voilà un petit extrait du livre du moment en ce qui me concerne: « Eloge de la fuite » d'Henri Laborit publié en 1976
p39:
"Ainsi, j'ai compris que ce que l'on appelle "amour" naissait du réenforcement de l'action gratifiante autorisée par un autre être situé dans notre espace opérationnel et que le mal d'amour résultait du fait que cet être pouvait refuser d'être notre objet gratifiant ou de devenir celui d'un autre, se soustrayant ainsi plus ou moins complètement à notre action. Que ce refus ou ce partage blessait l'image idéale que l'on se faisait de soi, blessait notre narcissisme et initiait soit la dépression, soit l'agressivité, soit le dénigrement de l'être aimé.
J'ai compris aussi ce que bien d'autres avaient découvert avant moi, que l'on naît, que l'on vit , et que l'on meurt seul au monde, enfermé dans sa structure biologique qui n'a qu'une seule raison d'être, celle de se conserver. Mais j'ai découvert aussi que, chose étrange, la mémoire et l'apprentissage faisaient pénétrer les autres dans cette structure et qu'au niveau de l'organisation du moi, elle n'était plus qu'eux.
J'ai compris enfin que la source profonde de l'angoisse existentielle, occultée par la vie quotidienne et les relations interindividuelles dans une société de production, c'était cette solitude de notre structure biologique enfermant en elle-même l'ensemble, anonymes le plus souvent, des expériences que nous avons retenues des autres. Angoisse de ne pas comprendre ce que nous sommes, et ce qu'ils sont, prisonniers enchaînées au même monde de l'incohérence et de la mort.
J'ai compris que ce que l'on nomme amour pouvait n'être que le cri prolongé du prisonnier que l'on mène au supplice, conscient de l'absurdité de son innocence; "ce cri désespéré, appelant l'autre à l'aide et auquel aucun écho ne répond jamais." Le cri du Christ en crois: "eli, eli, lamma sabacthani" "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné ?". Il n'y a là, pour lui répondre que le Dieu de l'élite,et du sandhérin. Le Dieu des plus forts. C'est sans doute pourquoi on peut envier ceux qui n'ont pas l'occasion de pousser un tel cri, les riches, les nantis, les tout-contents d'eux-mêmes, les fiers-à-bras-du-mérite, les héros de l'effort récompensé, les faites-donc-comme-moi, les j'estime-que, les il-est-évident-que, les sublimateurs, les certains, les justes.
Ceux-là n'appellent jamais à l'aide, ils se contentent de chercher des "appuis" pour leur promotion sociale. Car, depuis l'enfance, on leur a dut que seule cette dernière était capable d'assurer leur bonheur. Ils n'ont pas le temps d'aimer, trop occupés qu'ils sont a gravir les échelons de leur échelle hiérarchique. Mais ils conseillent fortement aux autres l'utilisation de cette "valeur" la plus "haute" dont ils s'affirment d'ailleurs pétris. Pour les autres, l'amour commence avec le vagissement d'un nouveau-né lorsque quittant brutalement la poche des eaux maternelle, il sent tout à coup sur sa nuque tomber le vent froid du monde et qu'il commence a respirer, seul, tout seul, pour lui-même, jusqu'à la mort. Heureux celui que le bouche à bouche parfois vient assister.
-Narcisse, tu connais ?"
Le bouquin de Laborit « éloge de la fuite »(biologiste comportemental entre autre) est excellent et révèle les besoins élémentaires de l'être vivant (plutôt l'homme en fait).
pou lui, "le seul comportement inné, contrairement à ce que l'on a pu dire, nous semble donc être l'action gratifiante".
cette action serait régie par 2 principes (d'après les psy):
- le principe du plaisir (répétition de l'action agréable pulsionnelle ou suite à un apprentissage)
- le principe de réalité (lié à l'environnement extérieur: récompense sociale accordée par le groupe ou punition quand on enfreint les règles).
Selon ses études. si l'organisme reçoit un stimulus douloureux, il réagit par la fuite, si la fuite est impossible, il provoquera un agressivité défensive, la lutte. il y aura alors apprentissage de l'action permettant la restauration du bien-être. si l'un ou l'autre est inefficace, il y aura inhibition motrice. Laborit a montré en 1974 que le système inhibiteur de l'action permettant d'effectuer « l'évitement passif » est à l'origine de la réaction endocrinienne de stress et et de la réaction organique d'attente de l'action.
