Un si fragile vernis d’humanité. Visite du président de la France à Lascaux : ce qui me gêne.

Déjà j’écris président de la France ce n’est pas goût de la formule c’est qu’il n’est pas autre chose et surtout pas le président des français.

Ce n’est pas mon président. Pas celui de ceux qui n’ont pas voté pour lui. Pas davantage de certains qui ont voté pour lui. C’est le président de certains français. Pas les meilleurs en plus.

(Juste ceux qui se croient plus égaux (ego) que les autres).

Il est le premier (j’ai envie de croire : ce sera mieux après) à me faire cet effet là ; je n’aimais pas le précédent, ni ses idées mais bon à la limite, je n’avais pas d’état d’âme à dire en public (hors de France) que c’était le président des français.

Avant le précédent je ne me souviens pas je n’avais pas de conscience politique ; il était juste vieux.

Donc ce président est allé traîner ses guêtres à Lascaux la semaine dernière; Lascaux : site protégé – site en danger (resté intact pendant des millénaires – une fois retrouvé par l’homme, menacé de disparition en 70 ans : belle perf) – site exceptionnel. Aucune visite de particulier, fût-il chef d’état et les scientifiques admis mais au compte gouttes. Du coup il y a Lascaux 2 si vous voulez vous aussi être touchés par la beauté Beauté, par l’art Art. Le mégalo inculte jusqu’à la moelle (ce n’est pas une tare, sauf si on se targue du contraire) a décidé d’exercer sa toute-puissance (qui comme celles des dieux olympiens n’existe que parce qu’on la lui donne) en manifestant le caprice d’y aller, d’y laisser ses remugles, accompagné de son alter ego féminin – sa soulmate – qui n’allait pas louper cette occas’. Je passe sur le fait qu’il n’avait pas sa charlotte réglementaire. C’est vrai que c’est le seul endroit où sa tête est le plus éloigné du plancher.

Les sottises qu’il a proférées à cette occasion y en a plein internet. Il a juste fait son sarkozy, il le fait hyper bien depuis 2007 et on peut lui faire confiance il en trouvera d’autres jusqu’en 2012 pour nous estomaquer j’en suis 100% sûre.

Ce qui me gêne, c’est qu’il n y a eu personne pour lui dire – à aucun moment, par aucun maillon de la chaîne : Non, monsieur, vous ne pouvez pas y aller : c’est interdit (pour n raisons toutes plus valables les unes que les autres et à la portée de mon fils de 10 ans).

N’y avait il personne (un conservateur du site ?) qui avait autorité pour lui dire, le signifier à la personne qui gère les déplacements du président ?

Bon admettons que j’y risque mon gagne pain ; ok j’aurais juste soupiré et laissé faire ou pire collaboré à cette visite. Mais là ce sont des fonctionnaires. Risqueraient-ils un limogeage pour un non bien senti ? Une mutation ?

Cela me fait froid dans le dos. Sommes nous prêts pour le fascisme ?

En tous cas je ne jette pas la pierre à ces anonymes – probablement je n’aurais pas fait mieux.

Non, ce qui me gêne c’est la caution scientifique de l’expédition : Yves Coppens. Comment cet homme, ce scientifique reconnu par ses pairs, par le grand public même, a t-il pu être complice de ce caprice ? Pourquoi a t-il eu besoin d’aller lui servir la soupe ? Qu’avait-il à gagner ? Au contraire ne serait-il pas sorti grandi s’il avait été l’homme qui a dit non à un caprice ? Au moins il aurait encore son âme, une âme fière. Il aurait eu des tas de raisons de dire non vu avec quels égards Sarkozy sarkozy traite les scientifiques. A moins qu’il n’ait pas eu l’occasion de voir Lascaux (et puis mourir) auparavant (j’en doute) et a t-il estimé que cela valait le coup de tenir la chandelle ; pensez : ressentir Lascaux : privilège : mieux que d’aller baguenauder sur la Lune.

Nous sommes responsables de nos actes … Ces personnes, quidam ou pas, ont eu le choix à un moment ou un autre.

Nous sommes dangereux quand nous ne sommes pas conscients que nous sommes responsables de nos actes, de nos pensées et de nos sentiments.

=> Qu’auriez vous fait ? Vous êtes … (quelqu’un qui aurait eu la possibilité) et le président de la république (ou c’est un personnage public que vous appréciez) vous demande un passe droit.

Je réponds avec conviction bien au chaud derrière mon clavier que j’aurais dit non mais si j’avais eu à faire ce choix…

 

Bernanos

Je pense depuis longtemps déjà que si les méthodes de destruction de plus en plus efficaces finissent par rayer notre espèce de la planète, ce ne sera pas la cruauté qui sera la cause de notre extinction et moins encore, bien entendu, l’indignation qu’éveille la cruauté, ni même les représailles et la vengeance qu’elle s’attire… mais la docilité, l’absence de responsabilité de l’homme moderne, son acceptation vile et servile du moindre décret public. Les horreurs auxquelles nous avons assisté, les horreurs encore plus abominables auxquelles nous allons maintenant assister ne signalent pas que les rebelles, les insubordonnés, les réfractaires sont de plus en plus nombreux dans le monde, mais plutôt qu il y a de plus en plus d’hommes obéissants et dociles.

 

Marshall Rosenberg - A propos du refus de responsabilité.

Nous nions la responsabilité de nos actes lorsque nous attribuons leurs causes à :

ð    Des forces impersonnelles et vagues :

o      J’ai nettoyé ma chambre parce que j’y étais obligé.

o      Je prépare chaque jour le dîner parce que je dois le faire.

ð    Notre état de santé, au diagnostic dont nous sommes l’objet, ou à nos antécédents individuels ou psychologiques

o      Je bois parce que je suis alcoolique

ð    Les actes d’autrui

o      J’ai frappé mon enfant parce qu’il courait dans la rue

ð    Le diktat d’une autorité

o      J’ai menti au client parce que le patron me l’a demandé.

ð    La pression sociale

o      J’ai commencé à fumer parce que tous mes amis fumaient

ð    Une politique institutionnelle, des règlements, des lois.

o      Je dois vous renvoyer pour cette infraction car c’est la politique de l’école.

ð    La fonction attribuée à un sexe, à un groupe social ou à une tranche d’âge

o      Je déteste aller travailler mais j’y vais car je suis père de famille

ð    Des impulsions incontrôlables

o      J’ai mangé un gâteau parce que c’était plus fort que moi.

Petits Cailloux :

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