévolu, dans le processus de construction d'une nouvelle hégémonie, aux « signifiants flottants » (comme le « peuple » ou la « nation ») : ceux-ci hébergent des investissements affectifs dont l'irruption contingente cherche à instituer de nouvelles formes d'organisation sociale, en scindant temporairement le champ social en deux camps opposés et antagoniques./p p class=spipL'apport de Laclau à la pensée politique est riche, par ailleurs, de qualités intellectuelles et éthiques auxquelles la philosophie et les sciences sociales auraient tout intérêt à se mesurer : le courage de construire des théories politiques d'ensemble, où les théories à « moyenne portée » et la « grande théorie », la microphysique et la macrophysique de la politique, sont toujours emboîtées contre le consensus dominant ; le mariage d'un geste déconstructif et d'une intention constructive dans une perspective rigoureusement dialectique ; l'articulation exigeante entre théorisation et recherche empirique, dans une visée interdisciplinaire où la philosophie côtoie les cultural, les postcolonial, les gender et les subaltern studies, où Foucault, Marx et Derrida sont mesurés à la politique contemporaine, en Amérique latine ou ailleurs./p p class=spipVoici autant de raisons pour lesquelles la philosophie et les sciences sociales doivent se souvenir d'Ernesto Laclau./p/div

Ernesto Laclau (1935-2014), arpenteur passionné du politique

Mouvements.info - dim, 2014-06-29 10:22
div class='rss_texte'p class=spipstrong class=spipPar Fabrice Flipo et Federico Tarragoni, LCSP Université Paris Diderot./strong/p p class=spipEngagé dans les débats de son temps, E. Laclau aura marqué la pensée politique au XXe siècle. Sa mort soudaine à Séville en avril nous prive d'une intelligence claire et dévouée à la cause des plus démunis. Argentin de naissance, E. Laclau a relevé le défi de penser une politique pour le temps présent à partir de Marx, des maîtres de la French theory, Althusser, Lacan, Foucault et Derrida, de l'histoire de la politique latino-américaine et des injonctions de l'actualité. Auteur d'une analyse remarquable de la politique latino-américaine à l'aide du concept gramscien d'hégémonie, E. Laclau a proposé une théorie générale des identités et des subjectivités politiques, avec l'ambition de refonder la question de l'émancipation. À cheval entre philosophie, linguistique, psychanalyse et sciences sociales, cette théorie générale était chargée de répondre à une interpellation pressante de l'actualité : quels mécanismes de formation d'une subjectivité politique peut-on identifier à une époque de fragmentation des identités sociales, de déplacement des idéologies, de dislocation du sujet ouvrier, porteur du conflit de classes ? L'émancipation était la perspective directrice de ce questionnement. Repensée à partir du programme progressiste des populismes latino-américains « classiques » (en particulier le péronisme) et contemporains (à partir de la « révolution bolivarienne » au Venezuela), elle irriguait le projet d'une démocratie radicale opposée au néolibéralisme triomphant des années 1980. C'est à ce programme de recherche, entre théorie et engagement, qu'Ernesto Laclau a initié avec Chantal Mouffe plusieurs générations de chercheurs au Centre for Theoretical Studies in the Humanities and Social Sciences de l'Université d'Essex (UK)./p p class=spipProgramme doublement fécond : d'abord pour la philosophie critique, ensuite pour les sciences sociales en quête de nouveaux prismes d'analyse pour problématiser le politique. Le projet de Laclau rejoint le programme de la philosophie politique après Marx, mais essaie d'en dépasser les apories. La principale difficulté du matérialisme dialectique de Marx demeure de pouvoir identifier le moment de la subjectivité, en tant qu'il est le moteur de l'action politique : casse-tête théorique souvent réduit abusivement au problème de la « conscience de classe » auquel Laclau a répondu brillamment en proposant une analyse de la manière dont des subjectivités hétérogènes peuvent s'unir et faire peuple, de manière radicalement contingente, au travers notamment de ce qu'il a appelé des « chaînes d'équivalence », qui agrègent les revendications entre elles. Dans cette approche l'économique n'est pas gommé mais il se trouve articulé à d'autres dimensions de la domination, telles que la racialisation ou le genre. Le marxisme peut trouver ici un nouvel élan, allégé de son économisme, sans que pour autant la dimension économique ne soit évacuée de l'analyse. Il redevient une machine de guerre pour questionner la philosophie politique et ouvrir des alternatives politiques à l'aune des mécanismes sociaux observables./p p