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— Nicolas Sarkozy
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Nirvana - Love Buzz

Portrait de fabou

Cover (front)
  • Artist: Nirvana
  • Titre: Love Buzz
  • Album: Bleach
  • Length: 3:35 minutes (3.29 Mo)
  • Format: MP3 Stereo 44kHz 128Kbps (CBR)
DE THIEFAINE A NIRVANA JUSQU'A COBAIN - DE L’ADOLESCENCE A L’AGE ADULTE EN MUSIQUE

Je me souviens, j’étais jeune ( je le suis toujours mais un peu moins par la force des choses ou plutôt par la force du Temps – c’est bien là sa force au temps de vous faire sentir que vous étiez jeune ). La musique n’était même pas un passe temps pour moi. C’était une anomalie acoustique, un pur hasard, le fruit de la providence. Comment des sons pouvaient-ils être assemblés de façon si « réfléchie », si ordonnée tant et si bien que l’émotion pouvait surgir de leur arrangement ?Je n’en écoutais pas, d’aucun genre, ou très peu par accident parce que ma sœur en écouter ( velvet underground, joy division ) ou mon père ( jazz, bobby lapointe ).Puis par relation de collège la musique de Thiéfaine a fait son entrée dans mon petit monde mental. J’avais alors au plus 13 / 14 ans. C’est davantage les textes très noirs, très « au bord du suicide », très junky qui sont entrés dans ma vie. J’aurais pu me passer de la musique même si elle illustrait à merveille le propos. Alligator 427, Soleil, … des textes destructifs, sans espoir, tristes à souhait, à même d’assouvir toute pulsion morbide refoulée, des visions de cauchemar.

Je sais que vous avez la beauté destructive
Et le sourire vainqueur jusqu'au dernier soupir.
Je sais que vos mâchoires distillent l'agonie.
Moi je vous dis : "bravo" et "vive la mort !"

Même si ce que je vivais physiquement était à mille lieux de cet ambiance de sépulture futuriste, dans mon esprit je me retrouvais dans la noirceur morbide des paroles de Thiéfaine. L’adolescence paraît-il est une période trouble de l’existence ou pulsions de mort et sexe se mêlent dans une danse macabre frénétique qu’il est nécessaire de rompre avec grâce sous peine de succomber à la fascination du mal. ( Chacun comprendra ce qu’il pourra à ces propos suivant sa propre expérience . ) Bref, la musique alimentait alors ma mélancolie de jeune boutonneux onaniste.

Puis le temps passe et avec lui Thiéfaine que je n’ai toujours pas redécouvert à date. Donc mon adolescence n’en finit pas de finir. La musique s’évapore puis revient à la charge : The Cure, Joy Division, … Des groupes anglo-saxons pas très gais, plutôt « gothiques » comme on dit. Le blues : Muddy Water, John Lee Hooker, Howlin’ Wolf... Rien de mieux pour avaler les kilomètres en voiture. Je lis « Dracula » de Bram Stocker, je lis H.P Lovecraft, je lis Baudelaire et je m’en délecte, je lis Rimbaud et je n’y comprend rien, je lis Tolkien et le monde devient magique ( l’autre religion ), je me délecte à lire les lignes commises par l’ivrogne Bukowski, le camé Burroughs m’enchante au plus haut point : des phrases en lambeaux, une ponctuation délirante, l’abolition du bon sens, des évocations ( invocations ? ) plus que des pensées limpides… D’autres encore viennent construire mon monde mental avec en bande son cette musique sombre qui me traîne dans la dépression, vers la négation de la vie. Il me manquait juste un peu de joie à l’époque.

Par réaction face à cette consomption mentale, un regain de vigueur : Nirvana ! De la musique sobre, pleine de puissance, basique. Une guitare saturée, abrasive, une voix rappeuse, une mélodie qu’on retient, évidente. C’est cette musique que j’attendais, tellement évidente, pleine de hargne, de puissance. J’en prends plein les tripes. Le sur-puissant « Smell like Teen Spirit » propre à abolir la raison, à faire « slamer » la fausse ( commune ) …Je découvre une Amérique méconnue jusqu’alors : l’Amérique qui se flagelle, l’Amérique pas aussi reluisante que celle qui s’exhibe, obscène derrière son masque puritain, l’Amérique qui ne lapide pas ses nègres, qui ne tabassent pas ses pédés, qui n’abhorrent pas ses juifs…L’Amérique nucléaire, militariste qui encensent le joueur de foot sur-musculeux et sa pompom girl à la poitrine opulente, une vraie poitrine américaine, proche de l’explosion pour abus de silicone, cette Amérique-Là avait une sœur siamoise, excroissance masquée par des couches de puritanisme. Mais parfois celle-ci beuglait sa pitoyable agonie et ça donnait entre autre de la musique « grunge », vite réprimée, récupérée, aseptisée afin d’en dénaturer l’essence même. Mais le mal était fait. On avait aperçu la jumelle ratatinée de l’Amérique le majeur dressé, un rictus et on en redemandait. Comme sa sœur elle s’exprimait par la violence, une violence positive, défensive, comme le sursaut d’énergie du faible qui expire sous les coups de la brute.