Tout ce qui s'oppose à une action gratifiante donne naissance au sentiment d'angoissse et se trouve à l'origine des affections dites « psychosomatiques ». (l'experience est décrite p 23 du bouquin).ainsi, si il n'y a pas de solution motrice adaptée, l'agression débouche sur un comportement d'agressivité (parfois suicide). Mais si l'apprentissage de la punition met en jeu le système inhibiteur de l'action il ne reste plus que la soumission avec ses conséquence psychosomatiques, la dépression ou la fuite dans l'imaginaire des drogues et des maladies mentales ou de la créativité.
voilà la thèse de son livre et le résultat de ses études.
Selon lui, La gratification s'obtient par la dominance (physique chez l'animal et chez l'homme).« Mais la propriété que possède l'espece humaine d'ajouter de l'information à la matière inanimée, de la mettre en forme pour en faire le produit d'une industrie, permit bientôt les échanges, puis l'accumulation d'un capital permettant de s'approprier les objets et les êtres, donc de se gratifier.. La dominance s'établit alors sur la possession du capital et des moyens de production des marchandises[...] » d'où une valorisation de ceux capables de les imaginer et de les contrôler grâce à l'acquisition d'une information abstraite, physique et mathématique. (valorisation des techniciens) . «La dominance s'est alors établie sur le degré d'abstraction atteint par un individu. » «C'est elle qui aujourd'hui est à la base des hiérarchies non seulement professionnelle, mais du pouvoir économique et politique. »
Selon lui toujours (après, c'est promis, j'arrête de le citer et je repars sur d'autres penseur qui auraient tendance à étayer cette vision) « il semble exister 3 niveaux d'organisation de l'action:
- le premier; le plus primitif, a la suite d'une stimulation interne et/ou externe, organise l'action de façon automatique incapable d'adaptation [ a priori, le cerveau reptilien]
- le second organise l'action en prenant compte de l'expérience antérieure, grâce à la mémoire que l'on conserve de la qualité, agréable ou désagréable, utile ou nuisible, de la sensation qui en est résultée. l'entrée en jeu de l'expérience mémorisée camoufle le plus souvent la pulsion primitive et enrichit la motivation de tout l'acquis dû à l'apprentissage.
- le troisième niveau est celui du désir. Il est lié à la construction imaginaire anticipatrice du résultat de l'action et de la stratégie à mettre en oeuvre pour assurer l'action gratifiante ou celle qui évitera un stimulus nociceptif. (je connaissais pas ce mot ! [a priori, le cortex]
Cette notion n'est pas sans rappeler ce que Deleuze disait du désir cad qu'il était constructiviste. de meme sur la vision de spinoza sur les genres de connaissance. mais on aura l'occasion d'en reparler ici/
j'aimerais aussi rappeler les 3 définitions de l'amour:
- l'eros ou l'amour sexuel
- l'agapé ou l'amour d'autrui (le kiff en arabe..)
- philia ou l'amour familial et l'amitié
un article que j'avais lu il y a maintenant quelques années précisait qu'ils étaient équivalent d'un point de vue biologique (c'est à dire que les memes zones du cerveau agisait) et que les philosophes avaient vu juste (je dirais encore une fois). j'avais du mal a trouver cet article, mais rien n'est impossible à quelqu'un de motivé avec google sous la main:
L'Express du 16/08/2004
Pourquoi l'amour est bon pour la santé par Gilbert Charles, Jean-Sébastien Stehli
Sentiments tendres et harmonie sexuelle ne suffisent donc pas. Les scientifiques l'affirment: l'amour est aussi une mécanique biologique. De nouvelles découvertes démontrent que chaque passage à l'acte déclenche une multitude de chamboulements, aussi bénéfiques qu'insoupçonnés pour l'ensemble du corps. En somme, une pratique vieille comme le monde qui, entre autres plaisirs, permet de vivre vieux…
http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/seduction/dossier.asp?ida=428867 la partie expliquant rapidement les 3 formes d'amour sont dans la 2eme page.
mais le dossier complet (dans le menu de gauche) est interessant pour les amoureux de la connaissance diffusée par l'Express...
autre lien interessant:
Les mystères du coup de foudre
Une passion amoureuse soudaine, bouleversante, inimaginable ? Une douce illusion. Rien n'est plus codifié qu'un coup de foudre, qui ne s'abat jamais par hasard. Explications.
http://www.lepoint.fr/societe/document.html?did=166061
bref le meilleur de l'amour, c'est quand même entre adultes consentant bien. (ok, je sors)
Commentaires
se termine dans les chutes abyssales du nihilisme...
Hélas, la fin du paragraphe se termine dans les chutes abyssales du nihilisme...