class=spipC'est ce double apport, pour la philosophie et les sciences sociales, qu'il faudra retenir pour i class=spipPolitics and Ideology/i in Marxist Theory (1977), i class=spipHegemony and Socialist Strategy/i (co-écrit avec C. Mouffe en 1985, traduit en français en 2009) et i class=spipOn Populist Reason/i (écrit en 2005, traduit en français en 2008)./p p class=spipSoulignons encore que Laclau, avec Chantal Mouffe, a notamment contribué à refonder les notions de « populisme » et « d'hégémonie ». Alors que le premier est souvent utilisé comme anathème, désignant l'attitude d'hommes ou de femmes politiques instrumentalisant le soutien populaire pour parvenir à leurs propres fins, Laclau a souligné que cette condamnation faisait aussi le jeu de politiques qui se désintéressent du peuple, estimant en creux qu'il n'a pas les compétences nécessaires pour émettre des opinions pertinentes sur son propre destin. La dénonciation du populisme devient ainsi un outil permettant de vider la politique de son contenu conflictuel, nourrissant une haine de la démocratie : à savoir l'idéal d'un gouvernement des élites. Le peuple, et ses manifestations (revendications etc.), se retrouve alors considéré comme étant en état de minorité, ayant besoin de la tutelle des autorités pour pouvoir s'organiser. Laclau a soutenu au contraire qu'une politique démocratique ne peut pas se passer d'une forme de « populisme » qui consiste à articuler les « demandes sociales » et même plus généralement que le peuple en tant qu'entité politique instituante n'existe que dans ces moments de reconfiguration des institutions, ce que ces dernières sont incapables d'accomplir de leur propre fait, étant prises dans leur propre inertie. L'acte de nomination en particulier fait émerger de nouvelles totalisations et par la suite de nouveaux arrangements institutionnels. Un tel mouvement n'est pas seulement rhétorique, il reconfigure l'espace symbolique et social. Si Laclau reprend à Gramsci son concept « d'hégémonie », qui désigne la capacité qu'ont les groupes dominants d'obtenir des masses qu'elles agissent conformément à leur volonté, par toutes sortes de moyens (contrôle du cadre symbolique etc.), il l'extrait du cadre strict de la lutte des classes, dans laquelle s'affrontent deux identités, pour le généraliser à tout type d'articulation entre le tout et la partie. L'hégémonie devient ainsi le moment au cours duquel une particularité sociale ou symbolique prend une dimension universelle et politique (i class=spipLa raison populiste/i, p. 89). Pour qu'une relation hégémonique devienne possible, il faut qu'une « force sociale particulière assume la représentation d'une totalité qui lui est radicalement incommensurable » (i class=spipHégémonie et stratégie socialiste/i, p. 22). Les références à Sartre, Serge Moscovici (Psychologie des minorités actives, 1979) et Jacques Lacan permettent de situer ce passage. Un rôle privilégié est dévolu, dans le processus de construction d'une nouvelle hégémonie, aux « signifiants flottants » (comme le « peuple » ou la « nation ») : ceux-ci hébergent des investissements affectifs dont l'irruption contingente cherche à instituer de nouvelles formes d'organisation sociale, en scindant temporairement le champ social en deux camps opposés et antagoniques./p p class=spipL'apport de Laclau à la pensée politique est riche, par ailleurs, de qualités intellectuelles et éthiques auxquelles la philosophie et les sciences sociales auraient tout intérêt à se mesurer : le courage de construire des théories politiques d'ensemble, où les théories à « moyenne portée » et la « grande théorie », la microphysique et la macrophysique de la politique, sont toujours emboîtées contre le consensus dominant ; le mariage d'un geste déconstructif et d'une intention constructive dans une perspective rigoureusement dialectique ; l'articulation exigeante entre théorisation et recherche empirique, dans une visée interdisciplinaire où la philosophie côtoie les cultural, les postcolonial, les gender et les subaltern studies, où Foucault, Marx et Derrida sont mesurés à la politique contemporaine, en Amérique latine ou ailleurs./p p class=spipVoici autant de raisons pour lesquelles la philosophie et les sciences sociales doivent se souvenir d'Ernesto Laclau./p/div

Ernesto Laclau (1935-2014), arpenteur passionné du politique

Mouvements.info - dim, 2014-06-29 10:22