« Ce n’est que le mois dernier que j’ai réalisé à quel point l’Amérique est ignoble. Mon dieu, quel fatalité d’y habiter ! (N.Y., bien sûr, n’est pas l’Amérique). [...] Il n’est pas étonnant que les hommes meurent jeunes aux Etats-Unis et que les femmes leur survivent et s’engraissent avec leurs assurances. Il devient gros, sa vitalité s’épuise et il meurt de malnutrition spirituelle. » W.S Burroughs

Puis Nirvana s’estompe ( et avec lui les « Melvins » ), je passe à d’autres sons plus « réalistes », moins rock’n roll : musique indienne ( je fume pas mal de haschich et marie-jeanne à l’époque ), musique japonaise ( un son tous les 45 secondes, extrêmement dépouillée, très étrange, bizarre mais apaisant ) … puis cette musique-là disparaît, réapparaît : musique arabe, mauritanienne ( griots ), retour au blues, tentative d’audition de jazz ( pour faire comme papa ) musique africaine ( malienne, Ali Farka Touré ), l’opéra… Je lis quelques centaines de livres, la philosophie s’en mêle, la religion s’en mêle ( les soufis ), Nietzsche cause avec Jalal od din Rumi. C’est cacophonique. Tout ça pour voyager pas cher et immobile, par nostalgie pour quelques voyages physiques entrepris il y a peu ( « les voyages déforment la jeunesse. » ) Puis sort le journal intime de Kurt Cobain, qui pour le coup n’est plus aussi intime que ça. Et là, après toutes ces années, les souvenirs refluent et il est temps pour moi d’assumer ma jeunesse adolescente et post-adolescente : je lis le journal du suicidé. Qu’avait-il en tête, au fond ? Quel était son message ? Comment son esprit en est-il venu à produire ce qu’il a bien voulu nous dévoiler ? Suivant quel cheminement ? Du coup, je m’intéresse aux paroles. De quoi parlent ces chansons ?

Sickening pessimist hypocrite master
Conservative communist apocalyptic bastard
Thank you dear God for putting me on this Earth
I feel very privileged in debt for my thirst
[ extrait de la chanson « Downer » sur la compilation « Incesticide » ]

C’est la sœur-siamoise occultée de l’Amérique qui ânonne ces paroles après avoir tourné son regard vers son intérieur et y voir aperçu le cancer de sa sœur. Cobain aurait aimé être homosexuel pour emmerder ses compatriotes homophobes. Cobain n’est pas sexiste. Cobain se rend compte qu’il passe 2h avec un journaliste qui au final va extraire quelques phrases de l’interview hors de leur contexte dans un article pseudo-psychanalitique. Cobain explique pourquoi il tombe dans l’héroïne. Cobain se regarde et voit un avorton famélique… Cobain a une fille. Cobain se loge une balle dans la tête.

« A l’attention des garçons : Rappelez-vous que vos grands frères, cousins, oncles et pères ne sont pas vos modèles. Ce qui veut dire que vous ne devez pas faire ce qu’ils font, vous ne devez pas faire ce qu’ils disent. Ils viennent d’une époque où leurs propres modèles ont appris à leurs fils à être méchants avec les filles, à se croire meilleurs, plus forts et plus intelligents qu’elles. Ils ont aussi enseigné des choses telles que : tu deviendras fort si tu te conduis en brute et te bats contre les mauviettes et les puceaux. »

La musique de Nirvana reste avec son implacable puissance, la guitare explose, la batterie pilonne, la basse … « bassise ». Leur 1er album est brute, leur dernier bien que davantage fignolé, plus artistique garde toute la puissance des 1ères année Je crois qu’à ce niveau il est urgent d’écouter un extrait ( Love Buzz sur l’album Bleach ) et d’en rester là.
Avis de poch
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