En quoi les Justes rejoignent-ils, les riches, les nantis, les tout-contents d'eux-mêmes, les fiers-à-bras-du-mérite, les héros de l'effort récompensé, les faites-donc-comme-moi, les j'estime-que, les il-est-évident-que, les sublimateurs, les certains, …
"La justice est une volonté constante et perpétuelle de rendre à chacun le sien" (Spinoza).
A la Spinoza ... Tous ces gens qui rendent à chacun le sien par crainte du gibet, qui agissent par le commandement d'autrui et sont contraints par le mal qu'il redoute. Mais celui qui rend à chacun le sien parce qu'il connaît la vraie raison des lois agit en constant accord avec lui-même et par son propre décret, il mérite d'être appelé juste. Simplement il y a loi et loi, la loi que les hommes se prescrivent à eux-mêmes et surtout aux autres, et la loi souveraine du bien. La première s'adresser à la raison et ne peut outrepasser les limites de nos propres conditionnements toujours, locaux, partiels et temporels, la seconde est la connaissance de l'amour (on ne dira pas de Dieu pour simplifier et provoquer surtout) on dira transendance ! S'il n'y a pas de juste, il n'y a plus rien je suis d’accord : s'il n'y avait que de la raison, loi des hommes, il n'y aurait pas de possibilité de justice. C'est parce qu'il y a des justes globaux, généreux et intemporels qu'il peut y avoir de la justice sinon il n’y a que de la biologie et de la chimie je te l’accord. Et c'est parce qu'il y a quand même ça devant nous qu'il n'y a pas rien ...
... très chiant quand il s'y met ... croyant comme Nietzsche et athé comme Spinoza non vous avez bien lu c'est pas une erreur !
« Entre des hommes libres, des rapports sociaux productifs vont à l'allure d'une bicyclette, et pas plus vite. » Ivan Illich 1926-2002SVP
Arretez d'écrire si petit, ça fait mal à la tête...
En plus, j'ai pas le temps de tout lire alors un résumé des épisodes précédents serait aussi le bienvenu, sans vouloir vous commander.
Merci.
L'amour comme drogue
ca confirme....
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/41360.htm
Une anthropologue de l'Université de Rutgers - New Brunswick dans le New Jersey se dévoue depuis plusieurs années à expliquer le phénomène de l'amour fou et comprendre la neurochimie de l'amour. Helen Fisher, professeur d'anthropologie, a publié un livre, "Why We Love", en 2004 sur ce sujet et ses derniers résultats en 2006.
Le Dr Fisher cherche à savoir comment le cerveau "traite" l'amour romantique. Pour cela, elle a par exemple recruté 17 jeunes de l'université de Rutgers pour participer à une expérience. Ces jeunes étaient récemment devenus "follement amoureux" d'une personne et ne pouvaient s'empêcher de passer 80% du temps éveillé à penser au bien-aimé. En moyenne, ces jeunes étaient amoureux pour une période de 7 mois. 2500 images par fMRI, obtenues alors qu'on leur montrait une photo de l'élue de leur coeur, ont permis d'identifier les parties du cerveau les plus actives.
Les résultats indiqueraient que le cerveau perçoit l'amour comme une récompense tout comme l'argent, le chocolat ou la drogue pour un toxicomane. L'amour activerait les parties du cerveau qui gouvernent l'addiction, la récompense et le plaisir - l'aire tegmentale ventrale (ATV). L'amour est (au sens strictement scientifique !) la libération de dopamine et de norépinéphrine dans le cerveau. Ce n'est pas seulement une émotion forte mais aussi une source de motivation, le but étant de "posséder" la personne aimée. Ces mêmes hormones créent les émotions d'euphorie et de bonheur, mais aussi les émotions de jalousie, d'obsession, qui rendent les amoureux "à la folie."
Dans son livre Dr Fisher analyse également la fonction de l'amour dans le contexte de l'évolution humaine et de la biologie reproductive. Elle affirme quand même que l'analyse scientifique de l'amour n'en réduit pas sa magie. La Saint-Valentin n'est donc pas vaine !
et ouais.
Mon oncle d'amérique
L’essentiel est dit : en cas de stress, la fuite comme l’action permettent de se soustraire aux effets nocifs du stress, qui n’est nocif que dans le cas de l’inhibition de l’action. Laborit en tire tout un tas de conclusion sur les comportements humains, et Alain Resnais a illustré cela - avec Laborit - dans un superbe film “Mon oncle d’Amérique” en 1979. L’extrait ci-dessous montre l’expérience des souris, avec en commentaire la voix (off) de Laborit lui-même. Un film à voir, très beau, très sombre et très humain.
-- Topette
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