div class='rss_texte'p class=spipstrong class=spipPar Fabrice Flipo et Federico Tarragoni, LCSP Université Paris Diderot./strong/p p class=spipEngagé dans les débats de son temps, E. Laclau aura marqué la pensée politique au XXe siècle. Sa mort soudaine à Séville en avril nous prive d'une intelligence claire et dévouée à la cause des plus démunis. Argentin de naissance, E. Laclau a relevé le défi de penser une politique pour le temps présent à partir de Marx, des maîtres de la French theory, Althusser, Lacan, Foucault et Derrida, de l'histoire de la politique latino-américaine et des injonctions de l'actualité. Auteur d'une analyse remarquable de la politique latino-américaine à l'aide du concept gramscien d'hégémonie, E. Laclau a proposé une théorie générale des identités et des subjectivités politiques, avec l'ambition de refonder la question de l'émancipation. À cheval entre philosophie, linguistique, psychanalyse et sciences sociales, cette théorie générale était chargée de répondre à une interpellation pressante de l'actualité : quels mécanismes de formation d'une subjectivité politique peut-on identifier à une époque de fragmentation des identités sociales, de déplacement des idéologies, de dislocation du sujet ouvrier, porteur du conflit de classes ? L'émancipation était la perspective directrice de ce questionnement. Repensée à partir du programme progressiste des populismes latino-américains « classiques » (en particulier le péronisme) et contemporains (à partir de la « révolution bolivarienne » au Venezuela), elle irriguait le projet d'une démocratie radicale opposée au néolibéralisme triomphant des années 1980. C'est à ce programme de recherche, entre théorie et engagement, qu'Ernesto Laclau a initié avec Chantal Mouffe plusieurs générations de chercheurs au Centre for Theoretical Studies in the Humanities and Social Sciences de l'Université d'Essex (UK)./p p class=spipProgramme doublement fécond : d'abord pour la philosophie critique, ensuite pour les sciences sociales en quête de nouveaux prismes d'analyse pour problématiser le politique. Le projet de Laclau rejoint le programme de la philosophie politique après Marx, mais essaie d'en dépasser les apories. La principale difficulté du matérialisme dialectique de Marx demeure de pouvoir identifier le moment de la subjectivité, en tant qu'il est le moteur de l'action politique : casse-tête théorique souvent réduit abusivement au problème de la « conscience de classe » auquel Laclau a répondu brillamment en proposant une analyse de la manière dont des subjectivités hétérogènes peuvent s'unir et faire peuple, de manière radicalement contingente, au travers notamment de ce qu'il a appelé des « chaînes d'équivalence », qui agrègent les revendications entre elles. Dans cette approche l'économique n'est pas gommé mais il se trouve articulé à d'autres dimensions de la domination, telles que la racialisation ou le genre. Le marxisme peut trouver ici un nouvel élan, allégé de son économisme, sans que pour autant la dimension économique ne soit évacuée de l'analyse. Il redevient une machine de guerre pour questionner la philosophie politique et ouvrir des alternatives politiques à l'aune des mécanismes sociaux observables./p p class=spipC'est ce double apport, pour la philosophie et les sciences sociales, qu'il faudra retenir pour i class=spipPolitics and Ideology/i in Marxist Theory (1977), i class=spipHegemony and Socialist Strategy/i (co-écrit avec C. Mouffe en 1985, traduit en français en 2009) et i class=spipOn Populist Reason/i (écrit en 2005, traduit en français en 2008)./p p class=spipSoulignons encore que Laclau, avec Chantal Mouffe, a notamment contribué à refonder les notions de « populisme » et « d'hégémonie ». Alors que le premier est souvent utilisé comme anathème, désignant l'attitude d'hommes ou de femmes politiques instrumentalisant le soutien populaire pour parvenir à leurs propres fins, Laclau a souligné que cette condamnation faisait aussi le jeu de politiques qui se désintéressent du peuple, estimant en creux qu'il n'a pas les compétences nécessaires pour émettre des opinions pertinentes sur son propre destin. La dénonciation du populisme devient ainsi un outil permettant de vider la politique de son contenu conflictuel, nourrissant une haine de la démocratie : à savoir l'idéal d'un gouvernement des élites. Le peuple, et ses manifestations (revendications etc.), se retrouve alors considéré comme étant en état de minorité, ayant besoin de la tutelle des autorités pour pouvoir s'organiser. Laclau a soutenu au contraire qu'une politique démocratique ne peut pas se passer d'une forme de « populisme » qui consiste à articuler les « demandes sociales » et même plus généralement que le peuple en tant qu'entité politique instituante n'existe que dans ces moments de reconfiguration des institutions, ce que ces dernières sont incapables d'accomplir de leur propre fait, étant prises dans leur propre inertie. L'acte de nomination en particulier fait émerger de nouvelles totalisations et par la suite de nouveaux arrangements institutionnels. Un tel mouvement n'est pas seulement rhétorique, il reconfigure l'espace symbolique et social. Si Laclau reprend à Gramsci son concept « d'hégémonie », qui désigne la capacité qu'ont les groupes dominants d'obtenir des masses qu'elles agissent conformément à leur volonté, par toutes sortes de moyens (contrôle du cadre symbolique etc.), il l'extrait du cadre strict de la lutte des classes, dans laquelle s'affrontent deux identités, pour le généraliser à tout type d'articulation entre le tout et la partie. L'hégémonie devient ainsi le moment au cours duquel une particularité sociale ou symbolique prend une dimension universelle et politique (i class=spipLa raison populiste/i, p. 89). Pour qu'une relation hégémonique devienne possible, il faut qu'une « force sociale particulière assume la représentation d'une totalité qui lui est radicalement incommensurable » (i class=spipHégémonie et stratégie socialiste/i, p. 22). Les références à Sartre, Serge Moscovici (Psychologie des minorités actives, 1979) et Jacques Lacan permettent de situer ce passage. Un rôle privilégié est dévolu, dans le processus de construction d'une nouvelle hégémonie, aux « signifiants flottants » (comme le « peuple » ou la « nation ») : ceux-ci hébergent des investissements affectifs dont l'irruption contingente cherche à instituer de nouvelles formes d'organisation sociale, en scindant temporairement le champ social en deux camps opposés et antagoniques./p p class=spipL'apport de Laclau à la pensée politique est riche, par ailleurs, de qualités intellectuelles et éthiques auxquelles la philosophie et les sciences sociales auraient tout intérêt à se mesurer : le courage de construire des théories politiques d'ensemble, où les théories à « moyenne portée » et la « grande théorie », la microphysique et la macrophysique de la politique, sont toujours emboîtées contre le consensus dominant ; le mariage d'un geste déconstructif et d'une intention constructive dans une perspective rigoureusement dialectique ; l'articulation exigeante entre théorisation et recherche empirique, dans une visée interdisciplinaire où la philosophie côtoie les cultural, les postcolonial, les gender et les subaltern studies, où Foucault, Marx et Derrida sont mesurés à la politique contemporaine, en Amérique latine ou ailleurs./p p class=spipVoici autant de raisons pour lesquelles la philosophie et les sciences sociales doivent se souvenir d'Ernesto Laclau./p/div

Ernesto Laclau (1935-2014), arpenteur passionné du politique

Mouvements.info - dim, 2014-06-29 10:22
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À cheval entre philosophie, linguistique, psychanalyse et sciences sociales, cette théorie générale était chargée de répondre à une interpellation pressante de l'actualité : quels mécanismes de formation d'une subjectivité politique peut-on identifier à une époque de fragmentation des identités sociales, de déplacement des idéologies, de dislocation du sujet ouvrier, porteur du conflit de classes ? L'émancipation était la perspective directrice de ce questionnement. Repensée à partir du programme progressiste des populismes latino-américains « classiques » (en particulier le péronisme) et contemporains (à partir de la « révolution bolivarienne » au Venezuela), elle irriguait le projet d'une démocratie radicale opposée au néolibéralisme triomphant des années 1980. C'est à ce programme de recherche, entre théorie et engagement, qu'Ernesto Laclau a initié avec Chantal Mouffe plusieurs générations de chercheurs au Centre for Theoretical Studies in the Humanities and Social Sciences de l'Université d'Essex (UK)./p p class=spipProgramme doublement fécond : d'abord pour la philosophie critique, ensuite pour les sciences sociales en quête de nouveaux prismes d'analyse pour problématiser le politique. Le projet de Laclau rejoint le programme de la philosophie politique après Marx, mais essaie d'en dépasser les apories. La principale difficulté du matérialisme dialectique de Marx demeure de pouvoir identifier le moment de la subjectivité, en tant qu'il est le moteur de l'action politique : casse-tête théorique souvent réduit abusivement au problème de la « conscience de classe » auquel Laclau a répondu brillamment en proposant une analyse de la manière dont des subjectivités hétérogènes peuvent s'unir et faire peuple, de manière radicalement contingente, au travers notamment de ce qu'il a appelé des « chaînes d'équivalence », qui agrègent les revendications entre elles. Dans cette approche l'économique n'est pas gommé mais il se trouve articulé à d'autres dimensions de la domination, telles que la racialisation ou le genre. Le marxisme peut trouver ici un nouvel élan, allégé de son économisme, sans que pour autant la dimension économique ne soit évacuée de l'analyse. Il redevient une machine de guerre pour questionner la philosophie politique et ouvrir des alternatives politiques à l'aune des mécanismes sociaux observables./p p class=spipC'est ce double apport, pour la philosophie et les sciences sociales, qu'il faudra retenir pour i class=spipPolitics and Ideology/i in Marxist Theory (1977), i class=spipHegemony and Socialist Strategy/i (co-écrit avec C. Mouffe en 1985, traduit en français en 2009) et i class=spipOn Populist Reason/i (écrit en 2005, traduit en français en 2008)./p p class=spipSoulignons encore que Laclau, avec Chantal Mouffe, a notamment contribué à refonder les notions de « populisme » et « d'hégémonie ». Alors que le premier est souvent utilisé comme anathème, désignant l'attitude d'hommes ou de femmes politiques instrumentalisant le soutien populaire pour parvenir à leurs propres fins, Laclau a souligné que cette condamnation faisait aussi le jeu de politiques qui se désintéressent du peuple, estimant en creux qu'il n'a pas les compétences nécessaires pour émettre des opinions pertinentes sur son propre destin. La dénonciation du populisme devient ainsi un outil permettant de vider la politique de son contenu conflictuel, nourrissant une haine de la démocratie : à savoir l'idéal d'un gouvernement des élites. Le peuple, et ses manifestations (revendications etc.), se retrouve alors considéré comme étant en état de minorité, ayant besoin de la tutelle des autorités pour pouvoir s'organiser. Laclau a soutenu au contraire qu'une politique démocratique ne peut pas se passer d'une forme de « populisme » qui consiste à articuler les « demandes sociales » et même plus généralement que le peuple en tant qu'entité politique instituante n'existe que dans ces moments de reconfiguration des institutions, ce que ces dernières sont incapables d'accomplir de leur propre fait, étant prises dans leur propre inertie. L'acte de nomination en particulier fait émerger de nouvelles totalisations et par la suite de nouveaux arrangements institutionnels. Un tel mouvement n'est pas seulement rhétorique, il reconfigure l'espace symbolique et social. Si Laclau reprend à Gramsci son concept « d'hégémonie », qui désigne la capacité qu'ont les groupes dominants d'obtenir des masses qu'elles agissent conformément à leur volonté, par toutes sortes de moyens (contrôle du cadre symbolique etc.), il l'extrait du cadre strict de la lutte des classes, dans laquelle s'affrontent deux identités, pour le généraliser à tout type d'articulation entre le tout et la partie. L'hégémonie devient ainsi le moment au cours duquel une particularité sociale ou symbolique prend une dimension universelle et politique (i class=spipLa raison populiste/i, p. 89). Pour qu'une relation hégémonique devienne possible, il faut qu'une « force sociale particulière assume la représentation d'une totalité qui lui est radicalement incommensurable » (i class=spipHégémonie et stratégie socialiste/i, p. 22). Les références à Sartre, Serge Moscovici (Psychologie des minorités actives, 1979) et Jacques Lacan permettent de situer ce passage. Un rôle privilégié est dévolu, dans le processus de construction d'une nouvelle hégémonie, aux « signifiants flottants » (comme le « peuple » ou la « nation ») : ceux-ci hébergent des investissements affectifs dont l'irruption contingente cherche à instituer de nouvelles formes d'organisation sociale, en scindant temporairement le champ social en deux camps opposés et antagoniques./p p class=spipL'apport de Laclau à la pensée politique est riche, par ailleurs, de qualités intellectuelles et éthiques auxquelles la philosophie et les sciences sociales auraient tout intérêt à se mesurer : le courage de construire des théories politiques d'ensemble, où les théories à « moyenne portée » et la « grande théorie », la microphysique et la macrophysique de la politique, sont toujours emboîtées contre le consensus dominant ; le mariage d'un geste déconstructif et d'une intention constructive dans une perspective rigoureusement dialectique ; l'articulation exigeante entre théorisation et recherche empirique, dans une visée interdisciplinaire où la philosophie côtoie les cultural, les postcolonial, les gender et les subaltern studies, où Foucault, Marx et Derrida sont mesurés à la politique contemporaine, en Amérique latine ou ailleurs./p p class=spipVoici autant de raisons pour lesquelles la philosophie et les sciences sociales doivent se souvenir d'Ernesto Laclau./p/div
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